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La moissonneuse-lieuse

La moissonneuse-lieuse est une machine bien connue des agriculteurs. Nous croyons utile, cependant, de rappeler quelques principes de conduite et de réglage qu'il est indispensable d'observer si l'on veut obtenir un rendement maximum et éviter tout incident. Une moissonneuse-lieuse comportant une barre de coupe sur le côté (à droite ou à gauche) est, dans tous les cas, tirée.

Pour commencer une pièce à couper, il était d'usage de la détourer à la faux, c'est-à-dire de couper tout autour la récolte sur une largeur correspondante à la largeur du bâti de la machine et des chevaux ou du tracteur.

Cette pratique tend à être abandonnée aujourd'hui. On se contente de placer devant la roue motrice de la machine une sorte de diviseur qui sépare les tiges et empêche la roue de les coucher complètement sur le sol.

Si la moissonneuse-lieuse est tirée par un tracteur, les deux roues arrière sont également précédées d'un diviseur. Cette pièce est constituée simplement par deux tiges de fer réunies entre elles et appointées, et s'écartant progressivement jusqu'à venir à droite et à gauche de la roue.

Le conducteur place le tracteur ou les chevaux en bordure du champ, mais à l'intérieur de la récolte ; il coupe ainsi directement sur deux tours au moins, puis il fait un tour en sens inverse en roulant sur le chaume pour couper dans le sens opposé où le grain a été versé par la machine à son premier passage, et ensuite il reprend la coupe du champ normalement. On pourrait croire que cette façon d'opérer entraîne une perte sensible : il n'en est rien. Nous pouvons même assurer qu'elle est inférieure à celle provoquée par le détourage à la faux.

Si, au début du travail, la lieuse manque quelques gerbes, il est recommandé de ne pas la manipuler ; laisser fonctionner pendant un certain temps les pièces et, généralement, les organes de liage opéreront d'une façon correcte.

Si l'incident se prolonge, vérifier le noueur, le reteneur, l'aiguille.

Si les gerbes ne sont pas liées, cet incident peut être provoqué par :

    — un serrage exagéré du porte-ficelle entraînant la rupture de la ficelle qui ne peut glisser convenablement ;
    — un abaissement incomplet de l'aiguille ne permettant pas à celle-ci de placer à coup sûr le haut de la ficelle dans le disque ;
    — trop de flottement dans le porte-ficelle ; la ficelle s'échappe pendant le mouvement tournant du bec noueur.

Si les gerbes sont seulement entourées, mais non liées, il convient de régler le ressort du noueur qui ne se trouve pas assez tendu.

Nous ne saurions trop insister sur les précautions à prendre dans le réglage du noueur. Ne pas donner un tour complet à l'écrou ; opérer par quart de tour. Si, malgré cela, le noueur ne fonctionne pas, replacer l'écrou dans sa position initiale et agir en sens contraire, toujours par quart de tour. Pour éviter les ruptures de ficelle, éviter de trop serrer le ressort sur le noueur.

Pour obtenir un liage convenable, l'appareil lieur doit être placé de façon à venir toujours lier la gerbe exactement en son milieu, bien que certains agriculteurs préfèrent un lien plutôt du côté du pied de la gerbe pour éviter le glissement par la tête de la ficelle nouée.

Si la lieuse s'arrête brusquement de fonctionner, débrayer. Examiner la lame, qui a pu être coincée par un caillou. Dans ce cas, démonter la bielle et la mouvoir à la main sans brusquerie, afin d'expulser le corps étranger.

Si la panne n'apparaît pas aussitôt, s'efforcer de la découvrir en faisant tourner à la main les différents organes après avoir, si cela est nécessaire, démonté la grande chaîne.

La plupart des incidents de fonctionnement de la moissonneuse-lieuse proviennent de la mauvaise utilisation ou du défaut d'utilisation des différents leviers.

Nous recommandons particulièrement aux utilisateurs de se servir de ces leviers toutes les fois que l'état de la récolte ou du terrain le rend nécessaire.

La hauteur de coupe se règle en soulevant ou en abaissant le bâti du tablier. Cette manœuvre s'effectue au moyen d'une vis sans fin actionnée par manivelle et d'un secteur denté en crémaillère montés sur la roue porteuse et motrice et la roue à grains.

La barre de coupe et le tablier doivent être de niveau, avec une légère inclinaison vers l'avant. Le levier de pointage, situé devant le conducteur, permet de maintenir la barre de coupe et le tablier dans un plan bien parallèle au terrain. Lorsque la récolte est versée, le levier de pointage doit amener les doigts presque en contact avec le sol.

Le levier le plus délicat à manier — et le plus souvent actionné au cours de la moisson — est le levier des rabatteurs. À cet égard, un bon réglage doit permettre de faire agir les rabatteurs assez près des épis et suffisamment en avant, afin d'accompagner la récolte pendant le maximum de temps :

Si la récolte est inclinée vers l'avant, les rabatteurs doivent être avancés.

Si la récolte est bien verticale, l'arbre des rabatteurs doit être dans le plan vertical passant par le porte-lame.

Si la récolte est chargée en coquelicots et autres plantes étrangères, les rabatteurs doivent passer le plus près possible du pied.

En ce qui concerne le levier du tapeur, il est recommandé de ne pas l'utiliser pour effectuer le réglage de la longueur des gerbes. Ce levier doit être placé le plus en avant possible et maintenu dans cette position.

Toutefois, dans le cas d'une récolte trop courte, il devient nécessaire de pousser les épis vers le lieur.

Cette manœuvre s'effectue en tirant à soi le levier et en laissant s'engager dans le loquet, après avoir déterminé la meilleure position, le cran du levier situé en face de lui.

Il ne faut jamais perdre de vue qu'un parfait liage résulte de l'application et de l'adresse du conducteur dans la manœuvre du tapeur et le réglage du rabatteur.

G. DELALANDE.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 677