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Les Livres de ma vie


                                 2006

22.07.06    LA BALLADE DE L’IMPOSSIBLE  de Murakami Haruki ***                                              
  

 La ballade de l'impossible. Point Seuil. Traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle.

  Voici encore un grand livre de Murakami ! Un livre hanté par la mort et le suicide et qui pourtant déborde de vie et de gaîté. C'est assez étrange à décrire, et à écrire ça doit demander une force considérable. Il règne une sorte de douce mélancolie dans tout le roman. Jamais larmoyante. Diffuse. Watanabe se laisse porter par les évènements. Le dimanche surtout. « Je ne remontais pas mes ressorts le dimanche »

 

 C'est peut-être là que se trouve le danger, justement. D'abord on se laisse porter, puis on se laisse aller. Et si l'on n'y prend garde, des gouffres s'ouvrent sous nos pas, qui nous happent.

 

 L'ouverture est superbe. Watanabe, le narrateur, et son amie Naoko se baladent dans une prairie. Ils parlent de leur ami commun, Kizuki, qui s'est suicidé, et dont le suicide ronge Naoko. Watanabe est amoureux de Naoko. Mais ce n'est pas réciproque. En disparaissant, Kizuki a aspiré une partie de la vie de Naoko. Et sans doute aussi une partie de celle de Watanabe. D'un autre côté, il y a la jeune et fantasque Midori. Midori aime Watanabe. Qui ne l'aime pas. Ou s'interdit de l'aimer, en attendant de voir si Naoko peut guérir.

 

 Naoko parle soudain d'un puits. Quelque part, dans cette prairie, ou plus loin, on ne sait pas, il y a un trou dans le sol. Un puits jamais comblé, recouvert d'herbes folles. Et qui attend. Watanabe se met à penser à ce puits avec angoisse. Tout le livre est là. Dans cette bouche d'ombre et d'oubli qui menace d'engloutir les personnages.

 

 Il y a souvent des puits chez Murakami. Des puits qui sont un danger, comme ici, ou un moyen de sortir des ténèbres, comme dans Les Chroniques de l'oiseau à ressort.

 

 Rien de fantastique dans ce roman-là, au contraire des précédents que j'ai lus. Mais on y retrouve des traits qui font tout le charme de Monsieur M. La façon qu'il a par exemple de décrire un personnage en train de ce préparer à manger. Simple, lumineuse. On a envie de se mettre à table avec le narrateur. Watanabe écoute un air à la radio, ou bien Reiko prend sa guitare et l’on a envie d'écouter avec eux Dear Heart, de Mancini, ou Norwegian Woods des Beatles. Ou bien encore de lire Lumière d'Août de Faulkner, que Watanabe vient de s'acheter à la librairie Kinokuniya de Tokyo.

 

 Les personnages sont si attachants qu'on voudrait rester avec eux le plus longtemps possible. Je crois avoir lu pas mal de bouquins dans ma vie et je peux dire que ce n'est pas une chose qu'on ressent très souvent.

 

 Tout cela n'a l'air de rien. Et pourtant, ça vous touche en profondeur et vous poursuit longtemps. Se séparer de ces personnage-là, Watanabe, Midori, Reiko... c'est un crève-coeur encore une fois. Je vois d'ici dans ma bibliothèque " La fin des temps ". Un Murakami que je n'ai pas encore lu. Voilà. Sur mon chemin, un livre s'ouvre. Je ne vais pas tarder à tomber dedans.

s. descornes

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Dernière mise à jour :  25/07/06