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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 11/02/03 au 29/04/03 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
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Le tour de la question
29/04/2003 : 22:45

Les questions philosophiques arrivent toujours lorsque je ne les attends pas. Elles peuvent surgir à n'importe quel moment, provenant d'une stimulation issue de l'environnement social, de l'impossibilité de ne pas réfléchir ou d'un tas d'autres considérations tellement nombreuses qu'aucune liste ne pourrait en faire le tour afin d'en joindre les deux bouts. Bien souvent ce questionnement intérieur semble ne pas avoir de prise avec la réalité. Sauf évidemment quand celle-ci est branchée sur le 220 volts, opération qui permet d'alterner les hauts et les bas tout en restant déphasé par rapport à la continuité du quotidien qui, en moyenne, reste désespérément sans relief.
Mais aujourd'hui j'ai réussi à mettre des mots sur ce qui me taraude depuis le début de soirée suite à l'installation d'un système audio vidéo apte à faire remonter à la surface des choses pourtant enfouies sous une couche de leurres plus épaisse que toutes les autres.
Alors comme dans la MMPP je vous dis tout, après avoir toutefois effectuer au préalable un tri sélectif ayant pour objectif (c'est mon second geste citoyen) de rendre mes propos clairs, concis et toujours plus rationnels les uns que les autres, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin et vais vous livrer franco de port la question qui demeure actuellement sans réponse.
A savoir : est-ce que celui qui regarde Apollo 13 assis sur un caisson de basses d'un système Home cinéma surpuissant réussit comme dans le film à faire le tour de la lune sans la toucher, ou pas ?

 

Le huitième jour
28/04/2003 : 23:50

Je n'ai rien contre l'environnement. Tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'avoir le geste citoyen qui consiste à effectuer le tri sélectif, acte permettant d'alimenter le cycle infernal consommateur vers producteur et inversement, éternel recommencement qui parti comme c'est n'arrivera jamais à sa fin.
Bien.
Cependant, si toute la logistique est en place il faut avouer, et donc à moitié pardonner, que le geste en question n'est pas des plus simples à maîtriser. Pour commencer il faut connaître ce qu'on peut (doit ?) trier et de quelle façon. Afin de diminuer le volume des notes d'information, favorisant en cela la reforestation amazonienne, la mairie a tout juste daigné nous indiquer que tout allait se mettre en place et que sous peu on allait voir ce qu'on allait voir. Surtout au niveau du local poubelles. Je vous le fais en version résumée : un bac pour le verre, un pour le papier (par contre si vous avez du papier de verre vous êtes à mon avis un peu dans la mouise), un pour ce qu'il faut trier et enfin un autre pour tout ce qu'il ne faut pas trier mais que vous avez forcément dû trier pour en déduire que cela allait bien dans cette poubelle et pas dans une autre.
Impec.
Mais le problème majeur concerne le récipient fourre-pas-tout dont le contenu théorique est plutôt difficile à mémoriser. Pour savoir ce qu'on peut y mettre, ou pas comme dirait l'autre, il est nécessaire de lire l'autocollant placé sur le couvercle. Seulement comme il y a environ 50 types de produits différents mentionnés, j'aime autant vous dire qu'une fois remonté deux étages plus haut je ne me souviens en général de rien. Sauf du fait que je ne me souviens plus. Alors dans le doute je multiplie les sachets pour effectuer aussi chez moi le tri qui me permet une fois dans le local susmentionné de couvrir tous les cas possibles. Bon, par contre avec tous ces sacs je reconnais que c'est un peu le purin dans la cuisine.
Mais passe encore. Je suis tout à fait partant pour sauver ce qui peut l'être et le faire revivre une nouvelle fois. Je me prends ainsi un peu pour Dieu à chaque yoghourt mangé et chaque bière descendue. Seulement, par ma foi, moi je fais juste cela en amateur, histoire d'épater la galerie tout en vidant celles du frigo.
Ok.
Seulement là où on se moque du monde c'est au niveau de l'aspect pratique. Prenons par exemple la trappe par laquelle transitent les déchets pour atterrir dans les bacs. Eh bien je ne sais pas quel est le blaireau qui s'est occupé de la conception du bousin mais ce dont je suis sûr c'est qu'au Panthéon de la connerie il doit avoir une concession à vie.
Sans déconner, une ouverture de vingt centimètres sur un cinquième de mètres (NDLR : remarquez ici le subterfuge permettant d'éviter la répétition) moi je dis que ce n'est pas possible. L'autre jour en voulant forcer le passage j'ai failli y laisser une main en plus de ma montre. Alors j'aime autant vous dire que les cartons d'enceintes musicales (je précise afin d'éviter toute confusion avec les enceintes pénitentiaires) qui font 200*50*55 centimètres, eh bien ils sont partis dans le grand bac, celui dont l'entrée est totalement libre.
Je me demande à quoi pensent ceux qui font des poubelles. Que les usagers vont se taper au préalable la découpe des objets afin de respecter le format imposé ?
Dès qu'on m'impose quelque chose j'ai toujours du mal à mettre la patte à la pâte.
En quelque sorte une imposition des mains qu'on ne m'imposera pas.

