Parmi les lecteurs qui m'écrivent pour m'exposer quelques
points ennuyeux de leur élevage, il n'en est pas qui n'aient à se plaindre
d'affections dues aux parasites des volailles.
Tous sont dangereux et vivent de la substance des animaux,
qu'ils épuisent inlassablement et inexorablement. D'autre part, en attaquant
les tissus, ils ouvrent la porte aux microbes les plus dangereux et, allant
d'un sujet malade sur un sujet sain, ils peuvent contaminer rapidement toutes
les volailles d'un troupeau.
Les rats et les souris sont d'excellents agents de
transmission de parasites, et toute lutte sérieuse pour l'extermination de ces
derniers doit commencer par une bonne dératisation des locaux. Il existe
d'innombrables moyens pour tuer les rats : pièges, poisons, virus, etc.,
mais le procédé le plus efficace et le plus récent consiste certainement dans
l'emploi des nouveaux produits à base d'antivitamine K. Avec eux, plus de
confection d'appâts, délaissés le plus souvent. Il suffit de poudrer les
passages habituels des rongeurs, le long des murs et des plinthes.
Par la simple imprégnation de ces produits, les rongeurs
meurent bientôt, épuisés par les hémorragies répétées que produit l'antivitamine
K, dont les animaux absorbent des doses infimes chaque jour en faisant leur
toilette. On sait que rats et souris se frottent le museau avec leurs pattes
lorsqu'ils procèdent à cette dernière.
Il y a lieu ensuite de traiter les volailles atteintes.
Elles peuvent l'être de plusieurs façons : par affections de la peau et
des plumes ou par la présence de parasites à l'intérieur du corps ; soit
dans l'appareil digestif, soit dans l'appareil respiratoire, soit encore dans
l'appareil sexuel (oviducte).
Nous verrons seulement aujourd'hui les plus courantes,
c'est-à-dire les affections parasitaires des plumes et de la peau. Ce ne sont
pas les plus dangereuses, et, pour vous en débarrasser, employez régulièrement
des moyens préventifs, ce qui est très facile avec les insecticides modernes.
Si, malgré vos précautions, l'affection se déclare, il faut la juguler
immédiatement, car la multiplication des parasites peut facilement entraîner la
mort du sujet par épuisement.
Voici quelles sont les principales affections parasitaires
extérieures et quels sont leurs traitements.
a. Les phtiriases, ou maladies des poux, sont
des affections causées par des parasites venant par intermittence sur les
volailles ou y demeurant en permanence. Les poussins sont souvent les plus
atteints, et les démangeaisons permanentes dont ils souffrent et les pertes de
sang que provoquent les innombrables piqûres sont souvent la cause d'une
cachexie fatale.
Chez les adultes atteints, on observe une diminution de la
ponte, un amaigrissement, et les poules couveuses quittent fréquemment les nids
parasités pour aller s'épouiller.
Il existe une dizaine de variétés de poux, tiques et puces
des volailles. Les tiques et les argas suceurs de sang sont les plus dangereux.
Inspectez soigneusement vos volailles, notamment dans les parties du corps les
plus abritées, et, même si vous ne trouvez pas de parasites, n'en déduisez pas
automatiquement que vos sujets ne sont pas atteints, car, au début, les argas
et les dermanyses se cachent pendant le jour dans les anfractuosités des murs
et n'attaquent les volailles que pendant la nuit. Mais, en inspectant
attentivement la peau, on aperçoit la trace des piqûres.
Maintenez vos poulaillers en parfait état de propreté,
passez les perchoirs au pétrole, désinfectez deux ou trois fois par an le local
par pulvérisation d'un « blanc » insecticide et microbicide. Il en
existe un très actif, dans le commerce, à base de sulfate d'oxyquinoléine.
Veillez à la parfaite propreté des nids, placez un peu de
poudre insecticide dans le fond de la paille ou un petit morceau d'éponge
imprégné de quelques gouttes d'essence d'eucalyptus. Enfin, n'oubliez pas de
mettre à la disposition des volailles, sous abri, un bain de poussière.
Utilisez une caisse en bois de 1 mètre de long sur 0m,80 de haut et
profonde de 0m,35 environ pour 20-25 volailles, remplissez-la d'un
mélange de 50 p. 100 de sable fin et 50 p. 100 de cendre de bois
additionné de fleur de soufre et de poudre insecticide genre D. D. T.
ou sulfanicotine.
Si, malgré les préventifs ou en l'absence de ces mesures,
l'envahissement a eu lieu, traitez de suite. Utilisez les insufflations directes
massives d'insecticides en poudre, les bains sulfureux ou les fumigations
sulfureuses.
b. La gale déplumante s'observe à peu près
uniquement chez les poules. Les lésions débutent en général au niveau du
croupion et s'étendent ensuite au dos, au ventre et même au cou et à la tête.
Les grosses plumes tombent rarement, et les parties
déplumées sont nettes. Quand l'infection est limitée, traitez les parties
dénudées en les frottant, ainsi que les plumes avoisinantes, avec le mélange
par parties égales d'huile de cade vraie et d'huile douce ou avec une pommade antisarcoptique
du commerce : acariasive, sarcoptol, etc. Vous pouvez aussi employer le
mélange suivant : un quart de pétrole, un quart d'huile de lin, un quart
de fleur de soufre, un quart d'essence térébenthine.
c. La gale des pattes est déterminée par un
acare parasite et peut atteindre tous les animaux de basse-cour, à l'exception
des palmipèdes.
On voit apparaître des écailles blanchâtres sur les tarses,
qui se soulèvent, augmentent d'épaisseur et finissent par former des croûtes
adhérentes. Celles-ci se détachent par endroit, et des plaies apparaissent à
l'emplacement. Les poules marchent de plus en plus difficilement et peuvent
périr d'inanition.
Il faut d'abord ramollir les croûtes par l'application d'un
corps gras, les détacher doucement avec une brosse dure sans faire saigner et
les enduire en massant avec la pommade d'Helmerich du Codex. Alternez les
applications de pommade avec des savonnages à l'eau tiède et, une fois la
guérison obtenue, enduisez les pattes de vaseline.
d. La teigne ou crête blanche est causée par
un champignon parasite minuscule. Elle débute par l'apparition de petites
taches gris blanc sur la crête qui arrivent à se développer et peuvent gagner
les oreillons, les barbillons et même les régions emplumées. La maladie est
lente, aux points atteints les plumes cassent et tombent, et la peau sent une
odeur de moisi caractéristique.
Traitez les parties atteintes par application de pommade
mercurielle simple ou de Beaume du Pérou à solution huileuse à 25 p. 100.
La teigne est transmissible au chien et à l'homme. La chair
des volailles atteintes peut être consommée. Il suffit d'enlever la tête.
Toutes ces affections minent lentement les volailles et les
font dépérir en les amaigrissant. Prévenez-en l'apparition par une hygiène
rigoureuse de vos élevages et traitez dès l'apparition des premiers symptômes.
R. GARETTA,
Expert avicole près les tribunaux.
|