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Bibliographie
A.
L'INFECTION CHEZ LES INSECTES
L'infection bactérienne
chez les Insectes ne se manifeste due rarement par une action toxique qui entraîne
des lésions ou des désorganisations cellulaires. Cette infection est surtout
septicémique. Elle a lieu dans l'hémolymphe baignant la cavité générale. Si
le sang et ses éléments figurés étaient déjà connus, par contre le mécanisme
(les réactions humorales restait peu compréhensible, de même que le rôle
fonctionnel du plasma et des cellules. Le sang des Insectes contient trois
principaux types de cellules : les macronucléocytes à noyau volumineux, les
micronucléocytes ou cellules phagocytantes et les oenocytoïdes à protoplasme
dense. Ces divers éléments figurés se multiplient par mitose que PAILLOT a
observée in bivo après injection dans la cavité générale de nucléinate de
soude.
L'Insecte réagit à
l'infection microbienne de plusieurs façons. Les mieronucléocytes présentent
les propriétés fondamentales de participer aux échanges physiologiques
normaux et de se laisser pénétrer par les substances dissoutes dans le plasma,
comme par les bactéries étrangères. De plus, comparables aux polynucléaires
de l'Homme, ils phagocytent. A vrai dire, on n'observe pas dans cette
phagocytose l'émission de pseudopodes et de mouvements amiboïdes. PAILLOT a
pensé que l'attraction du microbe par le mieronueléocyte, due aux forces
capillaires, est forcément limitée à un faible rayon. Les microbes
phagocytables vont s'agglomérer à la surface des cellules qui les e mouillent
», si l'on peut dire ainsi, puis les absorbent par l'action des courants
protoplasmiques.
La phagocytose acquiert une
plus grande intensité à mesure que se réalise l'infection, par suite des
modifications physicochimiques survenant dans le sang où se répandent les
produits microbiens. En même temps, l'infection bactérienne provoque une
multiplication extraordinaire des macronucléocytes, phénomène appelé
caryocinétose par PAILLOT. Ces éléments ne sont pas phagocytants. Mais la
caryocinétose se lie au principe lytique. du sang par une réaction comparable
à celle que l'on observe chez les Vertébrés en état d'immunité.
Chez les Insectes, le mécanisme
réactionnel est plus complexe. PAILLOT a pu, dans quelques cas, obtenir de véritables
vaccinations en inoculant un immunosang à des Chenilles . c'est là un phénomène
très net d'immunité humorale. Il a observé également des agglutinations de
bacilles pénétrant à l'intérieur des cellules péricardiales ou
péritrachéales
qui les digéraient par la suite.
Généralement, l'action
bactériolytique du sang des Insectes parait due, non pas seulement, comme pour
les Vertébrés, à la présence d'anticorps, mais aussi à une transformation physico
chimique du plasma, par l'action de produits bactériens qui s'y répandent. Cette transformation se manifeste d'ailleurs par l'abondante présence,
dans le sang infecté, de particules ultramicroscopiques disposées par paires.
Ces particules résistent d'ailleurs au chauffage jusqu'à 72°.
Dans certains cas, les
microbes se réduisent effectivement à des granules, qui sont peu à peu lysés.
D'autres fois, ils se transforment, présentent des hernies et dégénèrent en
des masses grossissantes qui finissent par se désagréger et disparaître.
D'autres fois encore, on voit les bactéries se gonfler, perdre leurs propriétés
de coloration, puis se transformer en masses irrégulières qui s'évanouissent
peu à peu. Il semble alors que la pression osmotique de la bactérie devienne
supérieure à celle du plasma environnant, dont elle absorbe l'eau.
En somme, pour les Insectes, l'action bactériolytique ne paraît pas due réellement à la présence d'alexine ou d'anticorps. Elle peut être cellulaire dans quelques cas, mais elle est plus souvent humorale. C'est la propriété bactéricide du sang qui prédomine dans les réactions d'immunité des Insectes et la phagocytose, même quand elle existe, lui paraît subordonnée.
Suite vers Maladies à protozoaires
Maladies
à virus des Insectes.
On savait déjà que la grasserie du Ver à soie et les affections à polyèdres
de Lymantria monacha et L.
dispar avaient pour cause des ultravirus. PAILLOT a découvert de nouvelles
manifestations de ces maladies à polyèdres. Chez Vanessa
urticae, par exemple, l'affection, véritable épidémie, atteint les
Chenilles qui meurent suspendues aux orties par leurs fausses pattes
abdominales, comme les Vers à soie atteints de flacherie vraie. Leurs cadavres
se liquéfient, leur sang devient laiteux et contient de nombreux corpuscules de
1 à 3,5 µ L'ultravirus présente une affinité pour les cellules sanguines,
adipeuses, trachéales et hypodermiques, qui subissent peu à peu une dégradation
de leur substance nucléaire.
PAILLOT
a observé chez les Chenilles des Piérides, deux sortes de maladies à virus.
