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13.3. La 1re confrontation au cas par cas en architecture :
Il faut d'abord redire que la situation de l'architecture n'est pas identique à celle des arts plastiques pendant la phase de 1re confrontation.
Fondamentalement, une peinture, une sculpture ou une installation n'existe que parce qu'elle correspond à l'intention d'un ou d'une artiste, sa fabrication s'ajoutant ensuite en +1 à cette intention. Par différence, dans une architecture cohabite en 1/x la fabrication d'un bâtiment dont l'usage est nécessaire à la société et l'intention d'un ou d'une architecte à l'occasion de la mise en forme de cette fabrication. Dans les arts plastiques, on a vu que l'absence de relation entre les deux notions, dès lors qu'elles s'y ajoutent en 1+1, ne permettait d'observer aucune évolution ontologique au cours de la phase de 1re confrontation, sauf à sa dernière étape où elles étaient enfin mises en relation. La situation en 1/x des deux notions dans l'architecture, c'est-à-dire leur situation d'emblée en relation, permettra au contraire d'y repérer une évolution significative à chacune des étapes.
Mais ce n'est pas la seule différence. Dans les arts plastiques, n'étant pas a priori en relation, les notions d'intention et de produit-fabriqué étaient d'emblée bien séparées, et donc bien différenciées, et le but de cette phase était seulement de mettre en relation ces deux notions malgré leurs différences. Dans l'architecture, puisqu'elles sont d'emblée en relation, pour atteindre la même situation finale de notions à la fois bien différenciées et en relation, l'enjeu est cette fois d'accuser au maximum leur différence, une différence qui sera posée dès la première étape mais que chaque étape ultérieure n'aura de cesse de creuser de plus en plus fortement. Dès lors que les deux notions sont dès le départ en relation, il n'y aura bien sûr pas dans l'architecture de notion « célibataire » comme cela avait été le cas dans les arts plastiques.
Comme pour les arts plastiques, dans l'architecture nous pourrons observer l'évolution dans quatre filières différentes, deux filières correspondant au type 1/x pour le bâtiment fabriqué et au type 1+1 pour l'intention architecturale, et les deux autres à la situation inverse. Dans chaque cas de figure, une filière correspondra à une énergie faible du conflit entre les deux notions, l'autre à une énergie forte, et ce seront les effets plastiques prépondérants, selon qu'ils correspondront à une énergie faible ou forte, qui détermineront si l'on est dans la filière « faible » ou dans la filière « forte ». Bien entendu, il faudra aussi considérer pour chaque filière les expressions analytiques et les expressions synthétiques puisqu'elles conduisent à des registres de formes très différents.
Comme pour les arts plastiques aussi, chaque filière correspondra à un enjeu spécifique : lorsque le bâtiment sera du type 1/x le caractère 1+1 de l'intention mettra en cause la stabilité de l'enveloppement procuré par le bâtiment (1re filière, faible), ou bien sa compacité (2e filière, forte), tandis que lorsque le bâtiment sera du type 1+1 l'intention aura comme but de relier entre eux 1+1 bâtiments très séparés les uns des autres (3e filière, faible), ou bien de former un groupe compact rassemblant des bâtiments restant simultanément très autonomes (4e filière, forte). De façon remarquable, on verra que le thème de chaque filière sera présent dès sa première étape, mais sous une forme quelque peu « embrouillée », car les deux notions seront encore mal séparées, une séparation qui sera par contre parfaitement visible à la dernière étape. Pour profiter au mieux de cette circonstance, dans chaque filière nous envisagerons d'abord la première et la dernière étape afin de les comparer, et ce n'est qu'ensuite que l'on abordera les étapes intermédiaires menant de l'une à l'autre ([1]).
13.3.1. L'évolution de la 1re filière de la phase de 1re confrontation de l'ontologie Produit-Fabriqué/intention, filière dans laquelle PF est du type 1/x et i du type 1+1 avec une tension de faible intensité entre les notions (thème de la filière : mise en question, par l'une des i architecturales, de la stabilité de l'enveloppement procuré par le bâtiment PF) :
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Hiroshi Nakamura & NAP : Salle communautaire du cimetière Sayama Lakeside à Saitama au Japon (livré en 2013)
Source de l'image : https://www.archdaily.com/780211/sayama-lakeside-cemetery-community-hall-hiroshi-nakamura-and-nap |
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Pour l'expression analytique de la première étape de la 1re filière, on envisage d'abord la grande couverture conique conçue par l'architecte japonais Hiroshi Nakamura (né en 1974) pour la salle communautaire du cimetière Sayama Lakeside à Saitama au Japon, livrée en 2013.
Deux dispositions caractérisent ce bâtiment : d'une part, une très longue couverture en pente qui en fait le tour, partant très haut et s'éloignant très loin, d'autre part une très large vue panoramique complètement masquée dans sa partie haute par la retombée du toit. La femme debout sur la photographie montre à quel point la vue sur le paysage alentour est empêchée en partie haute. Ici, l'enveloppement procuré par la toiture est complété par une remontée en allège qui procure un enveloppement complémentaire en partie basse.
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Angela Deuber : maison sur l'île d'Harris en Écosse (2014) |
Angela Deuber : projet pour le Palais du Cinéma de Locarno (2012) Source des images : https://afasiaarchzine.com/2015/06/angela-deuber-4/ et https://www.pinterest.fr/pin/angela-deuber-palazzo-del-cinema-locarno-2013-wettbewerb--286330488797591651/ ou http://www.meyerdudesek.com/palazzo-del-cinema-locarno.html |
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C'est le même principe que l'on retrouve dans deux bâtiments de l'architecte suisse Angela Deuber (née en 1975). D'abord dans la maison construite en 2014 sur l'île d'Harris en Écosse, une large vue panoramique se combinant également avec un grand volume sous toiture en pente, descendant très bas et masquant la partie haute du panorama, ensuite dans son projet de 2012 pour le Palais du Cinéma de Locarno où un très haut volume sous plafond se conjugue également à une très large vue panoramique masquée dans sa partie haute. Dans les deux cas, la taille des sièges permet de repérer le niveau très bas de la retombée des linteaux et de s'apercevoir qu'une personne debout a les yeux plus hauts que cette retombée.
Chaque fois le volume de la partie de bâtiment concernée est très unitaire et relève donc du type 1/x, et chaque fois deux intentions contradictoires se confrontent : d'une part celle de procurer un enveloppement maximum, intention qui se manifeste par une enveloppe continue de très grande hauteur redescendant très bas ou se prolongeant au loin très longuement, enveloppe parfois complétée par une remontée de la paroi basse du bâtiment, et d'autre part l'intention d'échapper à cet enveloppement grâce à une ouverture panoramique continue sur le lointain.
Il s'agit d'une expression analytique puisque l'on peut considérer séparément l'effet d'enveloppement clos procuré par les parois du bâtiment et l'effet d'ouverture sur le lointain procuré par la trouée périphérique de cette enveloppe.
À la première étape de la 1re filière, l'effet prépondérant est celui du centre/à la périphérie. Il se manifeste ici par la tension permanente entre l'effet d'enveloppement centré sur la pièce à l'intérieur de laquelle on se trouve et l'effet d'ouverture vers le lointain qui résulte de la vision de toute la périphérie qui nous entoure.
Autre effet plastique, celui de regroupement réussi/raté : l'enveloppement procuré par le bâtiment réussit à regrouper tout son intérieur dans une perception continue, mais ce regroupement est raté du fait de l'échappée sur le lointain que procure la vue panoramique qui tranche cet enveloppement. L'effet d'enveloppement et celui d'ouverture sur le lointain sont contraires et se défont donc mutuellement, c'est un effet de fait/défait. Enfin, on peut dire que l'ouverture panoramique nous relie au lointain du paysage, tandis que la paroi haute qui descend très bas tout comme l'éventuelle remontée périphérique du sol nous coupent de l'extérieur, c'est un effet de relié/détaché.
Comme on l'a annoncé le thème propre à cette filière est en place dès sa première étape puisque ce thème est celui de la mise en cause, par l'une des intentions architecturales, de la stabilité de l'enveloppement procuré par le bâtiment. En effet, si l'une des intentions de l'architecte a bien été de produire un effet d'enveloppement protégeant de l'extérieur, ce qui est d'ailleurs l'une des fonctions essentielles d'un bâtiment, une autre de ses intentions, qui s'est ajoutée en +1 à la précédente, visait à briser cet enveloppement en ouvrant très largement le bâtiment vers le lointain.
Ces deux intentions contradictoires d'enveloppement et de fracture de cet enveloppement sont donc présentes dès la première étape de la phase de 1re confrontation, mais il importe de noter qu'elles sont encore mal séparées l'une de l'autre : c'est le même toit ou la même paroi haute qui procure l'effet d'enveloppement et qui, en s'interrompant brutalement, permet l'ouverture panoramique vers le lointain contrariant cet enveloppement. Bien qu'étant distinctes, les dispositions qui procurent l'enveloppement et celles qui procurent la brisure de cet enveloppement sont donc quelque peu mélangées puisqu'elles sont portées par les mêmes parties du bâtiment. Comme on va le voir maintenant, c'est cette séparation encore manquante à la première étape qui sera obtenue à la dernière.
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Milodamalo : Villa Aquidotto (projet de 2014)
Source de l'image : http://milodamalo.ru/portfolio/villa-aquidotto/ |
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Pour correspondre à l'expression analytique de la cinquième et dernière étape de la 1re filière, on peut en effet proposer le projet de 2014 de la « Villa Aquidotto » conçue par les architectes russes Maksim Nizov (né en 1985) et Maria Surkova (née en 1988) qui exercent en commun dans le cadre de la société Milodamalo. Il ne s'agit que d'un projet, pas d'un bâtiment réellement réalisé, mais tout au long de cette phase, qui correspond aux tendances les plus actuelles de l'architecture, il faudra souvent nous contenter de projets car les architectes concernés sont très jeunes et n'ont pas encore eu l'occasion d'avoir beaucoup de leurs projets construits.
Cette villa propose deux types de lieux très différents et bien séparés : d'une part, une partie « bien construite » avec des murs aux arcades pleines ou vitrées en bon état, d'autre part, aux deux extrémités mais surtout du côté de la piscine que l'on voit en premier plan, une partie à l'aspect ruiné, complètement disloqué, dont les arcades s'arrêtent dans le vide, dont les poteaux massifs sont dégradés et ne montent qu'à faible hauteur, et dont la toiture ne subsiste que par lambeaux.
