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Le tour de la question |
29/04/2003 : 22:45
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Les questions philosophiques arrivent toujours lorsque je ne
les attends pas. Elles peuvent surgir à n'importe quel
moment, provenant d'une stimulation issue de l'environnement social,
de l'impossibilité de ne pas réfléchir ou
d'un tas d'autres considérations tellement nombreuses qu'aucune
liste ne pourrait en faire le tour afin d'en joindre les deux
bouts. Bien souvent ce questionnement intérieur semble
ne pas avoir de prise avec la réalité. Sauf évidemment
quand celle-ci est branchée sur le 220 volts, opération
qui permet d'alterner les hauts et les bas tout en restant déphasé
par rapport à la continuité du quotidien qui, en
moyenne, reste désespérément sans relief.
Mais aujourd'hui j'ai réussi à mettre des mots sur
ce qui me taraude depuis le début de soirée suite
à l'installation d'un système audio vidéo
apte à faire remonter à la surface des choses pourtant
enfouies sous une couche de leurres plus épaisse que toutes
les autres.
Alors comme dans la MMPP je vous dis tout, après avoir
toutefois effectuer au préalable un tri sélectif
ayant pour objectif (c'est mon second geste citoyen) de rendre
mes propos clairs, concis et toujours plus rationnels les uns
que les autres, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin
et vais vous livrer franco de port la question qui demeure actuellement
sans réponse.
A savoir : est-ce que celui qui regarde Apollo 13 assis sur un
caisson de basses d'un système Home cinéma surpuissant
réussit comme dans le film à faire le tour de la
lune sans la toucher, ou pas ?
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Le huitième jour |
28/04/2003 : 23:50
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Je n'ai rien contre l'environnement. Tout particulièrement
lorsqu'il s'agit d'avoir le geste citoyen qui consiste à
effectuer le tri sélectif, acte permettant d'alimenter
le cycle infernal consommateur vers producteur et inversement,
éternel recommencement qui parti comme c'est n'arrivera
jamais à sa fin.
Bien.
Cependant, si toute la logistique est en place il faut avouer,
et donc à moitié pardonner, que le geste en question
n'est pas des plus simples à maîtriser. Pour commencer
il faut connaître ce qu'on peut (doit ?) trier et de quelle
façon. Afin de diminuer le volume des notes d'information,
favorisant en cela la reforestation amazonienne, la mairie a tout
juste daigné nous indiquer que tout allait se mettre en
place et que sous peu on allait voir ce qu'on allait voir. Surtout
au niveau du local poubelles. Je vous le fais en version résumée
: un bac pour le verre, un pour le papier (par contre si vous
avez du papier de verre vous êtes à mon avis un peu
dans la mouise), un pour ce qu'il faut trier et enfin un autre
pour tout ce qu'il ne faut pas trier mais que vous avez forcément
dû trier pour en déduire que cela allait bien dans
cette poubelle et pas dans une autre.
Impec.
Mais le problème majeur concerne le récipient fourre-pas-tout
dont le contenu théorique est plutôt difficile à
mémoriser. Pour savoir ce qu'on peut y mettre, ou pas comme
dirait l'autre, il est nécessaire de lire l'autocollant
placé sur le couvercle. Seulement comme il y a environ
50 types de produits différents mentionnés, j'aime
autant vous dire qu'une fois remonté deux étages
plus haut je ne me souviens en général de rien.
Sauf du fait que je ne me souviens plus. Alors dans le doute je
multiplie les sachets pour effectuer aussi chez moi le tri qui
me permet une fois dans le local susmentionné de couvrir
tous les cas possibles. Bon, par contre avec tous ces sacs je
reconnais que c'est un peu le purin dans la cuisine.
Mais passe encore. Je suis tout à fait partant pour sauver
ce qui peut l'être et le faire revivre une nouvelle fois.
Je me prends ainsi un peu pour Dieu à chaque yoghourt mangé
et chaque bière descendue. Seulement, par ma foi, moi je
fais juste cela en amateur, histoire d'épater la galerie
tout en vidant celles du frigo.
Ok.
Seulement là où on se moque du monde c'est au niveau
de l'aspect pratique. Prenons par exemple la trappe par laquelle
transitent les déchets pour atterrir dans les bacs. Eh
bien je ne sais pas quel est le blaireau qui s'est occupé
de la conception du bousin mais ce dont je suis sûr c'est
qu'au Panthéon de la connerie il doit avoir une concession
à vie.
Sans déconner, une ouverture de vingt centimètres
sur un cinquième de mètres (NDLR : remarquez ici
le subterfuge permettant d'éviter la répétition)
moi je dis que ce n'est pas possible. L'autre jour en voulant
forcer le passage j'ai failli y laisser une main en plus de ma
montre. Alors j'aime autant vous dire que les cartons d'enceintes
musicales (je précise afin d'éviter toute confusion
avec les enceintes pénitentiaires) qui font 200*50*55 centimètres,
eh bien ils sont partis dans le grand bac, celui dont l'entrée
est totalement libre.
Je me demande à quoi pensent ceux qui font des poubelles.
Que les usagers vont se taper au préalable la découpe
des objets afin de respecter le format imposé ?
Dès qu'on m'impose quelque chose j'ai toujours du mal à
mettre la patte à la pâte.
En quelque sorte une imposition des mains qu'on ne m'imposera
pas.
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La nature s'éclate |
22/04/2003 : 23:30
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Les trajets sur autoroute par jours de soleil sont extrêmement
enrichissants. Surtout au niveau de la connaissance de la faune
animalière qui s'élève si haut que nul regard
ne peut à présent le soutenir.
