Fabrication d'une sphère armillaire
Fernand répète
ses recommandations : pour chaque panneau, il est impératif que tous
les tracés soient terminés avant de commencer les découpes,
qu'il faut effectuer en commençant par le cercle externe - sinon, on
n'a plus de centre pour servir de pivot. Nous appuyons, appuyons, appuyons
sur le cutter et tournons, tournons, tournons les panneaux de contreplaqué.
Comme nous apprenons la technique en la pratiquant, nous finissons par avoir
mal aux bras, aux épaules ou au dos. C'est que nous sommes quasiment
tout le temps en station debout, car, même s'il ne faut pas forcer (sinon
la lame du cutter risque de se tordre, de casser ou de pénétrer
de biais), il faut que la lame morde de plus en plus profondément.
Pour ne pas trop peiner, nous retournons le panneau et creusons sur l'envers.
L'inconvénient,
c'est que la découpe est moins régulière (il est très
difficile de ne pas biaiser un peu la lame) et qu'il faut après ôter
les irrégularités au cutter puis à la lime ou au papier
de verre. Heureusement que les animateurs sont là pour réparer
les dégâts ! Ils tiennent encore plus que nous à ce que
nous arrivions à un résultat le plus parfait possible. Le plus
difficile, c'est de limer régulièrement tout le pourtour des
tropiques et des cercles polaires afin qu'ils ne débordent pas des
encoches creusées dans les colures. Fernand montre à plusieurs
reprises le geste idéal, ainsi que la pente à obtenir, mais
ce n'est pas évident. Un geste trop brusque provoque des fentes et
des creux inesthétiques, une position trop plane ou au contraire trop
verticale de la lime ne donne pas la pente requise. En bref, nous "masquagnons"
en soupirant et marmonnant notre mécontentement. On ne devient pas
maître-artisan en quelques jours !
Enfin,
nous terminons les dernières découpes, au cutter et à
la scie : nouvel apprentissage. La lame est très fine, nous l'utilisons
pour scier les encoches. L'une des scies s'utilise en tirant vers le bas,
et l'autre vers le haut. Elles ne sont pas équilibrées pareil,
il faut donc apprendre deux fois.
L'heure est grave : la sphère va être assemblée pour la première fois. Il faut que les pièces s'insèrent dans leurs encoches sans forcer, que les parties mobiles pivotent de façon fluide, sans oublier que le bois est encore nu et qu'il faut réserver de l'espace pour les couches de vernis. Quand tout sera terminé, des pointes de colle solidifieront le vertical est-ouest, garant de l'équilibre global.
La
sphère est démontée, limée, poncée aux
points de frottement, puis remontée pour vérification, autant
de fois qu'il est nécessaire. Puis un secteur sur deux est peint en
foncé avec un pinceau fin, du vernis clair est appliqué sur
l'ensemble des pièces de la sphère au gros pinceau, en prenant
garde à ne pas en faire couler dans les encoches ni sur les tranches
internes ou externes correspondant aux zones de frottement des parties mobiles.
Après séchage de la première couche, il faut poncer légèrement
les "poils" du bois qui se sont redresser au papier de verre à
grain fin pour lisser les surfaces.
Fernand
distribue les feuilles de papier transparent sur lesquelles adhèrent
les chiffres et les lettres que nous détachons en frottant au crayon
sur l'envers. C'est un travail minutieux, et nous nous reportons souvent aux
modèles pour ne pas nous tromper de sens. Une fois toutes les graduations
et les libellés transférés sur nos armilles, nous les
fixons en appliquant du vernis transparent sur toutes les faces (toujours
en prenant garde à ne pas déborder)
-
malgré tout, après séchage, il faudra encore limer et
poncer les tranches ou encoches qui frottent ou se sont bouchées. Les
sphères armillaires se dressent les unes après les autres sur
les tables.
Afin de leur donner une meilleure assise, nous décidons au dernier moment d'utiliser une chute en forme de disque que nous décorons, peignons et vernissons avant de la fixer à l'aide de petites vis à tête plate sous les pieds croisés des verticaux. Il est tard : cela fait cinq jours pleins que nous travaillons et nous voulons tout terminer avant de ramener notre chef-d'oeuvre à la maison. Elles sont enfin prêtes : qu'elles sont belles !
QUELQUES UTILISATIONS DE LA SPHERE ARMILLAIRE
Pour
comprendre les utilisations possibles de la sphère armillaire, il faut
assimiler quelques connaissances de base en astronomie, être capable
de s'imaginer sur la petite Terre placée au centre du Monde, assister
à une (ou plusieurs) démonstration de quelques manipulations
de base, puis pratiquer soi-même assidûment en s'aidant de la
documentation fournie durant le stage et approfondir ultérieurement.
Voici résumés ci-dessous très brièvement des rudiments d'utilisation de la sphère armillaire :
Avant
toute chose il faut :
- axer la Terre sur la latitude du lieu (43°30' pour Anglet)
- placer la gommette représentant le Soleil à la date sur l'écliptique
- amener le Soleil sous les méridiens et régler le cercle de l'heure locale à 12 heures, face au Soleil
Le
soleil
Il est possible de lire :
1) l'heure du lever et du coucher en un lieu et à une date donnés (valeur en heures solaires) ;
2) les coordonnées du Soleil, soit d'une part son ascension droite sur l'équateur, face à 12 heures du cercle de l'heure locale, et d'autre part sa déclinaison face à l'axe de l'écliptique, sur le méridien céleste, et enfin sa hauteur au-dessus de l'horizon, à midi, sur le méridien local ;
3)
la durée d'ensoleillement d'une façade : le côté
nord du vertical est-ouest peut être assimilé à une façade
orientée plein nord et le côté sud à une façade
orientée plein sud ; de même, le côté est du vertical
nord-sud peut être assimilé à une façade orientée
à l'est, et celui de l'ouest, à une façade orientée
à l'ouest.
On
positionne les gommettes représentant les planètes sur l'écliptique,
face aux ascensions droites données par les éphémérides.
Le Soleil étant placé à la date désirée
et le disque de l'heure locale réglé (12 heures face au Soleil),
on peut lire les heures des levers, couchers et passages au méridien
des différentes planètes.
Parmi les étoiles brillantes, seule b du Cocher (Menkalinan) peut être positionnée sur un colure (5 h 59 mn 44° 57'). Pour les autres, on pourra connaître l'heure du passage au méridien et leur hauteur au-dessus de l'horizon à ce moment-là, pour une date donnée. Pour cela, après avoir positionné le Soleil sur l'écliptique et le disque de l'heure locale face au Soleil, on amène l'ascension droite de l'étoile (sur l'équateur céleste) au méridien et face à la déclinaison, relevée sur le méridien céleste ; on lit la hauteur au-dessus de l'horizon sur le méridien local.
On peut la lire sur le disque des ascensions droites.
Direction
de la Terre dans l'espace par rapport au Soleil
Orienter la sphère nord-sud (ses méridiens sous celui du lieu) ;
Après mise à la date et à l'heure, soustraire 6 heures à l'ascension droite du Soleil.
Mettre
la sphère à la date de la naissance de l'individu (jour, mois,
midi sous le méridien) ;
Amener l'heure de la naissance sous le méridien
Sur l'horizon est, noter la constellation qui se lève.
Les sphères armillaires sont terminées !!!
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