La nourriture des cailles.
— En chassant autour du terrain d'aviation de
Marignane, fin septembre, j'ai tué dans les friches une demi-douzaine de
cailles. Au moment de les apprêter pour le canapé traditionnel, quelle ne fut
pas ma surprise de trouver dans le jabot de quatre d'entre elles — moyennement
grasses, — non les petites graines qu'elles affectionnent, mais de
minuscules escargots de forme conique et spiralée de 6 à 7 millimètres de
hauteur et de 3 millimètres de grosseur à la base. Je pense qu'il s'agissait de
cailles de passage, car les deux autres, beaucoup plus grasses, avaient
délaissé les mollusques pour les petites graines.
R. DANEY, abonné.
Surprise d'ouverture.
— Le matin de l'ouverture en Gironde, le 24 août
1952, un de mes amis, M. Fernand Verdier, propriétaire à Pellegrue
(Gironde), a eu l'agréable surprise d'abattre dans un pré, d'un coup de fusil,
une superbe bécasse.
Je crois que ce fait, très rare en août, mérite d'être
signalé.
Maurice DUVERGÉ, abonné,
La chasse au canard en Rhénanie.
— Tous les Français, civils ou militaires, qui, après
1914-1918, ont fait partie de l'Armée française du Rhin, se rappellent, surtout
les chasseurs, combien ce beau et riche pays qu'est la Rhénanie était vif en
gibier.
Si le gibier sédentaire était abondant, le gibier de passage
ne l'était pas moins. Le Rhin est en effet la grande voie que suivent les vols
de migrateurs fuyant les trop froides régions nordiques ; et c'est par
milliers que les palmipèdes s'abattent, par les soirs d'hiver, sur les rives du
grand fleuve ou au milieu des glaçons qu'il charrie.
Il m'a été donné, un soir de l'hiver 1926-1927, de
participer, dans les environs de Mayence, à une chasse à la « passée »
vraiment peu banale ... Nous étions quelques amis invités par un camarade
qui, ayant pris quelques jours de congé pour se livrer à son sport favori,
s'était installé, au bord même du fleuve, dans un « gourbi » de
fortune qu'une canardière-canon de 37 millimètres transformait en une sorte de
« caponnière ». Arrivés sur les lieux bien avant l'heure de la
passée, nous pûmes le voir à l'œuvre, c'est-à-dire le voir abattre d'un seul
coup de son engin une quinzaine de canards imprudemment posés au milieu des
glaçons. Mais, pour récupérer ses victimes, ce fut pour l'audacieux chasseur un
sport terriblement dangereux. La barque bousculée par les icebergs miniature et
entraînée par un courant impétueux faillit bien sombrer corps et biens.
L'heure de la passée étant proche, nous nous dirigeâmes vers
un bois de chênes voisin. En me plaçant en lisière, on me recommanda instamment
de ne pas tirer quand les vols de canards, venant du fleuve et se dirigeant
vers le bois, me passeraient sur la tête. Je devais attendre de les entendre
cancaner sous les chênes aux pieds desquels, dans le cercle étroit que la neige
n'avait pu recouvrir, ils venaient se gaver de glands ; à ce moment-là
seulement je devais tirer dans le tas ... Effectivement, il me passa à la
verticale, rasant la cime des arbres, plusieurs vols très denses que,
respectant la consigne, bien qu'à regret, mais curieux de voir ce qui allait se
passer, je laissai glisser et s'abattre à l'intérieur du bois, puis je tendis
l'oreille ... hélas ! vainement. Mais une fusillade nourrie éclatant
à l'opposé du poste où j'étais placé m'avertit que mes camarades avaient été
plus heureux. En effet, les ayant rejoints, je pus les voir compter une
trentaine de victimes tuées au beau milieu de leur dernier repas. Sans doute, à
la faveur de la nuit tombante, quelques éclopés purent-ils, provisoirement,
échapper à leur destin. Je n'avais pas tiré une seule cartouche et, malgré
l'importance du « tableau », je regrettai de n'avoir pu profiter de
l'occasion que je dus laisser échapper d'abattre, plus sportivement, quelques
belles pièces.
Quant au camarade « canardier », il rentra
quelques jours plus tard avec un nombre de pièces impressionnant.
Capitaine U. G ..., abonné, Vendôme.
Les ouvertures prématurées.
— Le chasseur qui est informé des choses de la nature
et de la terre, celui qui juge et qui raisonne se demande à quel mobile
obéissent les dirigeants de la chasse en France en fixant l'ouverture aux
premiers jours de septembre, alors que les principales espèces sont encore en
pleine période de reproduction ou en cours d'élevage. En ce qui concerne le
poil surtout, la logique et le bon sens conviennent que, sans l'ouverture,
septembre serait le mois pendant lequel la reproduction est le plus intense,
pour la raison majeure que les reproducteurs sont plus nombreux qu'à aucun
moment de l'année.
L'anecdote qui suit, dont j'affirme l'exactitude, apporte
une preuve concrète et chiffrée des méfaits des ouvertures prématurées.