 

La nature s'éclate
22/04/2003 : 23:30

Les trajets sur autoroute par jours de soleil sont extrêmement enrichissants. Surtout au niveau de la connaissance de la faune animalière qui s'élève si haut que nul regard ne peut à présent le soutenir.
Bien sûr je ne parle pas des autruches, lions et autres dromadaires qui sévissent dans nos contrées mais des moustiques, mouches, guêpes et autres volatiles qui s'étalent de tout leur long sur les pare-brise au gré des kilomètres parcourus. Comme j'évite soigneusement de faire fonctionner l'essuie-glace sous peine de créer un flou artistique de la période post-it mais en moins pratique puisque ces insectes ne se décollent pas facilement pour se recoller ailleurs, je me retrouve toujours après environ cent kilomètres de trajet avec une magnifique fresque représentant la nature dans son plus simple appareil.
Ah ça, pour s'éclater on s'éclate ! Surtout eux.
A tel point que cela ressemble quasiment à du Miro. D'ailleurs, maintenant que j'y pense il est clair que je suis un artiste et je l'affirme : le Miro, c'est moi ! D'une part parce que je laisse l'inspiration être mon guide, secondée en cela par ma carte Michelin, et d'autre part parce que ma vision n'étant plus ce qu'elle était le qualificatif semble tout particulièrement approprié.
Je ne sais pas de quoi se nourrissent ces bestioles mais à mon avis tous les goûts sont dans la nature. Du rouge sang au jaune adipeux toutes les couleurs y passent. Et elles y restent également, jusqu'à ce que le nettoyage de la toile soit effectué avec les produits adéquats.
Dans le registre 'dessiner c'est pas gagné', les sujets libres semblent les plus simples à maîtriser. Parce que pour ce qui est des figures imposées, tout se complique. Par exemple pour obtenir du vert, il faut tout d'abord viser un coléoptère atteint de jaunisse pour ensuite essayer d'appliquer une fine couche de libellules ayant traînées suffisamment longtemps en Auvergne pour connaître de près les fromages du coin. Bref, vous vous rendez compte que l'exercice n'est pas des plus simples et qu'avant d'arriver à des résultats significatifs il est nécessaire d'aligner un certain nombre de kilomètres au compteur.
Mais tel est le prix à payer pour être un artiste : remettre cent fois son ouvrage sur le pare-brise. Pour au final se contenter de trois fois rien, à savoir de la saloperie de bestiole qui reste désespérément collée en plein milieu et dont aucune éponge ne vient à bout.

 

Stop ou encore
17/04/2003 : 22:15

C'est fou comme je ne suis pas inspiré. Rien ne me vient en tête et pour tout vous dire il n'est pas impossible que je laisse tomber cette chronique avant la fin, ce qui je l'avoue n'a absolument aucun sens puisque c'est justement le fait d'arrêter d'écrire qui fait que la fin est atteinte.
En clair je m'arrête toujours en même temps que la fin, jamais avant. En plus si je prends le cas où je continue sans arrêt, il est évident que toute cette histoire finira par ne plus avoir aucun sens. Car seul ce qui a une fin peut avoir un sens.
Sauf la vie, exception vécue qui confirme la règle.
Supprimez par exemple la dernière minute de chaque film et arrachez la dernière page de chaque livre et vous vous apercevrez que du coup toutes ces histoires ne veulent plus rien dire. C'est la preuve que seule la fin donne un sens à tout ce qui s'est passé avant.
Sauf pour la vie puisque comme chacun le sait : la vie, ce n'est pas du cinéma.
Bref, tout cela ne me mène pas bien loin, voire même nulle part. Alors pourquoi ne pas m'arrêter tout de suite ? Il est clair que ce serait une première puisque d'habitude dans une telle situation je préfère laisser le clavier au repos avant d'atteindre le début et passer mon tour.
Mais là non.
Tout simplement parce que je m'aperçois en écrivant ces quelques lignes que le plus dur est seulement de commencer et qu'après les mots s'enchaînent les uns aux autres pour se terminer quand je l'aurai décidé.
Comme la vie.

 

Effets d'annonces
14/04/2003 : 22:15

Il existe des phénomènes dont on ne soupçonne pas l'existence. Jusqu'à ce que le monde du réel entre en collision avec un esprit prompt à échafauder les pires théories au sujet de banalités confondantes comme par exemple les embouteillages en milieu urbain.
Il y avait bien longtemps que ce journal ne s'était pas fait l'écho de cette caractéristique capitale qui se répète inlassablement sur toutes les routes de la cité. Que ce soit le long de la petite couronne ou de la grande, sachez que tout le monde peut trouver chaussure à son pied afin que celui-ci ne soit pas au plancher.
Je croyais tout savoir de cette tranche de vie qui se passe dans la voiture.
Mais vendredi le doute m'a assaillit. Cela commença par un panneau lumineux indiquant que sur l'autoroute que j'empruntais se profilait un bouchon de cinq kilomètres à une dizaine de bornes de là.
Soit dit en passant, la technologie n'a t-elle donc pas d'autres objectifs que de nous donner les mauvaises nouvelles le plus tôt possible ?
Bref, me fiant toujours aux indications autoroutières, qui au fil du temps confirmaient le bouchon, je me mis à ralentir, suivant en cela mon instinct en plus de la voiture de devant qui faisait de même.
Tout le monde freinant, inutile de vous dire que nous avons tous fini par nous retrouver dans ce fameux bouchon, celui dont on nous rabâchait les yeux depuis un bon moment. Merveilleuse invention que ces pancartes oranges qui diffusent aussi aux heures de grandes écoutes des messages du style 'Sur autoroute je dépasse à gauche', comme si partout ailleurs il était autorisé d'y aller gaiement par la droite.
Bref, pour revenir au sujet de la chronique du jour et en finir avec lui, j'affirme haut et fort qu'en réalité le bouchon dans lequel j'étais n'existait pas. Ou plus exactement que le bouchon n'aurait jamais existé si on ne nous l'avait pas indiqué. Un problème de panneau et de bouchon qui ressemble à s'y méprendre à celui de l'oeuf et de la poule, le jaune en moins. Sans cette information prédisant l'avenir avec dix kilomètres d'avance, tout le monde aurait continué à rouler normalement ce qui aurait facilité l'écoulement du flot de voitures parties se noyer dans les méandres du réseau autoroutier de province. Car il est clair qu'une tripotée de voitures freinant à vitesse grand V ne peut que créer un ralentissement qui préfigure la sclérose automobilistique généralisée tant annoncée. CQFD.
Nous avions les créateurs d'automobiles. Nous avons maintenant les créateurs d'automobiles à l'arrêt.
A partir de maintenant je ne croirai plus rien de ce que je lirai. Et vous feriez bien d'en faire autant.

