Le mystérieux assassinat de Suzanne Furimond






Trafic d'or



Le samedi suivant, 6 mars 1948, dans la soirée, vers 18 heures 30, Suzanne Furimond rejoint Elian au cercle de jeu, place Clémenceau, pour se faire remettre l'argent de la vente des pièces d'or conclue le samedi précédant. Il l'invite à souper chez lui et lui remet 771 000 francs, n'ayant pas pu acheter pour elle des pièces à moindre cours. D'après le neveu d'Elian, la disparue serait revenue chez lui le jeudi 11 mars, vers 16 heures 30 pour lui apporter des œufs. Il a appris cette visite à 21 heures, en rentrant chez lui. Il n'a pas revue Suzanne Furimond ce jour-là, ni plus jamais par la suite.

Il dit que chaque fois qu'il se rendait chez elle, rue Saint-Lazare, il était seul ou accompagné de sa femme. Il ignore les relations de cette dame en ce qui concerne ses spéculations sur les pièces d'or. Il considère que c'est une femme très renfermée, cupide, dure en affaires. Il ignore si elle a traité une affaire d'or avec monsieur Malachian.

Lundi 28 mars 1948, déclarations de monsieur Malachian, 50 ans, bijoutier à Avignon, 21, rue Thiers.

Il a connu Suzanne Furimond aux fiançailles de sa fille avec Jean Daude, le neveu de la disparue, devenu son gendre. Les jeunes gens se sont mariés en juillet 1946. Durant la noce, la disparue était sa cavalière. Depuis, ils ont entretenu de bonnes relations.

Il y a trois mois, madame Furimond a commencé à vendre son matériel, deux camions et des remorques, il ignore pourquoi. Il sait qu'elle a eu un enfant, une fille âgée de neuf mois dont il ne sait pas qui est le père. Cette dame venait chaque semaine de Mazan à Avignon pour régler ses affaires dont il ne sait pas ce qu'elles étaient. Il ne sait rien non plus sur la vie privée de Suzanne Furimond. Il ignore si elle avait actuellement un ami. Lui-même n'a pas eu de relation intime avec elle. Il suppose qu'elle possédait des pièces d'or. Il y a trois mois, elle lui a rendu visite chez lui, au magasin, pour lui demander si les pièces d'or turques dites "livres" avaient la même valeur que les pièces françaises. Elle lui montra une de ces pièces et lui demanda de la peser. La pièce turque était plus lourde de 7 grammes, mais moins facile à négocier. Il le lui a dit.

Elle lui montra ensuite une pièce d'or étrangère, grosse à peu près comme une vingt dollars, mais bien moins lourde et lui demanda si cette pièce valait une 20 dollars. Il lui répondit que non. Durant cette visite, elle ne lui demanda pas s'il voulait acheter ou vendre des pièces. Il ne sait pas si les pièces d'or qu'elle lui a montrées étaient des échantillons.

Il vit Suzanne Furimond pour la dernière fois le jeudi 11 mars 1948. Elle passait à bicyclette (il ne précise pas l'heure) et s'arrêta devant le magasin pour lui demander le cours des pièces d'or. Il lui répondit qu'elle n'avait qu'à acheter le journal pour le savoir. Elle ne répliqua rien à cela mais manifesta l'intention de monter dans ses appartements. Il lui répondit que sa femme était absente, sur quoi elle n'insista pas et s'en alla. Il ne sait pas si ce jour-là elle avait des pièces sur elle. Il ne connaît pas les personnes avec lesquelles elle pratiquait ses transactions monétaires.