Le difficile choix...  
   

Il y a longtemps de cela, on prenait une photo, on avait un Jpg tout fini qui sortait du truc metallique noir.
Evidemment, on ne pouvait pas grand chose à la qualité du tirage "automatique" mais au moins, on pouvait passer à autre chose, regarder la TV ou repartir faire d'autres photos.

Aujourd'hui, il parait évident qu'au niveau de sophistication des capteurs et des appareils pro, on ne pourrait décemment imaginer se contenter d'une photo Jpg brute avec toutes les possibilités d'optimitisation permises par les RAW bruts de capteurs en 12 ou 14 bits.
Qui plus est, le processus de dérawtisation à l'oeuvre dans un reflex numérique est dépendant du temps et de la puissance du processeur embarqué, autant dire qu'entre un Pentium Quatre coeurs et 1 minute de traitement et un Jpg du DX2 en 5 secondes, il doit bien y avoir une différence de qualité.

Attention, on parle bien de la qualité au zoom 100%, l'équivalent de la loupe à l'époque des imprimeurs et des diapos sur la table lumineuse. Donc, pour tous ceux qui font tirer leur photos en 11x15 ou qui n'ont jamais voulu faire de la retouche photo, inutile de lire ce qui va suivre, le Jpg est votre voie, n'en changez pas sous peine de nuits blanches.

Car quand l'on commence à inspecter les photos au pixel près, en espérant un jour la tirer en petite affiche, on voit vite les différences de qualité entre le Jpg brut et le RAW même brut de réglage. La seule netteté ou la manière dont les détails sont rendus est réellement différente. Et c'est pour l'instant normal. On se doute bien qu'un jour, les ordinateurs contenu dans le Reflex seront hyper-spécialisés et hyper performants, mais ce jour là, les PC le seront encore plus...

Bref, pour ceux qui n'aiment pas finir une photo en se disant qu'elle aurait pu mieux rendre en grand format ou au moment d'un recadrage en multimédia, il n'y a qu'une solution, shooter en RAW.

On ne parle pas des autres avantages, la récupération des couleurs sans balances des blancs préalables, la récupération des zones brûlées ou des ombres sur 14 bits, non, uniquement de l'aspect des détails, rendus avec plus de précision et de douceur en RAW sur la plupart des appareils.

C'est là que les problèmes commencent. Techniquement, on se dit que la meilleure solution, c'est le logiciel propriétaire, Canon DPP pour mon G10, et Nikon NX 2 (qui a le mauvais goût d'être payant) pour le D2x.

Seulement, après 15 jours d'utilisation, il faut bien se rendre à l'évidence, ce sont des logiciels un peu moins écrits que leurs concurrents "informatique", beaucoup de bugs, une interface lourde ou idiote, et aucune astuce particulière pour les traitements batchs sur de gros volumes. Sans parler du fait que pour NX par exemple, il n'y a aucun kit d'optimisation des optiques Nikkor. On doit tout faire à la main, alors que les ingénieurs Nikon doivent bien être au courant des défauts de leurs optiques avant ceux de DXO ?

Bref, pour un usage un peu intensif ou une interface plus productive, j'ai commencé à douter des logiciels propriétaires et cherché des solutions sur le net. Surtout quand j'ai vu que DXO faisait une promotion jusqu'au 31 décembre 2009 sur la nouvelle version 6 qui permettait enfin de corriger manuellement les optiques qui n'étaient pas encore (ne seront jamais ?) référencées.

Par contre, il faudra me croire sur parole, je n'ai pas eu le temps de faire une capture écran des résultats, mais tout le monde peut en faire autant, tous les logiciels sont téléchargeables.

Par contre, comme tout idéologue qui se respecte, j'ai évité comme la peste trois logiciels :
Adobe Camera Raw, vu que depuis que j'ai quitté l'infographie, hors de question que je retouche à cette usine à gaz de Photoshop CS (c'est sans aucun doute le meilleur logiciel de retouche mais je ne supporte pas l'absence totale de logique dans l'interface et ses outils, surtout pour des options complexes).

Ni même à Lightroom du même éditeur. Que je déteste pour avoir livré des Photoshop sur PC très mal écrit pendant longtemps avant de tout d'un coup comprendre que les graphistes sur Mac étaient finalement totalement minoritaires en terme de part de marché.

PS : Néanmoins, j'ai vérifié et il est vrai que c'est sans doute le meilleur pour sortir de bons Jpeg des NEF Nikon, les couleurs sont pas mal, les détails sont moins farfelus, et le bruit (sur le D700 par exemple) est un poil mieux géré que sur NX. Mais dans l'ensemble, ce n'est pas assez homogène.

Et bien sûr Aperture, puisqu'il vient d'un éditeur que je haïs souverainement, pour le mal qu'il a fait aux graphistes sur PC en intoxiquant des milliers de créateurs pour qu'ils imaginent que leurs images étaient meilleures sur Mac, tandis que le développement graphique était totalement à la ramasse sur PC, hors image de synthèse évidemment, où la puissance des PC à architecture Cisc montraient "scientifiquement" qui étaient les maîtres de la puissance de calcul. Non, ce n'étaient pas les Mac contrairement à la légende urbaine coranique de l'époque.

