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Mise en état des potagers

Les travaux d'arrière-saison.

— Maintenant que la majeure partie des légumes sont encavés ou remisés dans les greniers, on mettra à profit les loisirs d'arrière-saison pour bonifier le jardin familial, en vue d'obtenir l'an prochain des récoltes abondantes.

En premier lieu, on effectuera des labours profonds, afin d'augmenter les réserves d'eau et de favoriser la pénétration des racines dans le sous-sol, où elles trouveront des stocks d'humus et de sels nutritifs abandonnés par les racines mortes ou entraînés par les pluies.

Il est donc utile et nécessaire de ramener à la surface, au profit des plantes cultivées, les principes essentiels qui rendront possible l'obtention de fortes récoltes. En même temps, on aère et on allège la terre arable au profit de la flore microbienne, puis elle s'ameublit sous l'action bienfaisante des gels. Enfin, on contrarie les métamorphoses des insectes hivernants réfugiés dans le sous-sol.

Si l'on craint de modifier la nature physique du terrain, du moins dans les jardins caillouteux et très calcaires, les défoncements se feront par le procédé de la double jauge et, par la même occasion, on enfouira les engrais organiques à décomposition lente (fumiers, gadoues, composts, etc.).

Choix des Outils.

— Dans les petits potagers où le travail se fait presque toujours à la main, on se servira de bêches bien en mains, ni trop grosses ni trop petites.

Si la terre est légère, sablonneuse ou sans grande adhésion, on se servira d'une bêche plate, longue de 1m,60 environ, pourvue d'un fer poli de 20 x 28 centimètres, pesant 1kg,200, maintenu par une forte bague à bracelet.

Mais, si le terrain est argileux ou caillouteux, on donnera la préférence à la fourche à bêcher, pourvue de 4 dents triangulaires, longue de 31 centimètres et large de 22 centimètres. Elle sera en fer forgé, trempé, fixée à un manche simple, ou à béquille.

Pratique des bêchages.

— Pour labourer un potager, on le divise en deux parties à peu près équivalentes A et B, puis on ouvre la première jauge J en rejetant la terre en tas sur la deuxième moitié.

On retourne alors la partie A en reculant suivant la flèche, jusqu'à ce qu'on arrive à l'autre extrémité C, où il reste une jauge que l'on comblera avec la terre extraite de la jauge nouvelle D.

La deuxième parcelle B également bêchée en reculant suivant la flèche, on comble la dernière jauge E avec la terre du tas T.

Quel que soit l'outil dont on se sert, les pelletées de terre sont toujours retournées de manière que la partie en contact avec le sous-sol se trouve ramenée à la surface. L'air emprisonné dans les mottes favorisera la nitrification, et le terrain s'assainira.

La jauge M, dans le bêchage simple, doit se trouver constamment dégagée, et l'on aura soin de rejeter à la surface toutes les racines et les rhizomes capables de se bouturer, notamment les liserons, les chiendents, la potentille fraisier, etc.

Quand on défonce un potager par la méthode des deux fers de bêche et que le sous-sol est de mauvaise nature, on ouvre une très large jauge R, qui permet d'y retourner 3 ou 4 pelletées du sous-sol, que l'on recouvre ensuite avec autant de pelletées de la couche arable. Ces bêchages fractionnés et alternatifs permettent de distribuer la terre maigre dans le fond et la terre riche en surface.

Il est inutile de diviser les mottes lors des bêchages d'arrière-saison, les gelées se chargeant de ce travail. Il n'en est pas de même des labours de printemps, qui doivent être d'une grande finesse si l'on veut éviter le déchaussement des racines.

Les amendements.

— En même temps que les bêchages de fin d'année, on enfouira les engrais organiques et les amendements susceptibles de modifier heureusement la composition physique et chimique du terrain.

Dans ce but, on fera des apports de marnes, de chaux, de trez, de merl, de plâtre, d'écumes de défécation, de craie phosphatée, de terreau, de sable, de mâchefer tamisé, etc., afin d'obtenir une terre dont la composition se rapproche sensiblement de celle des terres franches qui est approximativement la suivante :

Éléments siliceux (sans cohésion)60 p. 100
Éléments argileux (agglutinants)20 —
Calcaire (carbonate de chaux)12 —
Humus (matière organique)08 —

La rénovation d'une terre de jardin est une opération qui ne peut pas être obtenue en une seule année, mais on peut arriver à augmenter sa valeur productive en continuant les mêmes apports pendant quelque temps, et même assez rapidement si on force les doses.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 672