-Puisqu'on avait acheté son silence, Blaise s'évertua à ne pas comprendre la signification de l'évènement auquel il avait participé. Mais il avait mauvaise conscience et il fut consterné d'apprendre, bien des mois plus tard, que les grands dignitaires du Temple avaient été brûlés à Paris, sur le bûcher des hérétiques.
-Blaise essaya de se rédimer de ce qu'il considérait maintenant comme sa participation aux crimes dont les Templiers avaient été les victimes. Il vint en aide à quelques uns de la commanderie de Sauveterre, ou Roquemaure, qui, ayant pu échapper aux poursuites, s'étaient cachés dans une grotte-refuge aménagée au-dessus du village de Sauveterre, où on peut encore la voir et y lire de nombreux graffitis. Les moines soldats y vécurent jusqu'à leur mort, refusant de retourner dans le monde, alors même que la traque au Templiers avait cessé depuis longtemps.
-On suppose qu'une fois la tourmente achevée, Blaise soulagea sa conscience en rapportant on ne sait à qui, ce qu'il avait fait en cette nuit de la fin novembre 1313, puisque ce récit, peut-être déformé ou enjolivé, est parvenu jusqu'à nous. Sans doute se confia-t-il à quelqu'un de sa famille. Ce qui nous ramène quelque peu à l'aventure vécue par David, le fermier de la Meynargue. Un ex-voto placé dans l'église Notre Dame de Rochefort rappelle comment les occupants de la Seigneurette réussirent à s'en échapper quand une violente crue du Rhône emporta ses bâtiments. Elle fut reconstruite et le quai de son moulin servit longtemps aux gabares à fond plat qui venaient chercher les pierres de taille extraites de la colline.
-Je vois encore une fois que l'aspect légendaire de ces événements ne vous satisfait pas. Vous pensez qu'un tel récit n'a pas pu se transmettre oralement pendant sept siècles. Eh bien, je vous engage à parcourir le chemin emprunté jadis par le convoi du meunier, me dit Monsieur C. Ensuite, vous pourrez vous faire de tout cela une opinion plus juste.
Il ne reste plus grand-chose du chemin abandonné qui grimpait jadis dans la combe de la Caramude, du nom d'une antique tour sarrasine bâtie à son faite. Mais on peut encore la gravir et suivre l'itinéraire emprunté par Blaise jusqu'à la ferme de Saint Vérédème jouxtant, une vieille chapelle du même nom, que la commune de Pujaut a entrepris de sauver de la ruine.Cette construction datée du VIIIème au XIème siècle en valait la peine. Son terrain, côté nord, comportait un cimetière abandonné dont on ne devine plus la trace. Mais en creusant...peut-être. Il en est d'autres qui trouvent des objets en passant leur détecteur sur d'anciens cimetières médiévaux abandonnés.
Quand je la visitai, on pouvait encore voir que cette chapelle, active jusqu'à la Révolution, avait été pillée et fouillée de fond en comble, que le sol de terre battue (le dallage ayant été enlevée), avait été creusé profondément, sans doute pour y rechercher quelque butin précieux. Et la croix de Saint-André qui orne, gravée dans la clef de voûte, le portique de la ferme attenante, atteste bien que ces lieux appartinrent à l'Abbaye de Villeneuve. Depuis, cette ferme a été parfaitement restaurée et transformée en une confortable habitation.
château de l'Aiguillon ; ancien relai de Poste totalement restauré ; Refuge effondré des Templiers avec son pilier central ; croix des Templiers
Mais plus rien ne laisse imaginer que ce lieu retiré avait connu jadis la plus grande animation : l'importante chaussée du royaume de France qui passait par là et que Saint Louis emprunta pour aller s'embarquer à Aigues Mortes, n'est plus qu'un chemin de terre envahi de ronces et d'herbes folles. Quant à la ferme de Saint André, jadis gîte et refuge pour les gens d'église en voyage et pour les pélerins de Saint Jacques de Compostelle, elle se replia sur elle-même.
