The chimes of Big Ben
L'histoire (2ème partie):
ACTE UN : Méfiance
La première rencontre entre les numéros 6 et 8 a lieu au petit matin alors que la radio locale annonce les récompenses qui seront attribuées au concours d'oeuvres d'arts (2000 crédits).
La N°8 - qui dit être estonienne et s'appeler Nadia Rokowski - interpelle le N°6 sur le pas de sa porte. Celui-ci prouve immédiatement qu'il n'a rien perdu de ses talents d'espion ; il inverse rapidement les rôles par rapport à sa situation habituelle de prisonnier :
N°8 : Excuse me; could you tell me where Number Two, The Green Dome, is ?
N°6 : Oh yes, certainly. Cross the square, cross the street, up the stairs, you can't miss it. N°8 : I know it sounds crazy, but... I don't know where I am. N°6 : In the Village. (...) N°8 : Could you take me over there, please ? N°6 : To the Green Dome ? Yes, certainly. Cross the square, cross the street, up the stairs, you can't miss it. N°8 : Did you hear the car here ? N°6 : Well, they are taxis. Local service only. N°8 : Where would they take you ? N°6 : Anywhere you like. As long as you arrive back here in the end. That's why they're called local. N°8 : Who are these people ? Why are they here ? N°6 : Why are you ? (...) N°6 : There you are : the Green Dome. N°8 : Who is Number Two ? N°6 : Who is Number One ? (The door opens automatically) N°8 : I'm frightened. I've done nothing wrong. I've committed no crime. All I did was resign. N°6 : No use telling me. |
Excusez-moi, pourriez-vous m'indiquer le Numéro Deux, le Grand Dôme ?
Bien sur. Traversez le parc, traversez la rue, montez les marches, il est en vue. Je sais que ça a l'air bête mais ... je ne sais pas où je suis. Au Village. (...) Pourriez-vous m'y conduire, s'il vous plait ? Au Grand Dôme ? Bien sur. Traversez le parc, traversez la rue, montez les marches, il est en vue. Vous avez entendu cette voiture ? Oh ! Ce sont les taxis. Desserte locale uniquement. Où emmènent-ils ? Où vous voulez tant que vous revenez ici en fin de compte.Voilà pourquoi la desserte est dite locale. Qui sont ces gens ? Pourquoi sont-ils ici ? Pourquoi l'êtes-vous ? (...) Voilà. C'est ici : le Grand Dôme. Qui est le N°2 ? Qui est Le N°1 ? (La porte s'ouvre automatiquement) J'ai peur. Je n'ai rien fait de mal. Je n'ai commis aucun crime. Tout ce que j'ai fait, c'est démissionner. Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. |
Le Prisonnier, très méfiant, reste distant, ironique et quelque peu hautain.
ACTE DEUX : Confiance
Il change d'avis après avoir assisté à la tentative d'évasion de Nadia. Cette tentative - vouée à l'échec puisqu'elle est supervisée depuis la salle de contrôle - est finalement interrompue en pleine mer par un rôdeur mis en alerte orange. Il n'en reste pas moins qu'elle impressionne visiblement le N°6.
Pendant cette folle échappée, le Numéro Deux aborde le Prisonnier et lui tient un discours fort inquiétant sur le nouvel ordre mondial qu'il appelle de ses voeux :
N°2 : It doesn't matter who Number One is. It doesn't matter which side runs the Village (...) Both sides are becoming identical. What in fact has been created ? An international community. A perfect blueprint for World Order. (...) n°6 : The whole earth as the Village ? N°2 : That is my hope. What's yours ? n°6 : I'd like to be the first man on the moon ! |
Peu importe qui est le N°1. Peu importe quel camp dirige le Village(...)Les deux camps deviennent identiques. Qu'avons-nous finalement créé ? Une communauté internationale. Un parfait modèle pour l'ordre mondial. (...) Et toute la Terre deviendrait comme le Village ? C'est mon souhait. Quel est le vôtre ? Je voudrais être le premier habitant de la Lune ! |
Les paroles du Numéro deux - et les actes qui suivent (capture en mer puis torture à l'hôpital) - vont venir à bout de la méfiance du Prisonnier envers Nadia Rokowski (alias N°8).
Pour sortir celle-ci des griffes des tortionnaires qui l'interrogent, le N°6 offre en échange sa participation active et zélée au concours d'oeuvres d'art organisé en l'honneur du Numéro Deux.