Malgré leurs aspects très différents, on comprend bien qu'il s'agit de deux parties différentes d'un bâtiment unique, ici en bon état, là complètement dégradé, ce qui relève donc du type 1/x. Par contre, l'intention d'enveloppement réussi dans la partie bien construite et l'intention inverse de destruction de l'enveloppement dans la partie « explosée » relèvent du type 1+1, puisque de telles intentions complètement contradictoires ne peuvent rien faire ensemble. Par différence avec les exemples de la première étape, les deux intentions correspondent ici à des lieux bien séparés, et c'est cette séparation physique qui leur permet de bien affirmer leurs différences, puisqu'il n'y a rien de plus différent d'un bâtiment en bon état qu'un bâtiment complètement ruiné.
Il s'agit d'une expression analytique, puisqu'on peut donc considérer séparément les parties bien construites et les parties à l'aspect démoli.
À la dernière étape de la 1re filière l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : les parties en bon état et les parties « explosées » se suivent dans l'alignement d'un même bâtiment, mais leurs aspects, en bon état ou dégradé, ne se suivent pas.
L'effet de même/différent va de soi : un même bâtiment présente des états de conservation différents d'un endroit à l'autre. L'extérieur pénètre abondamment à l'intérieur du bâtiment à ses endroits démolis : c'est un effet d'intérieur/extérieur. Un unique bâtiment comporte plusieurs parties : c'est un effet d'un/multiple. Enfin, toutes les dispositions constructives sont regroupées dans l'apparence d'un même bâtiment, mais les parties « explosées » ne sont pas regroupées dans la partie « habitable » en bon état du bâtiment : c'est un effet de regroupement réussi/raté.
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Hiroshi Nakamura & NAP : Cockpit dans les plantes sauvages à Nagano au Japon (livré en 2014) Sources des images : https://www.subtilitas.site/post/152139450944/hiroshi-nakamura-nap-cockpit-in-the-forest https://japan-architect.co.jp/shop/jutakutokushu/jt-201511/ et http://www.nakam.info/en/
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On fait retour à la première étape de la 1re filière, cette fois pour évoquer son expression synthétique. On retrouve l'architecte japonais Hiroshi Nakamura, d'abord avec une petite construction qu'il a dénommée « un cockpit dans les plantes sauvages », correspondant à une pièce à usage de bureau dans une habitation qu'il a livrée en 2014, à Nagano au Japon. Son soubassement s'enfonce dans le terrain en pente, et la partie qui en émerge est complètement entourée de vitrages permettant de se ressentir en complète continuité avec la végétation alentour.
Enfoncé dans le sol et protégé au-dessus par un toit continu, on ressent nécessairement à l'intérieur de ce cockpit une forte impression d'enveloppement puisqu'on y est enveloppé par en bas, enveloppé sur les côtés et enveloppé par le dessus. Dans le même temps, les vitrages panoramiques nous donnent l'impression d'être en continuité avec la végétation alentour, d'autant que notre tête est au raz même de cette végétation. On retrouve donc ici les deux intentions architecturales contradictoires s'ajoutant en 1+1 du bâtiment de Saitama du même architecte, mais il n'est plus si facile de séparer l'effet d'enveloppement clos de l'effet d'ouverture vers le lointain, car ces effets sont tous les deux produits par l'enfoncement de la cabine dans le terrain naturel : l'enfoncement dans le sol est la cause principale de l'effet d'enveloppement puisqu'il implique que l'on se trouve au creux du terrain, enveloppé par lui, mais il est aussi à l'origine de l'effet de continuité avec l'environnement puisqu'il nous met au niveau même des plantes qui recouvrent la pente, un peu comme si l'on était soi-même une plante parmi les plantes. Cette combinaison des deux effets sur une même disposition implique que l'on ne peut pas ressentir l'un sans l'autre : il s'agit d'une expression synthétique.
Comme pour l'exemple analytique du même architecte, l'effet prépondérant est celui du centre à la périphérie puisque notre attention bascule sans cesse entre l'impression d'être au centre d'un abri et l'impression d'être en continuité avec la végétation qui nous entoure sur toute notre périphérie.
Ainsi installé au centre de la nature et en continuité avec elle, on ressent que notre regroupement avec le monde naturel alentour est réussi, mais la présence tangible des parois qui nous en coupent le fait rater. Notre enveloppement par le bâtiment est fait puisqu'il nous cerne de tous côtés, mais il est aussi défait puisque ses ouvertures l'ouvrent de tous côtés vers le lointain : c'est un effet de fait/défait. La continuité avec la végétation alentour nous relie à celle-ci mais la présence des parois latérales nous en coupe : c'est un effet de relié/détaché.
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À gauche, Hiroshi Nakamura & NAP : en haut, projet de maison de week-end « Tapis Vert », en bas, projet d'hôtel « Colline Inconnue » À droite, Tomohiro Hata : détail du projet de Maisons D Sources des images : https://www.designboom.com/architecture/hiroshi-nakamura-and-nap-architects-green-carpet-house/ http://www.nakam.info/en/ et http://www.hata-archi.com/works/project_04.html |
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Au-delà de cette petite construction d'un cockpit enfoncé dans la terre, on peut relater deux exemples de constructions plus conséquentes envisagées par Hiroshi Nakamura mais non réalisées, une maison de week-end et un hôtel, chaque fois combinant un enfoncement du bâtiment dans le sol, un soulèvement du sol qui vient alors servir de toit, et une large ouverture panoramique entre les deux niveaux. Un autre architecte japonais, Tomohiro Hata (né en 1978), a lui aussi conçu un système d'habitation semi-enterrée qu'il a appelé « maisons D », formé d'une série de plusieurs maisons semi-enterrées adjacentes.
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Architecture studio Precht (Penda) : projet d'immeuble The Tel Aviv Arcades
Source de l'image : https://www.dezeen.com/2018/07/02/penda-tel-aviv-arcades-tower-architecture/ |
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On envisage maintenant l'expression synthétique correspondant à la cinquième et dernière étape de la 1re filière, avec un projet d'immeuble pour Tel Aviv conçu par Frei et Chris Precht (Frei est chinoise, Chris est autrichien, né en 1983) qui ont fondé l'Architecture studio Precht.
Les terrasses des logements sont portées par des arches formant un motif en croix dont les points porteurs et les plateaux portés se décalent de façon systématique en générant une trame régulière horizontale, verticale et diagonale, qui relève très clairement du type 1/x.
La continuité de cette trame de surfaces formant écran devant les logements correspond à l'intention de les envelopper par une paroi continue, mais les ouvertures laissées entre ces voiles correspondent à l'intention inverse de laisser cette paroi constamment trouée et non continue. Étant contradictoires, ces deux intentions s'ajoutent évidemment en 1+1.
Il s'agit d'une expression synthétique, puisque l'on ne peut pas saisir la continuité de la paroi sans s'affronter aux décalages et aux trouées qui contrarient cette continuité.
À la première étape, l'enfoncement dans le sol procurait simultanément l'effet d'enveloppement clos et l'effet de continuité avec le lointain, et il était difficile de séparer ces deux effets. À cette dernière étape, même dans le cadre d'une expression synthétique, le contraste est bien évident entre la continuité de l'enveloppement procuré par les voiles en forme d'arches et les trous qu'ils laissent entre eux pour nier la continuité de cet enveloppement, d'autant qu'à ces trous s'ajoutent les avancées des terrasses devant les points d'appui des arches. La clarté de cette opposition entre des dispositions qui font un effet d'enveloppement et d'autres qui le défont est le résultat de la maturité acquise au fil des étapes depuis le caractère encore ambigu qu'avait cette opposition à la première étape.
À la dernière étape, l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : la trame des voiles et des terrasses se poursuit en continuité sur toute la façade, mais l'alternance des surfaces de voiles et des avancées de terrasse interrompt cette continuité de telle sorte que les voiles ne se suivent pas verticalement puisqu'ils sont systématiquement coupés par les terrasses, et qu'inversement les terrasses ne se suivent pas horizontalement puisqu'elles sont systématiquement interrompues par des voiles.
Une même trame comprend deux parties différentes, les arcades et les terrasses, c'est un effet de même/différent. Une même façade est obtenue par la répétition de différentes arcades, c'est un autre effet de même/différent, mais aussi un effet d'un/multiple. Les loggias sont des espaces intérieurs aux logements qui sont en situation extérieure, l'extérieur de la partie basse des voiles en arcade est à l'intérieur des terrasses, le pli de ces voiles forme des creux concaves et donc intérieurs qui sont en situation extérieure : chaque fois il s'agit d'effets d'intérieur/extérieur. Enfin, le regroupement de tous les voiles dans un enveloppement continu est réussi, mais il est aussi raté pour toutes les raisons que l'on a expliquées : effet de regroupement réussi/raté.
Après avoir vu la première et la dernière étape de la 1re filière, la première posant de façon encore confuse le conflit de deux intentions contradictoires concernant l'enveloppement fermé ou défait procuré par le bâtiment, la dernière exposant ces deux intentions de façons cette fois bien séparées, nous allons maintenant envisager les trois étapes intermédiaires de cette évolution.
On verra que le passage du premier au dernier stade n'a pas un caractère progressif, qu'il s'agit plutôt d'une suite de mutations. Ce qui ne change pas toutefois, d'une étape à l'autre, c'est que l'enveloppement procuré par le bâtiment y est toujours l'enjeu d'un conflit entre deux intentions contradictoires.
Ala Architects : auditorium Kilden à Kristiansand, Norvège (livré en 2012) Sources des images : http://ala.fi/work/kilden-performing-arts-centre/ et https://www.dezeen.com/2012/03/30/kilden-performing-arts-centreby-ala-architects/ |
À gauche, extérieur - à droite, intérieur du hall |
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Pour l'expression analytique de la deuxième étape de la 1re filière, deux bâtiments conçus par les architectes finlandais de la société Ala Architects, Samuli Woolston (né en 1975), Juho Grönholm (né en 1975) et Antti Nousjoki (né en 1974).
L'auditorium Kilden livré en 2012 à Kristiansand, en Norvège, est un bâtiment qui fait un peu l'effet d'un coup de poing tant sa haute et massive façade s'avance sur le vide de façon déterminée et imperturbable en donnant l'impression qu'elle pourrait s'effondrer sous l'effet de la pesanteur.
Face cet enveloppement massif qui s'avance si loin et si haut, nous hésitons constamment : sommes-nous devant la façade d'un bâtiment ou sommes-nous à l'abri sous l'auvent d'un bâtiment ? Dit autrement, sommes-nous à l'extérieur du bâtiment, face à lui, ou sommes-nous déjà à son intérieur, protégé par son enveloppement ? La même interrogation se pose d'ailleurs à l'intérieur de son grand hall vitré : on ressent bien que l'on y est à l'intérieur, puisqu'on y est derrière des vitrages et abrité sous la couverture de lambris en bois, mais le dynamisme de la projection de ses lambris vers l'extérieur, tout comme l'aspect peu accueillant de leur base qui semble nous écraser, menaçant de s'effondrer sur nous plutôt que de nous abriter, nous fait aussi nous ressentir comme rejetés à l'extérieur du bâtiment et non pas abrités par son enveloppement.