Nota : Depuis, l"endroit est devenu moins sauvage, plus "civilisé". On y a construit de nombreuses maisons, le chemin est en partie goudronné, et dans les alentours, la vigne remplace de plus en plus la garrigue.
On voit encore en ces lieux un très ancien et beau relais de poste restauré et transformé en une belle habitation, ainsi que la tour d'Aiguillon, ultime vestige d'un puissant château fort démantelé par ordre de Richelieu et devenu aujourd'hui une cave à vin. Un souterrain qui a son entrée dans le puits de la cour, débouche dans une combe dite "combe d'enfer", à quelques centaines de mètres. Il est paraît-il, en partie effondré.
chemin de la combe d'enfer
Mais ces vestiges du passé ne révèlent rien sur la destination prise par les vingt-quatre coffres portant la croix du Temple. Ont-ils disparus dans le sous-sol avoisinant ou bien la ferme de Saint Vérédème ne fut-elle qu'une étape de leur voyage ? Cette dernière hypothèse paraît la plus vraisemblable. Et Roquemaure, ou ses environs, auraient été l'ultime réceptacle des richesses templières. La question n'est pas résolue. Mais il est par contre certain que Clément V a subtilisé les riches trésors des Commanderies du Temple (y compris celle de Paris) au détriment de Philippe le Bel. Il est non moins certain qu'il a voulu emporter ces richesses avec lui pour son dernier voyage vers sa terre natale et il est prouvé qu'elles n'y sont jamais parvenues.
Le lierre qui couvrait depuis des lustres les murs de la chapelle Saint Vérédème a été en partie arraché il y a une quarantaine d'années (bien avant sa restauration), pour mettre au jour des inscriptions formant sans doute un message resté indéchiffrable. Peut-être serait-il plus compréhensible si la pierre ôtée qui portait la croix templière et d'autres signes, pouvait être retrouvée, (ce n'est pas pour rien qu'elle a été enlevée). Mais on ne sait pas ce qu'elle est devenue. Il est en tout cas certain que ceux qui ont révélé ces graffitis en connaissaient l'existence sous le lierre quasi séculaire.
Quant à savoir pourquoi cette modeste ruine a toujours suscité l'intérêt et attiré des visiteurs venant de loin, comme Robert Charroux, grand chercheur de trésors, de révélations et de "vérité", c'est un vrai mystère. On se demande comment tant de personnes, de France et d'ailleurs, pouvaient connaître l'existence de ce petit édifice religieux situé loin de tout et qui ne renferme aucun secret, hormis une suite de dessins apparemment dépourvus de sens.
Il n'est pas possible d'établir un lien entre l'ordre du Temple, la chapelle et la ferme bénédictine sans être informé de la nature ce lien. J'avais appris qu'il existait et que j'allais le découvrir un peu plus loin, dans la grotte-refuge où les Templiers de Sauveterre (ou de Roquemaure, on ne sait trop), étaient venus abriter leurs vies menacées. Malgré les indications précises de Monsieur C., je dus marcher et chercher longtemps parmi les buissons serrés qui recouvraient les lieux, avant de trouver cette cache si parfaitement dissimulée que l'on pouvait passer tout à côté d'elle, et même marcher sur elle, sans la deviner.
Chapelle Saint Vérédème bien restaurée ; Vue du haut de Sauveterre. Le Rhône et le Ventoux
C'est une construction solide et soignée, un véritable abri souterrain conçu pour défier le temps, avec son toit en voûte clavée, sa cheminée d'angle et son pilier central de soutènement, le tout parfaitement intégré à la nature environnante. De cet abri à peu près indécelable, les réfugiés avaient une vue imprenable sur toute la plaine du Rhône autour de Roquemaure, sur les vastes méandres du fleuve et, à perte de vue, au-delà du Ventoux solitaire, sur les lointaines hauteurs des Alpes enneigées.
