Quel est l'apport d'A.J. Greimas et de l'Ecole de Paris ?

A.J. Greimas et l'Ecole de Paris ont réalisé une synthèse cohérente d'apports très différents mais tous fondés sur le binarisme en linguistique, sociologie et ethnologie. Leur méthode est une référence obligée pour tout ce qui concerne les textes narratifs. On peut cependant émettre des réserves quant à sa validité pour les autres types de textes et des doutes pour tout ce qui touche aux phénomènes sémiotiques non-linguistiques.

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Le projet greimassien relève de plusieurs dynamiques convergentes et homogènes vers une théorie binaire de la signification centrée sur une approche linguistique :

- au premier chef, il emprunte à Saussure et à Hjelmslev les concepts qu'il fait opérer sous forme de couples oppositifs (langue / parole, signifiant / signifié, système / procés) ainsi que l'idée fondamentale selon laquelle tout système de signification est de nature relationnelle

- la sociologie de Levi-Strauss, héritière des leçons méthodologiques et épistémologiques de l'Ecole de Prague ( Tronbetzkoy, Jakobson) et la sémiologique sociale iconoclaste de Barthes lui fournissent la possibilité de théoriser en termes binaires l'homologie entre la langue et les champs socio-culturels, ces derniers apparaissant organisés à la manière de la phonologie par des modèles logiques booléens (relations de classe à complémentaire)

- dans la théorie du conte de Propp il trouve des invariants structurels qui lui permettent de faire collaborer théorie du langage et théorie du récit.

Totalement original, le projet greimassien est irréductible à l'addition de ces influences. C'est un projet fondateur car il se propose de construire une théorie de la signification sur la base d'une configuration de traits les plus simples possibles (le carré sémiotique) dans une optique générative.

Par expansions successives ce modèle "constitutionnel" doit permettre de rendre compte, au moyen d'une série limitée de conversions de niveaux, de la manifestation de tous les discours dans un système de signes quelconque. A chaque pas, l'idée directrice commune à tout le structuralisme, est que seule la forme des relations est susceptible d'une description scientifique.

Tel est semble-t-il le projet, qui est loin d'être achevé, et s'il a montré sa valeur critique dans la narratologie il a rencontré aussi de sérieuses limitations, notamment dans les sémiotiques non-linguistiques qui résistent à leur conversion en récit après avoir résisté à leur conversion en langage sous la gouverne des sémiolinguistes.

Il reste que sa cohérence et la rigueur du propos d'ensemble en font une référence obligée pour toute approche scientifique de la narrativité .

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