Europe

Etude de l'Univers et Chrétienté L'Espagne islamique
Moines et savants Les premières universités
Traductions à l'époque carolingienne Astrologie
La spécificité irlandaise Science et religion
Le premier pape français et la science arabe Origines des idées de Copernic
L'école de Salerne Renaissance
Du Moyen-Age à la Renaissance

 

Du Moyen-Age à la Renaissance

A l'exception notable des pays arabes et de l'Italie, il semblerait que le travail de réflexion et d'expérimentation sur les traités anciens n'ait réellement commencé qu'au XIIe siècle quand la médecine monastique céda le pas aux universités, car il semblerait qu'avant cette date les moines se soient comportés en copistes plutôt passifs.
L'enseignement s'organise. Plusieurs universités se créent, à Padoue, Bologne, Venise, Florence... Les livres circulent, et les premières dissections de corps humains (à raison d'une par an) sont autorisées, le 27 mai 1308, par une décision du Grand Conseil de Venise. Le désir de vérifier sur l'homme les observations faites jusque-là ne s'éveille véritablement qu'à la fin du XIIIe siècle.

distillationAu XIIe siècle, si les savants européens ont pu redécouvrir la culture de la Grèce antique, c'est que les pays de l'Europe occidentale ont vivement réagi aux pressions militaires que faisait peser sur eux l'Islam - la reconquête de la Sicile par les Normands (1060-1093), les Croisades (à partir de 1099), ainsi que la reconquête de la cité de Tolède par Alphonse VI en 1085, leur permet de rencontrer la culture islamique et de traduire en latin les livres grecs écrits en arabe. Comme la ville de Constantinople, reprise par les Croisés, est tenue par l'Europe latine pendant près de soixante ans (1204-1261), de nombreux manuscrits grecs ont pu revenir en Occident. Presque à la même époque, fleurissaient en Europe les études universitaires, la théologie et la science médiévales.

Cependant, ce n’est pas tant grâce au contact avec les Croisés venus au Proche-Orient du XIe au XIIIe siècle que la science arabe se propage en Europe, mais plutôt par l’entremise des dynasties qui dirigent l’Espagne islamique entre le XIe et le XIVe siècle, les Almoravides, puis les Almohades, qui ont installé leur capitale à Cordoue. Suivant un processus d'assimilation similaire à celui de leurs prédécesseurs, les savants du Moyen Age, pratiquement tous hommes d'église, traduisent des manuscrits d’auteurs scientifiques et philosophiques grecs et latins qu’ils analysent, commentent et critiquent. Ils en prennent connaissance à travers les traductions arabes mais ne prêtent pas suffisamment attention aux progrès accomplis depuis l'Antiquité par ces derniers : très peu de textes originaux sont diffusés en traduction latine, la langue scientifique en usage en Europe jusqu’au XVIIIe siècle : par exemple, en médecine, une quarantaine de textes seulement furent connus sur le millier recensé à ce jour. Il en est de même des autres disciplines scientifiques. L'occident chrétien choisit Aristote dont le géocentrisme privilégie la place de l'homme dans l’Univers.

InquisitionLa traduction de la Syntaxe mathématique de Ptolémée. La première version arabe de la Syntaxe mathématique grecque a été traduite de la langue syriaque, semble-t-il, par al-Hajjaj Ibn Yusuf de Bagdad en 829-830. Le traité d'astronomie de Ptolémée, la Syntaxe mathématique, a pris alors le titre de Kitab al-mijisti, appelé aussi l'Almageste. Il y a eu, du IXe au Xe siècles, plusieurs versions arabes de cette œuvre, ce qui a permis de stimuler le développement de la science astronomique dans le monde islamique. Vers le milieu du XIIe siècle, un manuscrit grec de la Syntaxe mathématique fut transmis de Constantinople à la Sicile, où il fut traduit en latin. Un peu plus tard, Gérard de Crémone, célèbre traducteur italien, traduisit en latin, à Tolède, l'une des versions arabes du traité d'astronomie grec. Au XVe siècle, à la veille de la conquête turque de Constantinople, une version grecque de la Syntaxe mathématique fut traduite en latin par le philosophe George de Trébizonde. La traduction la plus connue de toutes, entre les XIIe et XVIe siècles, est celle de Gérard de Crémone. La Théorie des planètes serait un résumé de la Syntaxe mathématique, écrit par Gérard de Crémone lui-même. Copernic et d'autres scientifiques des XVIe et XVIIe siècles ont pu lire les versions de Gérard de Crémone et celle de George de Trébizonde, respectivement éditées en 1515 et en 1528. En raison de l'ampleur de ces deux versions fut édité en 1538, à Bâle, le texte original en grec, lequel aurait été acheté, à prix d'or, par l'Allemand Johannes Müller. Celui-ci aurait voulu le traduire, mais la mort l'en empêcha.

