Accueil  > Années 1952  > N°667 Septembre 1952  > Page 546 Tous droits réservés

Ravageurs des arbres fruitiers

Le psylle du poirier

Des dégâts parfois importants sont occasionnés aux vergers de poiriers par cet insecte contre lequel la lutte doit être organisée.

Biologie du psylle du poirier.

— C'est un très petit hémiptère, de 2 à 3 millimètres de long, dont les ailes membraneuses sont disposées en forme de toit. Il est de couleur gris brun, mais l'abdomen des femelles est parfois jaune orangé ou rougeâtre. Il se déplace par sauts qui peuvent être combinés avec des vols importants, de telle façon qu'il contamine rapidement tout un verger dans lequel il a fait son apparition au début d'une saison.

À l'état d'insecte adulte, les psylles passent l'hiver sous les écorces, les feuilles mortes ou sous divers abris, et n'ont guère d'activité. Mais, dès la fin de la mauvaise saison, la ponte commence. Les œufs sont d'abord pondus sur les rameaux de l'année précédente, à la base des dards, dans les rides des écorces. Dès fin mars, les femelles gagnent les bourgeons en cours de développement et y déposent des paquets d'œufs plus ou moins importants. Au cours de la saison, la ponte continue et se fait exclusivement sur les organes verts, et notamment sur les deux faces des feuilles.

Les œufs sont petits, de forme allongée ; ils ont trois dixièmes de millimètre de long et une largeur moitié moindre. Jaunes au moment de la ponte, ils prennent par la suite une couleur orangée.

Peu après l'éclosion, les larves, de un demi-millimètre de long, gagnent la face inférieure des feuilles, dont elles sucent la sève. Elles s'entourent d'un liquide sirupeux et limpide dans lequel elles baignent. D'abord jaunes ou jaune verdâtre, elles deviennent avec l'âge brun foncé et atteignent 2 millimètres de long. La sécrétion du miellat est très abondante, et celui-ci attire les fourmis, mouches et autres insectes.

Trois ou quatre générations peuvent se succéder, au cours de la belle saison, si les conditions climatiques leur sont favorables. C'est ainsi qu'en général les adultes de première génération apparaissent entre le 1er et le 20 mai ; ceux de deuxième génération, fin juin ou début juillet ; ceux de troisième génération, en août ou au début de septembre.

Importance des dégâts.

— Les insectes adultes sont peu nuisibles, mais il n'en est pas de même des larves dont les piqûres peuvent entraver la croissance de l'arbre. Le miellat tache les feuilles qui présentent des sortes de brûlures, que l'on pourrait croire dues à un traitement. Sur ce miellat se développent, à la fin de l'été et pendant l'automne, des champignons du groupe des fumagines. L'assimilation chlorophyllienne et, partant, la vigueur de l'arbre attaqué se trouvent très ralenties. Lorsque la pullulation est forte, une partie des feuilles peut tomber et l'aoûtement du bois se fait mal.

Les fruits peuvent également être souillés par les coulées de miellat et par la fumagine, ce qui leur fait perdre une partie de leur valeur commerciale.

Passe-Crassane, Doyenné du Comice, Louise-Bonne d' Avranches, Beurré Hardy, Jeanne d'Arc, Comtesse de Paris sont parmi les variétés les plus sensibles.

Moyens de lutte.

a. En hiver. — Les huiles jaunes, utilisées à des doses qui varient de 1,5 à 3 p. 100 selon leur teneur en ortho-dinitro-crésol, peu avant l'entrée en végétation des poiriers, donnent d'excellents résultats. Le traitement, efficace contre les adultes et les œufs déjà pondus à cette époque, permet également la destruction des cochenilles, ou kermès, et des œufs de pucerons. Les huiles blanches, les dinitrocrésols peuvent également être employés.

b. Au printemps. — Efficaces eux aussi, les traitements précoces de printemps doivent être effectués, de préférence, avec des produits à base de S. N. P. en mélange avec des huiles blanches, aux doses normales d'emploi de ces produits. Ils ont l'avantage de n'employer qu'une quantité relativement faible de produits, les bourgeons étant encore peu développés, et de ne détruire que fort peu d'insectes auxiliaires, mais, au contraire, de permettre l'extermination d'autres parasites tels que les larves de calocoris, les chenilles arpenteuses, le puceron mauve, etc.

c. En été. — Les traitements d'été, qui nécessitent l'emploi de grandes quantités de produits en raison de la densité du feuillage, manquent, d'autre part, d'efficacité en raison de la résistance des larves aux insecticides et de leur localisation à la face inférieure des feuilles. En outre, ils détruisent de nombreux parasites naturels des psylles, dont ils favorisent ainsi la pullulation. Enfin, les produits utilisés peuvent parfois altérer la qualité des fruits.

Ces traitements d'été sont donc à éviter, sauf cependant en cas de très forte attaque de psylles. On utilisera alors de préférence les bouillies préparées avec des produits à base de S. N. P. en poudre mouillable, en émulsion ou additionnés d'huile blanche.

d. En automne. — Les traitements d'automne sont à conseiller dans le cas où les vergers sont fortement envahis à cette saison. Ils permettent la destruction de nombreux insectes adultes, qui se préparent à hiverner en même temps que les dernières larves de psylles. En même temps, ils tuent les femelles sexuées de pucerons.

Ce sont encore les produits à base de thiophosphate de diéthyle (S. N. P.) et ceux à base d'isomère gamma de l’H. C. H. qui donnent les meilleurs résultats tout en ne nuisant que fort peu aux parasites naturels des psylles et des pucerons.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°667 Septembre 1952 Page 546