Episode 5X20 : The End/La Fin
J'avoue avoir au premier abord été troublé par la dénomination de ces épisodes : La fin, le commencement. En premier lieu,
par leur ordre : mettre la fin avant le commencement ! Mais aussi par leur signification profonde. En effet, si il y a une
commencement, il y aura une fin, mais sera-t-il réellement possible de mettre fin aux X-Files ?
J'étais donc sceptique, et j'ai poursuivi mon étude plus avant. Tout d'abord je pense, que l'on peut voir une forte symbolique derrière ce tournoi d'échec...
D'une part, en ce qui concerne la dimension "conspiration" - qui, comme à chaque intersaison, retrouve une plus grande place dans les X-Files - tous les acteurs de la série ne sont que des pièces sur un échiquier ; on a seulement parfois du mal à définir de quelle pièce il peut s'agir.
Il faut toutefois relever que les X-Files sont bien loin du manichéisme du Blanc/Noir, Bien/Mal des échecs.
Les Pions (comme le souligne l'homme à la cigarette) peuvent être sacrifiés, il en va ainsi de la soeur de Scully (Mélissa), ainsi que de Cassandra Spender, de son fils Jeffrey (comme on le verra plus tard), de Samantha Mulder, de Bill Mulder, etc...
D'autres pièces méritent plus d'attention comme Krycek, Diana Fowley, ou les Lone Gunmen que l'on pourrait qualifier de
Cavaliers.
Mulder et Scully joueraient facilement le rôle des Fous, les rôles de Tours étant peut-être réservés à Skinner et à l'homme
à la Cigarette.
Les pièces les plus importantes reviendraient alors à l'avenir de l'humanité pour la Reine, et au Conseil
new-yorkais pour le Roi.
Ainsi, le fait que Gibson Praise conclue sa partie par un échec et mat n'est sûrement pas fortuit. Il s'agit peut-être bien de la fin de la première partie entre Mulder et ses démons.
Une deuxième partie doit donc s'engager, mais une partie avec une nouvelle
donne : la fin d'un manichéisme voulant que Mulder soit le gentil et que le conseil new-yorkais and Co soient les méchants. On
apprendra en effet que ces derniers agissent en réalité pour la survie de l'humanité.
Et c'est aussi une nouvelle étape dans les rapports entre Mulder et Scully (la 6ème saison sera en effet essentiellement axée sur ceux-ci.)
D'autre part, comme le dit l'homme à la cigarette, tout n'est qu'un jeu... La vie n'est qu'un jeu. Il y a seulement des jeux qui
sont moins sincères que d'autres. Et c'est aussi en cela que Gibson est le chaînon manquant...
Il est le chaînon manquant de la vie au-delà même de son implication génétique. Il a cette faculté extraordinaire de connaître les pensées des autres et donc principalement de savoir ce qu'ils pensent de nous. En cela, il est l'une des clés du problème si humain qui est de communiquer
réellement et sincèrement (Quel paradoxe quand on pense aux incroyables inventions qui ont traversé le XXème siècle !).
Pour autant, on déchante vite de posséder cette faculté, car comme le confie l'enfant, il aimerait pouvoir "éteindre la radio de temps en temps" (il n'aspire qu'à la normalité, il regarde la télé sans vraiment s'intéresser au programme, juste pour concentrer son
attention ailleurs, comme le fond la plupart des gens pour oublier leurs soucis quotidiens) et puis, si on savait tout sur tout le
monde il n'y aurait plus de jeu.
Et c'est ici que l'on retombe sur les rapports de Mulder/Scully, l'enfant est leur chaînon manquant, à eux aussi. Il leur révèle de manière sous-entendue les sentiments qu'ils ont l'un envers l'autre :
GIBSON : I know what’s on your mind. I know you’re thinking about one of the girls you brought.
MULDER : Oh ? (SCULLY raises an eyebrow, DIANA gives a half smile.) GIBSON : One of them’s thinking about you. (SCULLY looks uncomfortable, DIANA interested.) DIANA : Which one ? (GIBSON looks closely at MULDER.) GIBSON : He doesn’t want me to say. |
Je sais à quoi vous pensez. Vous êtes en train de penser à l'une de ces deux filles que vous avez amenées.
Tiens donc ? (Scully lève un sourcil, Diana sourit à moitié.) L'une d'elle est en train de penser à vous. (Scully est mal à l'aise, Diana est intéressée et demande :) Laquelle ? (Gibson regarde Mulder de près et dit :) Il ne veut pas que je le dise. |
Cette scène est aussi le point de départ de la rivalité entre Diana Fowley et Dana Scully.
On va dire que j'ai mauvais esprit
Scully a tellement peur de perdre Mulder qu'elle est prête à mettre de l'eau dans son vin : elle va voir les Lone Gunmen (chose qu'elle ne fait que dans des cas d'extrême urgence) plus pour obtenir des informations sur
Diana Fowley que pour analyser les scanners du cerveau de Gibson...
