Les Arabes

 

 

La descendance d'Alexandrie

Ibn Sînâ (dit Avicenne), AI-Qânûn fi l-tibb (Canon de la médecine). Copié par Ibn Mahmûd al-Mutatabbib (le médecin), Iran, 1447-1448.Byzance, pourtant héritière au premier chef de la civilisation hellénistique, a joué un rôle très mince dans le domaine des sciences. Elle a malgré tout eu le mérite de conserver les manuscrits antiques dans ses bibliothèques, certains Empereurs en cédant à l'occasion aux Khalifes de Bagdad. Certains de ces manuscrits ont été ultérieurement transportés en Italie après la prise de Constantinople par les Ottomans (1453). Des textes d'Archimède, entre autres, sont ainsi parvenus en Europe à la Renaissance.

La vie scientifique est le fait des Arabes, véritables successeurs des Alexandrins. Cependant on ne peut réduire la science arabo-musulmane du Moyen-Age (VIIIe-XIVe siècle) à une simple poursuite des sciences grecques et hellénistiques de l'Antiquité, à un "intermède" entre ces sciences et celle qui prend naissance en Europe Occidentale à partir du XVIe siècle. En effet, les travaux critiques sur les textes religieux ont incité des intellectuels de l'Islam à une démarche rationnelle. La science arabe a également hérité, en sus de la Grèce et d'Alexandrie, de l'Inde, de la Perse, de Babylone ainsi que de la tradition égyptienne (la médecine en particulier). Enfin, la civilisation arabo-musulmane a été notamment dans le domaine des sciences, le siège d'une dynamique propre, allant très au-delà du simple héritage.

 

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Géographie

La Kaaba au centre du monde Les bouleversements de la fin de l'Antiquité font disparaître les livres et les cartes. La cosmologie tombe partiellement dans l'oubli. Les Arabes installés par l'expansion de l'Islam au cœur de régions de grande tradition astronomique, vont sauvegarder une partie du savoir ptoléméen et le développer. Au IXe siècle, le calife abbasside de Bagdad - le célèbre al-Ma'mûn - est incité par un songe à se faire le défenseur de la raison, donc des mathématiques, de l'astronomie et de la géographie. Encouragés par lui, des savants arabes, perses et plus lointains encore, retrouvent des ouvrages indiens, grecs et persans, les traduisent et en complètent les données. Les besoins de la religion sont aussi un stimulant. Il faut partout des spécialistes sachant manier quadrant et astrolabe pour fixer l'horaire des cinq prières quotidiennes, depuis le coucher du Soleil (début du jour islamique) en passant par midi juste et l'après-midi, au moment où l'ombre du gnomon à midi est augmentée de la longueur du gnomon. Il en va de même pour le début du Ramadan déterminé comme tous les mois du calendrier lunaire musulman, par la première apparition du croissant de lune. L'orientation vers la direction sacrée (qibla) de La Mecque, exige en plus le recours à la boussole et à la carte.

Le monde selon SalmaniLa Syntaxe mathématique de Ptolémée, appelée désormais Almageste (le plus grand des livres), est complétée par des catalogues d'étoiles, des cartes célestes et des tables astronomiques calculées avec la numération indienne et le zéro, la trigonométrie et les principes de l'algèbre (al jabr, la réduction) d'al-Khwarizmi. Les savants arabes perfectionnent les instruments d'observation, et leurs cartes géographiques avec le sud en haut complètent celles de Ptolémée en donnant une vision schématisée et synthétique du monde musulman (al-Istakri, Ibn Hawkal).

Avant l’islam, les connaissances géographiques des Arabes se limitaient à quelques notions de cosmogonie héritées des traditions babyloniennes, iraniennes, juives et chrétiennes. Quelques traces en demeurent dans le Coran et la poésie préislamique. Certaines de ces traditions exercèrent une profonde influence dans la cartographie arabe, comme la manière de représenter le monde sous forme d’oiseau.

Al-Bîrûnî, Traces des siècles passés : Traité sur les ères et les calendriers rédigé vers l'an mille : Al-Bîrûnî, Al-åthâr al-bâqiya 'an al-qurûn al-khâliya (Traces des siècles passés) : Copie du XVIe siècle.L’influence indienne s’exerce sur l’astronomie. Les connaissances iraniennes se retrouvent surtout sur la géographie descriptive et régionale et dans la cartographie. Mais c’est dans la géographie grecque que les savants arabes trouvent un véritable fondement scientifique avec la mesure de l’arc méridien et celle de la circonférence de la Terre. La Géographie de Ptolémée (90-168), dont il reste aujourd’hui l’adaptation d’al-Khuwârizmî († 847), est traduite plusieurs fois. La base hellénistique de la géographie arabe est prédominante en géographie mathématique, physique et humaine. Hormis quelques dissidents, les Arabes demeurent fidèles au paradigme ptoléméen : Terre immobile, système de sphères, combinaisons de cercles pour expliquer les mouvements des planètes, de la Lune et du Soleil ; ils corrigent certains paramètres de son système, notamment la constante de précession des équinoxes.

La Mecque au centre du monde
Mais certains savants arabes reprennent encore la notion cosmogonique iranienne des sept "kishwars" : le monde est divisé en sept cercles géographiques égaux, le quatrième cercle représentant le centre du monde (l’Iran ou La Mecque) ; il est placé au centre des six autres cercles disposés autour de lui. Les traditions persanes influent fortement sur la géographie arabe, comme en témoigne l’emploi de termes persans dans le domaine maritime.
L’assimilation de ces apports étrangers et les progrès réalisés dans le domaine de l’astronomie conduisent à une véritable révolution géographique. Entre 813 et 833, la première grande carte du monde est dressée à Badgad par les savants du Bayt al-hikma, la "Maison de la Sagesse".

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