On retrouve donc le conflit entre deux intentions contradictoires qui s'ajoutent en 1+1, celle d'un enveloppement procuré par le bâtiment + la négation de cet enveloppement, et comme cette façade est à la fois très unitaire et clairement divisée verticalement par le vitrage en deux parties très différentes, en tant que bâti elle correspond au type 1/x.
Par différence avec la première étape, il n'y a pas ici une disposition qui provoque l'effet d'enveloppement (par exemple, un grand toit largement débordant et descendant très bas) et une autre disposition qui combat cet effet (par exemple, une ouverture panoramique sur le lointain en bas de paroi), c'est la même disposition, en l'occurrence une haute paroi très inclinée, qui provoque les deux effets contraires, l'un suggérant que cette paroi inclinée monte très loin pour nous envelopper au mieux, l'autre nous indiquant que cette paroi a tous les caractères d'une façade extérieure du bâtiment et que l'on n'est donc pas enveloppé par elle, protégé par elle, mais face à elle, devant elle, et même qu'elle pourrait s'effondrer sur nous. Le fait que ce ne soit plus des dispositions différentes mais la même disposition qui se charge d'assumer les deux intentions contradictoires correspond précisément à la mutation intervenue entre la première et la deuxième étape de la phase ontologique.
Que les deux effets contraires soient assurés par une même disposition, ici une même paroi inclinée, n'empêche pas qu'il s'agisse d'une expression analytique, car ces deux effets ne peuvent pas être perçus simultanément : il faut alternativement considérer l'effet d'enveloppement produit par l'avancée de la façade, puis considérer tout ce qui nous informe que l'on n'est pas à l'intérieur du bâtiment mais devant sa façade.
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Ala Architects : Bibliothèque Centrale d'Helsinki, Finlande (livrée en 2018)
Source des images : http://ala.fi/featured-projects/ |
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On donne aussi l'exemple de la Bibliothèque Centrale d'Helsinki livrée en 2018, également conçue par Ala Architects. Sa façade se transforme insensiblement d'une façade verticale nous faisant complètement face aux deux extrémités du bâtiment jusqu'à une façade qui s'incline et nous recouvre largement au centre du bâtiment, faisant alors ressentir que l'on est déjà enveloppé au creux du bâtiment alors que l'on est encore à son extérieur. Par différence avec l'exemple précédent, ce ne sont pas ici les mêmes parties de la façade qui procurent les deux effets contraires, c'est la même façade qui se transforme progressivement pour générer ces deux effets en des endroits distincts.
À la deuxième étape de la 1re filière, l'effet prépondérant est celui d'entraîné/retenu : dans les deux exemples envisagés la paroi semble entraînée à s'avancer au-dessus de nous, voire à s'effondrer sur nous, mais elle est aussi parfaitement fixe, fermement retenue au-dessus de nous.
À l'auditorium, l'effet d'ensemble/autonomie est procuré par l'auvent qui fait toujours le même effet d'avancée en biais sur le vide mais qui le fait en ondulant de façons différentes d'un endroit à l'autre, tandis qu'à la bibliothèque l'effet de continuité procuré par l'ensemble de la paroi se combine avec des effets d'enveloppement différents, et donc autonomes, entre sa partie centrale et ses extrémités. Dans les deux cas, l'ambiguïté de la situation enveloppé/non enveloppé correspond évidemment à un effet d'ouvert/fermé. Enfin, l'effet de ça se suit/sans se suivre correspond aux différences de formes que l'on rencontre en suivant horizontalement la façade, laquelle se suit donc en continu mais sans jamais que cela se suive de la même façon. À l'auditorium, cet effet est complété par la transformation verticale de la façade qui est à l'intérieur du bâtiment dans sa partie basse et extérieure dans sa partie haute où elle ne poursuit donc pas sa situation intérieure. Cette différence de statut de la même paroi correspond aussi à un effet d'ouvert/fermé puisqu'elle est enfermée derrière les vitrages en partie basse et complètement ouverte sur l'extérieur en partie haute.
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Ala Architects : projet pour le Musée d'Art Moderne de Varsovie, Pologne (2007) Source des images : http://ala.fi/work/warsaw-museum-of-modern-art/ |
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Pour l'expression synthétique la deuxième étape de la 1re filière, un autre projet conçu par Ala Architects, projet non construit de 2007 et prévu pour le Musée d'Art Moderne de Varsovie. L'année suivante, les mêmes architectes ont proposé un projet assez semblable, qui n'a pas été retenu non plus, pour le Musée Munch d'Oslo.
À l'arrière, le bâtiment présente une façade rectangulaire très verticale. De ce plan émerge un volume brillant qui se gonfle et s'avance très loin avec très peu de contacts avec le sol. Le caractère compact de son volume et la multiplicité des reflets qu'il engendre donnent à son bâti un caractère 1/x.
L'arrondi des formes et l'aspect réfléchissant de leurs surfaces empêchent pratiquement de percevoir la position des volumes, en particulier la position de l'aile qui s'avance longuement en porte-à-faux sur la partie gauche de la façade. Ces grandes excroissances métalliques arrondies nous renseignent sur l'efficacité de l'enveloppement qu'elles assurent pour l'intérieur du bâtiment, mais la stabilité de cet enveloppement est annihilée par l'impossibilité de saisir sa position réelle dès lors qu'il se dérobe à la vue et reflète l'environnement de façon déformée plutôt que de signaler sa propre présence. L'intention d'affirmer l'enveloppement de l'intérieur du bâtiment étant donc annihilée par l'intention de faire disparaître sa présence par des reflets, ces deux intentions s'ajoutent en 1+1.
Puisque la perception des formes en excroissances est nécessairement simultanée à la perception de leur surface miroitante qui compromet toute précision et toute stabilité à la perception de leur présence, il s'agit d'une expression synthétique. Comme dans les exemples analytiques, c'est ici la même paroi qui prend en charge l'effet d'affirmation de l'enveloppement du volume du bâtiment et l'effet de son annihilation, ce qui confirme que l'on se trouve la deuxième étape de la filière.
L'effet prépondérant d'entraîné/retenu correspond au contraste entre la rigide façade arrière stablement retenue dans son plan vertical et la façade avant qui est entraînée dans un gonflement qui fait jaillir ses excroissances au loin. Les miroitements complexes de la façade interviennent aussi dans cet effet car, à chaque fois que l'on se laisse entraîner à croire que l'on a saisi la position et la forme exacte de cette façade, un miroitement un peu différent suffit pour nous retenir de cette croyance et pour nous entraîner vers une autre perception de sa position et de sa forme.
La surface proche du contour rectangulaire rigide de l'arrière de la façade, la surface très bombée qui s'avance à droite et l'aile décollée du sol qui s'avance à gauche, toutes ces surfaces font ensemble un même effet de surface réfléchissante aux courbes irrégulières, mais chacune le fait d'une façon très autonome : effet d'ensemble/autonomie. L'effet d'ouvert/fermé est directement lié au caractère réfléchissant des façades : elles rayonnent la lumière et elles absorbent le paysage alentour, se montrant ainsi complètement ouvertes, mais en même temps elles enferment le bâtiment à l'intérieur de leurs surfaces courbes et closes. Enfin, l'effet de ça se suit/sans se suivre correspond aux fortes différences que connaît la surface du bâtiment d'un endroit à l'autre : aucune coupure ne marque cette surface qui se poursuit en continu, mais ses différentes parties font différemment les unes des autres, ici des bombements, là des rétrécissements, ailleurs des retraits ou au contraire des excroissances, elles ne se suivent donc pas en continu de la même façon.
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Oyler Wu Collaborative : projet de villa à Ordos, Mongolie-Intérieure (2008)
Source de l'image : https://www.oylerwu.com/images-ordos-100-villa |
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Autre exemple synthétique que l'on n'évoquera que succinctement, le projet de villa pour le lotissement international d'Ordos conçue en 2008 par les deux architectes américains, Dwayne Oyler et Jenny Wu, d'Oyler Wu Collaborative.
L'ensemble du bâtiment semble se plier vers l'avant, se plisser et se fracturer, tout en restant cependant immobile et comme gelé dans sa dynamique d'inclinaison. Cela correspond à un effet d'entraîné/retenu puisqu'il est ainsi comme entraîné à se pencher tout en étant retenu dans sa bascule.
Bien que fracturé en de multiples plis, le bâtiment reste compact, et donc du type 1/x, tandis que s'affirment deux intentions contradictoires qui s'ajoutent en 1+1 : celle de donner l'impression que l'enveloppement procuré par le bâtiment est en train de se fracturer à l'occasion de son effondrement, et celle de donner l'impression que cet enveloppement est préservé puisque le bâtiment reste stable. Il s'agit d'une expression synthétique car l'on ne peut pas séparer ces deux effets.
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Tom Wiscombe : projet pour la Bibliothèque Nationale de la République Tchèque à Prague (2007)
Source de l'image : https://www.pinterest.ca/pin/407223991276250083/ |
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Comme exemple analytique de la troisième étape de la 1re filière, le projet de 2007 pour la Bibliothèque Nationale de la République Tchèque, à Prague, que l'on doit à l'architecte américain Tom Wiscombe (né en 1970). Ce bâtiment se présente comme un vaste plateau duquel émerge un massif verrier de teinte rouge faisant un peu l'effet d'un volcan en train de surgir. La proportion de cette vitrerie rouge est dominante dans la partie haute, elle diminue progressivement vers le bas, et elle devient franchement minoritaire dans la partie basse de la toiture.
Il s'agit d'un bâtiment parfaitement compact. Son enveloppe est continue mais on peut facilement la diviser en deux parties, celle revêtue d'un métal lisse de teinte grise et celle correspondant à des verrières de teinte rouge vif. Structurellement, il s'agit donc d'une construction du type 1/x. Ces deux parties de l'enveloppe correspondent à deux intentions contradictoires qui s'ajoutent en 1+1, d'une part celle de procurer une enveloppe continue opaque, d'autre part celle de procurer une enveloppe transparente en verrière rouge et fortement fractionnée.
Il s'agit d'une expression analytique puisque l'on peut facilement considérer séparément qu'il y a une surface opaque continue et qu'il y a des surfaces vitrées qui sont séparées les unes des autres.
