D'où viennent-elles ?
— La recherche des origines, surtout celle des espèces,
a soulevé de nombreuses hypothèses que le transformisme peut seul expliquer,
qu'il s'agisse d'animaux ou de plantes.
Dans le cercle plus limité de la formation des races, d'origine
bien plus récente, notamment chez les oiseaux domestiques, c'est la main de
l'homme qui semble avoir eu une action prépondérante.
On admet couramment aujourd'hui que la poule de ferme
descend de la poule sauvage, dite de Bankhiva, qui peuple toujours les
forêts de la Malaisie et des îles de la Sonde.
Cette ancienne race, dont le poids ne dépasse guère un
kilogramme, est monogame comme la plupart des oiseaux. Les femelles pondent des
séries de six à sept œufs qu'elles couvent aussitôt.
On se demande comment on est arrivé, par une suite de
mesures sélectives, à réaliser et à fixer des races aussi productives que le
sont celles qui peuplent aujourd'hui nos basses-cours, notamment des races
pondeuses dans le genre de la Leghorn et de la Bresse, lesquelles
pondent 200 œufs et plus dans la même année. Ces poules savent se contenter
d'un coq pour 10 à 12 femelles, et elles ne ressentent pour ainsi dire jamais
le besoin de tenir le nid. On dirait que la chaleur épidermique, qui pousse les
poules à couver, est tout entière absorbée par les besoins de l'oviducte.
À ces modifications, apportées dans les mœurs et les
fonctions zootechniques, il faut ajouter les variations zoologiques, non moins
importantes.
En effet, si on compare les standards des races cataloguées,
que l'on retrouve dans les concours, et dont le nombre dépasse la centaine, on
constate des différences de taille et de poids allant du simple au décuple, les
minima tombant au-dessous de 500 grammes et les maxima dépassant 5 kilogrammes ;
on comprend combien de temps il a fallu sélectionner les reproducteurs pour
obtenir le gigantisme et le nanisme. On s'en rend compte en comparant les
mastodontes de race Cochinchinoise, Brahma poutra, etc., aux
races naines Bantam, Barbue, Sabot, etc., que l'on peut admirer
dans les concours avicoles.
Variations dans le plumage et les attributs.
— Dans toutes les races, qu'elles soient petites,
moyennes ou grandes, on a créé des variétés dont le plumage évolue entre le
noir le plus foncé et le blanc le plus clair, en passant par le gris, le jaune,
le rouge plus ou moins foncés et bariolés différemment, c'est-à-dire caillouté,
pailleté, maillé, crayonné, barré, etc.
Toutes ces nuances, que l'on retrouve plus ou moins
dégradées dans le plumage du coq de Bankhiva, se sont regroupées, sous l'effet
d'une sélection méthodique et continue, conformément aux lois de Mendel, pour
constituer de nombreux plumages, allant du mélanisme le plus noir à l'albinisme
le plus blanc.
Mais ce qu'il y a de plus curieux dans la fixation des
caractères chez les races gallines, en dehors du plumage, ce sont les
variations anatomiques des attributs mentionnées dans les standards, lesquels
se rapportent à la forme et à la couleur de la tête, du bec, des yeux, de la
crête, des oreillons, des barbillons, de la queue, des tarses, etc.
Les caractères zoologiques et zootechniques, que l'on est
arrivé à fixer, ont permis de créer des races de fantaisie servant à peupler
des basses-cours ornementales du plus gracieux effet.
Trois races curieuses.
— Une particularité remarquable du plumage se trouve
réalisée chez les coqs Nagasaki, Yokohama et Phénix. Ces
volailles, mises au point par des aviculteurs japonais, passés maîtres dans
tout ce qui touche à la décoration, ont eu un grand succès auprès des amateurs,
désireux d'ébaubir leurs amis en leur faisant visiter leur basse-cour, par la
joliesse de ses pensionnaires.
Les Nagasaki sont des volailles naines, dont il
existe plusieurs variétés différant par la couleur : des herminées, des
noires, des blanches, des crayonnées, des cailloutées, etc., remarquables par
le redressement de leurs faucilles qui, chez le coq, dépassent largement le
sommet de la tête.
Les Phénix sont en possession d'une queue qui atteint
2 mètres de long, que l'on est obligé de rouler en chignon pour éviter qu'elle
se souille et s'abîme. Le poids des coqs Phénix est de 4 livres et demie
anglaises ; celui des poules, de 2 livres et demie.
Les Yokohama, dont le poids et la taille se
rapprochent de ceux des Phénix, s'en différencient par un corps plus
svelte, analogue à celui du faisan. La longueur des faucilles peut également
atteindre 2 mètres.
Un petit parquet de volailles japonaises installé dans une
propriété d'agrément la mettra certainement en valeur, et il retiendra
l'attention des visiteurs beaucoup plus qu'un parquet de poules ordinaires.
C. ARNOULD.
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