Europe

Etude de l'Univers et Chrétienté L'Espagne islamique
Moines et savants Les premières universités
Traductions à l'époque carolingienne Astrologie
La spécificité irlandaise Science et religion
Le premier pape français et la science arabe Origines des idées de Copernic
L'école de Salerne Renaissance
Du Moyen-Age à la Renaissance


Science et religion

Science et religions entrent souvent en contradiction dans l'histoire, que ce soit l'Islam, le Judaïsme ou la Chrétienté. La démarche scientifique exige une remise en question permanente des croyances et des dogmes, à l'opposé des religions qui tentent d'en assurer la permanence.

Roger BaconRoger Bacon (1219-1292) rédige à la demande du pape l'Opus Majus, une encyclopédie regroupant grammaire, logique, mathématiques et physique. Il y introduit de nouvelles conceptions en optique (réfraction, magnitude apparente des objets célestes). En conflit avec la science de son époque, il est condamné pour hérésie après la mort de son protecteur et emprisonné dix ans.

Albert le Grand (1200-1280) écrit de nombreux ouvrages sur les sciences de la nature, l'alchimie et la cosmologie, sortes de compilations critiques des apports grec, latin et arabe. Surnommé le "docteur universel", il rédige d'après ses propres études le premier traité de sexologie du Moyen-Age et réunit des données sur la faune et la flore dans Des animaux et Des végétaux. Thomas d'Aquin (1225-1274), son élève, effectue la synthèse d'Aristote et de la pensée chrétienne. Son oeuvre, réunie dans La Somme théologique, pose la théologie en véritable science. En 1227, certaines de ses thèses sont condamnées par l'Evêque de Paris pour contradiction avec le dogme chrétien. Le dominicain est toutefois canonisé en 1323.

Thomas d'AquinJohn Duns Scot (1266-1308) introduit une séparation entre l'expérience et le raisonnement d'une part et la théologie d'autre part.

Guillaume d'Ockham (1285-1349) défend la doctrine philosophique du nominalisme qui domine l'Europe du Nord au XIVe et XVe siècles. Il renforce la séparation entre savoir scientifique et savoir révélé introduite par Duns Scot.

L'Eglise catholique admet implicitement l'incompatibilité entre science et religion lors de l'abjuration forcée de Galilée. Le savant italien (1564-1642), continuateur des travaux de Copernic (1473-1543), soutenait, d'une part, la théorie de l'héliocentrisme, et, d'autre part, cassait le dogme de l'immutabilité des cieux par la découverte de quatre satellites autour de la planète Jupiter. L'Eglise, dont l'anthropocentrisme s'accommodait très bien du système ptoléméen d'organisation de l'univers, condamne immédiatement les conclusions de Galilée en 1632. Après un reniement forcé, Galilée termine sa vie assigné à résidence. Un précédent avait eu lieu une trentaine d'années auparavant avec la condamnation au bûcher de Giordano Bruno pour ses vues similaires en matière d'héliocentrisme. Si Bruno ne peut être considéré comme un scientifique mais comme un mystique, c'est sa liberté d'esprit qui attira les foudres de l'Eglise. Le procès de GaliléeBuffon (1707-1788) s'attirera quant à lui les autodafés de l'Eglise suite à son calcul de l'âge de la Terre qui prévoyait une valeur beaucoup plus élevée (75 000 ans) que les 6 000 ans bibliques. Plus récemment, les travaux de Charles Darwin (1809-1882) sur l'évolution des espèces heurtent une nouvelle fois la sensibilité chrétienne. A tel point que l'Eglise ne se contente pas de condamner son auteur mais met aussi à l'index les efforts désespérés du père Teilhard de Chardin (1881-1955) visant à réconcilier évolution et christianisme.

Cependant, la science n'est pas exempte de dogmatisme. L'éclosion de l'astronomie aux 16ème-17ème siècles ne fut rendue possible que par la cassure du dogme du géocentrisme. Aristote fut celui qui explicita le plus clairement cette organisation du cosmos avec la Terre pour centre. Cette vision satisfaisant les observations, elle subsista 17 siècles. L'aristotélisme s'étendait aussi à la physique, la mécanique plus particulièrement, discipline qui, elle, peut être soumise à l'expérience. Il n'en fut rien jusqu'à l'entrée en scène de Galilée qui rejeta nombre des vérités d'Aristote. L'autorité de la figure d'Aristote et la soumission de ses continuateurs, c'est à dire le refus de soumettre les croyances établies à l'expérience, illustrent le frein à la connaissance apposé par un dogme.