Mais bon, comme je suis de bonne composition, j'ai quand même lu et regardé les résultats de ces logiciels pour savoir. Et je n'ai pas été vraiment convaincu. La qualité est clairement en dessous des logiciels dédiés, et le flux de travail dépend pour chacun de philosophies à priori contraignante chacune à leurs manières. Et surtout, c'est vraiment pas donné pour un truc qui ne fait même pas la retouche précise !
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   ... du développeur RAW  
    J'ai alors choisi d'essayer les logiciels suivants par ordre de préférence :

Il est toujours délicat de prendre en main un nouveau logiciel (en dehors de la bureautique où tout se ressemble). On dirait parfois que le seul intérêt des programmeurs dans le domaine multimédia est de dérouter l'utilisateur d'un autre logiciel. A moins que la créativité refoulée d'un matheux soit de sortir une interface plus originale ou belle que son concurrent.
Bref, c'est une horreur, en dehors de la logique qui est totalement différente d'un soft à l'autre, les emplacements des palettes est encore plus chaotique. Sans parler des appelations sans réelle universalité. Vivement qu'une bonne crise fasse le ménage pour qu'une saine concentration des ingénieurs se remette au travail sur la seule problématique du logiciel, la qualité du dématriçage. Car c'est bien le seul problème de base sur lequel tout le monde devrait se mettre d'accord !

On a un sujet X, on shoote avec un appareil Y, et on compare le résultat avec un RAW Z.

Quand on voit les résultats de tous ces logiciels, il est clair que ce ne doit pas être aussi simple...

On va commencer par le DPP de Canon avec les images du G10. Tout est assez simple, pour ne pas dire simpliste, et évidemment, dans le plus pur dogme du dernier arrivé dernier servi, la correction de l'optique ne fonctionne qu'avec le G11 et pas le G10. Super. Et donc évidemment, il n'y a aucun réglage manuel pour corriger ce zoom fatigant, distortion visible de près à 28, aberration chromatique musclée toujours à 28, et quelques petits problèmes aux autres focales. Sous DPP, vous n'y pourrez rien. Ensuite, viennent les paramètres RAW, là encore, quelques curseurs, quelques courbes, très peu d'options. Des redites non expliquées, et finalement un processus qui va vite, vu qu'on n'a pas beaucoup de choix. Le traitement du bruit est aussi nul que sur le Jpg, quelques soient les paramètres, effet aquarelle ou bruit ultra-présent, il faut choisir.
Par contre, on récupère une finesse de détail propre au capteur 14,5 Mp, et des couleurs un peu chatoyante, à défaut d'êtres pétantes.
Aucune option, ça résume à "c'est facile de s'y retrouver" et donc c'est rapide. Il y a juste un outil tampon qui permet de corriger les pixels deffectueux qu'on peut enregistrer pour les corriger à chaque fois.
Il y a un batch pour les enregistrer en TIFF Exifs, et roulez jeunesse sur un répertoire entier.
Evidemment, ça prend son temps et les fichiers dépassent 70Mo avant le passage à Photoshop ou dans mon cas Nikon NX.
Bref circulez il n'y a rien à voir, c'est gratuit, il y a une raison.

Ensuite, Nikon NX. Là, tout ou presque y est. Sauf l'ergonomie, même si le clavier est un peu mieux pris en compte, le pilotage de cette interface est une catastrophe, qui donne du fil à retordre à Vista puisque j'ai déjà planté le logiciel plusieurs fois. Par contre il est plus rapide que la version 1 (à processeur égal), a enfin un outil tampon (hélas sans aucune précision digne de ce nom pour de la retouche), et permet plus facilement la correction optique manuelle. Pour le reste, la qualité d'image n'y gagne pas grand chose, hormis quelques bugs de rendu qui ont enfin disparus, mais comme c'est le seul logiciel avec lequel je récupère mes couleurs rêvées, je suis obligé de le garder.

DXO maintenant. La version 6 était alléchante sur le papier, gestion du bruit parfaite, nouvelles corrections, etc. Dans la réalité, ils ont stoppé tout développement sur le D2X, aucune nouvelle optique, et bien que le G10 soit pris en charge, la version 6 fait pareil que la 5, elle épaissit toute l'image, même avec la gestion du bruit désactivée. On passe donc d'un des capteurs les plus fins de 2009 à un 12Mp aux finesses pateuses. Certes, le bruit n'est pas trop présent sans effet aquarelle, mais on ne voit plus les cheveux isolés, les branches de lunettes sur visage éloigné, etc. Les couleurs sont correctes, sans plus.