Bien sûr je ne parle pas des autruches, lions et autres
dromadaires qui sévissent dans nos contrées mais
des moustiques, mouches, guêpes et autres volatiles qui
s'étalent de tout leur long sur les pare-brise au gré
des kilomètres parcourus. Comme j'évite soigneusement
de faire fonctionner l'essuie-glace sous peine de créer
un flou artistique de la période post-it mais en moins
pratique puisque ces insectes ne se décollent pas facilement
pour se recoller ailleurs, je me retrouve toujours après
environ cent kilomètres de trajet avec une magnifique fresque
représentant la nature dans son plus simple appareil.
Ah ça, pour s'éclater on s'éclate ! Surtout
eux.
A tel point que cela ressemble quasiment à du Miro. D'ailleurs,
maintenant que j'y pense il est clair que je suis un artiste et
je l'affirme : le Miro, c'est moi ! D'une part parce que je laisse
l'inspiration être mon guide, secondée en cela par
ma carte Michelin, et d'autre part parce que ma vision n'étant
plus ce qu'elle était le qualificatif semble tout particulièrement
approprié.
Je ne sais pas de quoi se nourrissent ces bestioles mais à
mon avis tous les goûts sont dans la nature. Du rouge sang
au jaune adipeux toutes les couleurs y passent. Et elles y restent
également, jusqu'à ce que le nettoyage de la toile
soit effectué avec les produits adéquats.
Dans le registre 'dessiner c'est pas gagné', les sujets
libres semblent les plus simples à maîtriser. Parce
que pour ce qui est des figures imposées, tout se complique.
Par exemple pour obtenir du vert, il faut tout d'abord viser un
coléoptère atteint de jaunisse pour ensuite essayer
d'appliquer une fine couche de libellules ayant traînées
suffisamment longtemps en Auvergne pour connaître de près
les fromages du coin. Bref, vous vous rendez compte que l'exercice
n'est pas des plus simples et qu'avant d'arriver à des
résultats significatifs il est nécessaire d'aligner
un certain nombre de kilomètres au compteur.
Mais tel est le prix à payer pour être un artiste
: remettre cent fois son ouvrage sur le pare-brise. Pour au final
se contenter de trois fois rien, à savoir de la saloperie
de bestiole qui reste désespérément collée
en plein milieu et dont aucune éponge ne vient à
bout.
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Stop ou encore |
17/04/2003 : 22:15
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C'est fou comme je ne suis pas inspiré. Rien ne me vient
en tête et pour tout vous dire il n'est pas impossible que
je laisse tomber cette chronique avant la fin, ce qui je l'avoue
n'a absolument aucun sens puisque c'est justement le fait d'arrêter
d'écrire qui fait que la fin est atteinte.
En clair je m'arrête toujours en même temps que la
fin, jamais avant. En plus si je prends le cas où je continue
sans arrêt, il est évident que toute cette histoire
finira par ne plus avoir aucun sens. Car seul ce qui a une fin
peut avoir un sens.
Sauf la vie, exception vécue qui confirme la règle.
Supprimez par exemple la dernière minute de chaque film
et arrachez la dernière page de chaque livre et vous vous
apercevrez que du coup toutes ces histoires ne veulent plus rien
dire. C'est la preuve que seule la fin donne un sens à
tout ce qui s'est passé avant.
Sauf pour la vie puisque comme chacun le sait : la vie, ce n'est
pas du cinéma.
Bref, tout cela ne me mène pas bien loin, voire même
nulle part. Alors pourquoi ne pas m'arrêter tout de suite
? Il est clair que ce serait une première puisque d'habitude
dans une telle situation je préfère laisser le clavier
au repos avant d'atteindre le début et passer mon tour.
Mais là non.
Tout simplement parce que je m'aperçois en écrivant
ces quelques lignes que le plus dur est seulement de commencer
et qu'après les mots s'enchaînent les uns aux autres
pour se terminer quand je l'aurai décidé.
Comme la vie.
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Effets d'annonces |
14/04/2003 : 22:15
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Il existe des phénomènes dont on ne soupçonne
pas l'existence. Jusqu'à ce que le monde du réel
entre en collision avec un esprit prompt à échafauder
les pires théories au sujet de banalités confondantes
comme par exemple les embouteillages en milieu urbain.
Il y avait bien longtemps que ce journal ne s'était pas
fait l'écho de cette caractéristique capitale qui
se répète inlassablement sur toutes les routes de
la cité. Que ce soit le long de la petite couronne ou de
la grande, sachez que tout le monde peut trouver chaussure à
son pied afin que celui-ci ne soit pas au plancher.
Je croyais tout savoir de cette tranche de vie qui se passe dans
la voiture.
Mais vendredi le doute m'a assaillit. Cela commença par
un panneau lumineux indiquant que sur l'autoroute que j'empruntais
se profilait un bouchon de cinq kilomètres à une
dizaine de bornes de là.
Soit dit en passant, la technologie n'a t-elle donc pas d'autres
objectifs que de nous donner les mauvaises nouvelles le plus tôt
possible ?
Bref, me fiant toujours aux indications autoroutières,
qui au fil du temps confirmaient le bouchon, je me mis à
ralentir, suivant en cela mon instinct en plus de la voiture de
devant qui faisait de même.
Tout le monde freinant, inutile de vous dire que nous avons tous
fini par nous retrouver dans ce fameux bouchon, celui dont on
nous rabâchait les yeux depuis un bon moment. Merveilleuse
invention que ces pancartes oranges qui diffusent aussi aux heures
de grandes écoutes des messages du style 'Sur autoroute
je dépasse à gauche', comme si partout ailleurs
il était autorisé d'y aller gaiement par la droite.
