La RDA : de la stalinisation à la stabilisation (1949-1971)

Le SED (Parti Socialiste Unifié) avait convoqué en 1947 et 1948 deux "Congrès Populaires pour l'Unité et une Paix Équitable". Mais aucun parti politique et aucune organisation des zones occidentales (anglaise, américaine et française) n'y avait pris part.
Les deux congrès appelèrent à la formation d'une démocratie "anti-fasciste" au sein d'une république unie. Un Parlement Populaire se proclamant représentatif de toute l'Allemagne fut chargé de concevoir une constitution.
Le 5 octobre 1949, le Parlement Populaire et le Front des partis anti-fascistes réunis se proclamèrent Chambre du Peuple provisoire et se chargèrent de la formation d'un gouvernement.
Le premier Président de la nouvelle République Démocratique Allemande est l'ancien communiste Wilhelm Pieck et son Premier Ministre l'ancien socialiste Otto Grotewohl. Le 10 octobre, le gouvernement reçoit des mains de l'armée d'occupation soviétique les pouvoirs d'administrer le pays.

La RDA, d'une superficie de 108000 km², correspond aux trois anciens Länder de Saxe, Thuringe et Mecklembourg, plus les provinces prussiennes de Saxe (Cobourg, Anhalt, etc.), ainsi que les marches de Brandebourg et de Poméranie (partie occidentale).

Dès 1952, ces anciens cadres administratifs sont remplacés par 15 circonscriptions, elles-mêmes subdivisées en 218 arrondissements et 8883 communes.

14 DDR-Bezirke + Berlin-Ost

Politiquement, le pays est une république démocratique et anti-fasciste. C'est là ce que les dirigeants des années 1950 considèrent comme la "première étape de la révolution socialiste".
Très vite cependant, la dimension démocratique est laissée de côté :
- dès 1950, les élections législatives se font sur liste unique (avec répartition "équitable" des sièges entre partis bourgeois, révolutionnaires, syndicats et organisations sociales) ;
- en septembre 1952, les Länder sont supprimés et, en 1958, leur représentation parlementaire (Landtage) ;
- en 1960, le Président de la République est remplacé par un Conseil d'État (Staatsrat), sur le modèle soviétique du Præsidium où sont confondus pouvoirs exécutif et législatif.

En outre, la diversité socio-économique de la population est-allemande oblige à quelques adaptations (pluralisme politique) comme le maintien d'un secteur économique privé au côté d'un système de production étatisé et planifié (calqué sur l'exemple russe). Et comme la RDA est une région historiquement industrielle (et donc ouvrière), le SED pense pouvoir passer sans heurts à la "construction du socialisme" en contrôlant l'appareil de production.
Or, le mois de juin 1953 marque de façon éclatante l'écart qui se creuse déjà entre le SED - qui se veut le parti représentant la classe ouvrière - et cette même classe ouvrière. La "construction du socialisme" passe par un augmentation de la production qui sous-entend une accroissement des cadence de travail. Mais la RDA n'est pas la Russie stakhanoviste, et la période de pénurie alimentaire que connaît encore la population incite plus à la grogne qu'au dépassement de la norme prévue par le plan.
Le 16 juin 1953, les ouvriers se soulèvent contre un état qu'ils perçoivent comme uniquement répressif, et ils sont rejoints le 17 par les classes bourgeoises (artisans, commerçants, gros et moyens agriculteurs appauvris par la collectivisation des terres) directement menacées par la mise en place du socialisme.
La révolte est brutalement réprimée et laissera une trace indélébile d'incompréhension, de cynisme et de résignation dans de nombreux esprits. Malgré tout, le régime fait son autocritique et accepte de rediminuer les cadences.

Pour en savoir plus sur le soulèvement du 17 juin 1953 :
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Du plan biennal (1949-1950) on passe au plan quinquennal (1950-1955) qui, en cours de route, devient septennal (1959-1965) afin d'aligner la RDA sur l'URSS, puis redevient quinquennal (1966-1970).
L'objectif est de tenir la dragée haute à la RFA, dans le cadre de la compétition lancée par Khrouchtchev contre les États-Unis et l'Europe de l'Ouest. Cela représente une augmentation de 10% par an de la production industrielle ; or, ces prévisions ne sont pas réalisées. Les salaires montent plus vite que la productivité, les investissements sont insuffisants et l'inflation apparaît. Au début des années 1960, la RDA connaît donc une crise économique qui aggrave encore son retard sur ses voisins occidentaux (à la même époque, la RFA progresse ainsi à un rythme de 7%, la France de 6%).

C'est, entre autres raisons (dont notamment l'exode massif de citoyens de RDA via Berlin - seule "porte" restée ouverte entre l'Est et l'Ouest), dans ce contexte de relatif échec de la mise en place du socialisme que le SED décide, en août 1961, la construction du Mur de Berlin, le 13 août 1961 (voir document).
En RDA comme en URSS, la "construction du socialisme" donne naissance à des structures économiques nouvelles : la "propriété du peuple" et la "propriété coopérative". Ainsi, les usines et ateliers nationalisés sont rebaptisés "entreprises du peuple" (V.E.B.), les moyens de transport deviennent des "biens du peuple" (V.E.G.) et les chaînes commerçantes une "organisation commerciale" (les magasins HO, pour Handelsorganisation). Dans l'agriculture aussi, les coopératives de production concrétisent l'installation et la consolidation du socialisme. Après une première phase (réforme agraire et confiscation des terres), la socialisation des campagnes est officiellement achevée en 1960.

En 1970, les L.P.G. représentent 86% des du sol cultivé en RDA. La production agricole satisfait les besoins de la population, le P.I.B. a été multiplié par quatre depuis 1950 et la haute technologie est un point fort de l'industrie est-allemande.
Lorsqu'en mai 1971, Erich Honecker (fondateur de la Jeunesse Libre Allemande) succède à Walter Ulbricht à la tête du pays, la situation intérieure s'est stabilisée pour "l'État ouvrier et paysan".
- L'élection en RFA du chancelier SPD Willy Brandt facilitera, dans les années 1970, une certaine normalisation de ses relations internationales.

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