Par différence avec l'étape précédente ce n'est plus totalité de la surface de l'enveloppe qui, d'un seul tenant, se charge d'affirmer les deux intentions contradictoires : ici l'enveloppe se divise en deux régions bien tranchées, et chacune assume séparément l'une ou l'autre des deux intentions. On a donc déjà obtenu l'une des particularités observées à la dernière étape dans la Villa Aquidotto de Milodamalo, à savoir la séparation physique bien nette des deux intentions sur des parties différentes de l'enveloppe du bâtiment, mais ces parties sont encore imbriquées l'une dans l'autre et pas encore clairement séparées en des endroits bien distincts. Bien qu'il n'y ait pas encore une séparation parfaite entre les deux intentions, le fait qu'elles correspondent à des parties bien différenciées de l'enveloppe n'en reste pas moins un acquis propre à cette étape pour son expression analytique, car cela ne valait pas pour la première étape où leur séparation était encore ambiguë, et cela ne valait pas non plus à la deuxième où la totalité de la surface se chargeait d'affirmer simultanément les deux intentions. Si la violence du contraste entre les deux intentions n'est pas non plus aussi forte qu'à la dernière étape puisque l'enveloppement n'est pas complètement explosé ou effondré dans les parties en verrières, déjà pourtant le contraste est bien net entre la continuité de l'enveloppement procuré par les parties métalliques pleines opaques et le morcellement des parties vitrées. D'autant que celles-ci sont transparentes et qu'elles laissent voir la lumière qui sort du bâtiment, suggérant ainsi que son enveloppe est très ténue à leur endroit à défaut d'être inexistante.
À la troisième étape de la 1re filière, l'effet d'ensemble/autonomie est prépondérant : la surface opaque grise et les surfaces vitrées rouges ont des aspects très autonomes mais forment ensemble une surface continue qui procure l'aspect unitaire et compact du bâtiment.
Chacune de ces deux surfaces est traitée de façon homogène sur l'ensemble du bâtiment, opaque et grise pour l'une, vitrée et rouge pour l'autre, mais ces deux traitements sont hétérogènes entre eux : effet d'homogène/hétérogène. Bien que leur aspect sépare visuellement les deux matériaux utilisés, ils sont rassemblés en continu dans une même surface : c'est un effet de rassemblé/séparé. L'effet de synchronisé/incommensurable s'appuie sur la dispersion des formes dans des directions très variées et très complexes, donc incommensurables entre elles, ce qui ne les empêche pas de se synchroniser pour maintenir l'ensemble de leurs surfaces dans une continuité compacte. Enfin, l'effet de continu/coupé se décèle facilement dans la continuité de la surface qui est constamment coupée par des changements de son apparence, tantôt grise opaque, tantôt vitrée et rouge.
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WORKac : projet retenu pour le Musée d'Art de Beyrout, Liban (2018)
Source de l'image : https://work.ac/work/beirut-museum-of-art/ |
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Pour l'expression synthétique de la troisième étape de la 1re filière, le projet du Musée d'Art de Beyrout, prévu ouvrir en 2026 et conçu en 2018 par les architectes de WORKac, l'architecte libanaise Amale Andraos (née en 1972 ou 1973) et l'architecte états-unien Dan Wood (né en ?).
Le caractère bien regroupé et bien compact du bâtiment n'est pas niable, mais très visiblement son enveloppe est aussi fractionnée en une multitude de portions bien distinctes les unes des autres, ce qui correspond à une construction du type 1/x.
Par différence avec l'exemple analytique précédent, ce n'est pas le contraste entre les surfaces pleines et les surfaces vitrées qui assure le conflit entre la continuité de l'enveloppement et la fragilisation de cet enveloppement, c'est celui qui oppose les formes rigidement orthogonales et les paquets d'arcs groupés en escaliers arrondis. En effet, tandis que les bandeaux saillants horizontaux et verticaux forment une trame d'éléments jointifs qui parcourt toute la surface de l'enveloppe extérieure pour lui fournir sa continuité, pour leur part les arcs en escalier ne sont pas mutuellement continus et n'arrêtent pas de changer d'orientation, niant de ce fait tout effet de continuité : tantôt l'arrondi est tourné vers le haut, tantôt il est tourné vers la gauche, tantôt il s'enfonce dans un retour de façade, tantôt l'arc le plus extérieur se prolonge par des alignements droits et tantôt il se prolonge par un cercle, à moins qu'il ne s'agisse d'arrondis isolés en rez-de-chaussée se contentant de servir d'arches d'extrémité à des portiques. Puisqu'ils manifestent un effet de continuité, les bandeaux saillants orthogonaux correspondent à une intention qui n'a rien à voir avec l'intention de décousu procuré par les paquets d'arcs aux effets autonomes, toujours isolés et bien séparés les uns des autres : pour ce qui concerne la continuité de l'enveloppement, ces deux intentions qui se contredisent s'ajoutent en 1+1.
Bien qu'ils forment une suite continue, les bandeaux saillants horizontaux et verticaux sont aussi variés dans leurs dispositions et dans leurs articulations que sont variées les directions et les dispositions des arrondis, si bien que l'on ne peut pas déchiffrer les façades sans prendre simultanément connaissance de ces deux registres de formes : on a donc affaire à une expression synthétique.
Malgré leur aspect fortement syncopé et irrégulier, les parties orthogonales qui assurent la continuité de l'enveloppement sont toutefois bien distinctes des parties arrondies qui nous font lire que, dans cet enveloppement, il y a aussi du séparé, du non-continu, et même du creusement puisque ces arcs en série effectuent un piochement progressif dans l'épaisseur de la matière du bâtiment. Cette claire séparation des deux effets correspond, comme on l'a vu avec l'exemple analytique, à la mutation qui s'est opérée à l'occasion de la troisième étape de la 1re filière.
Il n'est probablement pas besoin de souligner combien l'effet d'ensemble/autonomie est ici prépondérant : un effet d'ensemble varié et constamment déhanché est obtenu par la combinaison de formes très autonomes les unes des autres, tantôt de longues horizontales qui se retournent en courtes verticales, tantôt de longues verticales qui se retournent en courtes horizontales, tantôt des arrondis qui se tournent vers la gauche, tantôt des arrondis qui se tournent vers la droite, tantôt des arrondis qui se tournent vers le bas, etc.
Chacun des deux registres, l'orthogonal et celui des arrondis, correspond à un système homogène qui contient en lui de grandes hétérogénéités, et ces deux registres constituent également, cette fois dans leur ensemble, deux groupes de formes homogènes qui sont hétérogènes entre eux : ce sont deux effets d'homogène/hétérogène. Cette architecture rassemble des morceaux de façade bien séparés visuellement les uns des autres : c'est un effet de rassemblé/séparé. L'irrégularité des combinaisons que font entre elles les saillies orthogonales et l'irrégularité avec laquelle s'affirment les groupes d'arcs arrondis construisent un ensemble de formes qui sont incommensurables entre elles, et pourtant elles savent se synchroniser pour former une trame à la densité assez régulière : c'est un effet de synchronisé/incommensurable. Enfin, il va de soi que les reliefs des façades forment ensemble une trame continue qui est constamment coupée par des changements de direction ou par leur alternance avec des formes arrondies : c'est un effet de continu/coupé.
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HHF Architects : maison D à Nuglar, Suisse (2009-2011)
Source de l'image : https://www.hhf.ch/hhf/projects/projects/060-house_d.html |
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Pour l'expression analytique de la quatrième étape de la 1re filière, d'abord la « maison D » construite entre 2009 et 2011 à Nuglar, en Suisse, par HHF architects : Tilo Herlach (né en Suisse en 1972), Simon Hartmann (né en Suisse en 1974) et Simon Frommenwiler (né au Royaume-Uni en 1972).
On est d'emblée surpris par le fait que la partie pleine compacte de cette maison ne repose pas sur le sol mais semble léviter bien au-dessus de lui, d'autant que son allure de maison traditionnelle à deux pentes recouverte d'un bardage en bois ne nous fait pas immédiatement penser aux maisons modernes en béton construites sur pilotis. Ici, ce qui frappe c'est le contraste entre un volume bien enveloppé par un bardage continu et un soubassement dont l'enveloppement semble disparu.
La séparation très nette entre les parties de bâtiment faisant un effet d'enveloppement et les parties combattant cet effet était déjà acquise à l'étape précédente, on la retrouve donc très normalement ici, mais le contraste entre l'effet d'enveloppement et celui d'annihilation de l'enveloppement est devenu spécialement violent, ce qui résulte du fait que ces effets contraires sont maintenant portés par des parties du bâtiment qui forment des blocs continus et qui ne s'interpénètrent plus comme il en allait précédemment. Cette aggravation du contraste, opposant donc désormais une partie parfaitement enveloppée à une partie dont l'enveloppement est quasiment inexistant, est la mutation caractéristique de la quatrième et avant-dernière étape de cette filière. Pour atteindre la dernière étape, il restera à faire en sorte que les deux parties ainsi contrastées forment un ensemble que l'on puisse lire en tant que tel. On ne peut pas dire cela du volume bardé de bois et monté sur échasses de la maison D de HHF, car ce volume ne fait rien avec le vide qu'il surplombe et qu'il se contente d'enjamber.
Buerger Katsota architects : projet de maison E Source de l'image : https://www.buerger-katsota.com/projects/house-e |
Metro arquitetos : projet de maison Ste. Helène à São Paulo |
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On peut analyser de la même façon deux autres projets relevant de la même étape. Pour l'un, on donne une vue de maquette (le chantier a été livré en 2019), pour l'autre, une image de synthèse. La maison E de Buerger Katsota architects est très semblable à la maison D de HHF puisqu'il s'agit d'un bâtiment d'aspect traditionnel, compact et bien fermé, qui semble léviter au-dessus du vide. Buerger Katsota architects se compose d'un architecte autrichien, Stéphane Buerger (né en ?) et d'une architecte grecque, Demetra Katsota (née en ?). La maison Ste. Hélène conçue par Metro arquitetos se singularise par la très grande longueur opaque du volume de son étage qui, là aussi, semble monté sur des échasses sans faire aucun volume commun lisible avec son soubassement complètement vitré. Metro arquitetos est l'agence des architectes brésiliens Martin Corullon (né en 1973) et Gustavo Cedroni.
Dans tous ces exemples, comme il est aisé de considérer séparément les parties pleines qui font un effet d'enveloppement et les parties vitrées ou quasiment vides qui ne procurent aucun effet d'enveloppement, il s'agit toujours d'expressions analytiques.
Dans tous ces exemples aussi c'est la partie haute du bâtiment qui porte à elle seule l'idée de « bâti » et qui a un caractère 1/x, tandis que les deux niveaux superposés relèvent d'intentions contraires qui s'ajoutent en 1+1 pour ce qui concerne l'effet d'enveloppement.
À la quatrième étape de la 1re filière, l'effet prépondérant est l'ouvert/fermé. Dans ces trois exemples il va de soi que l'étage forme un volume fermé tandis que le rez-de-chaussée a une apparence aussi ouverte que possible.
Nécessairement, le volume de l'étage est lié au sol au moyen de quelques poteaux ou d'un mur d'appui, mais il en est franchement séparé par le vide du rez-de-chaussée : c'est un effet de lié/indépendant. Dans les trois cas, un même bâtiment est réalisé au moyen de deux niveaux traités différemment : c'est un effet de même/différent. C'est également un effet d'un/multiple, lequel se retrouve aussi dans l'aspect à la fois compact et divisé en multiples facettes du volume de l'étage. L'évanouissement de l'enveloppement au niveau du rez-de-chaussée permet à l'extérieur de pénétrer largement à l'intérieur du bâtiment : c'est un effet d'intérieur/extérieur.