Je fus récompensé de mes efforts quand je vis, gravée sur le pilier central, une belle croix templière d'un graphisme ancien, témoignant de la présence effective en ces lieux des moines soldats à l'époque de leur persécution. Ces Templiers savaient-ils que leur refuge était proche des lieux où le trésor de leur Ordre avait sans doute été provisoirement dissimulé par le pape félon Clément V ? Et avaient-ils choisi de s'y établir justement pour surveiller ces lieux ? Rien n'est impossible.
Les Templiers n'avaient pas coutume de galvauder, en la gravant partout, la croix symbole de leur Ordre. Les exemplaires connus n'abondent pas. Et ils prennent toujours, là où on les trouve, une signification particulière. Ce doit être le cas pour la grotte de Sauveterre (on m'a déconseillé d'en révéler l'emplacement…mais qu'importe !), où d'autres signes sont visibles mais peu lisibles. Un mot surmonté d'une flèche, le tout très anciennement gravé, semble engager le visiteur dans la direction désignée. S'il le fait, après avoir parcouru quelques centaines de mètres, il retrouvera le même mot surmonté de la même flèche, gravés sur un bloc de pierre tendre. Mais la piste s'arrête là. A moins que des indications identiques aient été effacées pour empêcher les curieux de parvenir au but. Un but qui pourrait être un dépôt précieux…Un dépôt précieux qui pourrait être…Mais il ne faut pas laisser l'imagination s'égarer. Sans rien en extrapoler, on peut observer que les bourgs de Villeneuve, de Pujaut et de Roquemaure sont presque alignés et que l'alignement est exact à partir d'un point médian à déterminer, entre Les Angles et Villeneuve
Des dates, gravées selon une écriture particulière sur le pilier central, indiquent que ce lieu a reçu plusieurs fois, depuis des siècles, à des intervalles de temps réguliers, la visite de religieux qui en connaissaient l'existence et qui ont cru bon d'y signaler leur passage. On ne sait pas pourquoi. Mais il y a certainement à cela une explication. On ne vient pas ici par hasard. Le procédé s'apparente à la ronde du veilleur de nuit qui pointe à des "mouchards". Les visiteurs ne venaient pas en ce lieu à la recherche de quelque chose, mais pour s'assurer que la grotte contenait toujours certains indices précieux placés là à des fins connues d'eux seuls. Il n'est sans doute pas nécessaire de s'éloigner beaucoup de la cachette des Templiers de Pujaut et de Sauveterre, pour, peut-être, découvrir d'autres indices de ce que l'on a dissimulé dans ses parages.
Je suis resté longtemps sans aller revoir ces lieux. Depuis, la voûte de ce refuge a été presque complètement effondrée, sans doute volontairement, car on conçoit mal qu'elle ait pu résister au temps durant six siècles et s'écrouler en quelques années. Seul le pilier central est resté debout, peut-être parce qu'il comporte des signes gravés qui ne doivent pas disparaître, mais qui sont maintenant en partie effacés.
Ainsi, de tout ce que Mr Canonge avait bien voulu me montrer, la presque totalité a disparu en une vingtaine d'années.
