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Habitation tropicale

Généralités.

— Pour l'Européen résidant dans les pays chauds, le logement occupe une place très importante. C'est grâce à son confort qu'il peut résister aux intempéries et surtout à la chaleur des tropiques. Il lui faut donc une construction solide et durable, soit en bois (le moins possible), soit en béton préfabriqué (facilité de transport et de montage), soit, tout ou partie, en métal alliage léger éléments préfabriqués (ce qui simplifie le transport en montagne). Béton préfabriqué et métal léger sont à conseiller pour la protection contre tous les insectes, principalement des termites et autres agents destructeurs, et aussi à cause de l'incendie.

Situation.

— Le logement « type colonial » peut être adapté dans un très grand nombre de régions chaudes et humides : Afrique équatoriale, Martinique, Indochine, etc.

Esthétique.

— Avec un plan rectangulaire et couvert à deux pentes de 20 à 25 p. 100 maximum, cette habitation est conçue très simplement avec de grandes pièces spacieuses et beaucoup d'ouvertures. Les combles, ainsi que le sous-plafond, sont ventilés par une cheminée centrale sur toute la longueur du faîtage, cheminée que l'on peut obturer, le cas échéant. Sur les faces les plus exposées, une véranda avec une série de brise-soleil mobiles en béton ou en tôle d'aluminium inoxydable de 10/10 sont accrochés à la partie haute de cette véranda. La hauteur sous plafond est la plus haute possible et avec un minimum de 3 mètres. Les portes ont un système de ventilation également obturable, aux parties supérieures et inférieures. Pour obtenir des espaces bien protégés de la pluie et des ardeurs du soleil, une cour formant patio est entourée, du côté le plus chaud, de murs contre lesquels on fait pousser un peu de verdure. Au centre de ce patio, si on en a la possibilité, on aménage un petit bassin avec jet d'eau autour duquel s'épanouissent quelques plantes : palmiers, etc. ... Le long de ce mur, une galerie couverte en tôle ondulée ou plaques amiante-ciment permet l'accès à l'habitation, quelques pergolas complètent les zones d'ombrage tant recherchées.

Distribution.

— D'une surface d'environ 110 mètres carrés, le plan de ce pavillon est centré autour d'une salle de séjour de 5m,50 x 4 mètres sur laquelle donnent accès toutes les pièces : 3 chambres, dont la plus grande a 3m,50 x 5m,50), une penderie, un w.-c. bains et une cuisine, dont l'entrée de service donne sur une petite cour. Cette salle de séjour est précédée d'une galerie couverte et d'un porche-véranda. Pas de sous-sol, ni de grenier, mais un comble perdu faisant matelas d'air.

Construction.

— Structure et ossature métalliques en tôle pliée et emboutie ou potelets en béton armé. Murs avec remplissage en panneaux de fibre végétale comprimée et armés de fil d'acier (deux épaisseurs de plaques de 0,005 accolées ou séparées par un vide bourré de laine minérale correspond au point de vue thermique et phonique à un mur de 0,60 en maçonnerie). Ils sont aussi légers, rigides, imputrescibles et surtout incombustibles. Le tout est à monter sur un socle en béton ou sur une dalle en béton armé à coffrage perdu avec vide sanitaire dont les petites ouvertures de ventilation en soubassement sont obturées par des grillages rigides et fins. Le rez-de-chaussée est donc surélevé et isolé de l'humidité et, lorsque cette dernière est trop importante, une couche d'asphalte est encore interposée sous le plancher. La charpente est métallique ou en bois. La couverture est en plaques amiante-ciment ondulées ou plaques d'aluminium. Les enduits extérieurs sont au mortier de chaux lourde avec badigeon silicate blanc. À l'intérieur, les cloisons sont en fibre comprimée de 55 millimètres ; les plafonds, en placo-plâtre ou plaques fibro-ciment suspendues à une ossature métallique. Les brise-soleil sont métalliques ou en plaques ciment armé préfabriquées. Les menuiseries extérieures (portes et fenêtres) sont, autant que possible, en aluminium. Les fenêtres sont munies de moustiquaires. Les menuiseries intérieures sont en bois exotiques : acajou, par exemple, suivant les régions. L'eau chaude dans la cuisine et bains, ainsi que le réfrigérateur, qui occupe une grande place, sont alimentés, si on n'a pas de courant électrique, par un moteur au gas oil.

En résumé, tout doit être étudié pour lutter efficacement contre la chaleur, l'humidité et le feu, tout en restant le plus économique possible, compte tenu des difficultés d'exécution sur les lieux par manque de spécialistes.

Albert COHENDET,

Architecte D. P. L. G.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 684