Bref, pour revenir au sujet de la chronique du jour et en finir
avec lui, j'affirme haut et fort qu'en réalité le
bouchon dans lequel j'étais n'existait pas. Ou plus exactement
que le bouchon n'aurait jamais existé si on ne nous l'avait
pas indiqué. Un problème de panneau et de bouchon
qui ressemble à s'y méprendre à celui de
l'oeuf et de la poule, le jaune en moins. Sans cette information
prédisant l'avenir avec dix kilomètres d'avance,
tout le monde aurait continué à rouler normalement
ce qui aurait facilité l'écoulement du flot de voitures
parties se noyer dans les méandres du réseau autoroutier
de province. Car il est clair qu'une tripotée de voitures
freinant à vitesse grand V ne peut que créer un
ralentissement qui préfigure la sclérose automobilistique
généralisée tant annoncée. CQFD.
Nous avions les créateurs d'automobiles. Nous avons maintenant
les créateurs d'automobiles à l'arrêt.
A partir de maintenant je ne croirai plus rien de ce que je lirai.
Et vous feriez bien d'en faire autant.
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Nuit de foot |
08/04/2003 : 22:45
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Je suis en train de regarder un match de foot, du genre de ceux
qu'il est possible de voir assis dans son canapé tout en sirotant
une bière ou en écrivant une chronique. L'exercice m'étant assez
familier, j'avoue réussir à cumuler les mandats sans me prendre
les pieds dans le tapis, ou pour être plus précis sans renverser
mon verre sur le clavier.
L'expertise naît de la persévérance et c'est en pratiquant sans
relâche, en remettant cent fois sa canette dans la poubelle que
la maîtrise finit par prendre le dessus. D'ailleurs, j'ai connu
au moins un clavier qui avait pas mal appris de ce côté là et
dont certaines touches furent marquées par la phase d'apprentissage,
collées qu'elles étaient en position appuyée sous l'action combinée
du houblon et de la maladresse.
Mais les temps ont changé et maintenant tout est sous contrôle,
y compris au niveau du jeu. Il est bien là l'avantage de la technologie
sur le passé. Aujourd'hui tout le monde joue à domicile, le mien
en l'occurrence. Et quand j'aurai décidé de renvoyer tout le monde
dans ses buts, il me suffira d'appuyer sur un seul bouton, sans
même avoir à quitter le divan.
La puissance du progrès n'a pas de limite. Enfin, disons que cette
limite semble au moins atteindre les trois mètres, à l'image de
ceux qui me séparent de l'écran.
D'ici à ce que grâce à mes innombrables télécommandes toutes plus
universelles les unes que les autres je puisse agir sur les programmes
télévisés des voisins sans me lever, il n'y a qu'un pas que le
mur m'empêche pourtant de faire. Mais à la vitesse où va le progrès
je ne doute pas qu'il arrive un jour dans tous les foyers.
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L'air des hauteurs |
05/04/2003 : 17:00
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Un voyage en avion se passe rarement comme prévu. J'en
fis encore les frais lundi matin lorsqu'après être
arrivé à l'aéroport sur le coup de six heures
du matin je vis que mon avion était annoncé à
l'heure.
Première surprise.
Mais heureusement tout revint dans l'ordre vingt minutes plus
tard lorsque celui-ci passa directement à l'état
'annulé' sans passer par la case départ et sans
toucher les billets des 180 passagers pour nulle part. Encore
heureux que l'annulation se fit avant l'embarquement, parce qu'on
ne sait jamais où vont les avions annulés et croyez-moi,
je ne préfère pas le savoir.
Prisonnier d'une logique qui veut qu'un billet sans avion ne vous
mène jamais bien loin, je tentais de convertir le mien
en sésame pour un autre vol. Quatre heures plus tard.
Une journée qui commence tôt ayant pas mal de chance
de durer un peu plus longtemps qu'une autre, j'embarquais à
onze heures, soit sept heures après que le réveil
eut sévi. Dans un avion d'une compagnie hollandaise dans
lequel on nous annonça que les places étaient 'free-sitting'.
Autrement dit dans un jargon un peu moins aérien : c'est
chacun pour soi et peut-être pas un siège pour tous.
Arrivé dernier dans le premier bus qui nous amenait vers
l'avion, je fus, suite à la mise en pratique de la théorie
de la LIFO (Last In First Out) le premier à entrer dans
ce Boeing 700 et des brouettes. Ce qui fait que j'eus le privilège
de m'asseoir en business class, celle qui vous amène au
même endroit que les autres mais avec quelques petits plus
comme par exemple la possibilité de s'asseoir sans se cogner
les genoux dans le siège de devant ou de ne pas avoir l'appui
tête au niveau des omoplates. Sans parler des écrans
suspendus qui diffusent en permanence certains paramètres
de vol, histoire de vous mettre en confiance en toute transparence.
Tout y est présent : l'altitude, la vitesse, la température
extérieure, le temps de vol restant, la distance parcourue,
la ville survolée et ainsi de suite. Rien n'y manque sauf
peut-être le temps de chute en cas de panne des réacteurs
ou encore l'estimation du temps de survie en cas de dépressurisation
de la cabine.
Ce vol, ce fut l'atteinte de la sérénité
à l'état brut, la tête à la fois dans
les nuages et sur les épaules.