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Milodamalo : Villa Aquidotto (projet de 2014)
Source de l'image : http://milodamalo.ru/portfolio/villa-aquidotto/ |
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Pour mémoire, on rappelle l'exemple de la Villa Aquidotto des architectes de Milodamalo qui correspond à l'étape suivante terminant l'évolution des expressions analytiques de la 1re filière.
On y retrouve la franche séparation entre un volume à l'enveloppement bien affirmé et un volume dont l'enveloppement est complètement défait. Par différence avec l'étape précédente ces deux parties ne s'ignorent pas, elles ne sont pas comme étrangères l'une pour l'autre mais font ensemble une unité qui les regroupe, celle d'un bâtiment qui est moitié en bon état et moitié en ruine.
Il n'y a là rien de nouveau pour ce qui concerne l'aspect « bâti » de la construction qui était du type 1/x tout au long des cinq étapes de cette filière, mais cela change pour ce qui concerne les intentions architecturales. Toujours elles étaient du type 1+1, et elles sont encore du type 1+1 à cette dernière étape puisque l'intention d'enveloppement et celle d'effondrement de l'enveloppement y sont toujours contradictoires, mais elles y acquièrent simultanément un caractère 1/x car on peut également en dire qu'elles correspondent à deux intentions complémentaires destinées à caractériser un bâtiment pour moitié en bon état et pour moitié en ruine.
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Hiroshi Sambuichi : deux vues de l'intérieur du centre communautaire de Naoshima, Japon (2016) Source des images : https://www.dezeen.com/2017/03/02/hiroshi-sambuichi-architects-sculptural-roofs-naoshima-hall-community-centre-japan/
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De la quatrième étape de la 1re filière, il reste à envisager son expression synthétique.
Hiroshi Sambuichi est un architecte japonais (né en 1968) à qui l'on doit deux bâtiments construits sur l'île de Naoshima, au Japon. D'une part son Hall communautaire dont on analysera l'extérieur à l'occasion de la 4e filière, d'autre part son Centre communautaire dont on envisage maintenant l'intérieur. Ce bâtiment est recouvert par une haute toiture à quatre pentes, fendue à son sommet par une ligne d'éclairage, et sous ce grand toit sont logées quatre petites constructions, chacune munie de son propre toit également à quatre pentes, telles des « maisons dans la maison ».
Ce dispositif de toits sous le toit crée évidemment un effet de concurrence mutuelle entre le grand toit et les petits quant à la question de savoir qui procure l'enveloppement du lieu : si l'on part du principe que c'est le grand toit qui génère cet enveloppement, alors on est immédiatement démenti par les petits toits qui profitent de leur plus grande proximité pour revendiquer d'être les vraies formes enveloppantes, et inversement, si l'on part du principe que ce sont les petits toits qui génèrent l'enveloppement que l'on ressent, le grand toit leur dénit aussitôt cette qualité puisque, précisément, il les enveloppe. Cette bascule incessante entre ces deux effets concurrents oblige à avoir simultanément à l'esprit l'effet d'enveloppement procuré par l'un des toits et la négation de cet effet occasionné par la présence d'un autre toit, ce qui correspond à une expression synthétique du conflit entre enveloppement et négation de cet enveloppement.
Le bâtiment, puisqu'il se présente à la fois sous la forme d'une grande enveloppe et de plusieurs petites, relève évidemment du type 1/x. L'intention d'enveloppement par un toit et celle de sa négation par la concurrence d'un autre toit sont contradictoires, elles s'ajoutent en 1+1.
Dans la concurrence entre l'enveloppement par le grand toit et les multiples enveloppements par les petits toits, l'effet d'enveloppement est toujours procuré par un toit différent de celui ou de ceux qui nient sa validité, même si le grand toit et les petits peuvent échanger leurs rôles respectifs. Une telle répartition des deux effets contraires sur des parties différentes du bâtiment correspond à l'acquis des étapes précédentes, tandis que la négation complète de l'effet d'enveloppement, ici procuré par un toit concurrent, correspond à la radicalité propre à la quatrième étape que l'on a déjà constatée dans son expression analytique.
La présence de petits toits sous un grand toit est évidemment adaptée à l'effet d'ouvert/fermé prépondérant à cette étape : quand on est dans l'allée qui sépare les petits toits, on est enfermé sous le grand toit, mais on peut tout aussi bien dire que ce grand toit est un espace ouvert puisque l'on y est à l'extérieur des petits toits. Ce grand toit possède d'ailleurs une fente en son sommet qui ouvre cet enveloppement fermé, et chacun des petits bâtiments se caractérise par une toiture bien fermée mais aussi par des murs périphériques qui peuvent être largement ouverts grâce à leurs parois coulissantes.
Évidemment l'effet d'intérieur/extérieur s'invite aisément lorsqu'il s'agit d'une architecture qui fait des « maisons dans la maison », ainsi qu'on l'avait vu au chapitre 9.2 avec l'architecte Charles Moore : de l'enveloppe extérieure de chacun des quatre petits bâtiments situés sous le grand toit on peut dire qu'elle est à l'intérieur de ce grand toit. Chacun de ces petits bâtiments se présente comme un bâtiment autonome, mais ils sont liés entre eux par ce grand toit qui les rassemble : c'est un effet de lié/indépendant. Un même grand bâtiment rassemble différents petits bâtiments et ces différents petits bâtiments sont construits sur le même principe : c'est un effet de même/différent et aussi un effet d'un/multiple.
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Architecture studio Precht (Penda) : projet d'immeuble The Tel Aviv Arcades
Source de l'image : https://www.dezeen.com/2018/07/02/penda-tel-aviv-arcades-tower-architecture/ |
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L'étape suivante est la dernière pour cette 1re filière. On rappelle l'exemple d'expression synthétique qu'on en avait donné, le projet d'immeuble « The Tel Aviv Arcades » d'Architecture studio Precht.
Comme à l'étape précédente, l'effet d'enveloppement est provoqué par des dispositions différentes de celles qui provoquent sa négation. Ici, c'est la continuité des voiles opaques en forme d'arches qui suggère un enveloppement de la façade de l'immeuble, et ce sont les trous qu'ils laissent entre eux, et donc à côté d'eux, qui nient la réalité de cet enveloppement, d'autant qu'à ces trous s'ajoutent les avancées des terrasses.
Comme à l'étape précédente, la contradiction est absolue entre ces deux effets contraires puisqu'il s'agit d'un contraste entre des surfaces parfaitement pleines et des vides complets. À la différence toutefois de l'étape précédente, un cran de maturité supplémentaire propre à la dernière étape est obtenu par la combinaison des deux intentions architecturales contraires dans une même paroi. Grâce à cette combinaison, on peut lire cette paroi comme moitié en surfaces pleines et moitié trouée par des vides, et donc comme une paroi générée par la combinaison en 1/x de deux intentions, même si ces deux moitiés, parce qu'elles font des effets contradictoires, peuvent aussi se lire comme résultant de l'addition en 1+1 de deux intentions.
13.3.2. L'évolution de la 2e filière de la phase de 1re confrontation de l'ontologie Fabriqué/intention, filière dans laquelle PF est du type 1/x et i du type 1+1 avec une tension de forte intensité entre les notions (thème de la filière : mise en question par l'une des i architecturales de la compacité du bâtiment PF) :
Hiroshi Nakamura & NAP : résidence « Dancing trees, Singing birds » à Tokyo au Japon (2007-2008) – maquette et détail de la réalisation
Source des images : https://www.designboom.com/architecture/dancing-trees-singing-birds-by-hiroshi-nakamura/ |
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Pour l'expression analytique de la première étape de la 2e filière, deux architectes japonais déjà évoqués. D'abord Hiroshi Nakamura et sa résidence construite en 2008 à Tokyo qu'il a appelée « Dancing trees, Singing birds » (Arbres dansants, Oiseaux chantants) pour évoquer la façon dont il s'est adapté à la présence des arbres existants sur le site, y encastrant, pour ainsi dire, le bâtiment.
La vue de la maquette rend bien compte de sa démarche : la masse du bâtiment est compacte, mais l'épaisseur de sa façade est creusée verticalement, horizontalement et même obliquement pour laisser passer les troncs et les branches des arbres.
La combinaison entre la compacité préservée de la masse du bâtiment et la multiplication de ses excroissances se faufilant entre les troncs et les branches procure au bâti un caractère 1/x.
Chaque adaptation du bâtiment à la présence et à la forme de l'un des arbres correspond à une intention d'adaptation particulière. Comme tous ces arbres ne font rien ensemble mais qu'ils s'ajoutent en file 1+1 les uns à côté des autres, les différentes intentions d'adaptation particulières héritent de ce caractère et s'ajoutent donc également en 1+1.
À la première étape de la 1re filière, nous avions affaire à un compromis ambigu entre l'effet d'enveloppement par le bâtiment et la négation de cet enveloppement. À la première étape de la 2e filière, nous observons maintenant que la compacité de la masse du bâtiment, bien que présente, ne s'affirme que de façon ambiguë du fait du morcellement de son volume dans toute l'épaisseur de sa façade, un morcellement qui tend évidemment à nier la compacité du bâti. Puisque dans chaque filière la première étape pose de façon ambiguë la nature du conflit qui s'approfondira au fil des étapes, pour la 2e filière ce conflit sera donc entre la compacité du bâtiment et sa négation.
La compacité et le morcellement correspondent ici à des parties différentes du bâtiment, sa masse centrale pour l'une, l'épaisseur de sa façade pour l'autre, et puisque nous pouvons considérer ces deux aspects séparément il s'agit d'une expression analytique.
À la première étape de la 2e filière, l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : les différentes parties de la façade se suivent puisqu'elles sont toutes accrochées à la partie principale du bâtiment, mais elles ne se suivent pas puisqu'elles sont séparées par les brèches laissées entre elles pour tenir compte de la présence des arbres.
Tous les volumes en avancée de la façade sont regroupés avec le bâtiment principal, mais ils s'en distinguent par leur fragmentation : c'est un effet de regroupement réussi/raté. La continuité et la compacité du bâtiment qui sont faites dans sa masse principale sont défaites dans sa façade : c'est un effet de fait/défait. Les volumes fragmentés qui s'avancent en façade sont reliés au volume principal, mais ils s'en détachent du fait de leur avancée tout en étant d'ailleurs également détachés les uns des autres : c'est un effet de relié/détaché. Enfin, l'aspect irrégulier et même chaotique des volumes de la façade ne permet pas de savoir où commence réellement le volume du bâtiment, ce qui implique un effet de déstabilisation qui est typique de celui du centre/à la périphérie.
