En 1995, l'association participé à l'enquête publique sur le Plan Départemental d'Elimination des déchets ménagers. Elle dénoncait le "tout incinération" du Plan des Yvelines au détriment d'une collecte sélective renforcée.

La note ci-dessous résume notre position d'alors.

Depuis, les Plans dont celui des Yvelines doivent être revus dans ce sens (décisiondu Ministère de l'Environnement de 1998)

L’association "Terre et Environnement", depuis sa création, s’intéresse particulièrement au problème crucial des déchets. Elle a collecté un certain nombre d’informations, et pense utile aujourd’hui d’en faire l’analyse et d’en présenter un résumé pour en faciliter la compréhension.

COMMENT ELIMINER LES DECHETS ?

L’avalanche de déchets qui, en octobre 1995, a enseveli le village espagnol, d’ O PORTINO symbolise à quel point l’élimination des déchets pose des problèmes et présente des risques pour l’environnement et la santé.

La notion de déchets apparaît très subjective, l’inutilité d’un objet le transforme en déchet. La quantité de déchets varie en fonction du niveau de vie.

C'est une loi du 13 juillet 1992 qui spécifie que les communes sont responsables de l’élimination de déchets ménagers sur leur territoire. Par contre, sa charge financière incombe à ceux qui produisent les déchets. La loi a pour objectif principal de faire disparaître toutes les décharges publiques d’ici 2002 (hors les déchets ultimes qui sont déchets résultant de l’incinération). La loi veut également favoriser la réduction, le réemploi, le recyclage et la valorisation des déchets mais sans fixer d'objectif. Elle conduit inéluctablement à la construction d'usines d'incinération à défaut d'une politique volontariste de recyclage.

Certains pays ont maîtrisé ce risque. Ainsi, le Danemark, la Suéde et la Norvège misent fortement sur le recyclage et le compostage avec pour objectif de limiter à moins de 30% les déchets devant être incinérés.

Les objectifs de l’Union Européenne sont de stabiliser les niveaux de production de déchets en l’an 2000 à ceux de 1985 et d’arriver à 50% de réutilisation par le recyclage. Ces objectifs seront cependant difficiles à atteindre parce que les décisions d’application tardent à suivre. En conséquence, on dénombre 18% de déchets en plus à éliminer entre 1985 et 1992 par habitant.

L ‘INCINERATION EST-ELLE UNE BONNE SOLUTION ?

L’incinération est une réponse technique commode pour les décideurs qui disposent ainsi d’une solution clé en main pour résoudre le problème de la gestion des déchets en respectant le délai de la loi. L’incinération peut permettre une valorisation énergétique par la production de chaleur utilisable pour le chauffage urbain ou pour produire de l’électricité. Le rendement est nénamoins faible ( 20%).

La plupart des Plans Départementaux d'Elimination des Déchets s'est traduit par une programmation d'un certain nombre d'incinérateurs. Les élus sont confrontés à la pression des grands groupes comme la Lyonnaise des Eaux et la Compagnie Générale des Eaux ou Waste Management qui réalisent et gèrent ces ouvrages. Avec 500 unités dont seulement 320 déclarés, la France détient déjà le plus grand parc mondial d'incinérateurs. Le ministère de l’environnement prévoit la construction de 100 à 150 nouvelles installations dans les 6 ans.

Pour les Yvelines, ce plan a été approuvé en Novembre 1995. Ce plan affirme bien qu’il convient de favoriser la collecte sélective mais il aboutit quand même à la conclusion que d’ici 2015 la construction de deux incinérateurs supplémentaires (Guerville: 120 000 tonnes par an, Carrière sous Poissy: 115 000 tonnes par an) sera nécessaire pour éliminer les déchets du départementaux. Avec deux incinérateurs en fonctionnement (Thiverval: 240 000 tonnes par an, Carrière sur Seine: 125 000 tonnes par an), le département sera bien servi en matière d’incinérateurs. Il pourrait se trouver dans la situation de devoir rentabiliser ces installations et de minimiser les autres formes d’élimination. Le commissaire enquêteur a toutefois émis la recommandation de rendre plus ambitieux les objectifs de collecte sélective et de recyclage comme le demandait notre association.

Le problème de l'élimination des déchets et des décharges n'est pourtant qu'imparfaitement résolu et pose d'autres problèmes de santé publique.