Le 10 octobre 1935, avec un voisin et ami, M. G ...,
nous chassions sur les plateaux autour de la côte 583, à quelque 30 kilomètres
au nord de Limoges. Nous avions laissé notre voiture à l'auberge d'un petit
village où nous devions revenir déjeuner.
Dans la matinée, nous traversions une lande entrecoupée ça
et là de terres incultes partiellement couvertes de fougères et de genêts,
lorsque, à cent mètres à droite, trois coups de sifflet retentirent. C'était le
signal convenu : G ... me demandait d'aller vers lui. Je m'y rendis
aussitôt. « Regardez cela, me dit-il, et qu'en pensez-vous ? »
Les cadavres de trois petits levrauts gisaient là, épars dans l'herbe, autour
d'une touffe de genêt. Les corps n'étalent pas décomposés, mais entièrement
desséchés, ainsi nous pûmes les examiner à loisir ; ils étaient d'une
maigreur squelettique et paraissaient avoir vécu trois à quatre jours. Tout
indiquait qu'après leur naissance la mère les avait alimentés une fois ou deux
et n'était pas revenue. Hélas ! pour cause : un chasseur l'avait
tuée, nous devions en avoir la confirmation quelques heures plus tard.
À midi, nous étions revenus à l'auberge. Sur une table,
devant la porte, entouré du chien et des chats de la maison, le patron
dépouillait une hase énorme. « Voyez s'il est dommage de l'avoir tuée si
tôt, celle-là, dit-il ; elle n'aurait pas tardé deux jours à mettre bas. »
En effet, elle était pleine, les petits avaient la bourre, il y en avait deux.
G ... raconta alors la trouvaille que nous venions de faire là-haut sur le
plateau. « En effet, répondit l'aubergiste, l'autre dimanche, avec le
voisin, nous en avons tué « une » par là-haut qui allaitait depuis un
jour ou deux tout au plus. Le lait sortait de ses tétines comme l'eau d'une
source. »
Notre interlocuteur, qui était un homme de bon sens, nous
dit ensuite textuellement ceci : « On ouvre la chasse beaucoup trop
tôt. Exemple : ici, dans le village, nous sommes 4 chasseurs, nous vivons
en bons termes et nous nous connaissons bien. Depuis l'ouverture, nous avons
tué 14 lièvres dont 6 hases pleines ou en état d'allaitement si récent que les
petits ont certainement péri, comme les trois que vous avez trouvés ce matin.
Concluez ! »
La conclusion est éloquente. De l'ouverture au 10 octobre,
sur un espace de 4 à 5 kilomètres carrés (peut-être moins), ces 4 chasseurs
avaient tué 14 lièvres et détruit en même temps 8 portées de 2 levrauts chacune
en moyenne. Ce qui revient à dire qu'en tuant 14 lièvres à cette époque de
l'année on en détruit effectivement 30. Encore ce dernier chiffre a toute
chance d'être inférieur à la réalité, car il est pensable que, pendant la même
période, sur le même terrain, d'autres jeunes levrauts ont été pris et mangés
par les chiens des mêmes chasseurs.
Le gibier étant le stimulant essentiel des chasseurs, tous
indistinctement en déplorent l'insuffisance ; les uns par habitude, les
autres avec plus de raison s'en prennent au renard et le traitent de nuisible. Que
pensent-ils donc du décret fixant l'ouverture au 1er septembre
et même quelquefois avant ! Les impatients, les chauds objecteront que, de
mémoire d'homme, la chasse a toujours été ouverte vers le 1er septembre.
D'accord. Mais, qu'on le veuille ou non, un fait nouveau, plus gros qu'une
montagne, est intervenu. Son poids est tel qu'il est impossible de ne pas en
tenir compte. Le nombre des chasseurs est monté à 1.850.000. Devant cette armée
aussi active qu'indisciplinée, ouvrir la chasse au 1er septembre,
c'est vouer à l'extermination totale le peu de gibier qui reste. Exemple récent :
quelques mois ont suffi pour réduire à presque rien le repeuplement qui s'était
opéré pendant les années de fermeture occasionnée par la guerre.
Parmi les divers moyens qui existent pour favoriser le
repeuplement, le premier, et le plus important, consiste et consistera
toujours, quoi qu'il advienne, à épargner, sinon à protéger, les reproducteurs
jusqu'au terme de leur période de reproduction. Épargner, protéger, deux mots
faciles à écrire, me direz-vous. Mais, pour réaliser ce qu'ils veulent dire,
c'est tout autre chose. Cependant, à mon humble avis, il existe une solution,
la seule qui paraît être opérante : tenir la chasse hermétiquement fermée
jusqu'au 15 octobre.
Dans la mesure où cette idée prévaudra sur l'impatience de
certains, la chasse sera un sport toujours attrayant ou ne sera plus que
galopade sans but.
L. P …, Limoges.
Palmipèdes percheurs.
— M. G. Grassot, dans un entrefilet, et M. J.-P.
Nicolas, dans un article paru dans Le Chasseur Français, ont fait
mention de canards branchés. Cette attitude peut sembler paradoxale chez des
oiseaux dont les doigts réunis par une membrane (Palmipèdes) semblent, en
dehors de la marche, les rendre plus aptes à nager qu'à se percher.