Que voulez-vous, quand on vous annonce que vous êtes à
10000 mètres du sol, que la vitesse est de 800 kilomètres
à l'heure et qu'il fait -39°c dehors, j'aime autant
vous dire qu'on réalise qu'on est peu de choses sur terre.
Et dans les airs.
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Se passer de l'heure qui passe |
30/03/2003 : 20:35
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Je ne dérogerai pas à mes habitudes car l'heure
est au changement. Ou plutôt au changement d'heure. Les
années se précédent si on les prend par la
fin et pourtant rien ne change. A force de reculer et d'avancer,
comment ne pas céder à l'immobilisme dans lequel
on nous plonge un peu plus ou un peu moins suivant les saisons
? Tout cela n'engendre que des perturbations de notre horloge
biologique qui ne sait plus à quelles aiguilles se vouer.
Combien de temps durera encore toute cette mascarade dont personne
ne parle mais que tout le monde subit ? Apparemment une heure
de moins.
Pourquoi me passionner autant pour ce phénomène
qui sévit pourtant à dates fixes et dont l'effet
de surprise est exactement celui annoncé ? Je ne sais pas.
Peut-être parce que l'excuse pour ne pas avoir réussi
à faire tout ce que je souhaitais aujourd'hui est pour
une fois toute trouvée. Et que de ne pas culpabiliser pendant
une journée par an, c'est un pas de géant (taille
45) vers l'éternité que même une heure ne
saurait raccourcir (l'éternité, pas le pas). Oui,
je sais, c'est assez alambiqué comme raisonnement car au
final, lorsque cette heure nous est rendue je n'en éprouve
aucune satisfaction. Mais pourquoi devrais je être content
de disposer d'une heure de plus ? Pour me rendre compte que mon
excuse précédente ne résiste pas à
l'épreuve du temps ?
Au fond tout ceci n'a pas grand sens. Car ce n'est pas tant l'heure
qu'on nous prend ou qu'on nous rend qui compte, mais ce que nous
en faisons. Ou pas.
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Géraldine, Sybille, Vince et les autres |
29/03/2003 : 16:45
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Les gens sont de plus en plus exigeants. Maintenant tout leur
est dû et quand le compte (surtout le leur) n'est pas bon
ils vous le font savoir.
Pas plus tard que mercredi dernier, après un début
de semaine commencé sur les chapeaux de roue pendant laquelle
j'ai mis toute la gomme pour me retrouver au bout de deux jours
sur les jantes, j'ai passé la soirée chez des amis.
Ne connaissant pas tout le monde, nous fîmes les présentations
officielles, genre CV en accéléré qui mélange
en ce qui me concerne tous les ingrédients d'une existence
sans saveur, histoire de la relever et de la faire paraître
un peu moins fade.
La charmante orthophoniste de la soirée nous en appris
de bien belles sur les techniques de communication sans les mains,
mais aussi avec. Sur le fait qu'il est possible de parler sans
s'entendre, chose qu'en fait je
savais déjà puisqu'il est bien connu qu'à
force de parler on finit toujours par ne plus s'entendre. Et qu'un
sourd n'est jamais muet. Même aux heures de grandes écoutes.
Après le repas on me demanda si je continuais à
écrire, preuve que le chemin qui mène à la
gloire n'est pas une 2 fois 4 voies, et si ma prochaine chronique
allait parler de cette soirée.
Et voilà. Les gens veulent de la chronique, mais pas de
n'importe laquelle. Ils veulent maintenant du premier choix, à
savoir le leur. Ne voulant pas faire la sourde oreille à
leur appel, je ne leur promis rien. Tout ce que je peux dire à
présent est que tout lien avec des personnages fictifs
serait forcément fortuit. Que tout cela n'aurait jamais
eu lieu si je ne l'avais pas vécu et que toute tentative
de procès sera traitée sans sursis.
Une petite entorse au règlement ne peut faire de mal à
personne. Il suffit de ne pas l'écrire trop fort sur tous
les toits.
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L'envahissement calorique |
22/03/2003 : 18:00
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Je viens de découvrir que mon appartement est peuplé
d'êtres étranges. J'en vois déjà parmi
vous qui se gaussent en se disant qu'ils en connaissent au moins
un, et qui s'imaginent que suite à un dédoublement
de la personnalité nous devons, moi et mon double, être
la proie d'hallucinations collectives.
Je vous rassure, c'est bien pire. Car il ne s'agit pas de moi
mais bel est bien d'une invasion des plus sournoises dont les
manifestations ne font aucun doute. J'en veux pour preuve le thermomètre
de mon salon qui mesure chaque jour un peu plus haut l'étendu
du phénomène : j'ai beau ne pas les voir, ces êtres
venus d'ailleurs commencent à me chauffer sévère.
Comment peut-il en être autrement puisque j'en suis à
23° celsius, et tout cela sans allumer le moindre radiateur
?
Il se passe quelque chose que les raisonnements rationnels ne
peuvent expliquer.
C'est sûr.
La théorie des échanges thermiques appliquée
à mon cas particulier démontre que si tout ce surplus
de chaleur venait de chez mes voisins, car il faut bien qu'il
vienne de quelque part, cela voudrait dire qu'il fait 50,6°
chez eux. Et ceci depuis au moins deux ans et demi vu l'épaisseur
des murs qui rend plus long le transfert des calories d'un logement
à l'autre.
Et ça, c'est impossible. A moins de vivre avec la porte
du four ouverte en permanence, ce qui, j'en conviens, reste encore
dans le domaine de l'éventualité plausibilistique.
Un esprit cartésien comme le mien ne doit exclure aucune
piste.
