Die Merkel-Ära (2005-)

Bundeskanzlerin Angela Merkel

1°) Le 1er Cabinet Merkel et le contrat de gouvernement :

Première Chancelière fédérale de l'histoire à 51 ans, Angela Merkel (CDU) accéda au pouvoir à la faveur d'élections anticipées remportées d'extrême justesse. Il fallut trois semaines d'âpres négociations pour faire céder Gerhard Schröder (SPD), Chancelier sortant dont le parti avait obtenu à peine moins de suffrages (-0,8%) et de sièges (-4) que sa rivale. Capitulant à regret, Schröder obtint que son parti reçût un nombre de portefeuilles ministériels (8) égal à la CDU/CSU incluant les postes-clé de Vice-Chancelier (Franz Müntefering puis Frank-Walter Steinmeier) et de Ministre des Affaires Etrangères (Steinmeier), des Finances (Steinbrück), du Travail (Müntefering puis Scholz), ainsi que la Justice (Brigitte Zypries), la Santé (Ulla Schmidt), l'Environnement, les Transports et l'Aide au Développement (Heidemarie Wieczorek- Zeul).
La CSU bavaroise reçut l'Economie (Glos) et l'Agriculture (Seehofer); la CDU occupa les autres postes dont l'Intérieur (Wolfgang Schäuble), la Défense, la Famille (Ursula von der Leyen) et l'Education (Annette Schavan).

Mais de délicates négociations sur le programme de gouvernement durent s'engager, car tout (ou presque) opposait les deux grands partis (TVA, indemnisations, licenciements, retraites, nucléaire, éducation et recherche, Turquie, etc.)

Le contrat de gouvernement fut scellé à la mi-novembre et il reflétait la relative victoire politique d'Angela Merkel :
- hausse de la TVA à 19% en 2007
- recul progressif de l'âge de la retraite à 67 ans (de 2012 à 2035)
- création d'un impôt sur la fortune (concession au SPD)
- baisse des cotisations patronales (limitées à 40% du salaire brut)
- harmonisation des indemnisations chômage est/ouest
- prolongation à 2 ans de l'embauche à l'essai
- regroupement des allocations familiales en 2008
- relance de la réforme du fédéralisme

En Janvier 2006, Angela Merkel convoquait son gouvernement en "séminaire" (Klausur) et arrêtait un plan d'action sur quatre ans pour relancer l'économie en investissant 25 Milliards d'euros (+ 12 Milliards venant des Länder et des communes) dans divers secteurs d'activités dont 15 dans les nouvelles technologies.

En février, la remontée du chômage à 5 millions de sans emploi et le projet d'allongement du temps de travail des fonctionnaires déclenchèrent dans le Bade-Würtemberg d'abord puis dans les autres Länder un mouvement de grève illimitée que le syndicat ver.di finança à 100%.

2°) Le bref retour à l'optimisme :

2006 fut jalonnée d'indices et de symboles positifs. Fin mars, l'indice IFO était au plus haut depuis quinze ans, témoignant ainsi d'un regain d'optimisme chez les entrepreneurs. Il fut en outre confirmé par le retour de l'Allemagne au rang de premier exportateur mondial, la réduction du déficit public à 2% du PIB et le recul du chômage de plus de 600 000 personnes en un an à 4,2 millions de sans emploi.

Plus symboliquement, en mai, une semaine avant le début de la Coupe du Monde de football organisée par l'Allemagne, était inaugurée en grande pompe la nouvelle gare centrale de Berlin (Lehrter Bahnhof), symbole définitf de la réunification du pays et de son nouveau rôle pivot au coeur de l'Europe.
Seule l'entrée en septembre du NPD au Landtag de Mecklenburg-Pomméranie occidentale (7,3%) venait rappeler que la situation dans l'ex-RDA était loin d'être satisfaisante (encore 18,9% de la population active).

En 2007, le chômage passa sous la barre des 4 millions et la conjoncture économique favorable permit au gouvernement Merkel de quadrupler le "paquet environnemental" (Klimaschutzpaket) destiné au plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour la première fois depuis la réunification, le budget de l'Allemagne était en excédent.
Le vice-chancelier et ministre du travail Franz Müntefering (SPD) mit en place un salaire minimum à la Poste et plaida pour la généralisation de ce système et la ministre de la famille Ursula von der Leyen (CDU) annonça pour 2013 le triplement des places en crèches.

Fin Août, Angela Merkel - plus populaire qu'aucun chancelier à mi-mandat - convoqua son cabinet en séminaire afin de définir les orientations des deux prochaines années (protection du climat, pénurie de main d'oeuvre, éducation, troupes en Afghanistan).