 

Nuit de foot
08/04/2003 : 22:45

Je suis en train de regarder un match de foot, du genre de ceux qu'il est possible de voir assis dans son canapé tout en sirotant une bière ou en écrivant une chronique. L'exercice m'étant assez familier, j'avoue réussir à cumuler les mandats sans me prendre les pieds dans le tapis, ou pour être plus précis sans renverser mon verre sur le clavier.
L'expertise naît de la persévérance et c'est en pratiquant sans relâche, en remettant cent fois sa canette dans la poubelle que la maîtrise finit par prendre le dessus. D'ailleurs, j'ai connu au moins un clavier qui avait pas mal appris de ce côté là et dont certaines touches furent marquées par la phase d'apprentissage, collées qu'elles étaient en position appuyée sous l'action combinée du houblon et de la maladresse.
Mais les temps ont changé et maintenant tout est sous contrôle, y compris au niveau du jeu. Il est bien là l'avantage de la technologie sur le passé. Aujourd'hui tout le monde joue à domicile, le mien en l'occurrence. Et quand j'aurai décidé de renvoyer tout le monde dans ses buts, il me suffira d'appuyer sur un seul bouton, sans même avoir à quitter le divan.
La puissance du progrès n'a pas de limite. Enfin, disons que cette limite semble au moins atteindre les trois mètres, à l'image de ceux qui me séparent de l'écran.
D'ici à ce que grâce à mes innombrables télécommandes toutes plus universelles les unes que les autres je puisse agir sur les programmes télévisés des voisins sans me lever, il n'y a qu'un pas que le mur m'empêche pourtant de faire. Mais à la vitesse où va le progrès je ne doute pas qu'il arrive un jour dans tous les foyers.

 

L'air des hauteurs
05/04/2003 : 17:00

Un voyage en avion se passe rarement comme prévu. J'en fis encore les frais lundi matin lorsqu'après être arrivé à l'aéroport sur le coup de six heures du matin je vis que mon avion était annoncé à l'heure.
Première surprise.
Mais heureusement tout revint dans l'ordre vingt minutes plus tard lorsque celui-ci passa directement à l'état 'annulé' sans passer par la case départ et sans toucher les billets des 180 passagers pour nulle part. Encore heureux que l'annulation se fit avant l'embarquement, parce qu'on ne sait jamais où vont les avions annulés et croyez-moi, je ne préfère pas le savoir.
Prisonnier d'une logique qui veut qu'un billet sans avion ne vous mène jamais bien loin, je tentais de convertir le mien en sésame pour un autre vol. Quatre heures plus tard.
Une journée qui commence tôt ayant pas mal de chance de durer un peu plus longtemps qu'une autre, j'embarquais à onze heures, soit sept heures après que le réveil eut sévi. Dans un avion d'une compagnie hollandaise dans lequel on nous annonça que les places étaient 'free-sitting'. Autrement dit dans un jargon un peu moins aérien : c'est chacun pour soi et peut-être pas un siège pour tous. Arrivé dernier dans le premier bus qui nous amenait vers l'avion, je fus, suite à la mise en pratique de la théorie de la LIFO (Last In First Out) le premier à entrer dans ce Boeing 700 et des brouettes. Ce qui fait que j'eus le privilège de m'asseoir en business class, celle qui vous amène au même endroit que les autres mais avec quelques petits plus comme par exemple la possibilité de s'asseoir sans se cogner les genoux dans le siège de devant ou de ne pas avoir l'appui tête au niveau des omoplates. Sans parler des écrans suspendus qui diffusent en permanence certains paramètres de vol, histoire de vous mettre en confiance en toute transparence.
Tout y est présent : l'altitude, la vitesse, la température extérieure, le temps de vol restant, la distance parcourue, la ville survolée et ainsi de suite. Rien n'y manque sauf peut-être le temps de chute en cas de panne des réacteurs ou encore l'estimation du temps de survie en cas de dépressurisation de la cabine.
Ce vol, ce fut l'atteinte de la sérénité à l'état brut, la tête à la fois dans les nuages et sur les épaules.
Que voulez-vous, quand on vous annonce que vous êtes à 10000 mètres du sol, que la vitesse est de 800 kilomètres à l'heure et qu'il fait -39°c dehors, j'aime autant vous dire qu'on réalise qu'on est peu de choses sur terre. Et dans les airs.