C'est pour cela que l'hypothèse la plus probable reste
la présence d'êtres invisibles dont la température
corporelle avoisine celle d'un radiateur en pleine ébullition.
D'ailleurs je n'ai encore vu personne, ce qui prouve que mon hypothèse
tient la route.
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Y'a rien à dire |
20/03/2003 : 23:05
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Ça y est, c'est parti : les médias ont lâché
la rampe.
C'est à se demander si les vrais événements
ne vont pas finir pas être oubliés tant les conteurs,
affabulateurs et autres mythomanes ont pris la direction des opérations
télévisuelles afin de partir à l'assaut de
notre part de marché.
Au lieu de nous livrer les dépêches officielles des
américains telles qu'on leur a données (à
moins qu'ils ne les reçoivent même pas), les journalistes
et autres consultants tentent d'occuper l'espace vide. Alors comme
à chaque fois on nous ressort toujours les mêmes
images, celles tournées pendant une nuit verte ayant pour
objectif de nous plonger au coeur de l'action, ambiance Harpic
assurée. Car l'image n'est-elle pas le dernier symbole
de la réalité ? Quelqu'un qui parle peut mentir.
Mais une image, cela ne ment pas. On n'a pas vraiment tendance
à la mettre en doute ou à s'imaginer qu'une quelconque
malversation peut en être à l'origine.
Remarquez, je ne dis pas cela pour celles que j'ai vues aujourd'hui.
Comme dit mon père 'Depuis le début de la soirée
ils n'ont rien à montrer. Si jamais il y a une mobylette
qui passe dans la rue tu peux être sûr qu'on y a droit'.
Ouais. Tout cela pour dire que ce n'est pas vraiment cela le plus
important. Mais comme d'autres s'en occupent je me contente du
reste.
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La leçon de conduite |
16/03/2003 : 22:35
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En attendant que le côté clair de la force soit
avec moi, je vais reprendre mes bonnes vieilles habitudes. Du
genre de celles qui collent à la peau, créant comme
qui dirait une seconde couche à l'intérieur, bien
plus profonde et proche du coeur, que personne ne connaît
mais qui est pourtant la plus riche. D'ailleurs je suis souvent
le premier à douter de toute cette richesse jusqu'à
présent inexploitée et qu'aucun bureau de change
ne semble vouloir monnayer. Car la véritable valeur d'une
chose n'est-elle pas celle qu'on lui donne ?
Bref, pour pousser un peu plus loin le bouchon jusque dans le
vase qui finira par déborder un jour ou l'autre, il me
semble judicieux de vous reparler, une bonne fois avant la prochaine,
de la circulation à Paris et en banlieue.
Non mais moi je vous le dis : ils sont tous tarés ici.
Et je parle en connaissance de cause puisque j'en fais partie
et qu'en plus avec mon bolide je peux vous dire que je suis loin
d'être le dernier en la matière. Car le constat est
à toutes heures avant d'être à l'amiable :
quand ici vous êtes en voiture il y en a toujours une devant
vous, celle qui n'avance pas, et une derrière qui elle
avance beaucoup trop vite en tentant de conserver sa marge d'insécurité
que dans sa grande bonté elle partage avec vous.
Trois voitures : une lente, une rapide et une arrêtée
(celle du milieu dans laquelle je suis à chaque fois).
Et pourtant une vitesse identique pour tout le monde. Quelle étrange
modification de point de vue. Et la personne qui est juste devant
moi, juge t-elle que je vais trop vite à son goût
?
Cela signifierait-il que je peux être arrêté
et avancer en même temps ?
Il est là le grand enseignement de la vie en général
et parisienne en particulier : comment puis je être sûr
d'avancer si je n'ai pas repères fiables ?
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Apothéose annoncée |
12/03/2003 : 22:30
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Aujourd'hui j'ai décidé de vous parler de quelque
chose de positif.
D'un truc qui m'a agréablement surpris, qui m'a fait voir
les choses sous un angle jusqu'alors impossible, angle qui se
situe au delà de l'obtus que je suis et en deçà
de l'aigu qui caractérise mon sens de l'observation.
Un truc qui n'arrive apparemment qu'une fois tous les 33 ans.
Je ne vous parle pas ici de la crucifixion mais bel et bien de
quelque chose qui fait que pour la première fois je me
sens vivant par dessus tout, phénomène amplifié
alors que l'ascension ne peut évidemment pas avoir lieu
faute de tenants tenus qui n'aboutiront donc pas.
Un truc peut-être insignifiant pour le commun des vivants
mais qui chez moi a fait tilt et qui, par relation de causes à
effets, a positionné au vert tous mes indicateurs, faisant
de moi l'instrument de sensations positivement révélées.
Le genre d'expérience dont ma propre imagination n'osait
même pas rêver.
Non pas une révélation aveuglant les illuminés.
Juste un petit truc qui fait que soudainement tout devient limpide
et clair comme par enchantement, donnant un sens à toute
mon existence passée, présente et future. Une libération
totale, sans caution, sans période probatoire et sans sursis.
Un océan libéré que plus aucun obstacle ne
pourra arrêter.
Je surfe au sommet de la vague du bonheur qui déferle avec
force sur mon monde pour tout engloutir.
Bon, maintenant que je sais en parler je n'ai plus qu'à
faire en sorte que ce fameux truc arrive.