L'une, provoque l'apparition, dans le protoplasma, de micronucléocytes, de
cellules sanguines et adipeuses, de corpuscules hyalins de forme et de dimension
irrégulières. Cette maladie, tout en ayant une évolution lente, tue beaucoup
de Chenilles certaines années.
L'autre
virose observée sur les Piérides est une pseudo-grasserie. Elle affecte
uniquement les cellules adipeuses et hypodermiques, dont les noyaux sont peu à
peu désorganisés. Cette pseudo-grasserie est extrêmement contagieuse et se
transmet surtout par la voie digestive.
Sur des Chenilles de la
Noctuelle des moissons, Agrotis segeturn, PAILLOT
a découvert d'autres formes de pseudo-grasseries, provoquant
principalement des sortes de proliférations cellulaires dans le tissu adipeux.
Ainsi, les ultravirus des
Insectes apparaissent comme des parasites spécifiques et affectent les cellules
vivantes auxquelles elles infligent des lésions et principalement des lésions
nucléaires.
Suite vers Symbiose des Aphides
Maladies
à Protozoaires. Les
sporozoaires, tel le Plasinodium falciparum, agent
du paludisme humain, sont des Protozoaires parasites.
Les
Insectes sont plus spécialement parasités par les Microsporidies, sporozoaires
caractérisés par un stade schizogonique ou végétatif amibien - le plus
souvent intracellulaire -, un stade sporoblastique et un stade de repos à l'état
de spore.
Outre
celle de la pébrine du Ver à soie, PAILLOT a décrit plusieurs espèces
nouvelles de Microsporidies chez divers Insectes et en particulier chez les Piérides
du Chou. Le genre Perezia affecte, soit les tubes de Malpighi ou les glandes séricigènes,
soit les cellules adipeuses ou sanguines. Le stade végétatif est très simple
et représenté par des schizontes binucléés qui peuvent s'agréger en chaînettes.
PAILLOT n'a pas vu la formation de gamètes, mais peut-être les éléments
mononucléaires qui succèdent aux schizontes ne sont pas autre chose que les
zygotes. Ces, éléments mononucléaires donnent naissance, par amitose, à des
sortes de doubles spores.
Les
Microsporidies entomophytes sont éminemment polymorphes et se rattachent à
plusieurs types différents. Elle affectent certains tissus, comme nous l'avons
vu pour les Perezia, mais peuvent, dans le cas des Nosema, également envahir
toutes les cellules du Ver à soie. La transmission doit se faire par voie
intestinale, mais il n'est pas exclu qu'un certain rôle vecteur puisse être
assumé par les Hyménoptères parasites, par exemple l'Apanteles glomeralus
pour les Piérides.
Les Insectes sont également parasités par des Flagellés. Ces protozoaires sont plus ou moins fusiformes et munis, à une extrémité, d'un flagelle locomoteur pendant au moins une partie de leur existence, mais ne se reproduisent jamais par spores.
Les genres Herpetomonas et Leptomonas parasitent des Chenilles telles que celles de la Pyrale du Maïs, ou des Hémiptères comme le Pyrrhocoris apterus. Ils affectent plus spécialement les tubes de Malpighi et le tube digestif, mais on doit dire que leur rôle pathogène est relativement faible.
Les Flagellés peuvent, en effet, tapisser l'épithélium intestinal sans qu'on observe de lésions évidentes. Si les parasites envahissent la cavité générale, l'Insecte réagit par phagocytose. Comme nous l'avons noté pour les Microsporidies, une relation existe entre les Hyménoptères parasites et la présence des Flagellés.
Ainsi, la Chenille d'Agrotis pronubana, par exemple, n'est contaminée par des Leplomonas que si elle est parasitée par un Amblyteles. Les Chenilles non parasitées par Amblyteles sont indemnes de Flagellés. L'Amblyteles jouerait un rôle vecteur, mais non pas d'hôte de passage.
Suite vers B. - RECHERCHES SUR LES MALADIES D'INSECTES UTILES
Symbiose
des Aphides. - La plupart des Homoptères portent dans leur abdomen une
masse cellulaire appelée pseudovitellus ou mycétome. Chez les Aphides, ce mycétome
affecte des formes diverses et une localisation variable avec l'âge, mais
constante pour chaque espèce. Il se présente généralement en petits groupes
de grosses cellules auxquelles WITLACZIL a accordé une fonction excrétrice.
D'après
d'autres auteurs, comme SULC, BUCHNER, etc., ces cellules contiennent des
organismes symbiotiques analogues aux levures qu'on a appelés Mycétocytes. Ces
Mycétocytes recevraient la nourriture de l'hôte qui les héberge et
absorberaient l'excédent nutritif en même temps que certains produits d'élimination,
tels que les urates. Les Mycétocytes seraient transmis par les oeufs. PAILLOT
pense qu'il ne s'agit pas de levures, mais d'éléments bactériens.
