Des dégâts parfois importants sont occasionnés aux vergers
de poiriers par cet insecte contre lequel la lutte doit être organisée.
Biologie du psylle du poirier.
— C'est un très petit hémiptère, de 2 à 3 millimètres
de long, dont les ailes membraneuses sont disposées en forme de toit. Il est de
couleur gris brun, mais l'abdomen des femelles est parfois jaune orangé ou
rougeâtre. Il se déplace par sauts qui peuvent être combinés avec des vols
importants, de telle façon qu'il contamine rapidement tout un verger dans
lequel il a fait son apparition au début d'une saison.
À l'état d'insecte adulte, les psylles passent l'hiver
sous les écorces, les feuilles mortes ou sous divers abris, et n'ont guère
d'activité. Mais, dès la fin de la mauvaise saison, la ponte commence. Les œufs
sont d'abord pondus sur les rameaux de l'année précédente, à la base des dards,
dans les rides des écorces. Dès fin mars, les femelles gagnent les bourgeons en
cours de développement et y déposent des paquets d'œufs plus ou moins importants.
Au cours de la saison, la ponte continue et se fait exclusivement sur les
organes verts, et notamment sur les deux faces des feuilles.
Les œufs sont petits, de forme allongée ; ils ont trois
dixièmes de millimètre de long et une largeur moitié moindre. Jaunes au moment
de la ponte, ils prennent par la suite une couleur orangée.
Peu après l'éclosion, les larves, de un demi-millimètre de
long, gagnent la face inférieure des feuilles, dont elles sucent la sève. Elles
s'entourent d'un liquide sirupeux et limpide dans lequel elles baignent.
D'abord jaunes ou jaune verdâtre, elles deviennent avec l'âge brun foncé et
atteignent 2 millimètres de long. La sécrétion du miellat est très abondante,
et celui-ci attire les fourmis, mouches et autres insectes.
Trois ou quatre générations peuvent se succéder, au cours de
la belle saison, si les conditions climatiques leur sont favorables. C'est
ainsi qu'en général les adultes de première génération apparaissent entre le 1er
et le 20 mai ; ceux de deuxième génération, fin juin ou début
juillet ; ceux de troisième génération, en août ou au début de septembre.
Importance des dégâts.
— Les insectes adultes sont peu nuisibles, mais il n'en
est pas de même des larves dont les piqûres peuvent entraver la croissance de
l'arbre. Le miellat tache les feuilles qui présentent des sortes de brûlures,
que l'on pourrait croire dues à un traitement. Sur ce miellat se développent, à
la fin de l'été et pendant l'automne, des champignons du groupe des fumagines.
L'assimilation chlorophyllienne et, partant, la vigueur de l'arbre attaqué se
trouvent très ralenties. Lorsque la pullulation est forte, une partie des
feuilles peut tomber et l'aoûtement du bois se fait mal.
Les fruits peuvent également être souillés par les coulées
de miellat et par la fumagine, ce qui leur fait perdre une partie de leur
valeur commerciale.
Passe-Crassane, Doyenné du Comice, Louise-Bonne
d' Avranches, Beurré Hardy, Jeanne d'Arc, Comtesse de
Paris sont parmi les variétés les plus sensibles.
Moyens de lutte.
a. En hiver. — Les huiles jaunes, utilisées
à des doses qui varient de 1,5 à 3 p. 100 selon leur teneur en ortho-dinitro-crésol,
peu avant l'entrée en végétation des poiriers, donnent d'excellents résultats.
Le traitement, efficace contre les adultes et les œufs déjà pondus à cette
époque, permet également la destruction des cochenilles, ou kermès, et des œufs
de pucerons. Les huiles blanches, les dinitrocrésols peuvent également être
employés.
b. Au printemps. — Efficaces eux aussi, les
traitements précoces de printemps doivent être effectués, de préférence, avec
des produits à base de S. N. P. en mélange avec des huiles blanches,
aux doses normales d'emploi de ces produits. Ils ont l'avantage de n'employer
qu'une quantité relativement faible de produits, les bourgeons étant encore peu
développés, et de ne détruire que fort peu d'insectes auxiliaires, mais, au
contraire, de permettre l'extermination d'autres parasites tels que les larves
de calocoris, les chenilles arpenteuses, le puceron mauve, etc.
c. En été. — Les traitements d'été, qui
nécessitent l'emploi de grandes quantités de produits en raison de la densité
du feuillage, manquent, d'autre part, d'efficacité en raison de la résistance
des larves aux insecticides et de leur localisation à la face inférieure des
feuilles. En outre, ils détruisent de nombreux parasites naturels des psylles,
dont ils favorisent ainsi la pullulation. Enfin, les produits utilisés peuvent
parfois altérer la qualité des fruits.
Ces traitements d'été sont donc à éviter, sauf cependant en
cas de très forte attaque de psylles. On utilisera alors de préférence les
bouillies préparées avec des produits à base de S. N. P. en poudre
mouillable, en émulsion ou additionnés d'huile blanche.
d. En automne. — Les traitements d'automne sont
à conseiller dans le cas où les vergers sont fortement envahis à cette saison.
Ils permettent la destruction de nombreux insectes adultes, qui se préparent à
hiverner en même temps que les dernières larves de psylles. En même temps, ils
tuent les femelles sexuées de pucerons.
Ce sont encore les produits à base de thiophosphate de diéthyle
(S. N. P.) et ceux à base d'isomère gamma de l’H. C. H. qui
donnent les meilleurs résultats tout en ne nuisant que fort peu aux parasites
naturels des psylles et des pucerons.
E. DELPLACE.
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