Ruines du château de Roquemaure
En partance pour la Guyenne, le pape voulut s'arrêter, (on sait pourquoi), dans la puissante citadelle du château de Roquemaure, où il arriva le 9 avril 1314. La chronique précise que les deux neveux déjà cités de Clément V veillèrent pieusement leur oncle dont l'état s'était brusquement aggravé et qui se trouvait maintenant à l'agonie. Mais dès qu'il fut mort, il y eut une querelle où chacun ameuta ses hommes d'armes et ils se ruèrent les uns contre les autres dans un affrontement sanglant où beaucoup périrent. Il s'agissait pour les neveux, à défaut d'un accord de partage, de s'emparer chacun pour soi du magot de Clément V, dissimulé quelque part en attendant de suivre la dépouille du défunt pape jusqu'à sa Guyenne natale où il désirait reposer. (Par un codicille ajouté à son testament le 19 avril, veille de sa mort, le pontife léguait sa fortune à son seul neveu Bertrand de Got...d'où la fureur des autres, car ils s'étaient d'abord entendus pour s'emparer du trésor de leur oncle. Pendant qu'ils se battaient, les serviteurs pillèrent tout ce qu'ils purent). Mais les rivaux se neutralisèrent dans l'affrontement, si bien que le trésor resta dans sa cache où l'on peut croire qu'il est encore, car ces énormes richesses ne profitèrent à personne dans la parenté de Clément V. Ce fait intrigua les historiens qui recherchèrent sans succés, dans les archives de cette famille, la trace d'une telle fortune. Par ailleurs, Jean XXII sucesseur de Clément V, revendiqua et fit rechercher en vain ce pactole comme devant lui revenir. On peut le comprendre : Clément V n'avait laissé que soixante dix mille florins dans les caisses du trésor pontifical. Autant dire rien.
écu d'or ; florin pontifical
L'acharnement mis par les sbires des cardinaux du conclave (avant l'élection du nouveau pape qui intervint quatre mois plus tard), puis par ceux de Jean XXII et ceux du roi de France, à retrouver le trésor de Clément V, leur activité soutenue et leur surveillance incessante, empêchèrent ceux qui en connaissaient la cachette de le faire sortir pour l'acheminer vers la lointaine Guyenne. Le risque de se voir déposséder du magot et de se faire massacrer, était énorme. Roquemaure se trouvant à la fois en terre du royaume et très proche d'Avignon, tous les agents du roi et du pape étaient sur le pied de guerre. Aussi, le convoi n'aurait-il pas pu essayer de traverser la France d'est en ouest sans être aussitôt repéré, attaqué et pillé. Longtemps, les successeurs de Jean XXII, comme ceux de Philippe le Bel, s'acharnèrent eux aussi à retrouver la colossale fortune de Clément V.
Si bien que, dans l'attente d'une improbable occasion pour évacuer ce monceau d'or, les années passèrent sur les événements de 1314, dont les protagonistes et ceux qui leur succédèrent disparurent les uns après les autres. Il n'est donc pas impossible que le fabuleux trésor de Clément V, qui fut celui des Templiers, soit resté caché près de Pujaut-Roquemaure, là où ce pape l'avait fait mettre dans l'attente de son dernier voyage. Quoi qu'il en soit, la plupart des historiens s'accordent à penser que le trésor monétaire des Templiers, capté par Clément V, n'a jamais été retrouvé (D'où certains extrapolent qu'il n'a pas existé. Or, on sait de source sûre que le trésor initial du pape s'élevait à un million de florins d'or accrus de deux fois deux cent cinquante mille florins prêtés, pour les premiers au roi de France et pour les seconds, au roi d'Angleterre, lesquels, après de longues tractations, venaient de les lui restituer). Quant à Clément V, devenu pape, il avait trouvé les finances pontificales complètement à sec, le peu qui en restait n'ayant pas quitté Rome. Et ce n'est pas en 9 ans de règne qu'il aurait pu se constituer, par des moyens ordinaires, un énorme trésor d'un million et demi de florins d'or.
Nota : A titre indicatif, en 1360, le Traité de Brétigny rend la liberté au roi de France Jean le Bon, fait prisonnier par les Anglais à Poitiers, contre une rançon colossale de 3 millions d'écus d'or, ce qui équivaut à un peu moins de 3 millions de florins d'or.