Chez
le Puceron lanigère et chez d'autres espèces, ces symbiotes ne sont pas
seulement inclus dans le mycétome, mais également libres dans le sang. Dans ce
dernier, PAILLOT distingue des bacilles ou des coccobacilles, dont il retrouve
toutes les formes de passage jusqu'à la structure intime des Mycétocytes. Il
arrive ainsi à la conclusion que les grosses cellules des Mycétocytes ne
contiennent pas d'organismes symbiotiques, mais représentent des formes
d'immunité antibactérienne.
L'immunité
incomplète laisserait subsister des microbes vivants dans une sorte d'état d'équilibre
relativement stable. L'adaptation des bactéries a fini par effacer complètement
leur virulence, et leur transmission héréditaire se fait normalement par les
embryons.
L'idée
est hardie qui attaque les théories des symbiotes. Mais, si elle est admise,
cette conception d'une forme générale des réactions d'immunité amènera forcément
des changements dans l'interprétation de bien des symbioses.
Mais l'oeuvre de PAILLOT ne s'arrête pas à ces travaux, dont beaucoup peuvent être considérés comme des spéculations de la science pure. Notre regretté collègue avait un esprit positif qui ne séparait pas ses découvertes de leur application pratique. Son intelligence lumineuse savait tirer d'utiles enseignements des faits les plus complexes. Ses études sur l'infection chez les Insectes en ont fait le spécialiste des maladies du Ver à soie et des Abeilles.
B.
- RECHERCHES SUR LES MALADIES D'INSECTES UTILES
L'élevage du Ver à
soie représente, dans le Sud-est de la France, une richesse nationale qui doit
être sauvegardée et même développée. C'est pourquoi, en 1923, les élevages
étant décimés par des maladies redoutables, le Conseil Supérieur de la Sériciculture
sollicita le secours d'un biologiste. M. Roux, Directeur de l'Institut des
Recherches Agronomiques, choisit PAILLOT avec mission d'étudier toutes les
maladies de la précieuse Chenille.
Comme
ses devanciers, dont les plus célèbres furent DE QUATREFAGES et surtout
PASTEUR, il voulut étudier les épidémies sur
place.
Il
fut ainsi amené à réaliser un laboratoire ambulant sous la forme d'une
automobile-laboratoire aménagée pour permettre le travail assis, à l'abri et
contenant tous instruments et réactifs nécessaires, en particulier une micro centrifugeuse, 11.000 tours/minute, construite sur ses indications, pour
fonctionner avec la batterie de la voiture.
Dès
1924, PAILLOT se transporta ainsi dans les magnaneries les plus reculées. Il
effectuait des prélèvements de sang (hémo lymphe), des ensemencements et
repiquages sous loupe binoculaire et, disséquant des Vers malades, pratiquait
des examens microscopiques à l'état frais, en lumière normale et en fond
noir, fixait des biopsies ensuite ramenées à Saint-Genis-Laval, pour inclusion
et microtomie.
Mais
la technique n'est pas tout. PAILLOT abordait un problème hérissé de
difficultés, obscurci par des idées préconçues et par les idées
scientifiques dominantes de l'époque. PAILLOT dut d'abord définir les maladies
à étudier, trier et reclasser les symptômes extérieurs utilisés par les
praticiens des élevages, symptômes souvent fallacieux, généralement non spécifiques
d'une infection particulière. Il s'attacha a rechercher les symptômes internes
et spécialement les symptômes microscopiques tissulaires et cellulaires. A
cette occasion, il révisa l'histologie des viscères et du sang des Vers à
soie normaux.
Le
Ver à soie est sujet à plusieurs maladies très différentes.
Deux
étaient cataloguées comme sûrement microbiennes : la Pébrine, dont l'agent
pathogène, découvert par PASTEUR, est une microsporidie, c'est-à-dire un
protozoaire; la
Muscardine, dont l'agent pathogène est un champignon découvert par Bassi
(1835).
Ces
maladies étaient à peu près et restent aujourd'hui à peu près jugulées.
Les élevages, en 1923, souffraient de la Grasserie et de la Flacherie, maladies
dont l'origine microbienne était encore discutée. Étaient-elles dues à un
sporozoaire ou à une bactérie ou à un virus, ou même à des troubles du métabolisme
provoqués par les facteurs externes ?
PAILLOT
a contribué fortement à établir le rôle primordial d'un virus filtrant dans
la genèse de ces maladies. Contrairement aux idées admises jusqu'à ses études,
les Bactéries ne jouaient qu'un rôle secondaire, même quand ce rôle était
important.
La Grasserie est caractérisée
par la fragilité des téguments et la facilité des hémorragies spontanées;
ainsi, sous l'influence d'efforts minimes, le Ver laisse suinter du sang au
niveau des fausses pattes pendant la marche, de sorte que le malade laisse sur
les feuilles, sur les claies ou sur les cages des traces de son passage assez
caractéristiques. Elles sont bien visibles, surtout avec les races à sang
jaune d'or, lorsqu'on les élève dans des casiers de carton ou si l'on utilise,
pour séparer les Chenilles des litières de papiers perforés.