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Origines des idées de Copernic

Il faut attendre le XVIe siècle pour que se dessine une nouvelle vision du monde, avec l'abandon du géocentrisme. On la doit à Nicolas Copernic (1473-1543), dont le traité « De Revolutionibus orbium caelestium » est publié en 1543.  Il a l'audace de remplacer la Terre par le Soleil au centre de l'Univers et de faire tourner l'ensemble des planètes dont la Terre. I1 continue à admettre que le mouvement des corps célestes résulte de la combinaison de mouvements circulaires uniformes. Sa théorie est à l'origine de la révolution scientifique du XVIIe siècle, mais il est condamné par l'Eglise en 1616.

Copernic étudie à Cracovie, en Pologne, où il est grandement influencé par l'astronome Albert de Brudzewo, qui utilise dans son enseignement un ouvrage de Peurbach, astronome allemand, intitulé Nouvelle théorie des planètes (publié en 1472). L'œuvre de Peurbach, très appréciée à l'époque, est inspirée de la Théorie des planètes, livre d'un auteur inconnu devenu à la mode à partir du XIIe siècle. Mais de toute évidence, ce dernier est une synthèse de l'Almageste dont la réapparition en Europe date de la deuxième moitié du XIIe siècle. Par ailleurs, Copernic est plus directement influencé par l'Almageste à travers un ouvrage intitulé Aperçu de l'Almageste, rédigé par Peurbach et Regiomontanus (de son vrai nom, Johannes Müller), et la traduction latine complète de l'Almalgeste de Ptolémée, publiée en 1515.

Dans son Commentariolus, premier manuscrit achevé vers le XVe siècle, Copernic expose déjà les idées fondamentales de sa théorie de l'héliocentrisme, mais les calculs lui font défaut. De 1529 à 1532, il réalise le Traité du mouvement des corps célestes, l'une de ses œuvres maîtresses, dont de nombreux passages reflètent des traces d'influence du système de Ptolémée, qu'il a dû connaître à travers la traduction latine complète de l'Almageste.

Il convient de préciser que ces traces d'influence concernent essentiellement la structure et la méthode de l'astronomie mathématique. Le double mouvement des planètes, l'une des idées principales exposées dans le Traité du mouvement des corps célestes, n'est pas non plus une conclusion formulée sans aucune référence historique. D'après le Commentariolus, la découverte de Copernic est inspirée de théories remontant à Ptolémée et à Aristote, voire jusqu'à l'astronomie de la Grèce antique du IIIe au Ve siècle avant Jésus-Christ. Le modèle de l'astronomie mathématique de Copernic, appliqué au double mouvement des planètes, semble aussi inspiré de l'Aperçu de l'Almageste et d'Ibn al-Shatir, astronome musulman du XIVe siècle. Sur le plan des illustrations et des paramètres, on remarque des similitudes particulières entre le Commentariolus et le Traité du mouvement des corps célestes et les travaux antérieurs sus-cités.

En résumé, les origines du système de Copernic (1473-1543) s'avèrent assez complexes, car elles sont liées à la fois au mouvement culturel du XIIe siècle et à l'astronomie mathématique traditionnelle du monde islamique et de la Grèce antique. Pendant mille cinq cents ans, du IIe au XVIe siècle, l'Almageste de Ptolémée sera la poutre maîtresse sur laquelle repose cette tradition scientifique.

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La Renaissance

Les travaux de l'Italie médiévale dans les domaines des mathématiques, de la physique et de la médecine s'épanouissent à la Renaissance. La Renaissance commence en Italie au XIVe siècle. C'est une période de redécouverte des idées des auteurs anciens, mais aussi d'exploration du Nouveau Monde, d'invention de l'imprimerie et de la poudre à canon.

Château cathareHistoriquement, l'Europe sort d'une succession de guerres qui la laisse meurtrie. Sur ce terreau naît le protestantisme, qui aura un profond effet sur la pratique de la science. Par sa volonté de représenter le monde de manière plus ordonnée, l'éthique protestante donnera une forte impulsion aux sciences. En marge de la Réforme, un autre mouvement influencera également l'étude du monde physique : l'hermétisme, un ensemble d'idées mi-religieux mi-magique.