forteresse de Blanquefort
Certes, le "neveu" du pape, Bertrand de Got, vicomte de Lomagne, fut un très riche et très puissant seigneur. Mais il le dut uniquement aux vastes seigneuries, terres et domaines qu'il hérita de son oncle, les vicomtés de Lomagne et d'Auvillars, les seigneuries, terres et châteaux de Blanquefort, Duras, Monségur, Puyguilhem, et particulièrement, celui de Villandraut que Clément V avait fait contruire, mais dont il ne vit pas l'achèvement et où il ne résida pas. Le vicomte de Lomagne ne laissa qu'une fille qui devint sa légataire universelle et épousa le comte d'Armagnac. Les possessions de Clément V passèrent ensuite aux mains de la famille Durfort qui, ayant pris le parti des Anglais, dut en subir les conséquences ; car si, plus tard, elle rentra en grâce auprès de Louis XI, elle ne récupéra pas toute sa vaste fortune ni le château papal de Villandraut qui, après être tombé aux mains des Huguenots, passa d'un possesseur à un autre, fut en partie démantelé et finit ruiné. De nos jours, il est la propriété de la famille de Sabran-Pontevès qui s'efforce, peu ou prou, de le sauver de la ruine totale.
château papal de Villandraut ; château de Duras
Nota :
Au cours de l'âpre bataille au château de Roquemaure, un candelabre se renversa sur le catafalque du défunt. Personne n'y prêta attention et le corps du Pape se consuma de moitié. Ainsi, post-mortem, il connut en partie le sort infligé à ses victimes, les dignitaires du Temple.
Il était dit que même mort, Clément V ne connaîtrait pas le repos. Il fut inhumé, en août 1359, dans la collégiale d'Uzeste. En 1577, les Huguenots pillèrent, profanèrent et détruisirent son tombeau. Ils brûlèrent les restes du pape dans ses ornements pontificaux (il subit ainsi complètement, par delà la mort, le sort des dignitaires du Temples), et ils s'acharnèrent sur son gisant dont ils mutilèrent le visage. On comprend pourquoi les Chartreux de Villeneuve cachèrent à cette époque la dépouille d'Innocent VI, leur pape fondateur.
gisant de Clement V
Ce qui restait de son tombeau fut restauré et son épitaphe peut encore se lire :
Ici repose d'heureuse mémoire le seigneur Pape Clément V, fondateur des églises d'Uzeste et de Villandraut qui mourut à Roquemaure du diocèse de Nîmes, la neuvième année de son pontificat et qui fut porté en cette église de Notre-Dame le 27 août suivant, l'an du seigneur 1314 et enseveli le ? 1359. ( Il avait d'abord été provisoirement inhumé dans la crypte de l'église où il resta tout de même 45 ans).
Clement V
On retrouve sa statue dans le porche septentrional de la cathédrale de Bordeaux, au tympan de la double porte, entouré de six évêques. A la révolution les émeutiers lui firent sauter la tête. Elle a été remplacée par une figure d'emprunt qui n'est pas la sienne. Clément V avait fait faire son portrait par Giotto. Ce portrait s'est perdu, et c'est comme une malédiction qui pèserait sur l'image de ce pontife, interdite de postérité.
Clément V ne résida que peu de temps à Avignon dont le Palais des Papes fut commencé par son successeur Jean XXII. Etant à Avignon, il demeurait au couvent des Dominicains qui était fort beau. Mais il résida surtout à Monteux-Carpentras, puis au prieuré du Groseau, après Malaucène en montant au Ventoux, où il se fit construire une résidence agréable qu'il appelait "le jardin de mes délices".