Si
l'on pique un de ces Vers, il en sort une goutte de sang trouble, laiteux, pour
les races à cocon blanc, rappelant l'aspect du jaune d’œuf battu dans du
lait pour les races à cocon jaune. Cela est dû à l'existence, en suspension,
dans le sang, de corpuscules polyédriques hexagonaux de 4 à 5 11, entrevus il
y a un siècle par CORNALIA (d'où le nom de Polyèdrie donné à la maladie).
Débarrassé
des corpuscules par centrifugation, le sang reste opalescent et garde toute sa
virulence. Examiné au microscope- à fond noir, il présente une infinité de
petits grains, faiblement brillants, animés de mouvements browniens amples. Ces
granulations disparaissent en même temps que la virulence, après filtration
sur des bougies Chamberland L 5, tandis qu'elles persistent après filtration
sur L 2. Leur dimension serait donc intermédiaire entre celle de la mosaïque
du tabac et celle de la vaccine, c'est-à-dire de l'ordre de 100 mµ = 1 /10,,.
Depuis
1938, PAILLOT, en collaboration avec GRATIA, a essayé d'isoler ces granules par
des centrifugations et ultra-centrifugations des autres constituants du sang. Il
leur a semblé, grâce à certains artifices, que les polyèdres étaient des
agrégats de granules. Or, l'étude sérologique a révélé que : les petits
grains ont des propriétés antigéniques puissantes, identiques à celles des
polyèdres correspondants; le phénomène d'agglutination obtenu par addition de
sérum de Lapin préparé à cet effet est du type floconneux, tout à fait différent
de la précipitation du type diffus fournie par les sérums de lapins préparés
contre les constituants des Vers normaux. PAILLOT et GRATIA
concluent que "
les petits grains virulents et leurs agglomérats cristallins (polyèdres) représentent
des antigènes spécifiques distincts des tissus qui les hébergent, et semblent
donc bien de nature étrangère, parasitaire "
Du
point de vue histo-pathologique, la Grasserie est caractérisée par la
destruction du noyau des cellules sanguines, adipeuses, hypodermiques, et de
celles de la capsule génitale. Tandis que restent indemnes : muscles, système
nerveux et glandes séricigènes, Les cellules intestinales ne sont atteintes
que si elles sont parasitées par le bacillus Bombycis.
Dans les cellules atteintes, le noyau s'hypertrophie et se remplit peu à peu d'inclusions réfringentes de forme assez régulièrement hexagonale (voir figure). Par destruction du noyau et de la cellule, ces inclusions passent dans le sang qui devient laiteux.
Grasserie.
Lésions progressives des cellules adipeuses. (D'après PAILLOT.)
A.
- Cellule normale : chondriome filamenteux, noyau avec grains de chromatine
uniformément répartis et nucléoles.
B. - Début d'altération : chondriome et nucléoles en grains. -
C. Noyau hypertrophié : espaces clairs dépourvus de chromatine autour de magma nucléolaires irréguliers (nucl.); à un pôle, masse de chromatine poussiéreuse (ch. p.). -
D.
Deux cellules d'un autre sujet plus malade : cytoplasme plus dense, moins
vacuolaire, noyau centré d'un amas de chromatine poussiéreuse mouchetée de débris
nue léolaires fuchsinophiles. a. m. = « anneau miroitant » : zone périphérique
du noyau en apparence vide présentant à l'état frais, « en fond noir», un papillotement
caractéristique dû à l'agitation des particules brillantes du virus, visibles
aux plus forts grossissements. Dans la deuxième cellule, les polyèdres ont
apparu dans cet anneau, d'abord minuscules et légèrement teintés par les
colorants nucléaires, La propagation d'individu à individu se fait par voie
digestive, mais il faut que la dose soit importante.
De génération en, génération,
PAILLOT a montré qu'elle se fait, soit par les poussières de magnanerie, soit
par l'oeuf : il a été le premier à donner des preuves scientifiques de la présence
du virus chez le Papillon, quand la maladie n'évolue pas assez vite pour tuer
l'animal à l'état de Chenille, ou bien quand, expérimentalement, on infeste
les Vers en imminence de filer, et trop âgés pour que la maladie ait le temps
d'être pleinement développée avant la métamorphose.
Prophylaxie : grâce à ses
études, PAILLOT a pu donner des conseils aux sériciculteurs pour éviter la
grasserie
l/ Eviter le délitage
manuel;
2/ Proportionner la
dose de nourriture à la température : trois repas conviennent pour 18-19°,
quatre sont nécessaires pour 20-221;
3/ Prélèvement des Papillons destinés au grainage dans les lots où la mortalité par grasserie est minime (au-dessous de 3 p. 100).
Dysenteries.
- PASTEUR groupa les maladies intestinales du Ver à soie sous le terme déjà
en usage de flâcherie, et il les attribua à deux bactéries : SIreptococcus
bombycis (Gram +) " ferment en chapelet de grains " ; Bacillus
bombycis ou vibrion à noyau (Gram
Il admettait l'action
prédisposante des facteurs externes.
