ROBERT MARTY Université de Perpignan |
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Remarquons tout d'abord que tout et partie ne sont pas deux concepts indépendants. Toute partie étant partie de quelque chose il y a certainement antériorité du tout sur la partie. Dans le cas où le tout ne contient qu'une partie (un tout monadique à l'intérieur duquel toute distinction est impossible) il y a évidemment coïncidence. La partie présuppose donc le tout. En termes kantiens on peut dire que la partie est le résultat d'un jugement analytique2 portant sur un tout déjà-là lequel est alors soit un donné, soit un construit. En effet, ou bien le tout est l'objet indéterminé d'une intuition empirique sur lequel s'exercent des jugements analytiques qui en déterminent les parties, ou bien le tout est le résultat d'un jugement synthétique qui fond en une seule pensée des intuitions diverses qui seront reconnues a posteriori comme étant relatives à des parties du tout ainsi construit. Notre problématique se situe à l'aval de la donnée du tout et vise à décrire formellement d'une façon plus satisfaisante qu'à l'aide des métaphores usuelles le jeu de l'analyse et de la synthèse dans les rapports entre parties et tout et ceci quelles que soient les modalités de sa donnée (intuition empirique ou jugement synthétique). |
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Edgar Morin propose un schéma de type cybernétique qu'il qualifie de «circuit»: |
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Ce schéma répond aux caractéristiques suivantes: aucun des deux termes n'y est réductible à l'autre, les parties doivent être conçues en fonction du tout et elles doivent être conçues aussi en isolation (1977).
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Il l'enrichit en introduisant les notions d'interrelation et d'organisation suivant le nouveau «circuit» | ||
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I1 met ainsi en évidence le caractère polyrelationnel des rapports entre parties et tout, progressant de la sorte vers une prise en charge de leur complexité: | ||
les éléments doivent donc être définis à la fois dans et par leurs caractères originaux, dans et avec les interrelations auxquelles ils participent, dans et avec la perspective de l'organisation où ils s'agencent, dans et avec la perspective du tout où ils s'intègrent. Inversement l'organisation doit se définir par rapport aux éléments, aux interrelations, au tout, et ainsi de suite. (1977) |
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Cette définition reste encore vague, métaphorique, très peu formalisée. On peut s'interroger sur la signification exacte des flèches des «circuits» des figures 2 et 3, sur la possibilité de définir réellement chacun des termes (éléments, interrelations, organisation, tout) dans leurs rapports avec les autres termes. C'est encore une approche que l'on peut qualifier à bon droit et sans aucune intention péjorative de «littéraire» dans la mesure où elle ne s'astreint pas à une définition rigoureuse des termes et surtout des relations entre ces termes. |
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Nous allons tenter une description plus précise et plus rigoureuse, plus scientifique si l'on veut dans le sens où nous réduirons sensiblement l'arbitraire de cette description. Nous nous appuyerons sur la notion de somme de diagramme dans une catégorie un peu transformée pour les besoins de la cause. Auparavant quelques définitions sont nécessaires: |
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Définition 1. On appelle diversité d'éléments un ensemble non vide d'éléments sans relations entre eux. |
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La figure 3 représente une diversité de 5 éléments: |
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A, B, C, D, E représentent des éléments (par exemple A représente la personne identifiée en France par l'INSEE sous le n° 1-36-05-66-136-069, B sous le n°2-36-02-66-136-023, C sous le n° 1-58-09-66-136-137,D sous le n° 2-62-07-66-136-078 et E sous le n° 2-72-12-66-136-025). Chacune de ces personnes est prise indépendamment des autres comme un être unique coupé de ses relations; les groupes de nombres qui leur sont attachés sont différents et abstraction doit être faite des ressemblances qu'on peut y relever. Cette notion de diversité correspond dans ce cas précis à la série sartrienne illustrée par la file d'attente à une station d'autobus urbain. |
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Définition 2. On appelle unité d'éléments un ensemble non vide d'éléments et un ensemble de relations entre ces éléments tel que tout élément soit dans au moins une relation avec l'un des autres. |
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Un exemple d'unités d'éléments est représenté par la figure 4 dans laquelle A, B, C, D, E sont les personnes représentées dans la figure 3 et dans laquelle les flèches représentent les relations suivantes: | ||
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On aurait pu de surcroît considérer toutes les relations réciproques (-est fils de -, - est fille de -,...); on aurait pu aussi ne retenir qu'un nombre minimal de relations assurant l'unité au sens de la définition 2. Ces choix n'affectent pas notre propos. |
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Une remarque très importante: l'unité présuppose la diversité dans le sens où, par l'oubli des relations, on retrouve la diversité définie auparavant. De ce fait il est toujours possible que cette dernière soit présente à l'esprit dès lors que l'unité y est présente. Dans notre exemple il s'agit évidemment de personnes qui constituent une «cellule familiale» qui est l'un des noms donnés à cette unité particulière. Nous reviendrons sur cette remarque au moment de l'analyse phénoménologique. |
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