Perplexités.
— Maints lecteurs du Chasseur Français ont
souvent posé des questions dans le genre de celle-ci :
Ancien commerçant retiré des affaires avec une petite
rente ou ancien fonctionnaire nanti d'une modeste retraite, mais encore
valides, nous voudrions, ma femme et moi, nous retirer à la campagne pour
entreprendre quelque petit élevage de rapport qui nous aidera à vivre tout en
occupant nos loisirs d'une façon agréable.
Trouver la meilleure solution à un tel problème n'est pas
facile, parce que les aptitudes manuelles des impétrants et leurs ressources en
capitaux sont trop variables pour que l'on puisse proposer un élevage plutôt
qu'un autre. D'autre part, il faut tenir compte, pour le choix des occupations,
de l'étendue et de la situation de la propriété dont on dispose, des ressources
vivrières de la localité, des facilités d'écoulement des produits, etc. Avant
de se décider pour une branche, plutôt que pour une autre, le problème de
l'implantation doit être étudié de près.
Poules, poulets, poulardes.
— Un lot de 100 à 200 poules de race pondeuse peuvent
être une source appréciable de revenus, à condition de savoir équilibrer une
ration de ponte économique, laissant comme bénéfice net la moitié de la valeur
des œufs livrés au marché. Mais il faut disposer d'un terrain sain et
suffisamment étendu pour l'installation des parquets.
À défaut, on pourra se livrer à la production des poulets de
consommation ou à celle des sujets de peuplement, dans des batteries ou des
éleveuses artificielles. Cette spécialité exige davantage de main-d'œuvre et de
connaissances que l'entretien des pondeuses.
Canes et canetons.
— Le canard est surtout intéressant dans les petits
domaines situés au fond des vallées, où se trouvent des ruisseaux, des mares,
des terrains humides ou marécageux, malsains pour les poules.
Dans de telles situations, ces palmipèdes donneront de bons
résultats si on adopte une race de canes pondeuses, telles que Coureurs ou
Kakis, dont le rendement annuel approche de 200 œufs.
La production de ces œufs, recherchés par la biscuiterie et
la pâtisserie, peut être complétée par un élevage de canetons, dont la
croissance est beaucoup plus rapide que celle des poulets et qui sont très
demandés par les restaurateurs.
Dindes et dindons.
— L'élevage des dindons, orienté du côté des belles
pièces destinées aux agapes des fêtes de Noël et du Jour de l'an, est bien à sa
place dans les lieux situés à proximité des bois, des landes et des friches, où
ces gros oiseaux trouvent une partie de leur nourriture sous forme de verdures,
de graines, de fruits sauvages, d'insectes, de reptiles et d'autres proies
vivantes. Mais ces gallinacés ne conviennent pas aux petits domaines à
l'étroit, où l'on est obligé de les alimenter à la mangeoire. Dans ce cas, le prix
de revient de la viande est trop élevé et il laisse peu de bénéfices.
Oies et oisons.
— Les oies sont des palmipèdes herbivores, capables de
se nourrir en grande partie en broutant les gazons courts qui croissent dans
les herbages et les vergers pâturés, ainsi que dans les éteules.
Pour réaliser le maximum de bénéfice de la vente des oisons,
ainsi que celle des plumes et des duvets, les animaux seront nourris d'une
pâtée grossière, à base de verdures hachées additionnées de farineux, le soir,
au retour de la prairie, afin d'achever de leur remplir la gave pour la nuit.
Autrement la nourriture consommée exclusivement dans la mangeoire ferait
ressortir le coût de la viande à un prix trop élevé pour que cet élevage soit
assez rémunérateur.
Pigeons et pigeonneaux.
— En dehors des races prolifiques, telles que Carneaux,
Mondains, Cauchois, etc., capables de fournir 8 à 10 paires de pigeonneaux dans
l'année de la vente, desquels on peut réaliser un certain bénéfice, les races
de fantaisie et de petite taille, à cause du prix relativement élevé de la
nourriture, ne sont pas intéressantes.
En effet, les pigeons qui consomment des graines de céréales
et de légumineuses coûteuses ne peuvent être exploités, comme races de
fantaisie, que si l'on s'adonne à la vente des reproducteurs recherchés par les
amateurs colombophiles (Queues-de-paon, Culbutants, Boulants, Rouleurs,
Satinettes, Coquilles, Carriers, Bouvreuils, etc.). Mais, dans ce cas, il faut
fréquenter les concours et effectuer de la publicité pour se faire connaître.
Autres élevages de rapport.
— Les pintades, les paons et les faisans sont réputés
pour la qualité de leur chair. En outre, les premières fournissent des œufs
appréciés des gourmets.
L'élevage des poissons peut devenir une source appréciable
de revenus ; celui de la truite dans les rigoles de dérivation et les
bassins alimentés par des eaux fraîches ; celui des cyprins dans les
étangs et les mares. Il en est de même des écrevisses, pieds rouges dans les
eaux profondes et calmes, pattes blanches dans les eaux vives et peu profondes.
L'élevage et le parcage des escargots peut également être
intéressant dans certaines situations.
Un élevage essentiellement intéressant est celui du lapin.
Mais, si on produit seulement de la viande, on devra nourrir économiquement, à
base de fourrages verts et secs, ainsi que de racines. Seuls les élevages de
lapins à fourrures et les angoras permettent l'achat des provendes et de
l'avoine, données en complément.
De tous les élevages, c'est encore celui du porc qui laisse
les plus copieux bénéfices, qu'il s'agisse de produire des gorets, des
nourrains, des coureurs ou des porcs de charcuterie. Mais, pour réussir
l'élevage proprement dit, les truies doivent disposer d'un coin de prairie pour
pâturer.
C. ARNOULD.
|