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L'Espagne islamique

L’Espagne de cette époque regorge de manuscrits scientifiques d’origine grecque ou latine traduits en arabe. Ces manuscrits sont analysés et commentés par des savants musulmans comme le philosophe cordouan du XIIe siècle Ibn Rushd — Averroès pour les Occidentaux —, qui est considéré comme le plus grand commentateur d’Aristote et qui a en outre laissé des traités de médecine, de grammaire, de droit et d’astronomie. À Tolède, au XIIe siècle, il y a même un bureau de traduction des manuscrits de l’arabe en latin afin de s’assurer de leur diffusion en Europe.

Michel Psellos (1018-1078) écrit une oeuvre encyclopédique traitant aussi bien de politique et de théologie que de médecine, astronomie ou musique. Il défend le rôle de la raison et des sciences dans l'explication des faits. Adélard de Bath (1090-1142) est un grand traducteur (les Eléments d'Euclide, l'Arithmétique d'al-Khwarizmi...). Il rédige une encyclopédie de théologie, logique, mathématiques et philosophie. Gérard de Crémone (1114-1187) traduit en latin une version arabe de l'Almageste de Ptolémée et près de soixante-dix ouvrages en dialectique, géométrie, astronomie, philosophie, médecine (Euclide, Archimède, Apollonios, Avicenne, Rhazès...) et alchimie. Fibonacci (Léonard de Pise) (1170-1240) rédige un livre sur les abaques (1202), expose le système de numération indo-arabe et les résultats des Arabes en algèbre et arithmétique et l'inventeur d'une suite dite de Fibonacci, composée de nombres dont chacun est égal à la somme des deux précédents, et rédige d'autres textes tels que Practica geometriae qui recense les connaissances en géométrie et trigonométrie (1220-1221) et Liber quadratorum (1225). Guillaume de Moerbecke (1230-1286) est le principal traducteur d'ouvrages grecs au XIIIe siècle dont ceux d'Aristote (les Météores, la Métaphysique...), de Proclus, Galien , Hippocrate, Archimède, etc. Les principes de la perspective grecque, assimilés et approfondis par les Arabes, apparaissent en Occident et ouvrent la voie à l'art de la Renaissance. Ainsi, au XIIIe siècle, Piero della Francesca rédige De perspectiva pigendi, premier traité complet moderne de perspective dans la peinture. Et Luca Pacioli, dans De divina proportione, développe la théorie du nombre d'or, fondement de l'architecture et des arts figuratifs.

En 1277, une compilation en espagnol est rédigée sous l’égide du roi de Castille afin de mettre les connaissances arabes en astronomie à la disposition des savants espagnols. La même année, les secrets de la fabrication du verre sont transmis à Venise en vertu des clauses d’un traité entre le prince d’Antioche et le doge. De nombreux autres transferts technologiques s’effectuent alors, comme celui de la poudre à canon par exemple.
La technique de fabrication du papier, acquise des Chinois par les Arabes en 751, a permis le développement dans le monde islamique d’un véritable marché du livre qui a ainsi naturellement favorisé la diffusion des connaissances scientifiques. Cette technique capitale est transmise aux Européens à partir du XIIe siècle (1179), en Espagne d’abord depuis l’émirat de Cordoue, puis en Italie, plus précisément à Fabriano (1276), où aurait été construite la première fabrique de papier d’Europe. D’autres suivront au XIVe siècle, notamment à Troyes (France) en 1348 et à Nuremberg (Allemagne) en 1390. À son tour, ce type de support matériel de l’écriture transmis par les Arabes facilite la diffusion des idées en Europe où, vers 1450, une nouvelle invention, celle de l’imprimerie, viendra parachever ce processus de diffusion des connaissances qui caractérise encore notre monde scientifique moderne.

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