L'ensemble est en vogue cet automne ; les
tailleurs, dont très peu sont strictement classiques, sont de ce fait même
plutôt des deux-pièces. Nous nous expliquons : la jaquette, tout en
gardant ses proportions normales, est souple, le plus souvent les manches sont
montées en dessous de l'entournure, issues d'une coupe en empiècement, créant
ainsi une ligne kimono sans ampleur excessive ; elle est généralement
fermée haut sous des boutonnages variés, droits, doubles, asymétriques, en
diagonale, en V ou en X ; les manches, comme celles de cet été, restent
écourtées, légèrement remontées sur le bras ; d'autre part, le plastron,
qui est parfois adopté, est, dans certaines maisons, de tissu et de ton
différents de celui de la jaquette, mais ce ton n'est point heurté (brun sur
gris par exemple, chez Hubert de Givenchy) ; l'encolure est
ailleurs décollée, découvrant un gilet montant de velours (Jean Patou) ;
la jaquette est peu ajustée, suivant de très près la ligne du corps sans
étreindre la taille légèrement plongeante (Christian Dior, Jacques
Griffe, Manguin, Schiaparelli).
Le mouvement lancé par Balenciaga il y a quelques
saisons déjà, appuyé devant, modelé sur le buste, libre et gonflé derrière, est
encore suivi dans cette grande maison et dans beaucoup d'autres, très accentué
chez Paquin. À cet ensemble vient s'ajouter le manteau trois-quarts,
court ou long, droit (c'est le paletot) ou d'une ampleur modérée, toujours très
souple, large aux épaules, large des manches et très souvent traité en pelisse,
décollé ou s'appuyant aux hanches dans un mouvement très neuf que Madeleine Vramant
a particulièrement étudié et même déposé. Ce mouvement pourrait s'appeler « en
élytres ». D'ailleurs, plusieurs couturiers ont donné a leur ligne
nouvelle des noms d'insectes qui disent bien ce qu'ils veulent dire ! Un
très large pli Watteau donne l'ampleur, resserrée ou non par une martingale
basse, chez Raphaël.
L'ensemble est, par ailleurs, composé de la robe et du
manteau, celui-ci restant toujours de longueurs diverses, la robe simulant
parfois le deux-pièces par des effets de drapages ou de ceintures vagabondes (Jacques
Fath, Pierre Balmain, Jacques Heim), mais l'harmonie de cet
ensemble reste très étudiée, que la robe soit dans un tissu différent du
manteau, dans le même tissu plus léger, dans la fantaisie d'un uni, ou
réciproquement, ou du même tissu, ce qui n'est pas rare ; très souvent,
dans les collections nouvelles, les robes sont faites dans des tissus à
manteaux.
Il faut signaler un renouveau des garnitures de fourrures,
le luxe très recherché des doublures, les doublures matelassées ou de feutre
qui font très rond le tombé du vêtement, ainsi que la qualité exceptionnelle
des lainages employés : épais mais légers, duveteux, poilus, veloutés ;
les écossais sont à très grands carreaux, mais de tons très éteints, très
fondus, sombres. Les draps satin, amazone, les lainages breitschwantz,
bouclette ton sur ton ou de tons opposés, les réversibles connaissent une vogue
renouvelée et tous les jerseys.
G.-P. DE ROUVILLE.
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