Elle cherche également à empiéter sur le terrain de Diana Fowley en étant moins rigoriste qu'à l'accoutumée. Mais, elle se ravise rapidement et reprend sa place de scientifique bornée qui assure la survie de leur duo/couple. Elle n'en est pas pour autant rassurée car elle ne sait pas exactement ce que Mulder pense de Fowley et ce que Fowley pense de Mulder (Gibson Praise : "Vous vous posez des questions sur l'autre fille... elle se pose des questions sur vous").
D'ailleurs, lorsqu'elle voit Fowley tenant la main de Mulder, elle continue son chemin et finit par se réfugier dans sa voiture d'où elle appelle Mulder depuis leur portable, moyen de communication moderne par excellence qui présente en outre l'avantage
d'être totalement impersonnel et de ne pas laisser transparaître les sentiments malgré l'évidente émotion de Scully. Elle refuse donc d'affronter la situation malgré son inimitié pour Fowley (Cf. la fin de l'épisode où Mulder est obligé de demander des nouvelles de Fowley pour que Scully lui en donne).
Juste un dernier point à ajouter à propos des deux couples et des relations entre eux. A mon sens, Mulder et Spender se battent l'un et l'autre pour leur travail (Spender est carriériste et les Files représentent la vie de Mulder) ; alors que Scully et Fowley ne font jamais que lutter pour Mulder comme on peut le constater au moment du briefing dans le bureau de Skinner.
Mais "FIN" signifie aussi bilan et remise en question. Skinner demande ainsi à Mulder quels sont ses projets à long terme. Celui-ci répond que sa vie entière est dans les Files (il n'a pas pris de vacances, il n'a pas cessé de travailler) ; d'ou l'impact d'autant plus important sur lui de l'incendie de son bureau à la fin de l'épisode.
Même, s'il avoue à Skinner ,"(qu') il ne sait
pas ce qu'il doit trouver", il sait que c'est là quelque part. Encore une métaphore de la vie, chacun cherche un jour ou
l'autre une raison à son existence, personne ne sait pourquoi , mais il sait que c'est là.
Cet épisode s'achève donc par l'incendie du bureau de Mulder et des ses dossiers. On pourrait quasiment l'assimiler à l'enfant de Mulder et Scully, ceci étant encore accentué par le fait qu'ils arrivent tout de suite après l'incendie, sans avoir pris le temps de s'habiller comme à l'accoutumée et cela se conclut sur Mulder prenant Scully dans ses bras à son initiative comme
pour la mort d'un être cher...
Echec et mat : Je trouve même encore plus symbolique que ce soit l'enfant - avenir de l'humanité mais... mutant ! - qui gagne face au champion traditionnel (il est Russe). Non seulement la vérité, mais aussi l'avenir est ailleurs !
"Éteindre la radio de temps en temps" : Je crois que l'enfant s'appelle Gibson en hommage (en anglais, "to praise" signifie "rendre hommage") à William Gibson (l'auteur, entre autres, Johnny Mnémonique et scénariste de 5X11 Kill Switch), chantre et pourfendeur de la société de communication qui nous envahit, nous noie sous des tonnes d'informations que nous ne pouvons même plus choisir de recevoir ou non ?
Scientifique bornée : Là je dis non ! S'il est vrai que tout n'est qu'un jeu, Scully, précisément, joue le jeu sincèrement (d'ailleurs, Gibson le lui dit textuellement, car elle est un des rares personnages sincères avec lui de bout en bout), à la différence de Diana Fowley qui, à l'évidence, "fait du gringue" à Mulder avec des arrière-pensées que seul Gibson devine. Du coup, il me paraît logique que Scully garde Mulder puisqu'il est lui-même plus attaché à la vérité qu'aux apparences (séduisantes et trompeuses). Enfin, dans le jeu à trois entre Mulder, Scully et Fowley, Scully choisit la stratégie de la fidélité, de la constance, de la ligne droite ; et c'est particulièrement intelligent pour gagner un homme aussi bouillonnant, impulsif et in-constant que Mulder !
Ne pas laisser transparaître ses sentiments : c'est la seule fois de l'épisode où Scully ment - à Mulder en plus ! - mais, à la guerre comme à la guerre ! c'est pour éloigner Mulder de Fowley et le garder tout à elle. Un mensonge pieu en quelque sorte...
Similitude entre les prénoms : Diana, c'est Diane chasseresse ; Fox, c'est le renard, à la fois gibier et prédateur. On voit que même par leurs prénoms, métaphore de chasse ou pas, Fox et Diana restent des ennemis intimes...
Pour une analyse plus complète sur les prénoms, voir le site de Cécile Laumonier : Aux Frontières du Sens.
5X20 : The End |