En mars 2008, le premier succès à l'ouest du nouveau parti La Gauche (Die Linke né de la fusion de la WASG et du PDS)qui, avec 5,1%, entrait au Landtag de Hesse, sema le trouble jusqu'au sein de la grande coalition fédérale, la CDU reprochant au SPD de chercher l'appui de l'extrème gauche locale pour pouvoir gouverner. L'ancien ministre des finances de Gerhard Schröder (au SPD depuis 38 ans) finit même par quitter son parti après avoir appelé à ne pas soutenir la candidate SPD et de nouvelles élections eurent lieu en janvier 2009.

En septembre, la CSU connut une sévère défaite en Bavière où elle perdit pour la première fois depuis 1963 la majorité absolue lors des élections régionales et dut s'allier au FDP pour gouverner le Land.

Fin octobre le chômage passait brièvement sous les trois millions.

La Chancelière s'imposa sur la scène européenne dès 2007 lorsque - aidée par la commssion européenne et le nouveau président français - elle arracha la signature polonaise au Traité Réformé (ex-traité constitutionnel).

C'est ensuite la visite officielle d'Angela Merkel en Israël - première visite d'un chef de gouvernement allemand - avec discours en hébreu et en allemand devant la Knesset (parlement israëlien) qui marqua les esprits en signant la normalisation des relations entre les deux pays 60 ans après la création de l'état hébreu.
C'est enfin la ferme condamnation de la sinisation galopante et militarisée du Tibet à la veille des jeux olympiques de 2008 qui força le respect.
Malgré la crise financière et économique qui entraîna une forte remontée du chômage, la CDU d'Angela Merkel ne recula que d'un pourcent aux élections législatives de Septembre 2009 tandis que son partenaire au sein de la Grande Coalition, le SPD, subissait de lourdes pertes en voix (-11,2%) et en sièges (-75) au Bundestag.

3°) Le second cabinet Merkel et la coalition CDU-FDP :

3 semaines de négociations permirent de mettre au point un programme de gouvernement et la constitution d'un cabinet dirigé par Angela Merkel.
Le document de 124 pages prévoyait des réductions d'impôts pour les familles et les entreprises, une profonde refonte du système de sécurité sociale ainsi que la réduction des aides à l'énergie solaire. Le gouvernement se composait de 15 ministres CDU/CSU et 5 ministres FDP dont le poste des affaires étrangères réservé à Guido Westerwelle, président des Libéraux jusqu'en 2011.
L'aggravation du chômage entre août 2009 et début 2010 valut au gouvernement de mauvaises appréciations auprès de la population (voir graphiques ci-dessous). En outre, aux déclarations du Vive-Chancelier et ministre des Affaires Etrangères FDP Guido Westerwelle sur la remise à plat des prestations sociales dites Hartz-IV s'ajoutèrent celles du Ministre de la Santé visant à forfaitiser les cotisations - jusqu'alors indexées sur les salaires - qui semèrent le trouble jusqu'au sein de la CSU bavaroise, tandis que le Président du Conseil Economique de la CDU, Kurt Lauk, souhaitait que la Chancelière fît des coupes dans les dépenses sociales, l'invitait à se libérer des "entraves socialistes" qui paralysaient la nouvelle coalition et à dire "clairement où elle voulait mener le pays".

Arbeitslosigkeit August 2009 Arbeitslosigkeit Januar 2010

Fin Février éclatait un nouvel scandale sur le financement douteux de la campagne régionale de la CDU en Rhénanie du Nord-Westphalie et le land le plus peuplé d'Allemagne (16 millions d'habitants) bascula à gauche aux élections régionales de Mai 2010. Cette défaite de la coalition sortante CDU-FDP lui faisait aussi perdre la majorité fédérale au Bundesrat, rendant problématiques les projets de refonte des prestations sociales et de relance du nucléaire (définitivement abandonné en 2011 après la catastrophe de Fukushima).

L'aggravation de la crise économique en Europe compliqua encore plus la tâche de la Chancelière dont les ministres FDP (libéraux) contestèrent les projets de taxe sur les transactions financières.
Et malgré une nette baisse du chômage, revenu à 3 millions fin septembre, ainsi que des accords salariaux assez généreux (augmentation de 3,1%) la coalition resta impopulaire avec une CDU/CSU à 31% d'intentions de vote dans les sondages.
Les élections régionales de 2011 (7 en tout) confirmèrent l'impopularité croissante de la coalition avec l'arrivée historique d'un président Vert en Bade-Wurtemberg gouverné depuis 1953 par la CDU.


