Les Arabes

 

Population encore plus dispersée que les Grecs, unie pareillement par une langue et une écriture communes, les Arabes assimilent les cultures des peuples qui entrent dans leur sphère d'influence et sortent de l'oubli les acquis de la Grèce, de la Perse et de l'Inde pendant qu'ils répandent la religion de l'Islam. Après avoir traduits des bibliothèques entières, ils dépassent leurs maîtres et créent leur propre culture dont s'inspireront les Européens à l'époque de la Renaissance.

Qui sont les Arabes ?

Ceux que l'Occident désignait il y a peu encore du nom de Sarrasins (en grec Sarakênoi, en latin Saraceni) étaient auparavant appelés Arabes scénites, c'est-à-dire Arabes qui vivent sous la tente (en grec, Skênê). Ils s'appelaient eux-mêmes Arabes tout simplement. Les fouilles archéologiques font remonter l'histoire des Émirats vers 8000 avant JC. Des traces d'occupation ont été attestées dès la préhistoire aux environs d'Abû dhabi, de Ras Al Khaima et dans le désert près de Al Ain. L'examen des sites indique que les populations jouissaient d'un style de vie
sophistiqué, et commerçaient avec des civilisations très éloignées. Cette région était le carrefour entre la Mésopotamie, l'Iran, Dilmun ( Bahreïn ) et l'Inde. Les plus anciens témoignages qui les concernent remontent à environ trois mille ans. Dès le neuvième siècle avant J.-C., ils auraient influencé le développement historique du Moyen-Orient par la position géographique du pays d'Aribi, situé entre Syrie et Mésopotamie et leur rôle dans la compétition pour le contrôle des routes commerciales qui reliaient le golfe dit aujourd'hui arabo-persique à la Syrie, la Syrie à l'Égypte, l'Égypte à l'Arabie méridionale. Entre autres sources, Xénophon cite leur participation à la conquête de la Babylonie aux côtés de Cyrus Ier vers 539 avant J.-C. Le " Roi des Arabes " mentionné par Hérodote, aurait occupé le Hidjaz septentrional, entre 500 et 300 avant J.-C., c'est-à-dire la colonie des Minéens qui eurent les Nabatéens pour successeurs.

Au cours des siècles, la définition des Arabes recouvre des réalités fluctuantes. Déjà, à l'époque pré-Islamique, elle désigne les populations de l'Arabie, distribuées en tribus surtout nomades dont certaines avaient commencé à pénétrer les steppes de Syrie et de Mésopotamie et dont d'autres, sédentaires, sont issues des civilisations de Sa'ba, Ma'in, Qataban, Hadramut (c'est -à- dire au sud, sur les terres de l'actuel Yémen). L'épisode biblique de la visite de la " reine de Saba " à Salomon est considéré par certains comme purement légendaire. Pour d'autres, elle est la preuve qu'il existait au Xe s. av. J.-C. un royaume de Saba, riche grâce au commerce de l'encens, de l'or, des pierres précieuses. L'ethnie arabe a expérimenté les cultures et les pratiques religieuses païennes, zoroastriennes, judaïques, chrétiennes... Depuis quinze siècles, elle est majoritairement musulmane. Au VIIIe s., les populations du sud de l'Arabie étaient parvenues à un haut degré de civilisation sédentaire et urbaine grâce au commerce et à l'agriculture. Les traces qui subsistent de cette culture attestent d'une grande maîtrise de l'architecture (palais à plusieurs étages), de l'hydraulique (barrage de Ma'rib notamment) et de l'écriture.

La civilisation arabe est une et plurielle. Ses créateurs furent et sont des Arabes, des arabisés (dont la langue usuelle est l'arabe ou indifféremment le turc, le persan, le berbère) et des non-musulmans. Cette civilisation naît de contacts, d'emprunts, d'apports : elle gère et invente un héritage où l'Islam occupe une part intime non seulement parce qu'il se veut message universel mais aussi parce qu'il vient sacraliser certains traits de culture, en réformer d'autres et souvent s'inscrire dans une continuité de civilisations antérieures. À ce titre, Hérodote relate, entre autres témoignages de ses voyages, que 1000 ans avant l'Islam, les prêtres égyptiens se rasaient le corps, faisaient quatre ablutions par jour et que tous avaient horreur du porc et pratiquaient la circoncision. Il ajoute " seuls les Colchidiens, les Égyptiens et les Éthiopiens pratiquent la circoncision depuis l'origine. Les Phéniciens et les Syriens de Palestine reconnaissent eux-mêmes qu'ils ont appris cet usage des Égyptiens. "

Mais c'est sur l'usage d'une langue supposée une, à l'époque comme encore aujourd'hui, que s'appuie principalement la délimitation du monde des Arabes.

Retour haut de page

Alphabet arabeFeuillet d'un coran en écriture coufiqueCalligraphie

Le développement de l’écriture est tardif chez les Arabes, du fait de leur état nomade qui favorisait surtout une culture orale. D’ailleurs, à la naissance de l’Islam, au début du VIIe siècle, le Coran fut d’abord diffusé par la tradition orale. Progressivement s’est développée une écriture cursive formelle spécifiquement nabatéenne qui se distinguait de l’araméen par la présence de ligatures. Ce développement s’est doublé d’une évolution dans la langue parlée par les Nabatéens avec l’introduction progressive de termes et de constructions grammaticales arabes. Coupe à l'échassier en écriture coufiqueC’est ainsi que vers le IIe siècle après Jésus-Christ, les Nabatéens parlaient majoritairement arabe comme l’atteste l’origine arabe de leurs noms et ne conservaient l’araméen, dans une version arabisée, que comme langue officielle.

L’écriture arabe est donc née aux alentours du VIe siècle de l’écriture cursive nabatéenne. Elle s’est progressivement répandue à la Mecque puis à Médine. S’est ainsi développée la première écriture spécifiquement arabe, le Jazm, dont la raideur, l’angulosité et la proportion égale de ses lettres rappelle la graphie coufique. L’écriture Jazm devint bientôt celle de tous les Arabes et « assuma le statut de l’écriture sacrée que Dieu avait spécialement choisie pour transmettre à l’humanité son message divin. » (Safadi)

CoranIl faut souligner le rôle central que le Coran a joué dans la formation de l’écriture arabe. Le besoin de consigner le Coran par écrit obligea précisément les Arabes à réformer leur écriture et à l’embellir, pour la rendre digne de la révélation divine. Omar Ibn Al Khattab, pressa le premier calife Abu Bakr de mettre le Coran par écrit ; ce travail fut réalisé par Zayd ibn Thabit. Cette rédaction, codifiée sous le troisième calife Othman, fut copiée en cinq exemplaires qui furent expédiés dans les principales contrées de l’empire. Les copies ultérieures du Coran sont dérivées de ces premiers exemplaires, réalisés à l’époque en Jazm. À cette époque apparurent des variantes médinoises et mecquoises du Jazm, le Mail (écriture couchée), le Mashq (écriture allongée) et le Naskh (inscriptionnel) ; seules les deux dernières perdurèrent. Le successeur de Othman, le cousin du prophète sidna Mahamed et son beau-fils, Ali Ibn Abi Talib est considéré comme le premier maître de la calligraphie en développant un style particulier de coufique.

Retour haut de page


Page précédente
Début
Page suivante
1/4