Le deuxième numéro de Duels en Scène voit enfin le jour, après une longue période « obscure » de combat pour obtenir les précieux deniers indispensables à la publication de la revue. Je tiens à remercier la Mairie d’Avignon qui nous a de nouveau prêté son concours financier et je remercie chaleureusement tous les collaborateurs qui ont, dans un premier temps, fourni un article et qui, dans un deuxième temps, ont eu la patience d’attendre que nous soyons en mesure de publier leurs travaux. Je remercie, non moins chaleureusement, Maryse Tourte qui a mis ses talents de dessinatrice au service de notre revue et qui a réalisé toutes les illustrations, ainsi que Marcel Dallard pour tout le travail, souvent fastidieux, de saisie et de correction qu’il a effectué.
Dans le numéro 1, nous avions opté pour un regroupement des articles en fonction de l’aire géographique à laquelle ils appartenaient (domaine francophone, anglais, italien…). Pour l’heure, nous avons choisi de classer les travaux selon d’autres critères, établis en fonction de l’aspect sous lequel le duel est abordé par l’auteur et illustré dans l’article, à savoir une approche historique, technique ou esthétique. Les différentes manifestations du duel et les nombreuses pratiques de l’escrime illustrent l’importance du phénomène dans notre société, avec pour preuve et parfaite illustration sa présence dans le langage, trésor linguistique hérité de et entretenu par la pratique, ou plutôt les pratiques, de l’art du combat.
L’analyse historique permet de commenter des duels réels, parmi lesquels, en l’occurrence, celui très connu qui a donné naissance au fameux coup de Jarnac, ou encore un affrontement, moins célèbre mais tout aussi intéressant, entre un Français et un Anglais. Cette analyse permet aussi, lorsqu’elle se concentre non plus sur un affrontement spécifique mais sur une technique du duel, de présenter différentes utilisations de certaines armes et leur évolution, ici les armes d’hast et de choc ainsi que le bâton et la canne.
Outre cette dimension historico-technique, le duel se charge souvent d’une valeur symbolique dans la littérature, avec comme exemples marquants l’Iliade et les combats héroïques qui alimentent ce poème épique grec attribué à Homère, ou encore La Chanson de Roland, chanson de geste qui fait la part belle aux exploits accomplis par de preux chevaliers grâce à leurs épées magiques.
Si dans ce dernier exemple, emprunté à la littérature médiévale, l’épée est un instrument du spectaculaire, cette arme se retrouve également abondamment utilisée - justement pour cette dimension spectaculaire qu’elle possède - dans de nombreuses œuvres dramatiques, dans notre société occidentale mais également dans la culture orientale, avec comme illustration le théâtre chinois. Dans notre culture, les grands noms du théâtre de la Renaissance ou de l’époque classique, ont eu recours aux scènes de duels dans leurs chefs-d’œuvre dramatique : Shakespeare en Angleterre, Lope de Vega en Espagne avec la comedia de cape et d’épée, Molière en France… Plus tard, Edmond Rostand fera la synthèse du bretteur héroïque dans son admirable comédie héroïque Cyrano qui réussit une parfaite fusion du vers et de l’action avec les tirades et les duels du personnage éponyme. On retrouve également le duel sur la scène, lyrique cette fois, avec certains opéras de Mozart et de Wagner, entre autres. A l’opéra, le duel réunit sur la scène les valeurs spectaculaires et symboliques de l’épée.
Nous aborderons enfin d’autres illustrations du duel, toujours avec ses attributs spectaculaires et symboliques, à l’écran. Le cinéma et la télévision ont, en effet, adapté à leur support et à leurs fins ces scènes de duel, toujours spectaculaires et qui correspondent aujourd’hui encore aux attentes du public, comme l’indiquent les nombreuses réalisations cinématographiques qui reprennent les héros de l’Antiquité (Gladiator, Troie…), de l’histoire médiévale (Arthur…) ou s’en inventent comme dans Highlander et d’autres séries fantastiques.
Dans le langage, l’histoire, la littérature, au théâtre ou à l’écran, le duel et ses manifestations, avec ses techniques, ses valeurs éthiques et esthétiques, sont omniprésents dans notre société. Ce besoin de le faire revivre est illustré par les différents supports utilisés pour le remettre au devant de la scène. C’est ce phénomène que la diversité de nos articles essaie de restituer dans ce deuxième volume de Duels en Scène.