Enfin, la démission du Président de la République Fédéral Christian Wulff accusé depuis l'automne 2011 de Vorteilsannahme (trafic d'influence, c'est-à-dire confusion de ses intérêts privés avec ses fonctions officielles) achevèrent de jeter le discrédit sur la Chancelière Merkel (dont Wulff était le protégé). Son successeur sera Joachim Gauck, dont la candidature avait déjà été soutenue en 2010 par le SPD, les Verts, quelques FDP et les indépendants.

Arbeitslosigkeit im Oktober 2010

L'année 2012 se termina - malgré la crise internationale - sur un bilan en demi-teinte. Si le chômage restait au plus bas, le déficit de 13 Länder (c'est-à-dire tous sauf la Bavière, le Bade-Wurtemberg et la Hesse) trahissait une certaine fragilité de la cohésion fédérale.

Les élections législatives de septembre 2013 portèrent néanmoins la CDU de la chancelière sortante à un niveau inégalé depuis 1994 (époque où Helmut Kohl venait de faire la réunification) de 41,5%, des voix et 311 sièges au Bundestag, frôlant ainsi la majorité absolue (315 sièges). Mais son partenaire FDP échouait pour la première fois de son histoire avec seulement 4,8% des voix et n'obtenait aucun siège au nouveau parlement.

3°) La nouvelle grande coalition CDU-SPD :

La CDU/CSU engagea alors avec le SPD de longs et difficiles pourparlers qui aboutirent à la signature d'un nouveau contrat de gouvernement de grande coalition de 180 pages. Celui-ci prévoyait notament la mise en place d'un salaire minimum, une revalorisation des retraites, la double nationalité ainsi qu'un péage pour les poids lourds.

Six mois pus tard, la nouvelle grande coalition affrontait son opposition au sujet de l'assouplissement de la loi sur les énergies renouvelables (dite loi EEG, Erneuerbare-Energie-Gesetz)), Die Grünen et Die Linke soupçonnant le gouvernement de vouloir trop exonérer les entreprises chargées de financer le tournant énergétique.

4°) 2015 Merkel entre dans l'histoire : :

Au cours de l'été 2015, les camps de réfugiés de Jordanie et de Turquie étaient dépassés par l'ampleur de leur tâche (5 millions de syriens avaient fui la guerre et les pays européens ne tenaient pas leurs promesses de soutien financier).
Fin août un camion était retrouvé abandonné au bord d'une route autrichienne. Il renfermait les cadavres de 70 réfugiés syriens.
Début septembre à Budapest un nombre sans précédent de réfugiés avait été confiné dans la gare. Face à l'urgence humanitaire, la chancelière décida d'ouvrir les frontières de la RFA et d'accueillir tous les réfugiés qui souhaiteraient entrer. Ce fut pendant une conférence de presse le 31 août qu'elle prononça la célèbre formule "Wir schaffen das" symbole de fraternité (inclus dans le concept allemand de Willkommenskultur).

Comme pour son revirement sur le nucléaire après Fukushima, Angela Merkel montra lors de cette crise un attachement aux valeurs humanistes placé au-dessus du réalisme politique (Realpolitik).
Mais cette noble attitude fut sévèrement sanctionnée dans les urnes aux élections législatives (Bundestagswahlen) de septembre 2017. La CDU perdit 8% et le SPD 5%. Le FDP repassait la barre des 5% (10,7%) et le parti xénophobe et anti-européen AfD (Alternative für Deutschland) entra au Bundestag avec 94 sièges (12,6% des voix). Pour la première fois depuis depuis 1953, l'extrême-droite allemande siégeait au parlement.

5°) Quatrième et dernière législature :

Il faudra cinq mois pour qu'Angela Merkel parvienne à constituer un nouveau gouvernement. Les négociations en vue d'une coalition "jamaïcaine" (CDU/FDP/Grünen) ayant échoué sur la question migratoire, la chancelière sortante se tourna à nouveau vers le SPD, qui réussit à arracher six grands ministères (affaires étrangères, finances, travail, justice ainsi que famille et environnement). La CDU obtint également 6 portefeuilles et la CSU 3. Un accord de gouvernement fort de 400 pages prévoyait notamment de faciliter le regroupement familial des réfugiés (Familiennachzug).
Mais les rancoeurs accumulées au sein de la CDU depuis l'accueil des réfugiés et les concessions faites au SPD sur le salaire minimum finirent par avoir raison de la ténacité d'Angela Merkel. Elle annonça fin novembre 2018 qu'elle ne briguerait pas le poste de chef de la CDU au congrès de décembre et que cette législature serait sa dernière en tant que chancelière.
Annegret Kramp-Karrenbauer, 56 ans, lui succédait à la tête du parti.

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