Ensuite, le cas délicat du D2x avec des optiques non reconnues, tout est manuel ou presque.
Tout fonctionne à peu près bien, seul le DXO lighting est moins paramétrable ou moins spectaculaire que Nikon. Il a aussi un petit problème, l'effet n'est visible que quand l'on relâche la souris d'un curseur.
Mais quand on compare la même photo entre DXO et NX, même si on passe 10 minutes sur DXO, on ne peut que constater que les couleurs ne sont pas les mêmes. Soit elles sont tristes, soit elles sont caricaturales.
Certes, la logique n'est pas mal, facile (bien que complexe) à prendre en main pour voir le résultat. Le niveau de détail est virtuellement identique, et parfois même surprenant, sur une des petites paquerettes d'un champ, Nikon NX s'est planté tandis que DXO a fait un flou bien plus logique. Mais nous parlons là d'un détail de 6 pixels de large avec les paramètres de base de NX...
Par contre, l'interface est très énervante avec des fenêtres dans tous les sens, et aucune logique hiérarchique dans les processus. NX singe 3DMax avec le système de pile d'effets et c'est un peu mieux réussi.
Enfin, le bruit est traité de manière moins granuleuse sur les aplats qu'avec NX traité en D-Lighting, l'image est plus lêchée "Canon", même si l'on perd de minuscules détails.
Mais sur des images D700 chargées sur le Web, il n'y a aucun miracle. A ce niveau, seul Noise Ninja et un autre utilitaire dont j'ai oublié le nom fait (beaucoup) mieux, mais c'est un frais supplémentaire.

Bref, comme l'année dernière, s'il est évident que j'aurais gagné un peu de temps avec les options automatiques sur un D700 avec les nouvelles optiques, ou avec le G10, je perd définitivement les couleurs et le rendu que j'apprécie particulièrement avec les deux logiciels propriétaires. Donc, niet.

Bibble 5. Je n'y ai pas passé beaucoup de temps, puisqu'il ne reconnaît pas tout le monde. Son interface n'est pas géniale du tout, et les résultats ne sont pas beaucoup mieux. On voit des problèmes de moirés, d'artefacts de dérawtisation, bref, pas de quoi s'appesantir sur un petit logiciel sans doute parfait pour des photoscopes ou de petits reflex prêts à s'accomoder d'un petit prix, mais pas d'un reflex pro.

Phase One. L'interface, c'est DXO en plus complexe, mais un peu mieux structurée, à défaut d'être ergonomique. Par contre, la logique n'est pas du tout simple, j'ai passé un bon moment avant de comprendre comment développer mon premier RAW. Et ça continue sur le disque dur avec les multiples fichiers créés pour une photo.
Néanmoins, j'étais prêt à sacrifier du temps. Mais la correction des optiques est moins efficace que le leader DXO, les options sont ultra complexes et le résultat après une heure ou deux de recherches n'est pas à la hauteur de Nikon NX, bien que ce soit celui qui m'a le plus impressionné.

Au suivant.

Raw Therapee. Ce truc, c'est vraiment grâce à Google et à un forum que j'ai pu apprendre qu'il existe. Le logiciel parfait d'un ingénieur pour des utilisateurs... ingénieurs. Il donne les noms des algorythmes pour la plupart des manipulations, l'interface n'est constitué que de curseurs, et on ne peut afficher le zoom 100% qu'avec une loupe indépendante.
On a accès à tous les réglages, et, si je vous en parle, c'est que forcément il y a une raison, c'est l'un des meilleurs que j'ai eu l'occasion d'utiliser, même comparé à Nikon NX, il évite le moirage sur un motif de tissu là où Nikon en rajoutait.
Et en plus, il est gratuit !

Alors ? Le miracle ?

Bah non, parce que comme tout outil parfait, il lui faut du combustible, et il fonctionne au temps processeur. Bref, le simple changement de la balance des blancs de réglage "appareil" à "automatique" prend... 1minute environ. Avec mon portable qui fait semblant de fondre !
Idem pour certaines manipulations comme la gestion du bruit qui semble efficace mais je n'ai pas pu vérifier l'absence de l'effet aquarelle à cause de la lenteur.
Et le pompom, c'est l'enregistrement d'un Jpg du G10 avec beaucoup de réglages, c'est 5 minutes sinon rien !

En tout état de cause, il semble excellent, en tout cas propice à de grandes choses, mais en dehors d'un serveur graphique à 4 processeurs tous duocore, je ne vois pas comment on peut travailler avec ce petit bijou de mathématicien.

Mais bon, je vous tiendrais au courant, car je compte bien utiliser cet OVNI sur mon PC de bureau pour faire des essais plus poussés, notamment sur mes RAF du Fuji S2 Pro toujours en attente.


Conclusion :
Les logiciels propriétaires n'ont aucun intérêt ou talent universaliste pour le traitement à grande échelle d'une phototèque, mais il reste un sujet sur lequel personne ne leur arrive à la cheville, c'est bien la qualité de dématriçage. C'est dommage pour les autres, mais c'est comme ça. C'est seulement avec Nikon NX que j'ai retrouvé ce que je pense être les couleurs de la vraie vie, en tout cas les couleurs Fujichrome que j'ai tant aimé dans ma jeunesse en FE2. Idem bien que de manière prononcée avec Canon DPP.

Bref, je n'ai pas acheté DXO, et je crois que j'arrête de vérifier les autres pendant quelques années !

Dernière mise à jour : 02/01/2010

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