Canicule de cheval – Le banc devant l'Angélus. 2009

Canicule est le dernier film que j'aie tourné en 35mm -pas tout-à-fait, j'ai fait encore quelques jours de 2è caméra en tant qu'assistant de Jean-François Robin sur La Fille du puisatier. Il a été étalonné en numérique, condition à laquelle le laboratoire Eclair acceptait de nous aider.

Je n'étais pas tellement pour -à ce moment-là en tout cas je trouve qu'on perdait quelque chose dans les couleurs et dans les noirs.

Mais je me souviens avoir été frappé par la qualité du matériel : pour la première fois on étalonnait en direct sur un écran de projection, et il n'y avait pas plus de différence entre ce qu'on voyait projeté, soit la simulation de l'image finale, et cette image projetée sur film 35mm après kinescopage, qu'entre deux projections dans deux salles différentes du même film 35mm.

Je me souviens aussi qu'on avait eu un accident, une bobine de pellicule 500 iso tungstène avait été chargée en lieu et place d'une 50 ISO jour. Evidemment on ne s'en était rendu compte qu'après développement et la bobine était surexposée de 3 diaphragmes et 1/3, plus une bascule de couleurs. Pour un étalonnage argentique traditionnel, la scène était à jeter à la poubelle.

Mais en numérique il était possible de rattraper bien des choses, et franchement, si on le savait, on pouvait déceler un peu de vert granuleux dans les ombres, un certain manque de nuances dans les nuages, mais si on ne le savait pas, on suivait l'histoire sans le remarquer.

Sur ce film je remplaçais au dernier moment Lucas Bernard, qui avait aussi écrit le scénario, pratique peu courante pour un opérateur. Il n'y avait que des extérieurs et du jour, énormément de décors différents, et donc finalement très peu de lumière, quelques réflecteurs et diffuseurs seulement. Fanny -Stéphanie, la réalisatrice- réglait beaucoup des cadres, elle avait des idées très précises en général et savait aussi comment les obtenir.

Par filtrage j'ai pu jouer sur les couleurs et faire évoluer les teintes des images au fur et à mesure que les personnages avancent vers la mer et le soir.