 

Se passer de l'heure qui passe
30/03/2003 : 20:35

Je ne dérogerai pas à mes habitudes car l'heure est au changement. Ou plutôt au changement d'heure. Les années se précédent si on les prend par la fin et pourtant rien ne change. A force de reculer et d'avancer, comment ne pas céder à l'immobilisme dans lequel on nous plonge un peu plus ou un peu moins suivant les saisons ? Tout cela n'engendre que des perturbations de notre horloge biologique qui ne sait plus à quelles aiguilles se vouer.
Combien de temps durera encore toute cette mascarade dont personne ne parle mais que tout le monde subit ? Apparemment une heure de moins.
Pourquoi me passionner autant pour ce phénomène qui sévit pourtant à dates fixes et dont l'effet de surprise est exactement celui annoncé ? Je ne sais pas. Peut-être parce que l'excuse pour ne pas avoir réussi à faire tout ce que je souhaitais aujourd'hui est pour une fois toute trouvée. Et que de ne pas culpabiliser pendant une journée par an, c'est un pas de géant (taille 45) vers l'éternité que même une heure ne saurait raccourcir (l'éternité, pas le pas). Oui, je sais, c'est assez alambiqué comme raisonnement car au final, lorsque cette heure nous est rendue je n'en éprouve aucune satisfaction. Mais pourquoi devrais je être content de disposer d'une heure de plus ? Pour me rendre compte que mon excuse précédente ne résiste pas à l'épreuve du temps ?
Au fond tout ceci n'a pas grand sens. Car ce n'est pas tant l'heure qu'on nous prend ou qu'on nous rend qui compte, mais ce que nous en faisons. Ou pas.

 

Géraldine, Sybille, Vince et les autres
29/03/2003 : 16:45

Les gens sont de plus en plus exigeants. Maintenant tout leur est dû et quand le compte (surtout le leur) n'est pas bon ils vous le font savoir.
Pas plus tard que mercredi dernier, après un début de semaine commencé sur les chapeaux de roue pendant laquelle j'ai mis toute la gomme pour me retrouver au bout de deux jours sur les jantes, j'ai passé la soirée chez des amis.
Ne connaissant pas tout le monde, nous fîmes les présentations officielles, genre CV en accéléré qui mélange en ce qui me concerne tous les ingrédients d'une existence sans saveur, histoire de la relever et de la faire paraître un peu moins fade.
La charmante orthophoniste de la soirée nous en appris de bien belles sur les techniques de communication sans les mains, mais aussi avec. Sur le fait qu'il est possible de parler sans s'entendre, chose qu'en fait je savais déjà puisqu'il est bien connu qu'à force de parler on finit toujours par ne plus s'entendre. Et qu'un sourd n'est jamais muet. Même aux heures de grandes écoutes.
Après le repas on me demanda si je continuais à écrire, preuve que le chemin qui mène à la gloire n'est pas une 2 fois 4 voies, et si ma prochaine chronique allait parler de cette soirée.
Et voilà. Les gens veulent de la chronique, mais pas de n'importe laquelle. Ils veulent maintenant du premier choix, à savoir le leur. Ne voulant pas faire la sourde oreille à leur appel, je ne leur promis rien. Tout ce que je peux dire à présent est que tout lien avec des personnages fictifs serait forcément fortuit. Que tout cela n'aurait jamais eu lieu si je ne l'avais pas vécu et que toute tentative de procès sera traitée sans sursis.
Une petite entorse au règlement ne peut faire de mal à personne. Il suffit de ne pas l'écrire trop fort sur tous les toits.

 

L'envahissement calorique
22/03/2003 : 18:00

Je viens de découvrir que mon appartement est peuplé d'êtres étranges. J'en vois déjà parmi vous qui se gaussent en se disant qu'ils en connaissent au moins un, et qui s'imaginent que suite à un dédoublement de la personnalité nous devons, moi et mon double, être la proie d'hallucinations collectives.
Je vous rassure, c'est bien pire. Car il ne s'agit pas de moi mais bel est bien d'une invasion des plus sournoises dont les manifestations ne font aucun doute. J'en veux pour preuve le thermomètre de mon salon qui mesure chaque jour un peu plus haut l'étendu du phénomène : j'ai beau ne pas les voir, ces êtres venus d'ailleurs commencent à me chauffer sévère.
Comment peut-il en être autrement puisque j'en suis à 23° celsius, et tout cela sans allumer le moindre radiateur ?
Il se passe quelque chose que les raisonnements rationnels ne peuvent expliquer.
C'est sûr.
La théorie des échanges thermiques appliquée à mon cas particulier démontre que si tout ce surplus de chaleur venait de chez mes voisins, car il faut bien qu'il vienne de quelque part, cela voudrait dire qu'il fait 50,6° chez eux. Et ceci depuis au moins deux ans et demi vu l'épaisseur des murs qui rend plus long le transfert des calories d'un logement à l'autre.
Et ça, c'est impossible. A moins de vivre avec la porte du four ouverte en permanence, ce qui, j'en conviens, reste encore dans le domaine de l'éventualité plausibilistique.
Un esprit cartésien comme le mien ne doit exclure aucune piste.
C'est pour cela que l'hypothèse la plus probable reste la présence d'êtres invisibles dont la température corporelle avoisine celle d'un radiateur en pleine ébullition.
D'ailleurs je n'ai encore vu personne, ce qui prouve que mon hypothèse tient la route.