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Gnôthi seauton |
09/03/2003 : 19:30
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Il faut tellement de temps pour lire un livre que je trouve l'exercice
pénible. J'ai tellement de bouquins en attente et en cours
que je ne sais plus comment m'y prendre. Actuellement j'en ai
commencé six et il m'en reste malgré tout autant
à commencer. Alors que le but n'est justement pas de les
commencer mais bel et bien de les terminer. Normalement.
Sauf apparemment pour moi.
Ce n'est pas que je n'ai pas envie de les lire mais plutôt
que j'ai surtout envie de les avoir lus. Eh oui, car je dois bien
avouer, et c'est peut-être ce qui est à l'origine
du problème, que je n'éprouve aucun plaisir à
lire. Je trouve même cela contraignant puisque lorsque je
m'attaque à une oeuvre je ne peux du coup pas m'occuper
des autres, et vice-versa. Ce qui est très frustrant.
Faut-il donc être maso pour ne pas aimer l'exercice et en
même temps se laisser aller à la fièvre acheteuse
qui m'amène à présent à contempler
une douzaine d'ouvrages dont je vais devoir m'occuper sérieusement
un jour ou l'autre ?
Et je peux vous dire que la méthode qui consiste à
tous les lire simultanément ne semble pas être la
bonne. A force de me disperser, où cela va t-il me mener
? A la page 156 de tous mes livres en même temps sans pouvoir
aller beaucoup plus loin sous peine de commencer à mélanger
tous les sujets dans un maelström cérébral
que d'habitude je crée moi-même ex-nihilo (from scratch
comme on dit maintenant) ?
Le jour où je prendrai du plaisir à faire les choses,
je conviens que l'exercice sera sûrement plus aisé.
Pourtant j'ai envie de connaître la fin (et le début)
de chacune de ces oeuvres qui m'intéressent au plus haut
point, à savoir 2 mètres 60 bras tendu. Mais mon
esprit tourmenté cherche désespérément
le repos et ne le trouvant nulle part, il s'agite encore et encore,
papillonnant en permanence autour d'hypothétiques et potentiels
débuts de solutions.
Enfin, tant que j'arrive à gérer les changements
de contexte ainsi que les changements de vitesses de ma boite
crânienne, c'est que je suis sur la bonne voie.
Reste à savoir si j'accélère ou pas. En espérant
ne pas être à contresens...
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Les appels à la pelle |
03/03/2003 : 20:00
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Cela fait maintenant au moins six mois que je reçois des
coups de téléphone de la part d'une personne qui
parle comme un fax. Enfin c'est ce que je crois puisque je dois
reconnaître que cette langue m'est totalement inconnue et
que la conversation tourne court à chaque fois. Mais cela
n'a pas l'air de gêner mon interlocuteur qui me ressert
toujours la même mélodie à n'importe quelle
heure du jour ou de la nuit. Je devrais en l'occurrence plutôt
dire 'à toutes les heures du jour et de la nuit' tant tout
cela ressemble à un harcèlement de bien belle facture.
Surtout la sienne d'ailleurs puisqu'avec une moyenne de deux ou
trois appels par jour que mon répondeur, secrétaire
moderne s'il en est, se fait un plaisir de prendre, j'aime autant
vous dire que cela doit avoisiner les soixante de nos anciens
francs par mois. Tout cela pour rien puisqu'en plus je pousse
la perfidie jusqu'à ne jamais rappeler malgré les
messages incessants dont je suis le destinataire.
Le problème est que je ne sais pas quel est le numéro
qui essaye de me contacter. Même chez France Telecom ils
ne savent pas me le dire. La seule chose qu'ils me proposent c'est
de changer de numéro. C'est complètement con puisque
si on réfléchit un peu, on comprend vite que ce
n'est pas ce subterfuge à la 1014 qui empêchera le
fax de continuer à appeler ce numéro qui est actuellement
le mien. Ben non.
Ah ça, pour me dire qui j'ai appelé ils sont forts
les loustics ! Sauf que cette info je l'avais déjà
avant eux. Ben oui, je ne me mets pas à taper des numéros
au hasard sans regarder pour occuper mes soirées. Je n'ai
pas que ça à faire. Je vous rappelle que j'ai des
fax à traiter moi. Sans blague.
Bref, je suis marron dans cette histoire. Je ne sais pas qui m'appelle
et comme cela ne le dérange pas que je ne lui réponde
pas correctement (l'accueil peut être plus ou moins chaleureux
suivant l'heure), j'ai la ferme impression que cela peut durer
encore longtemps. Mon seul espoir est qu'au final quelqu'un s'aperçoive
qu'une facture annuelle de 1000 balles (j'arrondis vu que les
jours de fête c'est 10 à 15 appels quotidiens) est
payée pour rien, sauf bien entendu pour le renflouement
de France Telecom.
D'un autre côté, à chaque fois que je rentre
chez moi et que je vois qu'il y a plusieurs messages sur le répondeur,
j'ai toujours le secret espoir que quelqu'un d'autre que cette
machine infernale a cherché à me joindre.
Un espoir tellement secret que je ne le connais pas moi-même,
c'est dire !
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Compression spontanée |
26/02/2003 : 22:25
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En ce moment c'est la grève dans les transports en commun.
Le genre de grève qui, à défaut de n'intéresser
personne, dérange les gens concernés tout en les
laissant sur le quai.
Non, de nos jours les petites grèves ne paient plus, surtout
lorsqu'elles ont pour objectif d'interdire les agressions de conducteurs
dans la gare de Plaisir Grignon. Apparemment, vue la tournure
des événements, il doit être plus simple de
laisser la situation telle quelle est plutôt que d'essayer
de trouver une solution. J'espère d'ailleurs qu'ils ne
l'attendent pas pour reprendre le travail parce que sinon je crains
fort que le train ne siffle pas trois fois avant un bon bout de
temps. Il faut être honnête : si un fondu a décidé
de taper sur un de ses congénères, personne n'y
peut rien. On peut le regretter, on peut le condamner, on peut
monter sur ses grands chevaux ou sur son poney pour les plus terre-à-terre.
