« Le feu qui purifie tout ! », ainsi qu'on le
répète couramment sans trop songer à son pouvoir désinfectant pourtant
supérieur à la plupart des autres procédés, peut aussi être employé, en le
maniant avec prudence, pour la désinfection des logements et des objets à
l'usage des animaux.
À l'aide d'un chalumeau, très utilisé par certains ouvriers
dans l'industrie, on promène la flamme avec lenteur et plusieurs fois de suite
sur les mêmes points des surfaces que l'on veut désinfecter. On obtient ainsi
une désinfection efficace des objets en bois et surtout métalliques, sur
lesquels l'action de la chaleur peut être dirigée plus intensément (seaux,
râteliers, mangeoires, etc.).
Les abreuvoirs, auges et baquets, dont la destination et
l'usage font qu'ils sont des agents particulièrement actifs de la contagion,
doivent être désinfectés avec beaucoup de soins, par un nettoyage très poussé à
l'aide de brosses dures, puis des lavages répétés à l'aide de tampons d'étoupe,
fixés à des bâtons et trempés dans une solution d'acide sulfurique ordinaire à
5 p. 100. Ensuite, l'excès d'acide très corrosif est enlevé par une
abondante irrigation d'eau courante et, par excès de précaution, ces différents
ustensiles, spécialement les récipients servant au transport du lait, seront laissés
inutilisés pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures.
Quand une maladie se manifeste sous une forme épidémique
plus ou moins grave, les mesures de désinfection déjà citées peuvent être
complétées par des fumigations antiseptiques, agissant utilement sur
l'atmosphère des locaux ; les vapeurs de soufre (anhydride sulfureux) ou
celles de crésyl sont souvent employées à cette intention.
Après avoir fermé toutes les ouvertures (portes, fenêtres,
soupiraux, tuyaux d'aération, etc.) aussi hermétiquement que possible et bouché
les fentes et interstices des parois, on fait brûler des bougies de soufre ou
du soufre en canon, préalablement arrosé d'alcool, à raison de 50 grammes de
soufre par mètre cube de capacité.
L'acide sulfureux produit par la combustion du soufre
pénètre partout et s'infiltre dans des endroits inaccessibles même à la
projection de solutions antiseptiques, mais ce procédé a l'inconvénient de
nécessiter la fermeture des locaux pendant un jour ou deux, et ensuite leur
aération et un lavage complet pour chasser complètement l'odeur irritante des
vapeurs sulfureuses.
On peut avantageusement substituer à la combustion du
soufre, la production de vapeurs de crésyl obtenues en portant à ébullition,
sur un feu de charbon et dans des bassines en fer étamé profondes pour que la
masse du liquide ne s'enflamme pas, du crésyl pur, à raison de 5 grammes par
mètre cube. Ce procédé est économique et efficace ; en outre, les vapeurs
de crésyl sont inoffensives pour les animaux et pour l'homme, ce qui rend plus
facile la surveillance des préparatifs et des effets de l'opération.
Les vapeurs de formol, obtenues en faisant bouillir le
liquide, soit environ un litre un quart pour un local de 100 mètres cubes, sont
aussi recommandables. Des appareils spéciaux appelés formolateurs,
ordinairement chauffés à l'alcool, permettent une vaporisation rapide en
éliminant tout risque d'incendie.
La combustion de la paille produisant une quantité
appréciable d' « aldéhyde formique », principe actif du formol, il
est possible de l'utiliser comme désinfectant, mais en s'entourant de beaucoup
de précautions, car le procédé n'est pas sans danger. Pour une étable de 250
mètres cubes, il faut faire brûler cinq à six bottes de paille de 10
kilogrammes, légèrement mouillées pour en ralentir la combustion ; quand
celle-ci est terminée, l'étable est complètement close et on laisse agir les
fumées pendant vingt-quatre heures.
Les fumiers et les litières se désinfectent avec des
solutions à 5 p. 100 de sulfate de cuivre, de sulfate de fer ou de
chlorure de chaux.
Dans les poulaillers, en particulier, où les maladies
infectieuses sont fréquentes, il faudra utiliser pour la désinfection les
aspersions ou badigeonnages renouvelés d'eau de chaux, additionnée d'une petite
quantité de sulfate de cuivre ou de crésyl.
Les parcours seront arrosés d'une solution de sulfate de fer
à 2 p. 100 et ensemencés de plantes à croissance rapide, telles les
graminées, comme le ray-grass, le dactyle, le fromental, etc.
Chaque jour, dans l'intérieur du poulailler, et autant que
possible à l'extérieur, les excréments devront être soigneusement ramassés et
désinfectés avant d'être jetés au fumier.
Enfin, alors que l'actuelle épizootie de fièvre aphteuse
cause tant d'inquiétudes et de dégâts, sinon désastres, dans la plupart de nos
campagnes, nous devons rappeler qu'à son intention et pour aider à la combattre
l'arrêté du 23 mars 1938 a ajouté la solution de soude caustique à la
liste des produits qui doivent être utilisés pour la désinfection dans le cas
de maladies contagieuses des animaux.
Les recherches les plus récentes des laboratoires ont établi
avec netteté que, dans les maladies à ultra-virus, dans la fièvre aphteuse
notamment, les solutions alcalines étaient préférables à toutes autres pour la
désinfection. Et le choix de l'alcalin s'est porté sur la soude caustique
(hydrate ou hydroxyde de sodium), qui s'est révélée, en l'espèce, le meilleur
des désinfectants connus. Le Dr Marchoux, que nous avons cité
précédemment, l'avait pressenti en recommandant l'eau de lessive, qu'il ne faut
pas confondre avec la lessive de soude. La soude et la lessive de soude sont
des caustiques énergiques et doivent être maniées avec prudence, en évitant
leur contact avec la peau et les muqueuses, qu'elles corrodent rapidement, ainsi
que leur projection sur les vêtements. En cas de brûlures chimiques, il faut
laver abondamment avec de l'eau vinaigrée.
J.-H. BERNARD.
(1) Voir Le Chasseur Français de septembre 1952.
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