 

Y'a rien à dire
20/03/2003 : 23:05

Ça y est, c'est parti : les médias ont lâché la rampe.
C'est à se demander si les vrais événements ne vont pas finir pas être oubliés tant les conteurs, affabulateurs et autres mythomanes ont pris la direction des opérations télévisuelles afin de partir à l'assaut de notre part de marché.
Au lieu de nous livrer les dépêches officielles des américains telles qu'on leur a données (à moins qu'ils ne les reçoivent même pas), les journalistes et autres consultants tentent d'occuper l'espace vide. Alors comme à chaque fois on nous ressort toujours les mêmes images, celles tournées pendant une nuit verte ayant pour objectif de nous plonger au coeur de l'action, ambiance Harpic assurée. Car l'image n'est-elle pas le dernier symbole de la réalité ? Quelqu'un qui parle peut mentir. Mais une image, cela ne ment pas. On n'a pas vraiment tendance à la mettre en doute ou à s'imaginer qu'une quelconque malversation peut en être à l'origine.
Remarquez, je ne dis pas cela pour celles que j'ai vues aujourd'hui. Comme dit mon père 'Depuis le début de la soirée ils n'ont rien à montrer. Si jamais il y a une mobylette qui passe dans la rue tu peux être sûr qu'on y a droit'.
Ouais. Tout cela pour dire que ce n'est pas vraiment cela le plus important. Mais comme d'autres s'en occupent je me contente du reste.

 

La leçon de conduite
16/03/2003 : 22:35

En attendant que le côté clair de la force soit avec moi, je vais reprendre mes bonnes vieilles habitudes. Du genre de celles qui collent à la peau, créant comme qui dirait une seconde couche à l'intérieur, bien plus profonde et proche du coeur, que personne ne connaît mais qui est pourtant la plus riche. D'ailleurs je suis souvent le premier à douter de toute cette richesse jusqu'à présent inexploitée et qu'aucun bureau de change ne semble vouloir monnayer. Car la véritable valeur d'une chose n'est-elle pas celle qu'on lui donne ?
Bref, pour pousser un peu plus loin le bouchon jusque dans le vase qui finira par déborder un jour ou l'autre, il me semble judicieux de vous reparler, une bonne fois avant la prochaine, de la circulation à Paris et en banlieue.
Non mais moi je vous le dis : ils sont tous tarés ici.
Et je parle en connaissance de cause puisque j'en fais partie et qu'en plus avec mon bolide je peux vous dire que je suis loin d'être le dernier en la matière. Car le constat est à toutes heures avant d'être à l'amiable : quand ici vous êtes en voiture il y en a toujours une devant vous, celle qui n'avance pas, et une derrière qui elle avance beaucoup trop vite en tentant de conserver sa marge d'insécurité que dans sa grande bonté elle partage avec vous.
Trois voitures : une lente, une rapide et une arrêtée (celle du milieu dans laquelle je suis à chaque fois). Et pourtant une vitesse identique pour tout le monde. Quelle étrange modification de point de vue. Et la personne qui est juste devant moi, juge t-elle que je vais trop vite à son goût ?
Cela signifierait-il que je peux être arrêté et avancer en même temps ?
Il est là le grand enseignement de la vie en général et parisienne en particulier : comment puis je être sûr d'avancer si je n'ai pas repères fiables ?

 

Apothéose annoncée
12/03/2003 : 22:30

Aujourd'hui j'ai décidé de vous parler de quelque chose de positif.
D'un truc qui m'a agréablement surpris, qui m'a fait voir les choses sous un angle jusqu'alors impossible, angle qui se situe au delà de l'obtus que je suis et en deçà de l'aigu qui caractérise mon sens de l'observation.
Un truc qui n'arrive apparemment qu'une fois tous les 33 ans. Je ne vous parle pas ici de la crucifixion mais bel et bien de quelque chose qui fait que pour la première fois je me sens vivant par dessus tout, phénomène amplifié alors que l'ascension ne peut évidemment pas avoir lieu faute de tenants tenus qui n'aboutiront donc pas.
Un truc peut-être insignifiant pour le commun des vivants mais qui chez moi a fait tilt et qui, par relation de causes à effets, a positionné au vert tous mes indicateurs, faisant de moi l'instrument de sensations positivement révélées.
Le genre d'expérience dont ma propre imagination n'osait même pas rêver.
Non pas une révélation aveuglant les illuminés. Juste un petit truc qui fait que soudainement tout devient limpide et clair comme par enchantement, donnant un sens à toute mon existence passée, présente et future. Une libération totale, sans caution, sans période probatoire et sans sursis.
Un océan libéré que plus aucun obstacle ne pourra arrêter.
Je surfe au sommet de la vague du bonheur qui déferle avec force sur mon monde pour tout engloutir.

Bon, maintenant que je sais en parler je n'ai plus qu'à faire en sorte que ce fameux truc arrive.

