Suite à la Seconde Guerre Mondiale, l’épuration reste modeste malgré les 10 000 exécutions et les 80 000 condamnations. C’est surtout une épuration politique (Vichy), mais elle touche peu la sphère économique. De nombreux leaders s’en sortent par la volonté générale d’oublier. La traduction de cette épuration manquée : la nouvelle vague de procès dans les années 80-90 (Papon…).
(Cf. les conséquences humaines de la 2nde Guerre mondiale) . A compléter avec les chiffres suivants (1938 = base 100) : en fin 1944, production industrielle de 38, coût de la vie de 300.
· Déficit humain et vieillissement de la population : le pays manque de forces productives.
· Dans les priorités, il y a le retour à l’autosuffisance alimentaire afin de supprimer le rationnement (lequel perdurera jusqu’en 1949). Pour cela, il faut redresser l’agriculture. C’est aussi le seul moyen de lutter contre le marché noir.
· Il faut reconstruire les infrastructures de communication (ponts, voies ferrées) et les infrastructures industrielles : cette relance se fait en grande partie par un programme de nationalisations :
- Energie (Charbonnages de France, EDF-GDF),
- Banques et assurances,
- Industrie (une partie de l’automobile et l’aéronautique).
En France dès le 14 juin 44, De Gaulle crée le jour de la libération de Paris, le 25 août 1944, le Gouvernement Provisoire de la République Française, composé de résistants (intérieurs et extérieurs). Durant la reconquête du territoire, De Gaulle fait tout pour restaurer un État : des CDL (comités départementaux de libération) assurent l’administration départementale, des commissaires de la République sont envoyés par le GPRF.
Le GPRF doit aussi s’imposer aux Alliés, il réussit à obtenir des zones d’occupation en Allemagne, un siège de membre permanent au Conseil de sécurité.
Par contre, l’aspiration à un renouveau politique, imaginé par un grand parti issu de la résistance, échoue. Les partis d’avant guerre renaissent peu à peu. Les partis dominants sont issus de la Résistance, avec De Gaulle qui joue le rôle d’arbitre.
Le premier travail consiste à redonner des institutions au pays. Le référendum du 21 octobre 1945 rejette (à 96 %) le retour à la IIIème République et une assemblée constituante est élue. Elle donne un ensemble très marqué à gauche et ses relations se tendent très vite avec De Gaulle. Écarté de la rédaction de la nouvelle constitution, et en désaccord avec l’orientation donnée au projet de constitution, De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946.
Le 23 janvier 1946, SFIO, PCF et MRP signent la charte du tripartisme par laquelle ils s’engagent à diriger ensemble le pays.
SFIO = socialistes (Section Française de l'Internationale Ouvrière) ; PCF = Parti Communiste Français ; MRP = Mouvement Républicain Populaire (parti du centre, démocrates chrétiens).
Cependant, un second projet naît d’un compromis entre les trois grands partis. La nouvelle constitution est finalement adoptée mollement par les Français : 9 millions pour, 8 millions contre, 8 millions d’abstentions (De Gaulle : “Un tiers des Français s’y étaient résignés, un tiers l’avaient repoussée, un tiers l’avaient ignorée”).
Document : la constitution de la IVème République.
C’est l’Assemblée nationale qui est prépondérante. Elle seule vote la loi. Elle investit le président du Conseil puis son gouvernement, elle peut le renverser (motion de censure). Les contrepoids à son pouvoir sont faibles. La procédure de dissolution de l’Assemblée par le président du Conseil est très compliquée. Le gouvernement reste un jouet aux mains des députés et des partis.
L’année 47 marque un tournant. Si la France avait maintenu depuis la Libération un relatif équilibre entre les USA et l’URSS, face à la guerre froide naissante, elle doit en 47 faire un choix. Le 5 mai, Ramadier renvoie les ministres communistes (le PCF soutient des grèves à Renault et a critiqué la politique salariale du gouvernement). C'est la fin du tripartisme.