Si l'enseignement pratique de l'anatomie humaine est formellement autorisé par le pape Clément VII, les autorités laïques et ecclésiastiques italiennes le toléraient depuis déjà longtemps. Les progrès en anatomie sont alors fulgurants. Léonard de Vinci aurait disséqué durant sa vie une trentaine de cadavres. Au XVIe siècle, Padoue devient le centre international des recherches anatomiques. Des écoles se spécialisent: celle de Bologne dans la recherche sur le cerveau, celle de Pise dans la recherche sur les os du crâne. Gabriel Fallope, auteur des Observatione anatomicae (1561), est, après Vésale, le plus illustre artisan de la nouvelle anatomie.

Les avancées de la science

Galilée : l'expérience du plan inclinéDans le domaine des mathématiques, Niccolo Tartaglia découvre la formule générale de résolution des équations du troisième degré. Raffaele Bombelli, ingénieur hydraulicien, se sert de nombreux symboles et de nombres imaginaires et complexes dans son Algebra, publié en 1572. Mais le mathématicien et physicien le plus illustre de la Renaissance italienne est, sans aucun doute, Galilée. Véritable fondateur de la physique expérimentale, Galilée découvre avec sa lunette en janvier 1610 le relief lunaire, les phases de Vénus et les satellites de Jupiter qu'il appelle les planètes de Médicis en hommage à son protecteur, qui apportent un appui à la théorie de Copernic, les taches et la rotation du Soleil et la véritable nature, stellaire, de la Voie lactée. En mars 1610, il publie ses découvertes à Venise dans le Sidereus nuncius (le Messager des étoiles ou le Message céleste). Dès lors, Galilée prend officiellement fait et cause pour la théorie héliocentrique de Copernic. Mais c'est en 1633, après la parution du Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde (1632), qu'il est condamné par l'Église catholique à renier ses théories. À la même époque, Evangelista Torricelli émet une théorie sur la pression atmosphérique, et construit, en 1643, un baromètre. Bonaventura Cavalieri rénove la géométrie classique et ouvre la voie au calcul infinitésimal.

Les grandes académies

KeplerLe XVIIe siècle est aussi celui de la création de grandes académies. L'Italie innove en la matière. L'Accademia dei Lincei de Rome est fondée en 1603 (Galilée en deviendra membre en 1611). Nouvelles organisations de la recherche hors des universités, ces institutions assureront les publications d'importants travaux, comme le Saggiatore («l'Essayeur», 1623) de Galilée ou les Istoria e dimostrazioni intorno alle macchie solari e loro accidenti («Histoires et démonstrations à propos des taches solaires et de leurs accidents», 1613). Un demi-siècle plus tard, le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, parraine une académie de l'expérience, créée à Florence en 1657, l'Accademia del Cimento, où siégeront Borelli (à qui on doit la découverte des capillaires sanguins), Redi (étude sur la digestion), Sténon, Viviani... Cependant, ces académies n'auront pas la pérennité de la Royal Society. En 1630, l'Accademia dei Lincei est dissoute (elle sera refondée en 1870), et l'Accademia del Cimento disparaît à tout jamais en 1667.

Tycho Brahe : Plan de l'observatoire de l'île de Hven (mer baltique)Puis Kepler (1571-1630), avec ses lois, découvertes grâce aux observations de Tycho Brahe et publiées en 1609 et 1618, conduit à l'abandon d'un autre dogme, celui du mouvement circulaire uniforme. Pourtant le Danois Tycho Brahe (1546-1601), meilleur astronome de l'époque, ne croit pas à l'héliocentrisme , mais la précision de ses observations se révélera très importante et très utile  aux travaux de Kepler. Il fut influencé par les travaux coperniciens et eut la chance de s'intéresser très vite à une planète, Mars, dont l'orbite est très elliptique. Il fut alors en mesure grâce aux données précises de Tycho Brahe d'établir les 3 lois empiriques qui portent son nom. 

Les XVII et XVIIIe siècles parachèvent l'avènement de la science moderne.

Profitant de la fabrication d'instruments de mesure scientifiques toujours plus précis, la physique et les mathématiques connaissent un développement rapide. Galilée met au point le système héliocentrique tandis que Isaac Newton découvre la gravitation ; tous deux sonnent le glas des conceptions aristotéliciennes du monde.

De leur côté, les philosophes comme René Descartes et Blaise Pascal s'attachent à transposer l'attitude scientifique aux sciences sociales. Bientôt, le siècle des Lumières célèbre la raison et la science matérialiste.

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