Le lendemain matin, il informe sa voisine de son plan d'évasion, après avoir une nouvelle fois croisé le fer avec le Numéro Deux :
N°2 : Good morning you both. Settling down I hope. No swimming today, hey ? N°6 : No. Off to the woods. N°2 : Naughty, naughty. (...) N°6 : For the exhibition. I've decided to do a series of abstracts. N°2 : You're not using any offensive weapons I hope ?(...) N°6 : No. Abstract art is basically primitive. I've made my own tools. N°2 : Tiptop. Doing as the cavemen did, hey Number Six ? N°6 : They may even invent fire... |
Bonjour vous deux. On se calme un peu j'espère. Et pas de natation aujourd'hui, hein ? Non. Sortie en forêt. Tout doux, tout doux. (...) Pour l'exposition. J'ai décidé de faire une série d'oeuvres abstraites. Vous n'utilisez pas d'armes offensives j'espère ? Non. L'art abstrait est essentiellement primitif. J'ai fait mes propres outils. Comme les hommes des cavernes, hein Numéro Six ? On dit qu'ils ont inventé le feu... |
En réalité, il s'agit de préparer une évasion au nez et à la barbe des dirigeants du Village.
ACTE TROIS : Double jeu
A la nuit tombée, Nadia rejoint le Prisonnier sur sa terrasse. Ils miment une scène de conversation amoureuse au son de la musique sirupeuse diffusée par la radio, et profitent de cette "couverture" pour mettre au point les détails de leur départ.
Nadia prétend savoir que le Village est situé en Lithuanie, non loin de la frontière polonaise. Elle y aurait des amis pêcheurs susceptibles de l'aider, à condition de parvenir jusqu'à eux.
Le Prisonnier, quant à lui, pense pouvoir offrir la protection britannique à Nadia.
Il va maintenant s'atteler ardemment à la double tâche qu'il s'est fixée : fabriquer une oeuvre abstraite en trois parties qui, une fois assemblée judicieusement, servira d'embarcation pour gagner les côtes polonaises...
La remise des prix consacre l'oeuvre du Numéro Six. La signification de cette "abstraction" échappe au Numéro Deux, qui demande à l'artiste (le Prisonnier) d'en expliquer le sens caché.
N°2 : What puzzled me, Number Six, was the fact you'd given the group a title : Escape... N°6 : This piece. What does it represent to you ? Man : A church door ? N°6 : Right at first time (...) Now, this other piece here. The same general line, somewhat more abstract as you'll notice, representing freedom or a barrier depending how you look at it...The barrier's down the door is open, you're free, free to go, free to escape, to escape to this : a symbol of human aspirations ; knowledge, freedom, escape. |
Ce qui m'a dérouté, N°6, c'est que ayez donné un titre à l'ensemble : Evasion... Cette pièce, que représente-t-elle pour vous ? Une porte d'église ? Trouvé du premier coup !(...)Et maintenant cette autre pièce. Même ligne générale, un peu plus abstraite vous remarquerez, elle représente la liberté ou une barrière, selon d'où vous la regardez... La barrière est baissée et vous êtes libre, libre de partir, libre de vous évader, de vous évader vers ceci : un symbole des aspirations humaines ; la connaissance, la liberté, l'évasion. |
Or, pour cette évasion en bateau, justement, il manque encore un élément capital : la voilure !
Et une fois encore la présence d'esprit et le "métier" du Prisonnier font merveille.
Poursuivant son double jeu, il affirme noblement ne pas vouloir toucher de récompense pour son oeuvre ; aussi propose-t-il d'acheter avec l'argent de son prix la tapisserie du Numéro 38 - primée dans une autre catégorie.
Et - comble de l'ironie ! - cette tapisserie à l'effigie du Numéro Deux a précisément les dimensions requises pour son propre bateau !
C'est bien sur en pleine nuit que les deux "amoureux" prennent le large...
La suite :
Chimes of Big Ben (3ème partie) !
Les images :
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Les notes:
nouvel ordre mondial : Rendons hommage au génie visionnaire de Patrick McGoohan qui, en 1967 (!), annonce l'avènement du "village global" ("The whole world as The Village !" clame le N°2) et la mondialisation.
Texte : © éric alglave 1999
Images : © ITV/Polygram Video