 

Gnôthi seauton
09/03/2003 : 19:30

Il faut tellement de temps pour lire un livre que je trouve l'exercice pénible. J'ai tellement de bouquins en attente et en cours que je ne sais plus comment m'y prendre. Actuellement j'en ai commencé six et il m'en reste malgré tout autant à commencer. Alors que le but n'est justement pas de les commencer mais bel et bien de les terminer. Normalement.
Sauf apparemment pour moi.
Ce n'est pas que je n'ai pas envie de les lire mais plutôt que j'ai surtout envie de les avoir lus. Eh oui, car je dois bien avouer, et c'est peut-être ce qui est à l'origine du problème, que je n'éprouve aucun plaisir à lire. Je trouve même cela contraignant puisque lorsque je m'attaque à une oeuvre je ne peux du coup pas m'occuper des autres, et vice-versa. Ce qui est très frustrant.
Faut-il donc être maso pour ne pas aimer l'exercice et en même temps se laisser aller à la fièvre acheteuse qui m'amène à présent à contempler une douzaine d'ouvrages dont je vais devoir m'occuper sérieusement un jour ou l'autre ?
Et je peux vous dire que la méthode qui consiste à tous les lire simultanément ne semble pas être la bonne. A force de me disperser, où cela va t-il me mener ? A la page 156 de tous mes livres en même temps sans pouvoir aller beaucoup plus loin sous peine de commencer à mélanger tous les sujets dans un maelström cérébral que d'habitude je crée moi-même ex-nihilo (from scratch comme on dit maintenant) ?
Le jour où je prendrai du plaisir à faire les choses, je conviens que l'exercice sera sûrement plus aisé. Pourtant j'ai envie de connaître la fin (et le début) de chacune de ces oeuvres qui m'intéressent au plus haut point, à savoir 2 mètres 60 bras tendu. Mais mon esprit tourmenté cherche désespérément le repos et ne le trouvant nulle part, il s'agite encore et encore, papillonnant en permanence autour d'hypothétiques et potentiels débuts de solutions.
Enfin, tant que j'arrive à gérer les changements de contexte ainsi que les changements de vitesses de ma boite crânienne, c'est que je suis sur la bonne voie.
Reste à savoir si j'accélère ou pas. En espérant ne pas être à contresens...

 

Les appels à la pelle
03/03/2003 : 20:00

Cela fait maintenant au moins six mois que je reçois des coups de téléphone de la part d'une personne qui parle comme un fax. Enfin c'est ce que je crois puisque je dois reconnaître que cette langue m'est totalement inconnue et que la conversation tourne court à chaque fois. Mais cela n'a pas l'air de gêner mon interlocuteur qui me ressert toujours la même mélodie à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je devrais en l'occurrence plutôt dire 'à toutes les heures du jour et de la nuit' tant tout cela ressemble à un harcèlement de bien belle facture. Surtout la sienne d'ailleurs puisqu'avec une moyenne de deux ou trois appels par jour que mon répondeur, secrétaire moderne s'il en est, se fait un plaisir de prendre, j'aime autant vous dire que cela doit avoisiner les soixante de nos anciens francs par mois. Tout cela pour rien puisqu'en plus je pousse la perfidie jusqu'à ne jamais rappeler malgré les messages incessants dont je suis le destinataire.
Le problème est que je ne sais pas quel est le numéro qui essaye de me contacter. Même chez France Telecom ils ne savent pas me le dire. La seule chose qu'ils me proposent c'est de changer de numéro. C'est complètement con puisque si on réfléchit un peu, on comprend vite que ce n'est pas ce subterfuge à la 1014 qui empêchera le fax de continuer à appeler ce numéro qui est actuellement le mien. Ben non.
Ah ça, pour me dire qui j'ai appelé ils sont forts les loustics ! Sauf que cette info je l'avais déjà avant eux. Ben oui, je ne me mets pas à taper des numéros au hasard sans regarder pour occuper mes soirées. Je n'ai pas que ça à faire. Je vous rappelle que j'ai des fax à traiter moi. Sans blague.
Bref, je suis marron dans cette histoire. Je ne sais pas qui m'appelle et comme cela ne le dérange pas que je ne lui réponde pas correctement (l'accueil peut être plus ou moins chaleureux suivant l'heure), j'ai la ferme impression que cela peut durer encore longtemps. Mon seul espoir est qu'au final quelqu'un s'aperçoive qu'une facture annuelle de 1000 balles (j'arrondis vu que les jours de fête c'est 10 à 15 appels quotidiens) est payée pour rien, sauf bien entendu pour le renflouement de France Telecom.
D'un autre côté, à chaque fois que je rentre chez moi et que je vois qu'il y a plusieurs messages sur le répondeur, j'ai toujours le secret espoir que quelqu'un d'autre que cette machine infernale a cherché à me joindre.
Un espoir tellement secret que je ne le connais pas moi-même, c'est dire !

