Le déjeuner sur l'herbe - jpg 43 k.
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Le public et la critique ne remarquent pratiquement pas l'outrance de la technique picturale de Manet. Ce qui les choque c'est cette femme, nue, le regard déluré tourné vers le spectateur, et, surtout, assise parmi des hommes habillés de vêtements modernes en train de discuter comme si rien n'était anormal dans la scène dont ils font partie. Si au moins il y avait une allusion à la mythologie. En plus ce ne sont pas des visages impersonnels et emphatiques de la peinture pompiste mais des gens tout à fait reconnaissables: le frère du peintre, Gustave, son amie, la bien célèbre Victorine Meurent et le sculpteur Ferdinand Leenhoff.
Le déjeuner sur l'herbe (Le Bain), 1863
Avec les salons et la démocratisation du public au XIXe siècle, nous avons l'apparition du phénomène du scandale artistique. A la différence des œuvres "libertines" des siècles précédents, la plupart exécutées sur la commande d'un mécène et pour son usage personnel, les toiles "osés" du XIXe siècle, par la force des choses, étant exposés au grand public courraient un risque dont une
Venus d'Urbin de Titien était épargnée. Imaginons l'effet qu'une Origine du Monde, 1866 de Courbet, aurait pu provoquer si son commanditaire, un ambassadeur turc, avait une autre idée que de le garder chez lui pour satisfaire ses fantaisies.