Formation d’une nouvelle coalition : la « Troisième Force », conduite par la SFIO et le MRP, plus au centre. Fin 47, le PCF entretient un climat insurrectionnel qui mène à une scission syndicale (CGT-FO se séparant de la CGT). La coalition en place est fragile : les gouvernements se succèdent.
Leurs seuls véritables points d’accord sont la politique étrangère et coloniale, et surtout la lutte contre les deux partis d’opposition : PCF, et le RPF (Rassemblement du Peuple Français) fondé par De Gaulle en avril 1947.
Les gouvernements de la 3ème force se caractérisent surtout par leur immobilisme. Un montage électoral : la “loi des apparentements” doit éviter la défaite de la coalition aux législatives de juin 51. Cette loi ne favorise que les partis de la 3ème force (accord impossible entre PCF et RPF). Ainsi la coalition obtient 388 des 627 sièges. Mais la 3ème force se disloque peu après pour un problème de loi scolaire. Une coalition du centre et de la droite lui succède en mars 52 (gouvernement Pinay).
Le gouvernement d’Antoine Pinay permet la stabilisation monétaire et ouvre la voie au redressement économique. Il reste surtout célèbre pour son emprunt. Deux ans plus tard, Pierre Mendès France suscite aussi un vif intérêt. Arrivé au pouvoir sur sa promesse de terminer la guerre d’Indochine, il séduit par son dynamisme et son refus des compromissions face aux partis. L’un et l’autre très populaires, ils n’ont pu se maintenir plus de 9 mois au pouvoir.
Le gouvernement Guy Mollet (janvier 56 – mai 57) est un autre moment de stabilité (3ème semaine de congés payés, Suez, traité de Rome, indépendance de la Tunisie et du Maroc, mais aussi contingent en Algérie). Mais ces gouvernements sont des exceptions dans un régime marqué par son instabilité.
Ils se révèlent surtout incapables de gérer les problèmes coloniaux. L’armée et la droite ont très mal digérées la défaite en Indochine. La IVème gère mal la crise algérienne en refusant de la concevoir comme un conflit armé mais en y envoyant quand même le contingent.
La pratique des institutions (crises ministérielles) est de plus en plus critiquée. L’audience des partis opposés à la constitution (gaullistes mais surtout communistes et poujadistes d'extrême-droite) grandit. Surtout l’Algérie paralyse la vie politique. D’abord parce que la France subit de rudes critiques au niveau international, mais surtout parce que le poids de l’armée se fait de plus en plus pesant (en Algérie surtout mais aussi en métropole).
En mai 58, René Coty investit le MRP Pierre Pflimlin, favorable à des négociations avec le FLN algérien. Le jour même, 13 mai, l’insurrection éclate à Alger. Un Comité de Salut Public est créé qui fait appel à De Gaulle pour résoudre la crise . Les militaires sont alors convaincus que De Gaulle est favorable à l’Algérie française. La situation est de plus en plus confuse puisque l'armée menace d'employer la force en métropole et intervient en Corse. Face à cette menace de guerre civile, De Gaulle accepte de former le nouveau gouvernement . Il est investi le 1er juin 1958 comme président du Conseil.
Le lendemain, il obtient de l’Assemblée les pleins pouvoirs pour 6 mois l’autorisant à réviser la Constitution.
Si l’échec politique est patent, les bilans économique et de la politique extérieure sont plutôt positifs :
· Au niveau économique, la IVème République a reconstruit le pays et amorcé la croissance des Trente Glorieuses, grâce au recours au plan Marshall, à des nationalisations qui ont consolidé certains secteurs essentiels et à des politiques économiques et sociales bien ciblées .
· La politique extérieure n’a pas trop souffert de l’instabilité gouvernementale : Georges Bidault puis Robert Schuman sont restés aux Affaires Étrangères sous plusieurs ministères. Sous l’impulsion de R. Schuman, la France a adhéré à l’OTAN, a accepté la réconciliation avec l’Allemagne et, surtout, a lancé le processus de construction européenne (CECA puis CEE) qui est aujourd’hui un élément essentiel du paysage politique mondial. Cette construction a cependant été marquée par l’échec de la Communauté Européenne de Défense en 54, mais cette union militaire était peut être alors prématurée.