L’incinération n’élimine pas les déchets. Elle les transforme en produisant 30% de mâchefers et 5% de résidus de fumée hautement toxiques mis en décharge spécial. Par ailleurs, elle disperse dans l’atmosphère de nombreux polluants tels que le dioxyde de souffre, le dioxyde d’azote, le cadmium, le mercure, le plomb, l’acide chlorhydrique, le dioxine et les furannes.

Du point de vue économique, l’incinération s’avère une solution peu flexible pour traiter les déchets. L’essentiel du coût d’incinération est constitué par l’amortissement du coût de construction de l’usine. Sa rentabilité ne peut être atteinte que si elle fonctionne à pleine capacité, ce qui incite davantage à surdimensionner et n’incite pas les syndicats de communes qui les gèrent à réduire la quantité de déchets traités.

L ‘INCINERATION POSE UN PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE ?

94% des incinérateurs en France ne respectent pas les normes françaises de rejets atmosphériques qui sont moins sévères que dans d'autres pays.

Le problème majeur concerne les rejets de DIOXINES. C'est un gaz chloré.

La Dioxine ne se trouve pas à l’état naturel. Elle est issue de l’incinération des déchets, de l'usage des pesticides, des techniques de blanchissement des pâtes à papier, des vapeurs de l’essence au plomb. Les dioxines s'échappant des cheminées des incinératuers se disperse en fines particules qui se déposent sur les sols ou dans l'eau. Absorbées ensuite par les animaux, elles rentrent dans la chaîne alimentaire en se concentrant particulièrement dans les graisses. On retrouve ainsi de la Dioxine dans le lait maternel.

Les résultats d’une étude du Ministère de l’Agriculture révélés en 1996, et portant sur le lait de vaches broutant à proximité d’incinérateurs, nous apprennent que trois échantillons sur 58 dépassent les normes admissibles en viguer en Allemagne pour la commercialisation du lait, 8 dépassent le seuil d’alerte prévu en France. Des études épidémiologiques étrangères présentent la Dioxine potentiellement cancérigène pour l’homme et selon certaines recherches, elle est un puissant dérégulateur hormonal.

La norme allemande pourrait devenir une norme européenne si la France cesse de s'y opposer.

EXISTE-T-ELLE DES SOLUTIONS ALTERNATIVES A L’INCINERATION.

La problématique est équivalente à celle du "tout nucléaire des années 1970". L’objectif est de réduire à la source la quantité de déchets plutôt que de se doter d'un parc d'incinérateurs d'un coût exhorbitant et produisant une pollution nuisible pour la santé.

Il convient donc de bâtir des Plans Départementaux d'éliminations des déchets qui fixent des objectifs de réduction des déchets drastiques et minimisent les implantations d'incinérateurs au strict minimum. Cela conduit à investir sur des systèmes de tri soit à la source, soit après collecte.

Cette approche est-elle réaliste. Peut-on faire cette éconmie ? La réponse est positive si l'on mobilise les financements sur cet objectif.

30% des déchets sont du type papier/carton. 30% sont déjà récupérés. Il est possible de le porter à plus de 70% par l'information, un meilleur type de collecte et par une organisation de la consommation de papier recyclé.

25% d’une poubelle sont du type fermentescibles. Ces déchets ont une mauvaise combustion dans les incinérateurs. Triés à la source ils feraient un excellent compost et limiteraient l’usage d’engrais ainsi que l’importation de terreau. Ils pourraient aussi servir dans les filières de méthanisation. Ce recyclage est à promouvoir.

Le verre représente 12% des déchets. Il est à peu près correctement récupéré. Par contre, les plastiques qui représentent 10% des déchets sont très peu récupérés alors qu’ils représentent un des sources majeures de la pollution issue des incinérateurs. Les initiatives des collectivités locales sont timides sur ce type de déchets.

L’autre pollution toxique provient des métaux ferreux et non ferreux (10% des déchets) et les déchets toxiques ménagers (piles, batteries, huiles, solvant,..)

Par ailleurs, il convient de réorienter certaines aides aux collectiviyés locales. Le logo "Point vert" apposé sur de nombreux produits peut laisser croire aux consommateurs que les emballages sont recyclables ou qu'ils seront recyclés. Il signifie en réalité, que l’industriel cotise par emballage à une société privé appelée Eco- emballages. La société Eco-emballages aide ensuite des collectivités à financer le traitement des déchets en fonction des quantités produites sans imposer une solution évitant l'incinération. Le consommateur paye ainsi plus cher des produits suremballés et finance aussi le surcoût de leur élimination.(taxe des ordures ménagères perçue par les communes).

 

retour haut de page

Incinération des déchets, fausse piste