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Tomohiro Hata : « maison de la terre » à Ikeda, près Osaka au Japon (livrée en 2018)
Source des images : http://www.hata-archi.com/works/works_30.html
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Avec sa « maison de la terre » terminée en 2018 près d'Osaka, Tomohiro Hata propose un autre exemple analytique de bâtiment dont les avancées et les creux irréguliers de la façade mettent en question la compacité de son bâti, renforcés pour cela par la présence de poteaux métalliques parfois très penchés qui questionnent la stabilité de sa structure. Ici, les encoches qui creusent le volume ne sont pas toujours justifiées par la présence de végétations, mais parfois par la présence de trémies d'escaliers, à moins qu'elles ne correspondent tout simplement à l'intention de l'architecte de générer des creusements irréguliers dans le volume du bâtiment.
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Caat Studio : Résidence à Kahrizak, Iran (livrée en 2015) Source des images : https://www.archdaily.com/633253/kahrizak-residential-project-caat-studio |
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On passe directement à l'expression analytique de la cinquième et dernière étape de la 2e filière. Mahdi Kamboozia, architecte iranien (né en ?) qui exerce dans le cadre de sa société CAAT Studio, a livré en 2015 une résidence à Kahrizak (Iran) qui oppose de façon bien nette les deux termes du conflit compacité/anéantissement de la compacité.
D'une part, son bâtiment propose une trame orthogonale épaisse relevant du type 1/x qui affirme la stable et solide continuité du bâtiment, d'autre part, intercalés à l'intérieur de cette trame, des voiles en brique ondulent dans tous les sens et se dérobent de façon très irrégulière, comme s'il s'agissait de simples rideaux poussés par le vent. Autant la trame orthogonale en béton correspond à l'intention de procurer un effet de stabilité pour le bâti et de continuité pour sa façade, autant ces voiles en briques irrégulièrement tordus correspondent à une intention contradictoire qui s'ajoute en +1 à la précédente, car elle contredit tout effet de stabilité et de continuité et donne au contraire l'impression que la façade est défoncée en de multiples endroits et de multiples façons.
À la première étape, les deux intentions de compacité et de négation de compacité étaient déjà présentes, mais à cette dernière étape leur contraste est beaucoup plus clairement affirmé puisque chacune concerne maintenant une partie bien distincte du bâti. Il s'agit d'une expression analytique puisqu'on peut considérer séparément la grille en béton qui affirme la continuité solide du bâtiment et les voiles en brique qui s'enfoncent et se dérobent en tous sens.
À la dernière étape de la 2e filière, l'effet prépondérant est le synchronisé/incommensurable : la grille orthogonale régulière est l'exemple même d'une synchronisation parfaite entre le rythme horizontal des planchers et le rythme vertical des murs en béton, les parois en briques se déhanchent selon des plans qui se voilent et qui se tordent selon des directions incommensurables entre elles.
Une même façade est obtenue par la combinaison de deux systèmes de formes différents, un quadrillage en béton et un remplissage par voiles en brique, et ce remplissage, bien que toujours construit avec le même matériau présente des formes très différentes d'un endroit à l'autre : les deux fois il s'agit d'un effet de même/différent. En se courbant, les voiles en brique génèrent des creux de loggias qui font pénétrer l'extérieur à l'intérieur de l'épaisseur de la façade : c'est un effet d'intérieur/extérieur, un effet que l'on peut aussi considérer en remarquant que l'extérieur de chaque voile en brique est bien repérable à l'intérieur de l'une des alvéoles générées par la trame orthogonale en béton. Cette façade unitaire est faite de multiples alvéoles : c'est un effet d'un/multiple. Enfin, toute la façade est regroupée dans un effet qui combine une trame orthogonale avec des voiles en brique, mais ce regroupement est raté puisque ces deux matériaux se distinguent bien l'un de l'autre : c'est un effet de regroupement réussi/raté. Relevant du même effet, toutes les surfaces en brique sont visuellement regroupées à cause de l'homogénéité de leurs matériaux, mais ce regroupement est raté parce que chacune est isolée à l'intérieur d'une alvéole en béton qui la sépare des autres, et aussi parce qu'elles se tordent de façons différentes.
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Milodamalo : La Maison sur le Toit, bureaux à Moscou, Russie (2014)
Source de l'image : http://milodamalo.ru/portfolio/dom-na-kryishe/ |
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Avec le bâtiment de bureaux et d'exposition qu'il a édifié en 2014 à Moscou pour une entreprise spécialisée dans la commercialisation d'éléments en bois aggloméré, Milodamalo propose une autre solution de contraste bien tranché entre une surface bien régulière, bien synchronisée, bien continue, donc bien compacte, et une autre surface qui se déhanche de façon irrégulière, selon des directions incommensurables et dont la compacité semble complètement compromise à force de se creuser ainsi en tous sens comme s'il s'agissait d'une motte de beurre. Là encore, la surface régulière compacte et la surface irrégulière qui se creuse et se déhanche sont bien séparées comme il convient pour un bâtiment qui relève de la dernière étape, mais cette fois elles sont complètement l'une à côté de l'autre et non pas incrustées l'une dans l'autre comme il en allait pour le bâtiment iranien.
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Hiroshi Nakamura & NAP : « Chapelle Ruban » à Hiroshima, Japon (livrée en 2014)
Source de l'image : https://www.metalocus.es/en/news/ribbon-chapel-hiroshi-nakamura-and-nap-architects |
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Nous revenons à la première étape de la 2e filière, cette fois pour envisager son expression synthétique avec l'architecte japonais Hiroshi Nakamura. Sa « Chapelle Ruban » terminée en 2014 à Hiroshima est, en fait, une chapelle de mariage.
Son enveloppe extérieure est obtenue par l'enchevêtrement de deux spirales qui tournent en sens inverse et qui se contrebutent mutuellement, parfait exemple d'un bâti à la fois un et deux, et donc du type 1/x. L'intention de faire tourner une spirale dans un sens s'ajoute évidemment en 1+1 à l'intention de faire tourner l'autre spirale dans l'autre sens. Lors de la cérémonie les deux mariés empruntent chacun une spirale, ils se rejoignent dans le haut puis redescendent ensemble.
Comme l'intérieur de la chapelle n'est qu'un creux vitré, toute la compacité du bâtiment est concentrée dans ces deux escaliers en spirale qui vont en sens inverse. Le contrebutement d'une spirale sur l'autre donne sa solidité à l'édifice et il donne l'impression que le volume du bâtiment est bien enfermé, bien ligoté. Toutefois, cette impression de compacité est relative car le fait que les deux spirales vont dans des sens contraires empêche de lire une forme continue et contribue ainsi à défaire la lecture de sa compacité. Comme il convient pour la première étape, l'intention de compacité est visiblement présente en même temps que sa négation, et le conflit entre ces deux intentions est encore ambigu, non net.
Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas saisir l'effet de solidité induit par le contrebutement mutuel des deux spirales sans s'affronter à la lecture du délitement du volume impliqué par les sens inverses de leurs rotations.
Ces sens de rotation inverses relèvent évidemment de l'effet de ça se suit/sans se suivre prépondérant à cette étape : les deux surfaces en spirale se suivent puisqu'elles sont accolées l'une à l'autre, mais elles ne se suivent pas puisqu'elles vont en sens inverse.
Du fait qu'ils sont enchâssés l'un dans l'autre les deux escaliers en spirale sont bien regroupés, mais leur regroupement est raté à cause du conflit des sens de leur enroulement : effet de regroupement réussi/raté. La lecture du sens d'enroulement fait par une spirale est défaite par l'autre qui nous incite à lire le bâtiment dans un sens contraire : effet de fait/défait. Les deux spirales sont reliées aux endroits où elles se croisent et s'attachent mutuellement, ailleurs elles sont détachées l'une de l'autre : effet de relié/détaché. Dans l'impossibilité où nous sommes de savoir dans quel sens lire le bâtiment, en suivant une spirale ou en suivant la spirale contraire, nous sommes déstabilisés comme le veut l'effet du centre/à la périphérie. Une telle déstabilisation résulte également du manque apparent d'appui stable du bâtiment sur le sol.
Keisude Maeda (AID arch.) : « maison papillon » de 2019 Source des images : https://www.archdaily.com/969170/butterfly-house-uid-architects?ad_medium=office_landing&ad_name=article |
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Toujours pour l'expression synthétique de la première étape de la 2e filière, et toujours au Japon, une maison individuelle de 2019 conçue par Keisude Maeda (UID Architects, né en 1974) qu'il a dénommée « maison papillon ».
Le bâti forme une unité à la fois compacte et divisée sous de multiples toitures indépendantes, il est donc du type 1/x, tandis que les multiples intentions d'orienter chacune de ces toitures dans des directions très autonomes les unes des autres ne génèrent aucune forme globale et s'ajoutent en 1+1. Par un aspect, ces intentions visent à buter les toitures les unes contre les autres, ce qui contribue à valoriser la compacité du bâtiment, et par un autre aspect la dispersion incohérente des toitures dans toutes les directions donne l'impression que le bâtiment est complètement fracturé, on est bien ici dans le thème de la mise en cause de la compacité du bâti qui est propre à cette filière.
On n'analysera pas en détail les effets produits par cette disposition qui a été spécialement choisie pour sa similitude avec celle de l'exemple suivant, qui relève lui de la dernière étape, et dont la comparaison montrera bien l'acquis accumulé au cours de cette filière.
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Caat Studio : projet de complexe pour les médias à Téhéran, Iran (2010)
Source de l'image : https://www.archdaily.com/177755/media-complex-caat-studio-architecture |
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Nous sautons donc à la cinquième et dernière étape de la 2e filière, cette fois pour son expression synthétique. Nous retrouvons l'architecte Mahdi Kamboozia de CAAT Studio avec un projet non réalisé qu'il a conçu en 2010 pour un centre des médias à Téhéran.
Par différence avec la « maison papillon » de la première étape dont les différents corps de bâtiment se dispersent sans coordination entre eux en neutralisant mutuellement leur dynamisme, à la dernière étape le contraste est maintenant très clair entre la compacité apportée par l'imbrication des différents corps de bâtiments tassés les uns contre les autres, et d'autre part l'effet centrifuge provoqué par la dispersion de leurs formes dans toutes les directions en niant la compacité de leur tassement. Ces deux intentions, puisqu'elles sont contradictoires, s'ajoutent l'une à l'autre en 1+1, tandis que le bâti, clairement compact, et donc « un », mais aussi multiple, relève du type 1/x.
Il s'agit d'une expression synthétique, puisque l'on ne peut pas percevoir le groupe des corps de bâtiments imbriqués sans percevoir simultanément la compacité de ce groupe et la diversité des directions vers lesquelles ils semblent se disperser.