Certes. Mais on ne peut pas l'empêcher. Et ce n'est pas
en embêtant (et le mot est faible tant cela finit par coller
aux chaussures) les usagers qu'on résoudra le problème.
A entendre les remarques autour de moi à la gare, j'ai
même de sérieux doutes sur l'atteinte de l'objectif.
J'en veux pour preuve une dame d'environ 50 ans très propre
sur elle qui, excédée par la situation, s'exclama
'Ils font ça parce qu'un conducteur s'est fait agresser
? Ben moi aussi ça me donne envie de leur taper dessus'...
Il faut cependant reconnaître que le forfait attente + mise
sous pression dans le train (mettez le contenu de 8 trains dans
1 et vous comprendrez l'allusion) a eu un franc succès
depuis son lancement commercial. Eh oui, figurez-vous que cela
fait maintenant deux jours qu'ils refusent du monde, c'est vous
dire !
C'est vraiment n'importe quoi. Quand vous voyez arriver le train
(je dis bien LE train et pas UN train) vous vous demandez comment
les gens ont réussi à rentrer dedans et aussi comment
ils vont réussir à en sortir. Mais l'interrogation
perd la deuxième moitié de son sens au moment où
les portes s'ouvrent, vomissant le surplus d'hommes et de femmes
qui n'avait pas pu respirer depuis le précédent
arrêt. Pour une fois que l'égalité des sexes
est respectée ! Une application concrète de la toujours
fameuse loi des gaz parfaits : l'ouverture des portes augmente
le volume disponible, volume aussitôt occupé par
les veaux que nous sommes devenus.
Vivement demain qu'on remette ça. Ce côté
bestial, ça a un petit quelque chose de ressourçant.
Cela me rappelle le métro du temps où j'arrivais
à me rendre sur Paris...
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Rien du tout |
23/02/2003 : 20:20
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Je ne sais pas si je vais réussir à trouver un
sujet de chronique. Cela fait bien trois minutes que je m'interroge
sur le sujet sans avoir de réponse. D'un autre côté
comme il me suffit très souvent d'un petit rien pour en
faire un grand rien, cela ne devrait pas me faire peur. Eh oui,
la recette est toujours la même depuis des années
: il suffit d'étaler le plus possible en dérision
le manque de matière première en la diluant à
coups d'additifs plus ou moins clairement identifiés dont
l'appellation d'origine n'est sûrement contrôlée
par personne. Sinon ça se saurait, depuis le temps..
Mais un petit rien ou ne serait-ce que trois fois rien, c'est
déjà quelque chose. Je pense que je dois tangenter
ce rien sans réussir à l'atteindre. C'est rageant.
D'un autre côté si je suis tout près de rien
c'est que je n'y suis pas. Ah ça, pour ne pas être
quelque part, j'y suis en plein dedans !
N'y aurait il rien de mieux à faire que d'écrire
des mots qui se suivent avec si grande difficulté vue l'absence
de ligne directrice ?
Si, assurément. Et croyez-moi : terminer une chronique
aussi light garantie 100% sans tout, ce n'est pas rien.
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L'entraide fumeuse |
19/02/2003 : 23:00
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Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans les restaurants
les meilleures tables se trouvent toujours dans le coin fumeurs.
Depuis que je fais attention à cela je n'ai pas encore
trouvé une seule exception, même pas celle qui permettrait
de confirmer la règle en question.
J'eus l'occasion d'observer à nouveau ce phénomène
pas plus tôt que lundi soir alors que je me mettais en quête
d'un pain quotidien au restaurant de l'hôtel dans lequel
je résidais pour des raisons moins obscures que professionnelles.
Avant tout, je reconnais volontiers que la démarche qui
consiste à se faire servir des plats préparés
par d'autres présente un certain nombre d'avantages par
rapport à une préparation maison (ou appartement
pour être précis). Je le reconnais mais là
n'est pas le problème.
La question 'fumeur ou non fumeur ?' fut immédiatement
posée par la serveuse. Je répondis 'non fumeur',
conscient que de toute façon je ne pourrais pas sortir
un cigare
en ce lieu sous peine de mettre une sacrée pagaille. Ben
oui, si vous mixez l'adage 'il n'y a pas de fumée sans
feu' avec le fameux 'il vaut mieux prévenir que guérir',
il est clair que l'évacuation complète du quartier
par les pompiers n'est plus très loin, ce qui pour l'heure
ne m'arrangeait guère vue la température estivale
qui brillait par son absence.
On me proposa donc une table à laquelle je me suis installé
sans opposer la moindre résistance. Eh bien si je vous
dis que cette table était placée le long des baies
vitrées à moitié givrées qui donnaient
sur la rue et que mes jambes se trouvaient sur l'itinéraire
d'un courant d'air glacial qui n'en finissait pas de passer, que
croyez vous que je fisse ? J'ai tout simplement rappelé
la serveuse en l'informant que suite à une révélation
plutôt fumeuse j'étais devenu un adepte du tabac
et que par conséquent il était impératif
que je change de place, religion oblige.
Ah une table de fumeur ! Bien au chaud et protégée
de tout air malsain. Que du bonheur.