VERSON y voyait une
maladie métabolique, se traduisant d'abord par une obstruction des tubes de
Malpighi, la pullulation bactérienne intestinale étant une conséquence
secondaire. PAILLOT montra que la flâcherie n'était pas une maladie unique,
mais un ensemble d'affections siégeant dans l'intestin moyen. Il les appela
dysenteries, à cause du symptôme dominant : la diarrhée, et il montra que les
unes, de beaucoup les plus fréquentes, sont parasitaires; les autres ne le sont
pas.
Par
les techniques qui s'étaient révélées fécondes pour la grasserie, il montra
que les lésions initiales cellulaires identiques dans les dysenteries
infectieuses étaient dues à un virus filtrant, et que le Streptococcus
bombycis ou le B. bombycis étaient des microbes dits « de sortie ". Ils
ne se développent que secondairement et ne déterminent que les symptômes
externes.
Lorsque le microbe
secondaire est le vibrion à noyau, la maladie fut appelée par lui : Flâcherie
vraie de Pasteur.
Les Vers noircissent
alors très vite et dégagent une mauvaise odeur aigre assez caractéristique,
tandis que lorsque le microbe « de sortie " est le Streptocoque, c'est la
Gattine ou « maladie des têtes claires ". Les Vers, gonflés et
translucides en avant, laissent alors échapper une salive filante.
Les lésions
anatomo-pathologiques de la Gattine se situent dans la partie postérieure de
l'intestin moyen, les frottis par apposition de cet épithélium, colorés au
Giemsa, montrent des noyaux hypertrophiés, peu colorables, craquelés.
Les lésions observées
expliquent les troubles fonctionnels : hypersécrétion de l'intestin moyen antérieur,
destruction de la paroi, accumulation de liquides clairs. En inoculant des Vers
dans la cavité générale (1) avec des cultures pures du streptocoque, il a
obtenu tous les signes de la maladie habituelle des têtes claires, sauf les lésions
nucléaires de l'épithélium du méso-intestin postérieur. Le contenu
intestinal cent rifugé reste virulent. Au fond noir, on y voit des granules.
Après filtration, même sur bougies à gros pores,il est optiquement vide et
n'est plus virulent. Une variation du pH intestinal vers l'alcalinité est
contemporaine de l'apparition du streptocoque
De son côté, le Bacillus
bombycis est incapable de se multiplier dans l'intestin des Vers normaux;
normalement, il n'est pas pathogène; il ne peut infecter l'intestin de Vers que
si ceux-ci sont déjà atteints par d'autres affections, mais l'expérimentation
n'a pu être développée avec ce microbe, car il n'est pas cultivable en milieu
artificiel et n'a pu être dissocié de l'ultra-virus.
Epidémiologie. -
Propagation. - Le virus se trouve dans les poussières et quelles que soient les
conditions extérieures, quand les Vers absorbent de la nourriture contaminée
par l'ultra virus, ils contractent la maladie.
Prophylaxie. - Désinfections répétées, Suppression des élevages dans le même local pendant un ou deux ans. Surveillance du grainage, comme pour la grasserie.
b)
Dysenteries non parasitaires
PAILLOT les classe en
cinq catégories : la dysenterie des filatures, due à une intoxication par les
poussières provenant de la manipulation des cocons au voisinage des élevages;
poussières de bourre en particulier, dont on peut extraire, par l'éther, un résidu.
cireux qui détermine chez les Vers inappétance, voire diarrhée.
La dysenterie
flaccidiforme est un trouble métabolique causé par des fautes d'élevage :
variations de température, nourriture irrégulière, entassement des Vers.
La pseudo-flâcherie
est caractérisée par une flore intestinale variée et très abondante, mais
non transmissible.
L'infection bactérienne
intestinale, comme le pensaient les auteurs japonais, paraît être la conséquence
des lésions dues à d'autres causes encore inconnues. Son évolution soudaine
et rapide fait penser que c'est une intoxication, voire même une asphyxie.
La dysenterie valentinoise
revêt les mêmes symptômes que la pseudo-flâcherie, mais le volume du sang
est peu diminué, et pas de destruction élective des vacuoles ciliées des
cellules caliciformes. Elle a pour causes occasionnelles une élévation
anormale de la température au moment des mues. Une dysenterie d'origine «
embryonnaire " a également été distinguée.
Ainsi, PAILLOT a fait
oeuvre de novateur en montrant le rôle insoupçonné joué par les virus
filtrants associés aux bactéries dans la genèse des maladies intestinales des
Vers à soie.
Ses travaux donnent
les moyens de diagnostiquer des maladies confondues précédemment, et par conséquent
d'établir les remèdes convenant à chaque cas. Ils intéressent donc le
biologiste, comme les éducateurs, non seulement en France mais à l'étranger.
Et l'illustre entomologiste Paul MARCHAL pouvait dire que l'oeuvre scientifique d'André PAILLOT " marque l'un des progrès les plus considérables qui aient été accomplis dans le domaine séricicole depuis l'oeuvre pastorienne ".