Dante par Raphaël ; Pétrarque
Dante (1265-1321), l'amoureux platonique de Béatrice, n'aimait pas Clément V. Il le placera en son Enfer tout en le traitant de "pasteur sans principe, capable des oeuvres les plus basses", à cause de sa servilité face au roi de France. Quant à Pétrarque (1304-1374), le poète qui a chanté ses amours avec Laure de Noves (qui selon certains n'a pas existé), voici ce qu'il pense plus généralement d'Avignon au temps des papes : "C’est l’impie Babylone, l’enfer des vivants, la sentine des vices, l’égout de la terre. On n’y trouve ni foi, ni charité, ni religion, ni crainte de Dieu, ni pudeur, rien de vrai, rien de saint: quoique la résidence du souverain pontife en dût faire un sanctuaire et le fort de la religion […]. De toutes les villes que je connais, c’est la plus puante […]." Et s'agissant des cardinaux : " A la place des Apôtres qui allaient nu-pieds, on voit à présent des satrapes montés sur des chevaux couverts d’or, rongeant l’or et bientôt chaussés d’or, si Dieu ne réprime leur luxe insolent. On les prendrait pour des rois de Perse ou des Parthes qu’il faut adorer, et qu’on n’oserait aborder les mains vides." On comprend qu'avec une telle opinion de la cité papale et de ses habitants, Pétrarque ait choisi de résider le plus souvent possible dans son château de Fontaine de Vaucluse, au sein d'une nature à la beauté sauvage, où l'air était beaucoup plus respirable.
Nota : C' est sans doute à cause de l'insalubrité notoire de ses rues, véritables égoûts à ciel ouvert où les rats pullulaient dans les immondices, et de son air vicié par les miasmes de ses marécages, que la ville d' Avignon aurait payé à la Grande Peste Noire de 1348 le lourd tribu de 2/3 de morts (30 000 personnes ?) parmi sa population, alors que, dans le reste de l'Europe, la perte moyenne se serait élevée à 1/3 de la population.
sceau de Ionis ; matrice du sceau
Nota :
A force de recherches, certains ont fini par trouver quelques objets dont le plus intéressant (qui vaut beaucoup plus que son pesant d'or) est sans doute une très belle matrice de sceau du XIVème siècle, véritable oeuvre d'art quasiment intacte, ayant appartenu à un dignitaire de la cour pontificale d'Avignon et figurant Saint Jean ondoyant le Christ (visage usé), avec, en médaillon, le titulaire de la matrice, un religieux tonsuré, à genoux, un orant priant ou se signant. Le sceau, reproduit ci dessus, obtenu à partir de cette matrice, a été soumis à de nombreuses personnes dont certaines très qualifiées en sigilligraphie. Aucune à ce jour n'a été en mesure de déchiffrer intégralement l'inscription gravée dans la matrice où on peut toutefois lire : S( signum). IONIS (Johannis) D' BAUC (IUM?) SANCTI PALATIS ou SACRI PALATII AVINIONIS (en abrégé) et sa fonction, elle aussi en abrégé, commençant peut-être par RECTECL ? (Recteur éclésiastique ? ou Recteur consilii ?). Ce personnage n'est connu ni des historiens du Palais des Papes d'Avignon ni des spécialistes du Louvre. Le contre-sceau n'a pas été retrouvé.
Une autre matrice de sceau, plus petite, a été aussi trouvée. Elle est de la même époque et appartenait à un personnage, sans doute originaire du Languedoc ou du Roussillon, du nom d'Almeric (ou plutôt Aymeric), assez usité à l'époque, avec, en son centre, un lion ou un léopard hissant (tête usée). Le reste de l'inscription est encore à déchiffrer. Mais la croix patée, à l'opposé du "
M" d'Aymeric écrit comme l'omega grec, peut faire penser à un Templier d'un certain rang et de famille noble.
sceau d'Almeric
...Un ingénieur des Mines qui avait porte ouverte chez la plus ancienne famille noble du pays d'Uzès, jadis important duché de France, après avoir été une vicomté dont on retrouve la trace dès avant l'an 800, rechercha longtemps, sans le trouver, le trésor des Templiers autour de Roquemaure...Ce n'était sûrement pas sans raison. Peut-être connaissait-il la grotte des Templiers de Sauveterre et a-t-il pu y découvrir des indications intéressantes venant compléter ce qu'il savait déjà et accroître ses certitudes. Au moins a-t-il pu y lire, gravé dans la pierre, usé par le temps, le nom de Blaise, le meunier. Si bien qu'en ce lieu, on peut imaginer que la Légende et l'Histoire se rejoignent.