Et pourtant, parmi les Palmipèdes, certains canards ne sont
pas les seuls à se brancher, et même à nicher sur les arbres.
Aucune identification n'ayant été précisée, et pensant que
cela pourrait intéresser les lecteurs du journal, nous allons brièvement
décrire quelques-uns de ces oiseaux.
Et d'abord ceux appartenant au groupe Ansériforme,
dont les trois doigts antérieurs sont seuls réunis par une membrane, et dans
lequel sont rangés les oies et les canards.
L'Oie du Canada : son plumage est gris brun en
dessus et blanc en dessous ; la tête et le cou sont noirs, avec les joues
et la gorge blanches. Elle niche parfois sur les arbres.
Le Chenalopex d'Égypte, ou Oie du Nil, au
plumage en grande partie roux clair finement strié de brun ; une tache
rousse couvre l'œil, et un collier de même couleur barre la poitrine. Cette
espèce niche de préférence sur un arbre.
Les Dendrocygnes, ou Canards des arbres,
propres aux régions tropicales, font la transition entre les oies et les
canards. Ils ont les pattes plus élevées des premières et le bec plus allongé
des seconds. Le roux domine dans leur plumage. Bien qu'ils se perchent
volontiers, les Dendrocygnes préfèrent nicher à terre.
Le Canard musqué, d'Amérique centrale et du Sud, a un
plumage noir à reflets bronzés et porte de petites caroncules rouges entre le
bec et l'œil. Il est la souche du « Canard de Barbarie » domestique.
Le Sarcidiorme à crête, espèce africaine et indienne,
est facilement identifiable grâce à l'importante caroncule noire qui, partant
de la base du bec, recouvre la presque totalité de la mandibule supérieure.
Le Canard de Hartlaub, d'Afrique, au plumage brun
roux avec la tête noire, le front blanc et les couvertures des ailes bleues.
Le Canard à tête rose de l'Inde, reconnaissable à son
plumage brun, à sa tête rose et à son miroir en partie blanchâtre.
La Sarcelle naine de Coromandel, d'Asie, toute petite
espèce dont le haut de la tête est brun foncé, les parties supérieures noires à
reflets, les parties inférieures blanches finement striées de brun, avec un
collier noir barrant la poitrine. Elle niche dans des trous d'arbres.
Le Canard mandarin, d'Asie, et le Canard carolin,
d'Amérique du Nord, magnifiques oiseaux au plumage bigarré, et qui font l'ornement
des jardins zoologiques.
Dans un autre groupe de Palmipèdes, dont les quatre doigts
sont réunis par une membrane (Totipalmes), la plupart des espèces sont
percheuses.
Les Frégates, oiseaux de haute mer des régions
tropicales, au vol aisé, mais auxquels la marche et la nage sont rendues
presque impossibles par la brièveté de leurs tarses. Elles se perchent la nuit
et nichent en colonies sur des arbres ou des rochers.
Les Cormorans, oiseaux ubiquistes au plumage sombre,
nageurs et plongeurs émérites, nichent aussi en colonies sur des arbres ou des
rochers.
Les Anhingas, voisins des Cormorans, répandus dans toutes
les contrées tropicales, dont le corps, plus élancé, se prolonge par un cou
très long et très mince, terminé par une tête à peine plus grosse, elle-même
prolongée par un bec pointu et étroit (oiseaux serpents), se perchent
volontiers et placent leur nid généralement au-dessus de l'eau.
Les Pélicans, gros oiseaux des régions tropicales et
subtropicales, au bec énorme, dont les deux lignes flexibles de la mandibule
inférieure supportent les côtés d'une large poche de peau nue ; une couche
d'air sous la peau donne de la légèreté à leur corps massif. Ils nichent sur
les arbres ou sur le sol.
Les Phaétons, ou Pailles en queue, répandus
dans toutes les mers tropicales et subtropicales, ressemblent un peu aux
Hirondelles de mer. Les deux rectrices médianes de leur queue sont étroites et
allongées en forme de rubans. Ils passent une grande partie de leur temps en
pleine mer, suivant parfois les bateaux, sur les verges desquels ils se
reposent, et ne se rapprochent de la terre qu'au moment de la reproduction.
Louis DELAPCHIER.
N. B. — Les descriptions se rapportent aux mâles ;
les femelles sont, en général, moins richement parées.
Migrations anormales.
— Le 9 août, j'ai observé deux passages de canards
colverts en direction nord-sud ; il est très rare de voir ces oiseaux à
cette époque dans nos parages ; chassant depuis pas mal d'années déjà, je
puis affirmer que nous ne les trouvons jamais avant la mi-novembre sur nos
rivières.
Le 19 août, j'ai aperçu également des bandes de pigeons
ramiers de 30 à 50 oiseaux, suivant également le même itinéraire. J'ajoute que,
dans les prés rendus humides par de récentes pluies, il se trouve déjà
plusieurs couples de bécassines.
Serait-ce un présage d'hiver précoce et rigoureux ?
Léon FORTIN, Saint-Pierre-de-Coutances.
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