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Culture de l'épinard

L'épinard est un légume qui joue un rôle important dans nos préparations culinaires. On en consomme des quantités importantes, et bien souvent sa culture est source de sérieux bénéfices à ceux qui s'y adonnent. L'épinard préfère les climats tempérés aux régions chaudes.

Le Centre et le Nord de la France lui conviennent mieux que les contrées méridionales. Les sols frais, suffisamment consistants, sont ceux où il prospère le mieux. Il a besoin de beaucoup d'engrais ; les engrais azotés lui sont tout particulièrement favorables.

La fumure la plus fréquemment appliquée en la circonstance est ainsi constituée :

Fumier bien décomposé120kg. à l'are.
Superphosphate de chaux5
Sulfate de potasse au chlorure de potassium2

Ces matières doivent être incorporées au sol deux à trois semaines avant d'effectuer le semis.

Après l'éclaircissage, on complète cette fumure en répandant sur cette même surface 1kg,500 à 2 kilogrammes de nitrate de soude.

Des arrosages au purin ou à l'engrais flamand, dilués dans quatre ou cinq fois leur volume d'eau, sont également très efficaces. Dans ce cas, on arrose dans les interlignes en évitant de répandre du liquide sur les feuilles. Il sera, en outre, nécessaire de donner des arrosages fréquents et abondants en période de sécheresse prolongée.

Il existe deux genres d'épinards : ceux à graines rondes, plus exigeants que les autres qui donnent des graines cornues.

Dans les terrains riches et frais, ce sont les épinards à graines rondes qui sont cultivés de préférence ; dans des conditions moins favorables, les variétés à graines cornues sont préférables.

En pleine végétation, les variétés à graines rondes ont les feuilles relevées, réunies en touffe plus fournie ; celles à graines cornues montrent des feuilles s'étalant davantage sur le sol.

On sème l'épinard en rayons distants de 0m,20 à 0m,30 ; la graine doit être enterrée d'un bon centimètre. On peut semer au printemps à partir de mars, mais, pendant toute la période estivale, les épinards produisent peu et montent rapidement à graines à cause du manque de fraîcheur.

C'est à la fin de l'été, dans la deuxième quinzaine d'août et les premiers jours de septembre, qu'il convient de faire une culture importante. À cette époque, les plantes s'enracinent fortement avant l'hiver, elles résistent au froid et donnent une première récolte en septembre-octobre ; cette récolte continue tout l'hiver si on renonce à la coupe radicale, au couteau, de toutes les feuilles. Mieux vaut enlever à la main les seules feuilles arrivées à complet développement et laisser grandir celles du cœur.

Pour obtenir une abondante récolte à la sortie de l'hiver, alors que les légumes frais sont rares au jardin, il convient de ne pas semer avant la mi-septembre et de ne pas opérer de cueillette avant l'hiver. Dans ce cas, les épinards donnent une récolte maximum qui se prolonge jusqu'en fin mai.

La culture de l'épinard ne présente aucune difficulté. Après la levée complète, on donne un léger binage ; plus tard, on éclaircit en maintenant un écartement de 6 à 8 centimètres entre les plantes conservées.

Notons que l'éclaircissage est nécessaire, car l'épinard n'est vraiment de qualité parfaite que si ses feuilles sont amples et grosses, ce qui ne peut arriver que si la plante jouit d'assez d'espace.

À l'époque où s'opèrent les semis de fin de saison, la terre est souvent trop sèche pour permettre la levée des graines ; on y obvie en répandant de l'eau dans les rayons avant de semer les graines. Lorsque des épinards doivent donner leur récolte après l'hiver, il est bon, dès que la mauvaise saison est écoulée, d'appliquer des engrais chimiques azotés et un bon binage.

Parmi les variétés d'épinard les plus cultivées, nous signalerons :

    variétés a graines cornues : épinard d'Angleterre, vigoureux et rustique ; épinard ordinaire, rustique mais peu productif ;

    variétés a graines rondes : épinard de Hollande, feuillage ample, très rustique ; épinard monstrueux de Viroflay, très cultivé, grosse production ; épinard géant d'hiver, grande rusticité et fort rendement.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 672