 

Compression spontanée
26/02/2003 : 22:25

En ce moment c'est la grève dans les transports en commun. Le genre de grève qui, à défaut de n'intéresser personne, dérange les gens concernés tout en les laissant sur le quai.
Non, de nos jours les petites grèves ne paient plus, surtout lorsqu'elles ont pour objectif d'interdire les agressions de conducteurs dans la gare de Plaisir Grignon. Apparemment, vue la tournure des événements, il doit être plus simple de laisser la situation telle quelle est plutôt que d'essayer de trouver une solution. J'espère d'ailleurs qu'ils ne l'attendent pas pour reprendre le travail parce que sinon je crains fort que le train ne siffle pas trois fois avant un bon bout de temps. Il faut être honnête : si un fondu a décidé de taper sur un de ses congénères, personne n'y peut rien. On peut le regretter, on peut le condamner, on peut monter sur ses grands chevaux ou sur son poney pour les plus terre-à-terre. Certes. Mais on ne peut pas l'empêcher. Et ce n'est pas en embêtant (et le mot est faible tant cela finit par coller aux chaussures) les usagers qu'on résoudra le problème. A entendre les remarques autour de moi à la gare, j'ai même de sérieux doutes sur l'atteinte de l'objectif. J'en veux pour preuve une dame d'environ 50 ans très propre sur elle qui, excédée par la situation, s'exclama 'Ils font ça parce qu'un conducteur s'est fait agresser ? Ben moi aussi ça me donne envie de leur taper dessus'...
Il faut cependant reconnaître que le forfait attente + mise sous pression dans le train (mettez le contenu de 8 trains dans 1 et vous comprendrez l'allusion) a eu un franc succès depuis son lancement commercial. Eh oui, figurez-vous que cela fait maintenant deux jours qu'ils refusent du monde, c'est vous dire !
C'est vraiment n'importe quoi. Quand vous voyez arriver le train (je dis bien LE train et pas UN train) vous vous demandez comment les gens ont réussi à rentrer dedans et aussi comment ils vont réussir à en sortir. Mais l'interrogation perd la deuxième moitié de son sens au moment où les portes s'ouvrent, vomissant le surplus d'hommes et de femmes qui n'avait pas pu respirer depuis le précédent arrêt. Pour une fois que l'égalité des sexes est respectée ! Une application concrète de la toujours fameuse loi des gaz parfaits : l'ouverture des portes augmente le volume disponible, volume aussitôt occupé par les veaux que nous sommes devenus.
Vivement demain qu'on remette ça. Ce côté bestial, ça a un petit quelque chose de ressourçant. Cela me rappelle le métro du temps où j'arrivais à me rendre sur Paris...

 

Rien du tout
23/02/2003 : 20:20

Je ne sais pas si je vais réussir à trouver un sujet de chronique. Cela fait bien trois minutes que je m'interroge sur le sujet sans avoir de réponse. D'un autre côté comme il me suffit très souvent d'un petit rien pour en faire un grand rien, cela ne devrait pas me faire peur. Eh oui, la recette est toujours la même depuis des années : il suffit d'étaler le plus possible en dérision le manque de matière première en la diluant à coups d'additifs plus ou moins clairement identifiés dont l'appellation d'origine n'est sûrement contrôlée par personne. Sinon ça se saurait, depuis le temps..
Mais un petit rien ou ne serait-ce que trois fois rien, c'est déjà quelque chose. Je pense que je dois tangenter ce rien sans réussir à l'atteindre. C'est rageant. D'un autre côté si je suis tout près de rien c'est que je n'y suis pas. Ah ça, pour ne pas être quelque part, j'y suis en plein dedans !
N'y aurait il rien de mieux à faire que d'écrire des mots qui se suivent avec si grande difficulté vue l'absence de ligne directrice ?
Si, assurément. Et croyez-moi : terminer une chronique aussi light garantie 100% sans tout, ce n'est pas rien.

 

L'entraide fumeuse
19/02/2003 : 23:00

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans les restaurants les meilleures tables se trouvent toujours dans le coin fumeurs. Depuis que je fais attention à cela je n'ai pas encore trouvé une seule exception, même pas celle qui permettrait de confirmer la règle en question.
J'eus l'occasion d'observer à nouveau ce phénomène pas plus tôt que lundi soir alors que je me mettais en quête d'un pain quotidien au restaurant de l'hôtel dans lequel je résidais pour des raisons moins obscures que professionnelles. Avant tout, je reconnais volontiers que la démarche qui consiste à se faire servir des plats préparés par d'autres présente un certain nombre d'avantages par rapport à une préparation maison (ou appartement pour être précis). Je le reconnais mais là n'est pas le problème.
La question 'fumeur ou non fumeur ?' fut immédiatement posée par la serveuse. Je répondis 'non fumeur', conscient que de toute façon je ne pourrais pas sortir un cigare en ce lieu sous peine de mettre une sacrée pagaille. Ben oui, si vous mixez l'adage 'il n'y a pas de fumée sans feu' avec le fameux 'il vaut mieux prévenir que guérir', il est clair que l'évacuation complète du quartier par les pompiers n'est plus très loin, ce qui pour l'heure ne m'arrangeait guère vue la température estivale qui brillait par son absence.
On me proposa donc une table à laquelle je me suis installé sans opposer la moindre résistance. Eh bien si je vous dis que cette table était placée le long des baies vitrées à moitié givrées qui donnaient sur la rue et que mes jambes se trouvaient sur l'itinéraire d'un courant d'air glacial qui n'en finissait pas de passer, que croyez vous que je fisse ? J'ai tout simplement rappelé la serveuse en l'informant que suite à une révélation plutôt fumeuse j'étais devenu un adepte du tabac et que par conséquent il était impératif que je change de place, religion oblige.
Ah une table de fumeur ! Bien au chaud et protégée de tout air malsain. Que du bonheur.
Remarquez, je comprends les restaurateurs parce que dans un coin non fumeurs vous ne pouvez que pas fumer. Alors que dans l'espace fumeurs, vous avez le choix. Vous fumez ou pas.
En fait il suffirait que les non fumeurs prennent les places fumeurs pour que les fumeurs se retrouvent en non fumeurs et que du coup plus personne ne fume.
Alors non fumeurs ayez le geste citoyen : prenez les meilleures tables et mangez bien au chaud. Sacrifiez-vous que diable ! Les fumeurs vous remercieront.