Suite vers C. - INSECTES NUISIBLES DU VIGNOBLE ET DU VERGER
PAILLOT s'est consacré
tardivement à la pathologie des Abeilles. En 1941, il découvrit, en France, un
cas de septicémie des Abeilles à Bacillus apisepticus, maladie connue
seulement d'Amérique.
Il engagea à cette époque
la lutte contre deux maladies microbiennes du couvain, très redoutées des
apiculteurs, et communément appelées « loque ", parce que le corps des
larves mortes s'affaisse et se présente sous la forme d'une masse disloquée.
La loque bénigne ou européenne est une maladie intestinale qui frappe surtout
les jeunes larves avant leur operculation. Elle est assez mystérieuse quant à
ses manifestations, l'agent pathogène n'est d'ailleurs pas encore bien défini.
La loque maligne ou américaine est une affection, elle aussi localisée dans
les intestins, chez les jeunes, mais pendant la métamorphose le Bacillus larvae,
qui en est la cause, peut se répandre dans tout l'organisme. Les larves meurent
souvent après leur operculation, elles se transforment en une masse gluante qui
colle à tout objet mis à son contact, et est capable de s'étirer en un long
filament. Cette particularité explique pourquoi les ouvrières ont tant de mal
à faire la toilette de la ruche et à se débarrasser des cadavres qui
constituent des foyers permanents d'infection. La très grande résistance aux
agents physiques des spores du Bacillus larvae donne des difficultés aux
apiculteurs qui cherchent à éliminer la maladie de leurs ruchers.
La contamination
semble se produire surtout par l'intermédiaire du miel infecté, distribué aux
larves par les Abeilles nourricières. PAILLOT a montré que le meilleur moyen
de débarrasser les Abeilles des germes de loque se trouvant dans le miel de
leur jabot est de les faire jeûner pendant quarante-huit heures afin qu'elles
aient le temps d'en digérer complètement tout le contenu. La technique de la
lutte consiste alors en un double transvasement effectué à deux jours
d'intervalle, période pendant laquelle l'essaim, enfermé simplement dans une
caissette grillagée, est maintenu au frais. La colonie peut reprendre ensuite
sa place dans la ruche désinfectée à la flamme.
Ici encore, PAILLOT
n'a pas hésité à s'installer en pleine campagne pour procéder à une vaste
expérience d'éradication de la loque dans un foyer important englobant quatre
communes de la région de Laqueuille (Puy-de-Dôme). Avec deux aides, en mai et
juin, il transvasa quatre-vingt onze colonies malades et désinfecta, par
flambage à la paille ou au genêt sec, plus de quatre cents ruches et près de
six mille cadres. La visite de contrôle, effectuée en septembre, montra que
toutes les colonies transvasées pouvaient être considérées comme guéries.
Ce
beau succès fut hélas le dernier. Avant de nous quitter, PAILLOT eut encore le
temps de terminer un ouvrage important sur les ennemis des Abeilles. Et il a
disparu au moment où l'on attendait de lui les moyens scientifiques de rénover
notre apiculture.
C.
- INSECTES NUISIBLES DU VIGNOBLE ET DU VERGER
A ses tout premiers débuts,
en 1910, il étudia, sous la direction de MARCHAL, l'illustre Maitre dont la
grande figure illumine l'Entomologie française, la biologie des Tordeuses de la
grappe. Il lui apparut que les deux Insectes ne réagissent pas de la même manière
aux facteurs externes, cela explique les différences considérables des cycles
évolutifs : condensation relative et régularité des deux générations habi-
pour la Cochylis, irrégularité et mélange de générations pour l'Eudemis. Il
précisa l'importance du rôle frénateur joué par certains ennemis naturels.
Il contribua, avec M. FEYTAUD, à la mise au point d'une méthode de lutte
rationnelle détruisant l'oeuf, ou la larve à l'éclosion, avant la pénétration
du Ver dans les Raisins. Ses essais de lutte biologique avec le Champignon
entomophyte Spicaria farinosa, montrèrent, par leur insuccès pratique, que la
création d'épidémies artificielles ne dépend pas uniquement de la quantité
de germes existant dans le milieu où évoluent les Insectes, mais surtout des
facteurs externes sur lesquels l'Homme ne peut avoir aucune influence.
Les
colonies de fausses Chenilles de la Lyda du Pêcher (Neurotoma nemoralis)
causaient de gros. dégâts dans certaines communes de la vallée du Rhône, de
1920 à 1923 (Saint-Rambert-d'Albon, Saint-Désirat). PAILLOT en fit connaître
le cycle : la vie active – extrêmement réduite - est inférieure à un mois,
depuis l'apparition de l'imago jusqu'à l'enfouissement de la larve du dernier
âge. La durée favorable aux traitements, dirigés contre les oeufs et les
larves, est elle-même très courte, mais heureusement les Tenthrèdes sont extrêmement
sensibles aux insecticides (nicotine et arséniate de plomb).