L'effet de synchronisé/incommensurable qui est prépondérant à cette étape est lié à ce contraste entre la capacité des formes à se synchroniser pour rester bien regroupées et la diversité des directions incommensurables entre elles vers lesquelles elles semblent se diriger.
Un même bâtiment est obtenu par la combinaison de différents corps de bâtiments, et ces différents corps de bâtiments, bien que tous différents, utilisent tous le même système de formes en pans coupés : cela correspond à deux expressions de l'effet de même/différent, mais aussi à celui d'un/multiple. L'effet d'intérieur/extérieur correspond au fait que l'extérieur de chaque corps de bâtiment se perçoit bien à l'intérieur du groupe qu'ils forment ensemble, et l'on peut aussi rattacher à cet effet la transparence des verrières qui servent de couverture et qui font pénétrer l'ambiance extérieure à l'intérieur des bâtiments. Enfin, le regroupement des différents corps de bâtiments en un groupe compact est réussi, mais il est également raté puisque ces différents corps de bâtiments semblent se disperser vers toutes les directions.
Après avoir envisagé les situations extrêmes de la première et de la dernière étape, nous envisageons maintenant les étapes successives qui mènent de l'une à l'autre.
SO-IL : Kukje Gallery à Séoul, Corée du Sud (livrée en 2012) Source des images : https://www.dezeen.com/2012/06/08/kukje-gallery-by-so-il/ |
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Comme expression analytique de la deuxième étape de la 2e filière, le curieux système de façade utilisée par SO-IL pour la Kukje Gallery qu'elle a livrée en 2012 à Séoul, en Corée du Sud. SO-IL, SO pour « Solid Objectives », est une agence basée aux États-Unis qui regroupe l'architecte Florian Idenburg (né en 1975) originaire des Pays-Bas, l'architecte chinoise Jing Liu (née en 1980), et l'architecte grec Ilias Papageorgiou (né en 1980).
Le volume principal et les diverses excroissances de ce bâtiment sont enveloppés dans un voile de chaînes métalliques. Ce qui le dote d'aspects contradictoires : le massif principal en béton et ses excroissances métalliques cubiques ou arrondies font un effet de compacité solide et résistante, en contraste le voile métallique qui les enveloppe nie cette compacité pour faire un effet de transparence, de vide, de mou, de traversable. Il importe de noter que l'on n'a pas ici une portion de la paroi qui fait de la compacité et une autre portion, à côté, qui nie cette compacité, mais une seule paroi qui possède ces deux propriétés réparties sur deux couches superposées. Comme pour la 1re filière, à la deuxième étape c'est donc l'ensemble du bâtiment qui prend en charge les deux aspects contradictoires propres à la 2e filière, ici dans les deux couches de sa paroi externe.
Enveloppé dans son filet métallique le bâtiment s'affirme unitaire, mais aussi divisé en deux couches et marqué par les multiples excroissances déformant ce filet, il est donc du type 1/x. L'intention du bâtiment central d'affirmer un effet de compacité s'oppose à l'intention du filet métallique de le nier, et puisqu'elles sont contradictoires ces deux intentions s'ajoutent en 1+1.
La séparation des deux effets sur des couches différentes de la paroi implique une expression analytique puisqu'on peut ainsi les considérer séparément.
À la deuxième étape de la 2e filière, comme à la première l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : les deux couches qui forment l'enveloppe de la façade se suivent nécessairement puisqu'elles sont l'une sur l'autre, mais elles ne suivent pas le même trajet puisque, en dehors des surfaces où elles se touchent, le voile en chaînes métalliques a des parcours plus courts que le développé complet de la surface en dessous de lui.
L'effet d'entraîné/retenu correspond à l'impossibilité de décider quelle est l'enveloppe réelle du bâtiment : chaque fois que l'on se laisse entraîner à considérer que c'est la grille métallique qui est la véritable enveloppe, on en est retenu par son manque de fermeté qui est incompatible avec un véritable statut de paroi, et chaque fois que l'on se laisse entraîner à considérer que c'est la paroi dure, solide, qui est la vraie enveloppe du bâtiment, on n'en est retenu par la position plus externe de la grille métallique. L'effet d'ensemble/autonomie va de soi : deux parois bien autonomes dans leur aspect et dans leurs propriétés font ensemble une même clôture pour le bâtiment. L'effet d'ouvert/fermé va également de soi : le voile métallique enferme le bâtiment tout en laissant la vue le traverser, donc tout en restant ouvert, et cet aspect ouvert à la vue fait contraste avec l'aspect complètement opaque, et donc complètement fermé, de la paroi enfermée sous ce voile.
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Oyler Wu Collaborative : projet de redesign de la façade de l'IAC à Los Angeles (2011)
Source de l'image : https://www.oylerwu.com/hi-res-low-rise |
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Pour seulement donner un autre exemple de ce type de double paroi correspondant à la deuxième étape, voici le projet conçu en 2011 pour la rénovation d'une façade à Los Angeles par Oyler Wu Collaborative. Par-dessus l'ancienne façade, il était envisagé d'ajouter un écran en métal perforé. Par différence avec l'exemple de SO-IL, ce n'est pas le volume du bâtiment en dessous qui donne sa forme à l'enveloppe extérieure puisque ses plissements résultent seulement de la rigidité propre au métal perforé utilisé.
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Ippei Takahashi : école maternelle Tohyama à Shichigahama, Japon (2013) Source des images : http://www.takahashiippei.com/TOH.html |
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Comme expression synthétique de la deuxième étape de la 2e filière, voici d'abord les parois réfléchissantes en métal brillant irrégulier utilisé par l'architecte japonais Ippei Takahashi (né en 1977) pour sa rénovation en 2013 de l'école maternelle Tohyama à Shichigahama, au Japon.
Comme on le voit sur les photographies, que ce soit du côté cerné par la végétation ou que ce soit du côté du parking, les reflets troubles et insaisissables que renvoient les façades font disparaître toute perception de stabilité et de consistance. En même temps, l'existence même de ces reflets mouvants informe qu'il y a là un bâtiment qui tient debout, avec toute la consistance et l'épaisseur de volume que cela suppose. À cette étape, tout comme dans l'expression analytique, la peau du bâtiment est donc à la fois ce qui fait un effet de compacité et ce qui le défait, mais il s'agit cette fois d'une expression synthétique puisqu'on ne peut pas ressentir l'effet d'inconsistance suggéré par de telles façades réfléchissantes gondolées sans percevoir la réalité de leur présence.
À la fois continu et divisé en de multiples reflets insaisissables, ce bâtiment correspond au type 1/x. Par différence, l'intention de générer des reflets qui nient la présence compacte du bâtiment derrière ses façades s'ajoute en 1+1 à l'intention de rendre présentes ces mêmes façades grâce au brillant et à l'animation qu'elles procurent. On peut comparer cet exemple au projet de musée pour Varsovie conçu par Ala pour la même étape de la 1re filière et dans son expression également synthétique : dans le cas présent, le caractère très gondolé de la façade réfléchissante suggère un défaut de compacité du bâtiment, dans le cas du musée, la perfection de la surface miroitante jetait seulement le trouble sur la position de l'enveloppement qu'elle réalisait, ce qui renvoie bien à la différence entre les deux premières filières.
L'effet prépondérant de ça se suit/sans se suivre correspond au contraste entre les ondulations insaisissables des parois réfléchissantes et la ferme présence des menuiseries qui les interrompent : ces deux parties se suivent sur une même surface mais l'une ne suit pas le comportement de l'autre.
Cette particularité correspond aussi à l'effet d'entraîné/retenu : autant on est entraîné à suivre sans fin le miroitement des parois réfléchissantes, autant le regard est fixement retenu lorsqu'il considère les stables menuiseries qui les interrompent. Toutes les façades miroitantes font le même effet de déformation du paysage alentour, mais la diversité de ces paysages fait que chaque partie de la façade renvoie une image différente, c'est un effet d'ensemble/autonomie. Enfin, ces façades brillantes qui renvoient la lumière et le paysage alentour enferment tout autant le bâtiment derrière leur paroi qu'elles l'ouvrent visuellement sur tout le paysage alentour puisque celui-ci, tout comme la lumière, semblent pénétrer dans la masse même du bâtiment : c'est un effet d'ouvert/fermé.
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Oyler Wu Collaborative : résidence Monarch à Taipei, Taiwan (livré en 2017) Source des images : https://www.archdaily.com/896469/monarch-oyler-wu-collaborative |
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Autre exemple très différent pour l'expression synthétique de la deuxième étape, la façade de la résidence Monarch livrée en 2017 à Taipei (Taiwan) par Oyler Wu Collaborative.
Cette façade est animée par la présence de nombreux capots métalliques fixés sur des rails horizontaux. Leur groupe est difficile à lire à cause de leurs incessants décalages d'alignement, de la variété de leurs largeurs, de la variété de leurs orientations (parfois parallèles à la façade, parfois obliques) et de la diversité de leurs matériaux (parfois en plaques de métal perforé, parfois partiellement vitrés dans un encadrement métallique).
À la lecture de ces formes, deux impressions dominent. D'une part une impression de stabilité et de solidité, donnée par la nature même du matériau que l'on ressent solide, par le calage de certains alignements, notamment aux angles bien continus de la façade, par les deux grandes verticales intermédiaires partiellement visibles, et par les alignements obliques continus sur lesquels se tiennent différents capots. Mais d'autre part la modification incessante de ces alignements obliques donne une impression d'instabilité et de fluidité qui contredit l'impression précédente, comme si la façade du bâtiment était sans cesse en train de se réorganiser, c'est-à-dire de se défaire puis de se refaire selon de nouveaux alignements.
Même si le procédé est très différent des reflets instables des façades de l'école maternelle d'Ippei Takahashi, on y retrouve donc un même contraste entre stabilité et instabilité, entre fermeté et fluidité, et comme tous les autres exemples de la deuxième étape de la 2e filière ce contraste est répandu sur toute la surface du bâtiment, de telle sorte que l'on ne peut pas dire de quelle partie de surface provient l'effet de stabilité et de quelle autre partie provient l'effet d'instabilité.
Il s'agit d'une expression synthétique, puisqu'on ne peut pas considérer l'instabilité des alignements des capots métalliques sans prendre connaissance, précisément, de la présence de tels alignements, et donc sans être affecté par l'effet de stabilité qu'ils engendrent.
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Tom Wiscombe : projet de restaurant sur le toit du « Main Museum of Los Angeles Art » (2014-2017)
Source de l'image : https://tomwiscombe.com/THE-MAIN-MUSEUM-OF-LOS-ANGELES-ART |
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Comme expression analytique de la troisième étape de la 2e filière, d'abord le restaurant que l'architecte Tom Wiscombe a conçu entre 2014 et 2017 pour le toit du « Main Museum of Los Angeles Art ». Son enveloppe propose une surface continue, d'aspect lisse et de teinte uniforme sur son extrémité droite, mais d'aspect froissé et avec un graphisme très présent et très irrégulier sur le reste du bâtiment.
