L'original de ce dossier,réalisé par M. Gérard Hartmann, peut être consulté sur le site du Conservatoire de l'Air et de l'Espace d'Aquitaine (CAEA) et lu en format PDF (1,6 M Octets). On trouvera sur le même site une foule de passionnants dossiers sur l'histoire de l'aviation

Les premiers appareils BREGUET

Les hydros Breguet

Les premiers hydravions Breguet apparaissent en mars 1912 après le concours du circuit d’Anjou où Louis Breguet retire ses lourds biplans tant les conditions météorologiques sont épouvantables. Le 1er mai 1912, la marine achète à titre expérimental un Breguet, un biplan Farman et un Nieuport à flotteurs. Le premier Breguet biplan est basé sur le type U2 de 1911.

Le Breguet H-U2 piloté par Brégi à Monaco en avril 1913. (Musée de Biscarrosse).

Breguet dont le choix des moteurs est toujours judicieux, se lie en 1912 à la firme Salmson de Billancourt. Les ingénieurs Canton et Unné y produisent depuis 1909 des moteurs puissants et très fiables, sans histoires, comme Breguet les aime. Pour la saison 1913 ils préparent un 200 ch refroidi par eau. Malheureusement, ce moteur n'est pas encore tout à fait au point et la firme de Douai rate le début de la saison sportive 1912. Les Breguet H-U2 et H-U3 à moteur Salmson de 200 ch vont réaliser une sensationnelle saison 1913.

Vue arrière du H-U2 de Brégi à Monaco en avril 1913 lors de l’épreuve de halage. (L’Aérophile 1913).

Breguet type H-U2 (1912)
Envergure (plan supérieur)15,75 m
Envergure (plan inférieur) 14,00 m
Longueur 11,50 m
Flotteurs Deux flotteurs type Fabre
Moteur Salmson 115 ch
Hélice Bipale de 2,80 m
Poids à vide 905 kg
Poids maximum en charge 1350 kg
Vitesse 110 km/h
Caractéristiques techniques du Breguet type H-U2 de 1912. (L’Aérophile 1913).

En avril à Monaco, la firme présente rien moins que trois hydravions : un biplan type U2 à deux flotteurs en catamaran de type Fabre de 4,20 m de long de 2.300 litres pesant 175 kg plus deux flotteurs d’aile de 60 litres et un flotteur arrière de 160 litres, un appareil de compétition pesant 900 kg à vide, propulsé par un moteur Salmson de 115 ch et piloté par Henri Brégi, un biplan type U3 à flotteur central de 4,50 m de long type Tellier cubant 2.800 litres et pesant 105 kg, avec deux ballonnets latéraux de 150 litres et un flotteur arrière de 150 litres, un appareil de compétition pesant 1.100 kg à vide, propulsé par un moteur Salmson de 200 ch piloté par René Moineau et un spectaculaire double monoplan à coque flottante dessiné par Alphonse Tellier baptisé ironiquement « La Marseillaise », pesant 1.400 kg, propulsé par un moteur Salmson de 130 ch monté dans la coque (en-bord) dont le pilotage est confié à Olivier de Montalent.

Hélice Quadripale de 2,80 m
Breguet type H-U3 (1913)
Envergure (plan supérieur)15,75 m
Envergure (plan inférieur) 14,00 m
Longueur 11,50 m
Flotteurs Central type Tellier
Moteur Salmson 200 ch
Poids à vide 1006 kg
Poids maximum en charge 1450 kg
Vitesse 140 km/h
Caractéristiques techniques du Breguet type H-U3 de 1913. (L’Aérophile 1913).

De Montaient ne réussit pas à décoller « La Marseillaise », malgré le remplacement du 130 ch Salmson par un 200 ch, mais Moineau remporte la plupart des épreuves de Monaco et se classe premier au général, devant Brégi. Ce premier succès pour la firme de Douai sera suivi de beaucoup d’autres.

René Moineau à Monaco en avril 1913. (Musée de l’Air).

Après le concours international et la Coupe Schneider se dispute à Monaco le 12 avril une épreuve de haute mer, dite de course croisière, sur la trajet Monaco -Beaulieu -San-Remo - Monaco soit 88 kilomètres. Le mistral souffle et la mer accuse des creux de deux mètres quand le départ est donné. Sur leur lourd Breguet, Brégi et Moineau peinent à décoller mais ils y parviennent. Espanet arrache un flotteur sur son Nieuport ; le moteur de Weyman hoquète. Fischer se pose à Beaulieu et effectue le parcours vers l'Ita- lie sur les flotteurs. Malgré les très mauvaises conditions, Moineau atteint San-Remo ; il a volé à près de 175 km/h de moyenne ! La course est arrêtée par les commissaires sportifs, et Moineau touche les 25.000 francs de prime. En août à Deauville, Breguet engage deux hydravions H-U3 à moteur Salmson 200 ch pour Moineau (n° 8) et Brégi (n° 9), le H-U2 allant à de Montaient. L'épreuve de Deauville, qui comprend la course Paris - Deauville, une épreuve de 150 kilomètres le long des boucles de la Seine, dotée par l’Aéro-Club de France d'une prime de 50.000 francs, et des épreuves imposées en mer, dotées à hauteur de 50.000 francs par le ministère de la Marine, la ville de Deauville et le casino. Malheureusement, de Montaient trouve la mort avec son passager Metivier près de Rouen dans la course Paris - Deauville.

Moineau dans ses oeuvres : 175 kmlh de moyenne entre Monaco et San-Remo dans un temps pourri. (L'Aérophile 1 913).

Moineau remporte le concours des hydravions marins : il s'est adjugé toutes les épreuves de vitesse. Ce concours permet à la Marine nationale la sélection d'hydravions de haute mer et d'hy- dravions embarqués. A l'issue du concours, la Marine achète deux Breguet H-U3, qui resteront en essais à Saint-Raphaël durant de longs mois. L'impressionnant moteur Salmson de 200 ch utilisé sur le Breguet H-U3 à Monaco et Deauville 1913. (Musée de l’Air). Entre Monaco et Deauville, les flotteurs du H- U3, construits à Paris chez Tellier, sont modifiés en ce qui concerne les attaches des deux flotteurs latéraux : ils sont désormais orientables et actionnés comme la dérive par le palonnier aux pieds.

Breguet H-U3 de René Moineau lors des épreuves de halage à Deauville en août 1913. (Cliché Jean Delmas).

En 1913, Louis Breguet cède à la Marine nationale l’un de ses hydravions H-U3 à moteur Salmson 200 ch. Codé B2 et piloté par le lieutenant de vaisseau Dutertre, cet hydravion effectue divers essais. Il est détruit le 24 juin 1914 au cours d’un amerrissage de nuit.

Breguet H-U3 de la Marine nationale photographié le 3 avril 1914 dans le port de Monaco. (Musée de l’Air).

Gérard HARTMANN
Les premiers appareils BREGUET

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