Par son étude des Chenilles
arpenteuses (Cheimatobia brumata et Hybernia defoliaria), il a largement
contribué à la généralisation de l'emploi des ceintures gluantes destinées
à retenir les Papillons femelles qui, pourvus seulement d'ailes rudimentaires,
sont obligés de grimper le long du tronc pour atteindre les parties supérieures
de l'arbre où ils déposeront leurs oeufs. En année normale, dans la région
lyonnaise, les Papillons n'éclosent guère avant le 10 novembre, et la sortie
est d'autant plus précoce que le climat est plus froid et l'altitude plus élevée.
La lutte contre le Puceron
vert du Pêcher (Hyalopterus pruni) a été facilitée par les constatations de
PAILLOT montrant que l'addition de décoction de Quassia amara donnait des
propriétés répulsives à la bouillie nicotinée et permettait de réduire le
nombre des traitements.
Citons en passant diverses
recherches sur les Microlépidoptères du Pommier et sur Oberea linearis Cérambycide
parasite des Noyers, dont la larve causait de grands dégâts dans les vastes
noyeraies de la vallée de l'Isère (Nyons).
Toutes ces observations, complétées par celles d'autres auteurs, ont fait l'objet d'un traité sur les Insectes nuisibles des Vergers et de la Vigne, paru en librairie en 1931.
Biologie
des parasites. - Cependant la partie peut-être la plus attrayante de
l'oeuvre entomologique d'André PAILLOT est relative aux parasites des ennemis
de nos cultures, Les récentes acquisitions de la pharmacopée agricole
permettent maintenant d'agir presque à coup sûr si l'on connaît bien la
biologie de l'espèce à combattre. La lutte biologique est beaucoup plus délicate
que la méthode directe, elle exige l'étude approfondie de tout ce qui entre
dans le cadre de vie de l'Insecte, en particulier le rôle joué par les
parasites et leur importance relative.
« Toute espèce, disait
PAILLOT, doit être considérée non plus isolément, mais en relation plus ou
moins étroite avec une foule d'êtres vivants, appartenant aux groupes les plus
divers, depuis les plus primitifs, comme les Bactéries et les Champignons,
jusqu'aux animaux supérieurs. Le problème de l'équilibre naturel des espèces
est extrêmement complexe, d'innombrables facteurs interviennent, dont les plus
connus ne sont pas toujours les plus importants... La méthode biologique
consiste à déterminer un équilibre artificiel par une action directe ou
indirecte sur un ou plusieurs de ces facteurs, ou encore à introduire un élément
nouveau, dont l'action s'oppose à celle de l'Insecte à détruire. L'action de
l'Homme sera d'autant plus efficace, que seront mieux connus les facteurs qui
interviennent dans cet équilibre. "
Bien n'est plus captivant,
par exemple, que de suivre, avec PAILLOT, le manège des Tetrastichus asparagi,
petit Chalcidien bleu-vert, déjà connu en Amérique, mais découvert par lui
en Europe. Les adultes ne se contentent pas de pondre dans les oeufs des Criocères
de l'Asperge. Ils en détruisent encore un grand nombre en vue de leur
alimentation. Trouant la coque de l'oeuf à l'aide de leur tarière, ils suçent
le liquide glaireux qui s'écoule par l'orifice, vidant tour à tour les oeufs
noirs disposés comme les dents d'un rateau le long des fines cladodes de
l'Asperge. Dans une matinée de juin, un observateur attentif peut en surprendre
ainsi plusieurs effectuant leur bon travail.
Et que dire du développement
polyembryonnaire si bien étudié chez Amicroplus collaris, Hyménoptère
braconide parasite d'une Noctuelle !
Examinons avec PAILLOT
le problème posé par l'équilibre naturel de la Piéride du Chou (Pieris
brassicae), l'un des Insectes les plus parasités que l'on connaisse. FAURE, qui
travaillait avec lui, a dénombré les endophages les plus répandus. Ce sont
d'abord les Apanteles, facilement reconnaissables à leurs cocons formant un
amas jaunâtre auprès de la dépouille de la Chenille. Ils peuvent être eux-mêmes
attaqués dans une très forte proportion par onze espèces différentes d'Hyménoptères.
Tous ces Insectes sont loin d'avoir le même cycle biologique; incapables, le
plus souvent, de distinguer les larves déjà parasitées par une autre espèce,
ils se gênent mutuellement dans leur développement, ce qui favorise la
multiplication de l'hôte.
Dans les Chenilles, on
trouve encore des Anilastus, victimes eux-mêmes d'un Tetrastichus qui est
capable d'attaquer aussi les Apaizteles. Les chrysalides peuvent héberger
plusieurs autres entomophages. Des Trichogramma s'en prennent parfois aux oeufs.
Enfin, certaines Mouches Tachinaires détruisent beaucoup de Chenilles.
PAILLOT a relevé, en outre,
dix Bactéries vivant aux dépens des Piérides, mais le rôle des épidémies
peut être considéré comme insignifiant par rapport aux autres causes de
destruction naturelle de ce Lépidoptère.
