Accueil  > Années 1952  > N°670 Décembre 1952  > Page 735 Tous droits réservés

Travaux d'hiver

Le matériel de forçage.

— Sous les climats moyens, comprenant le Nord, l'Est et le Centre de la France, il n'est pas possible d'obtenir des légumes de bonne heure, et l'on ne peut guère y pratiquer de cultures retardées si on ne dispose pas de vitrages pour garantir les plantes délicates des gelées précoces ou tardives qui sévissent inopportunément dans les potagers au printemps et à l'automne.

C'est pour cela que, dans tous les jardins familiaux, si modestes soient-ils, on devrait disposer de quelques cloches ou de deux ou trois châssis maraîchers s'adaptant à des coffres ou des bâches faciles à construire. Les professionnels et les châtelains complètent ce matériel rudimentaire de forçage par une serre à un ou deux versants.

Construction des coffres.

— Il existe deux sortes de coffres de couche ; les uns sont mobiles, les autres établis à demeure, soit en briques, soit en ciment armé.

On a intérêt à construire les premiers démontables, parce qu'il est plus facile de les déplacer et de les restaurer lorsqu'un de leurs éléments ne tient plus. Les coffres se font généralement en planche de « pouce », peuplier ou sapin.

Comme on peut les changer de place tous les ans, les cultures qui leur succèdent bénéficient des principes fertilisants abandonnés au terrain sous-jacent, du fait de leur séjour au même endroit.

Si l'on adopte le coffre maraîcher, destiné à recevoir trois châssis mesurant 1m,33 x 1m,33, on se procurera deux planches longues de 4 mètres, celle d'arrière ayant 30 centimètres de large, celle de devant 25 centimètres seulement, de manière à créer une légère pente pour l'écoulement des eaux pluviales sur le devant.

Pour fermer le coffre, il faut 2 planches transversales, A et B, un peu plus larges d'un bout que de l'autre, ayant 1m,30 de long et une largeur de 25 ou de 30 centimètres, que l'on munit, à chacune de leurs extrémités, de pieds équarris en bois dur P et P', dans lesquels on enfonce des pitons m et n.

Ces pitons traversent les planches longitudinales et ressortent à l'extérieur, ce qui permet d'y introduire une fichette en fer qui maintient les quatre planches du coffre et offre la possibilité de les démonter.

On empêche les grandes planches de s'écarter et de se gondoler en les accrochant par 2 barres de bois R et R' venant s'engager dans les parois avant et arrière par des tenons en queue d'aronde, H. Ces barres se trouvent à la jonction des trois châssis.

— Les coffres se posent sur les réchauds de fumier lorsque le coup de feu est passé et l'on y sème des graines après les avoir remplis aux 2/3 ou aux 3/4 de terreau passé à la claie.

Les maraîchers disposent leurs coffres en lignes, bout à bout, en ménageant des sentiers de 30 à 40 centimètres de large, où ils tasseront du fumier chaud pour relever la température des couches quand elle faiblit.

Les bâches.

— Les bâches sont des serres en réduction, le plus souvent limitées par des murets en briques de champ, ou en ciment armé, que l'on construit à un endroit bien exposé. Elles sont généralement utilisées au titre de couche froide, pouvant servir de pépinière et pour y poursuivre des cultures retardées.

Durant l'hiver, on les utilise pour l'hivernage des plantes délicates, œilletons d'artichaut, laurier-sauce, herbes condimentaires, etc., ainsi que pour hiverner les fraisiers en pots.

Suivant la hauteur variable des végétaux à abriter, on montera les murets en conséquence, la paroi avant étant toujours moins élevée que celle de l'arrière, afin de faire prendre aux châssis qui les recouvrent une inclinaison favorable au réchauffement solaire et une pente suffisante pour l'écoulement des eaux pluviales.

Les serres.

— On distingue les serres adossées ou à un seul versant, destinées à recevoir des plantes et des arbustes de moyenne hauteur (rhododendrons, agaves, mimosas, lauriers, rosiers, plantes en pots, tomates, etc.).

Les serres hollandaises ou à deux versants, généralement plus hautes et plus spacieuses, peuvent recevoir des fougères arborescentes, des palmiers, des orangers, ainsi que des plantes en godets qui demandent à être placées à proximité du vitrage.

Dans chaque catégorie, un système de chauffage par thermosiphon ou par générateur permet de faire varier la température pour rendre la serre chaude : 24° à 28°, ou tempérée : 12° à 15°. En laissant tomber le feu, la serre est dite froide.

Les serres adossées, appuyées sur un mur, n'exigent qu'un muret de faible hauteur sur le devant, en le couronnant extérieurement d'une tablette en saillie qui canalisera les eaux pluviales dans un bac en ciment placé à l'intérieur de la serre.

Les pots, contenant des boutures ou des semis, sont distribués sur des corniches supportées par des consoles, ou sur des gradins plus rapprochés du vitrage, lequel doit être en verre blanc double, maintenu par des fermes cintrées.

Pendant les grands froids, lorsque la température tombe au-dessous du minimum nécessaire aux plantes frileuses, on déroule les paillassons qui recouvrent le vitrage. On fait de même pour réaliser des économies de chauffage.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°670 Décembre 1952 Page 735