Remarquez, je comprends les restaurateurs parce que dans un coin
non fumeurs vous ne pouvez que pas fumer. Alors que dans l'espace
fumeurs, vous avez le choix. Vous fumez ou pas.
En fait il suffirait que les non fumeurs prennent les places fumeurs
pour que les fumeurs se retrouvent en non fumeurs et que du coup
plus personne ne fume.
Alors non fumeurs ayez le geste citoyen : prenez les meilleures
tables et mangez bien au chaud. Sacrifiez-vous que diable ! Les
fumeurs vous remercieront.
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La mode à l'ancienne |
16/02/2003 : 15:45
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Ce samedi, pour je ne sais quelle raison, je me suis lancé
à la quête de vêtements histoire d'étendre
ma panoplie du week-end, panoplie dont même la datation
au carbone 14 ne donne plus qu'une vague indication à un
demi-million d'années prêts sur son origine.
Ne me demandez surtout pas pourquoi car je ne sais absolument
pas quelle lubie m'a pris. Sans doute un alignement particulier
d'astres qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Ou quelque chose
du même style, genre pulsion incontrôlable faisant
monter la température à coups de fièvre acheteuse,
quitte à en faire péter le thermomètre.
Qu'importe car apparemment les vraies quêtes sont celles
qui n'ont pas de fin, à défaut d'avoir de sens.
Parce que la réalité reste toujours la plus forte
: je suis revenu bredouille d'une expédition au fin fond
de mon centre commercial pourtant fort bien pourvu côté
guenilles.
Pour commencer, et pour vous prouver ma bonne foi, je n'avais
aucune idée préconçue sur ce que je désirais
acheter ou pas. Je me suis dit que la lumière de la révélation
allait m'illuminer de ses néons lorsque je serai face au
choix proposé par les meilleures et les pires marques en
la matière.
Eh bien point de révélation.
En fait, la première conclusion à laquelle je suis
arrivé est qu'il n'est pas nécessaire de se taper
dix magasins pour trouver son malheur car ils vendent tous la
même chose. Sûrement un phénomène de
mode répandu dans le milieu de l'habillement. Et le détail
a son importance vu qu'après avoir déambulé
dans quatre magasins j'eus l'impression de revenir à mon
point de départ qui n'était déjà pas
fameux puisqu'à l'origine de ma démarche.
Sans déconner, qu'est-ce que c'est que ces habits de mouise
? On jurerait que ce sont des clones du gilet de Thierry Lhermitte
dans 'Le père Noël est une ordure'. Des serpillières
que je n'oserai même pas utiliser pour nettoyer mes sols
de peur de les rayer (les sols, pas les serpillières).
Des pulls ou assimilés qui n'ont aucune forme, se contentant
juste d'offrir ici et là quelques ouvertures afin de permettre
le passage optionnel d'une tête et de bras, et encore dans
l'ordre que l'on souhaite tant tout cela ne semble pas avoir grand
sens.
A moment donné j'ai cru que les enseignes de la fringue
s'étaient mis à plagier les concessionnaires automobiles.
A croire que les rayons ne proposent à la vente que des
occasions, non garanties, que le lion avait dû fort maltraiter
et que les anciens propriétaires ont décidé
d'abandonner afin de continuer leur bonhomme de chemin à
pied et à poil.
Parce que ce n'est pas possible que cela soit du neuf. Il est
certain que tout cela a déjà été mis.
Et pas qu'une fois. Alors dans ces conditions je peux fort bien
continuer avec le contenu de mon placard qui remplit largement
toutes les conditions prérequises pour visiblement être
à la page.
Limite si je ne pourrais pas ouvrir un magasin.
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L'heure à toutes heures |
11/02/2003 : 22:20
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Il devient quasiment impossible de regarder un film à
la télévision.
Pour commencer (c'est le cas de le dire) il faut maintenant attendre
21h05 pour enfin daigner voir apparaître le moindre générique,
et de début qui plus est ! Je ne comprends pas la logique
de cette dérive incontrôlée que seule Arte
semble éviter, rigueur allemande oblige. Remarquez pour
se taper du japonais en version sous-titrée, il faut reconnaître
que plus vite ce sera commencé et plus vite ce sera fini.
Ce qui est encore plus bizarre c'est que ce retard par rapport
à la théorie publiée dans les magazines à
deux balles est systématiquement rattrapé à
l'heure de la grand messe du 20 heures qui par ma foi ne subit
aucun retard.
Alors je pose la question : où récupère t'on
ce temps sachant que les chaînes diffusent en continu des
programmes 24 heures sur 24 ? J'imagine qu'il doit y avoir une
émission qui se trouve systématiquement tronquée
de quelques minutes en plein milieu de la nuit afin de remettre
tout le monde dans le même fuseau horaire.
Une histoire de chasse dans laquelle les bestiaux tombent avant
d'être abattus, dans laquelle l'inspecteur Derrick boucle
son affaire en moins de temps qu'il ne lui en faut habituellement
pour se rendre compte que son téléphone à
cadran sonne, dans laquelle les buts non marqués comptent
autant que les autres, comme si seule l'intention comptait.
Décidément il y a quelque chose de louche dans cette
course contre la montre que le commun des mortels ne gagne jamais,
surtout à l'heure du réveil qui elle ne subit pas
la mauvaise influence de la concurrence et qui par conséquent
ne se décale pas.
L'heure c'est l'heure. Mais pas partout. Car à la télé
avant l'heure ce n'est pas l'heure et un peu plus tard c'est plutôt
plus l'heure.
Alors quel est encore l'intérêt de l'heure dans tout
cela ?
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