Connue depuis fort longtemps, puisque, chez les Romains,
elle était, d'après les ouvrages anciens, utilisée pour parfumer les bains, la lavande
officinale ou lavande vraie croît naturellement dans les montagnes
arides de la Provence, en Corse, en Italie, en Espagne et en Algérie, où elle
insinue ses racines jusque dans les fentes des rochers.
Elle est cultivée en France dans la région du Midi.
C'est un sous-arbrisseau buissonnant, de 60 à 75 centimètres
de hauteur, à rameaux grêles, dressés, simples, garnis de feuilles longues et
étroites, blanchâtres et cotonneuses en dessous. Les fleurs sont bleuâtres ou lilacées,
en épis terminaux grêles et lâches et s'épanouissent de juin à septembre. Elles
doivent leur parfum délicat et agréable à un alcool bien connu, le linalol,
qui existe également dans le thym.
Dans le Nord de la France, la lavande craint les grands
froids et l'humidité. C'est la raison pour laquelle on ne la rencontre à l'état
spontané que dans le Midi de la France et de l'Europe.
Deux autres espèces de lavande sont également cultivées :
— La lavande aspic, à rameaux dressés, simples,
à fleurs lilacées ou bleuâtres, en épis courts, d'odeur très suave. Plus
délicate que la lavande officinale, cette espèce est spontanée seulement en
Italie et en Espagne et pousse bien en sol calcaire. On la trouve en culture en
France dans les parties montagneuses du littoral provençal.
— La lavande stæchade ou lavande des îles
d'Hyères, espèce plus arbustive, très ramifiée, s'élevant à 1 mètre, à
fleurs pourpre foncé ou violet, s'épanouissant de mai à juillet, à odeur
délicieuse. Celle-ci pousse dans la région méditerranéenne (départements du
Var, des Bouches-du-Rhône, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales).
En résumé, l'espèce de beaucoup la plus cultivée est la lavande
officinale.
Elle fournit une huile essentielle blanche, incolore
lorsqu'elle est pure, jaunâtre quand elle provient d'un mélange d'huile
essentielle et d'alcool. Cette huile a une odeur pénétrante, mais moins
agréable que le parfum exhalé par la plante fraîche ou même sèche. Elle
contient une notable quantité de camphre, ne rancit pas comme la plupart des
autres huiles et acquiert, en vieillissant, plus de finesse et un parfum plus
prononcé.
Terrain, préféré.
— Quoique croissant à l'état spontané dans des terrains
caillouteux et fort médiocres, la lavande préfère les terres saines, profondes,
de consistance moyenne et exposées au Midi. Elle ne réussit pas en situation
ombragée.
Culture.
— Cette plante se reproduit par graines, par
boutures ou par division des touffes.
Les graines sont semées en mars-avril, de préférence en
pépinière, et les jeunes plants sont repiqués dès qu'ils ont quelques feuilles.
Les boutures se font à la fin de l'été.
L'éclatage des vieux pieds se fait en octobre-novembre ;
les éclats sont aussitôt plantés, afin que leur reprise s'effectue avant
l'hiver.
Mais on peut aussi pratiquer l'opération au printemps, en
mars. On plante alors souvent les éclats en pépinière, pour les mettre en place
à l'automne, ou seulement l'année suivante. La distance à adopter est de 70 à
80 centimètres sur des lignes espacées de 1 mètre à 1m,20.
Il est utile de ne pas laisser fleurir les pieds la première
année, afin de leur permettre de prendre de la vigueur.
Les plantations sont renouvelées tous les cinq ou six ans.
Un ou deux labours, au printemps et à l'automne, quelques
binages constituent les seuls soins culturaux.
Récolte.
— La récolte des tiges s'opère avant le complet
développement de toutes les fleurs, soit lorsque les plus inférieures
commencent à prendre une teinte plus foncée. On coupe à la faucille le plus
près possible de la souche ligneuse.
La lavande destinée à la parfumerie est livrée au
distillateur à l'état frais. Mais, pour en approvisionner les droguistes ou les
herboristes, à qui on la livre ordinairement en bottes, il faut, au préalable,
la faire sécher à l'abri du soleil dans des séchoirs installés à cet effet.
E. DELPLACE.
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