De plus, il a découvert
quatre maladies à microsporidies, dont les deux principales se développent
soit dans les cellules adipeuses, soit dans les tubes de Malpighi et les glandes
séricigènes. Les chrysalides issues des Chenilles malades succombent souvent
avant de donner des Papillons, et rien ne permet de déceler extérieurement la
cause réelle de cette mort. Les Papillons infectés ont généralement le temps
de déposer leur ponte avant de mourir, mais certains de ces oeufs n'arrivent
pas au terme de leur évolution. On peut être tenté d'attribuer leur dessèchement
à l'influence directe de facteurs atmosphériques, car un examen au microscope
est nécessaire pour déterminer la présence du Sporozoaire.
Une question très
importante est bien celle des inter-actions entre micro-organismes et Insectes
endophages. Il arrive souvent que les Piérides soient attaquées par les deux
à la fois. En général, les larves d'Apanteles peuvent évoluer normalement
dans les Chenilles atteintes par les microsporidies et par Vibrio. Elles ne
contractent pas toujours la maladie de l'hôte, et les spores qu'elles ingèrent
s'accumulent dans leur tube digestif. Les adultes, issus de ces larves, sont
incapables de contaminer les jeunes Chenilles dans lesquelles ils déposeront
leurs ceufs. Par contre, ces mêmes Apanteles femelles semblent jouer un rôle
actif dans la propagation de l'affection microbienne à Vibrio.
Quant aux Champignons
entomophytes, ils ne semblent pas devoir être considérés comme des facteurs
d'équilibre très importants.
Enfin, en dehors de toutes
ces causes de destruction qui viennent d'être énumérées, et dont la mise en
évidence n'offre pas de difficultés extraordinaires, PAILLOT en a découvert
d'autres, inconnues jusqu'alors, car elles ne pouvaient être décelées avec
les, moyens d'investigation habituels. Il s'agit de deux maladies à ultra-virus
extrêmement contagieuses, une pseudo-grasserie et une maladie à inclusions,
cette dernière héréditaire.
Ce vaste tableau donne une idée de la complexité du problème traité en main de Maître par le savant Entomologiste.
Amélioration
des techniques de traitements. - L'expérience, acquise au cours de
nombreux essais effectués dans les Vergers, devait conduire PAILLOT à proposer
d'importants perfectionnements aux méthodes de lutte employées jusqu'alors
contre les Insectes. Il mit au point des formules nouvelles de traitement
d'hiver des Pommiers ou des Poiriers, comportant l'emploi d'huile d'anthracène
brute ou d'huile d'automobile usagée après émulsion en bouillie bordelaise.
Le traitement a pour effet de débarrasser les arbres de parasites divers
Cochenilles oeufs. de
Pucerons, Champignons, parasites du bois mousses, lichens. Les arbres deviennent
plus vigoureux et la récolte fruitière est sensiblement accrue.
Il proposa ensuite une méthode
générale de traitements comportant l'opération précédemment définie,
appliquée en fin d'hiver, époque où elle présente son maximum d'efficacité,
et deux traitements de printemps à la bouillie bordelaise arsenicale. Le
premier est effectué à la chute des pétales, le second vers la fin du mois de
mai.
Il prit une part active à
l'amélioration de la technique des pulvérisations en recommandant l'emploi de
pompes à grand débit et à forte pression, du type américain. Dès 1918, il
fut l'un des premiers à prôner la supériorité incontestable de ces appareils
sur les pulvérisateurs ordinaires. Il a contribué largement à la création,
en France, de cette nouvelle fabrication.
Il n'hésita jamais à participer lui-même aux démonstrations publiques organisées pour créer un mouvement en faveur du traitement méthodique et rationnel des arbres fruitiers. C'était l'époque héroïque où l'Homme de laboratoire était presque seul pour faire connaître ses découvertes et les vulgariser. A ce point de vue, nous pouvons dire qu'il fût un précurseur montrant par l'exemple la voie à suivre au nouveau Service de la Protection des Végétaux.
CONCLUSION
Deux cents publications, dont cinq ouvrages importants, parus en trente ans,
témoignent
de sa prodigieuse activité scientifique, car il s'agit presque toujours de
travaux originaux qui lui ont valu de nombreux prix, et qui lui ont ouvert
successivement, en qualité de membre correspondant, les portes de l'Académie
d'Agriculture (en 1933) et celles de l'Institut (en 1944).
PAILLOT a examiné le problème
de l'Insecte dans son ensemble, et, le jugeant de haut, il a abordé avec succès
tout ce qui touche à la vie de ces minuscules créatures : biologie,
embryologie, pathologie, traitements contre les maladies, moyens de lutte.
Père de famille attaché à
son foyer, patriote clairvoyant n'ayant jamais douté de son pays, technicien
recherché et écouté, naturaliste passionné, homme de science épris de vérité,
André PAILLOT a su toujours rester simple dans sa juste renommée. Que restent
vivants parmi nous le souvenir de ce savant modeste et l'exemple de sa vie
consacrée à la Science.
J.-J. BOUNHIOL, J.
BRUNETEAU et A. COUTURIER.
(1) L'inoculation par voie
digestive est sans effet !