 

La mode à l'ancienne
16/02/2003 : 15:45

Ce samedi, pour je ne sais quelle raison, je me suis lancé à la quête de vêtements histoire d'étendre ma panoplie du week-end, panoplie dont même la datation au carbone 14 ne donne plus qu'une vague indication à un demi-million d'années prêts sur son origine.
Ne me demandez surtout pas pourquoi car je ne sais absolument pas quelle lubie m'a pris. Sans doute un alignement particulier d'astres qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Ou quelque chose du même style, genre pulsion incontrôlable faisant monter la température à coups de fièvre acheteuse, quitte à en faire péter le thermomètre.
Qu'importe car apparemment les vraies quêtes sont celles qui n'ont pas de fin, à défaut d'avoir de sens. Parce que la réalité reste toujours la plus forte : je suis revenu bredouille d'une expédition au fin fond de mon centre commercial pourtant fort bien pourvu côté guenilles.
Pour commencer, et pour vous prouver ma bonne foi, je n'avais aucune idée préconçue sur ce que je désirais acheter ou pas. Je me suis dit que la lumière de la révélation allait m'illuminer de ses néons lorsque je serai face au choix proposé par les meilleures et les pires marques en la matière.
Eh bien point de révélation.
En fait, la première conclusion à laquelle je suis arrivé est qu'il n'est pas nécessaire de se taper dix magasins pour trouver son malheur car ils vendent tous la même chose. Sûrement un phénomène de mode répandu dans le milieu de l'habillement. Et le détail a son importance vu qu'après avoir déambulé dans quatre magasins j'eus l'impression de revenir à mon point de départ qui n'était déjà pas fameux puisqu'à l'origine de ma démarche.
Sans déconner, qu'est-ce que c'est que ces habits de mouise ? On jurerait que ce sont des clones du gilet de Thierry Lhermitte dans 'Le père Noël est une ordure'. Des serpillières que je n'oserai même pas utiliser pour nettoyer mes sols de peur de les rayer (les sols, pas les serpillières). Des pulls ou assimilés qui n'ont aucune forme, se contentant juste d'offrir ici et là quelques ouvertures afin de permettre le passage optionnel d'une tête et de bras, et encore dans l'ordre que l'on souhaite tant tout cela ne semble pas avoir grand sens.
A moment donné j'ai cru que les enseignes de la fringue s'étaient mis à plagier les concessionnaires automobiles. A croire que les rayons ne proposent à la vente que des occasions, non garanties, que le lion avait dû fort maltraiter et que les anciens propriétaires ont décidé d'abandonner afin de continuer leur bonhomme de chemin à pied et à poil.
Parce que ce n'est pas possible que cela soit du neuf. Il est certain que tout cela a déjà été mis. Et pas qu'une fois. Alors dans ces conditions je peux fort bien continuer avec le contenu de mon placard qui remplit largement toutes les conditions prérequises pour visiblement être à la page.
Limite si je ne pourrais pas ouvrir un magasin.

 

L'heure à toutes heures
11/02/2003 : 22:20

Il devient quasiment impossible de regarder un film à la télévision.
Pour commencer (c'est le cas de le dire) il faut maintenant attendre 21h05 pour enfin daigner voir apparaître le moindre générique, et de début qui plus est ! Je ne comprends pas la logique de cette dérive incontrôlée que seule Arte semble éviter, rigueur allemande oblige. Remarquez pour se taper du japonais en version sous-titrée, il faut reconnaître que plus vite ce sera commencé et plus vite ce sera fini.
Ce qui est encore plus bizarre c'est que ce retard par rapport à la théorie publiée dans les magazines à deux balles est systématiquement rattrapé à l'heure de la grand messe du 20 heures qui par ma foi ne subit aucun retard.
Alors je pose la question : où récupère t'on ce temps sachant que les chaînes diffusent en continu des programmes 24 heures sur 24 ? J'imagine qu'il doit y avoir une émission qui se trouve systématiquement tronquée de quelques minutes en plein milieu de la nuit afin de remettre tout le monde dans le même fuseau horaire.
Une histoire de chasse dans laquelle les bestiaux tombent avant d'être abattus, dans laquelle l'inspecteur Derrick boucle son affaire en moins de temps qu'il ne lui en faut habituellement pour se rendre compte que son téléphone à cadran sonne, dans laquelle les buts non marqués comptent autant que les autres, comme si seule l'intention comptait.
Décidément il y a quelque chose de louche dans cette course contre la montre que le commun des mortels ne gagne jamais, surtout à l'heure du réveil qui elle ne subit pas la mauvaise influence de la concurrence et qui par conséquent ne se décale pas.
L'heure c'est l'heure. Mais pas partout. Car à la télé avant l'heure ce n'est pas l'heure et un peu plus tard c'est plutôt plus l'heure.
Alors quel est encore l'intérêt de l'heure dans tout cela ?