Un froissement aussi brutal de son enveloppe dénie nécessairement toute compacité au bâtiment alors que son extrémité lisse et uniforme produit l'effet contraire.
La continuité de l'enveloppe du bâtiment et la multiplicité de ses plis donnent un caractère 1/x à son bâti, tandis que l'intention de froissement de son volume vient contredire l'intention de continuité lisse que l'on observe sur sa partie droite et s'y ajoute en 1+1.
Tout comme dans le projet pour la bibliothèque de Prague du même Tom Wiscombe envisagé pour la 1re filière, et à la différence de l'étape précédente, ce ne sont plus les mêmes parties du bâtiment qui procurent l'effet de stabilité et qui le mettent en cause puisque les deux effets sont ici répartis sur des parties différentes du bâtiment. De façon générale, tout comme dans la 1re filière, cette mutation est la caractéristique de la troisième étape de la 2e filière.
Il s'agit d'une expression analytique, car il est facile de considérer séparément la partie du bâtiment dont l'enveloppe est froissée et la partie où elle est régulière et plane.
À la troisième étape de la 2e filière, l'effet prépondérant est l'homogène/hétérogène : les surfaces planes et uniformes ont un caractère homogène par différence aux surfaces plissées aux graphismes très variés qui sont d'aspect très hétérogène.
On repère de façon bien séparée les surfaces plissées et les surfaces non plissées, mais elles sont rassemblées en continu à la suite les unes des autres : c'est un effet de rassemblé/séparé. À elles seules les surfaces plissées correspondent aussi à cet effet puisque le paquet qu'elles forment rassemble un ensemble de plis et de morceaux de surface bien séparés les uns des autres. Tous ces plis et tous ces morceaux de surface pliée se dirigent vers des directions très variées incommensurables entre elles, pourtant elles savent se synchroniser pour tenir ensemble, et même pour s'aligner avec la surface plane qui occupe l'extrémité droite du bâtiment : c'est un effet de synchronisé/incommensurable. Les surfaces qui enveloppent le bâtiment sont continues entre elles mais elles sont coupées par les plis qui les froissent : c'est un effet de continu/coupé.
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WORKac : projet de tour à Shenzhen, Chine (2010)
Source de l'image : https://urbanlabglobalcities.blogspot.com/2011/04/shenzhen-interchange-tower-by-workac.html |
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Comme autre exemple analytique de la troisième étape, le projet de « Tour Shenda » pour Shenzhen, en Chine, conçue en 2010 par les architectes de WORKac. En partie courante ses façades sont traitées de façon très homogène, et de place en place dans les angles, des pans coupés forment des brèches qui sont autant d'hétérogénéités. On reconnaît là l'effet d'homogène/hété-rogène qui est prépondérant à la troisième étape, ainsi que la caractéristique de cette étape qui veut que l'effet de compacité soit apporté par des parties du bâtiment qui sont différentes de celles qui mettent en cause cette compacité. Ici, ce sont les brèches locales mais répétées du volume qui entament la stable continuité proposée par les autres parties de sa surface.
À gauche, WORKac : projet Nature-City (2012 – détail d'un quartier) À droite, Tom Wiscombe : projet Diamond-City pour Adélaide, Australie (2013) Sources des images : https://work.ac/work/nature-city/ et https://tomwiscombe.com/DIAMOND-CITY |
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Deux autres exemples encore d'expression analytique de la troisième étape dans lesquels l'effet d'homogène/hétérogène est particulièrement évident.
D'une part, le détail d'un quartier du projet Nature-City étudié en 2012 par WORKac. Les bâtiments se tortillent en longs rubans continus d'aspect et de hauteur homogènes. Ces rubans sont principalement rectilignes sur le pourtour du quartier et ondulants dans sa partie centrale, différence qui génère donc une hétérogénéité dans le traitement des façades, par ailleurs homogènes. Ici, ce sont les fermes alignements droit du pourtour qui font effet de compacité, laquelle est défaite dans les endroits où l'alignement des façades se creuse brusquement. Dans le centre du quartier, ce sont les parties convexes se regroupant autour d'une place qui font effet de compacité tandis qu'elles se transforment de chaque côté en des creux concaves qui défont la compacité de leur groupe.
D'autre part, on donne l'exemple du projet « Diamond-City » conçu en 2013 par Tom Wiscombe pour Adélaide, en Australie. L'enveloppe du bâtiment est partout traitée en un matériau de coloris homogène et selon un principe de formes homogène, mais son ampleur est hétérogène d'un endroit à l'autre, correspondant parfois à de petits volumes décalés les uns des autres, parfois à un long et bas volume, parfois à un haut et large volume. Ici, le conflit entre compacité et annihilation de cette compacité est provoqué par le contraste entre la périphérie du bâtiment qui a la forme d'une coque continue et le centre du bâtiment où cette coque se fracture pour s'ouvrir sur un grand vide.
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Barozzi Veiga : Philharmonie de Szczecin, Pologne (2007-2014) Sources des images : https://barozziveiga.com/projects/philharmonic-hall et https://www.architecturelab.net/philharmonic-hall-szczecin-barozzi-veiga |
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Comme exemple d'expression synthétique la troisième étape de la 2e filière, le bâtiment de la Philharmonie de Szczecin, en Pologne, livré en 2014 par l'agence d'architectes Barozzi Veiga, constituée de l'italien Fabrizio Barozzi (né en 1976) et de l'espagnol Alberto Veiga (né en 1973).
Ce bâtiment est recouvert par une peau blanche légèrement translucide d'aspect homogène. De façon également homogène, le volume de ses façades se décompose en pignons à deux pentes, mais ces pignons sont hétérogènes entre eux car ils ont des largeurs différentes, et de plus ils créent des hétérogénéités dans le volume du bâtiment du fait de leurs avancées et de leurs reculs par rapport à la masse courante construite, d'autant qu'on ne déchiffre aucune régularité dans le rythme de ces avancées et reculs.
Outre qu'une telle enveloppe produit un effet d'homogène/hétérogène qui correspond à l'effet prépondérant à cette étape, elle engendre un effet simultané d'affirmation et de négation de la compacité du bâtiment : affirmation, car l'uniformité du traitement de la peau induit un effet de régularité et de continuité qui amène à penser que le bâtiment est cohérent et bien continu, mais aussi affirmation inverse car le creusement irrégulier incessant du volume laisse penser qu'il se disloque quelque peu ou que, pour le moins, la position de sa frontière est hésitante et n'est donc pas fermement établie. À quoi s'ajoute le caractère translucide des façades qui ne semblent pas construites en matériau consistant et solide, plutôt en matériau ténu et fragile.
L'unité du traitement des différentes façades et leur division très claire en multiples pignons donne au bâti le type 1/x. L'intention de fractionner sa masse et de la munir d'un matériau translucide contrarie l'intention de lui donner une continuité massive et s'y ajoute donc en 1+1.
Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas constater l'homogénéité de matériau et d'aspect de la paroi sans s'affronter à l'impression de fragilité donnée par ce matériau ainsi que par l'hétérogénéité de ses creusements et avancées. Malgré ce caractère synthétique, et bien que ce soit la même paroi qui produise les deux effets contradictoires, cette fois encore les aspects qui font de la compacité sont différents de ceux qui la défont : la compacité est portée par l'homogénéité et par la continuité de la façade blanche découpée en pignons, elle est défaite par l'hétérogénéité occasionnée par les décalages d'alignement des pignons, par l'irrégularité de leurs différences de largeur, et par l'aspect quelque peu fragile du matériau utilisé. Ici, ce n'est donc pas sur des parties différentes du bâtiment que les effets de compacité et ceux de sa négation sont répartis, mais sur des aspects différents du bâtiment.
On a déjà envisagé l'effet prépondérant d'homogène/hétérogène, on en vient aux autres effets propres à cette étape. Tous les pignons sont rassemblés en un seul bloc compact mais ils sont visuellement séparés les uns des autres par leurs décalages en profondeur et par la forme de leur toiture à deux pentes : c'est un effet de rassemblé/séparé. L'effet de continu/coupé est également facile à déceler sur cette surface dont la peau est continue mais qui est constamment coupée par des changements de direction. Un effet qui se lit aussi dans la découpe de la toiture qui forme une frise continue qui est continuellement coupée par des changements du sens de sa pente. L'effet de synchronisé/incommensurable est plus difficile à déceler, il correspond au fait que les pignons des extrémités se synchronisent avec ceux de la partie courante des façades pour produire un même effet de pignon à deux pentes et avec une même hauteur en pointe, cela alors que leur forme n'est pas seulement générée par un mouvement de montée et descente du profil de la toiture, comme en partie courante, mais aussi par un pli grâce auquel l'extrémité d'une façade se retourne sur la suivante. Il se trouve que ces deux modes de génération d'une même forme « en pignon » n'ont rien à voir l'un avec l'autre et sont donc incommensurables l'un pour l'autre.
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Pezo von Ellrichshausen : à gauche, Solo House à Cretas, Espagne (2013), à droite, maison Guna à San Pedro de la Paz, Chili (2010-2014) Sources des images : http://solo-houses.com/house/solo-pezo-von-elrichshausen/ et https://www.dezeen.com/2014/12/31/pezo-von-ellrichshausen-casa-guna-top-heavy-concrete-house-chile-lagoon/ |
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Pour l'expression analytique de la quatrième étape de la 2e filière, deux bâtiments très similaires conçus par le cabinet d'architecte Pezo von Ellrichshausen. L'un est une maison qui date de 2013 dans le lotissement/musée d'architecture contemporaine de Cretas, en Espagne, l'autre est la maison Guna construite en 2014 à San Pedro de la Paz, au Chili. Ce cabinet regroupe un architecte chilien, Mauricio Pezo (né en 1973) et une architecte argentine, Sophia von Ellrichshausen (née en 1976).
Ces deux bâtiments ont la particularité de se présenter sous la forme d'un parallélépipède en très forte saillie au-dessus d'un socle. Leur différence principale et que la « Solo House » de Cretas a ses façades très ajourées tandis que la maison chilienne a une grande surface de maçonnerie en façade. Tous les deux affirment une forte présence de leur étage, solidement et régulièrement construit en béton, tandis que l'étranglement brutal qu'ils subissent en rez-de-chaussée fait presque disparaître le volume de ce niveau. Effet de présence, de volume, de solidité et de régularité constructive pour l'étage, effet de brusque disparition du volume pour le rez-de-chaussée. Voilà donc, encore une fois, le contraste entre un effet de présence compacte et un effet de disparition de cette présence, et comme à l'étape précédente les parties qui apparaissent compactes et les parties dont le volume disparaît sont réparties en des endroits distincts. Par rapport à l'étape précédente toutefois, comme il en allait dans la 1re filière, le contraste visuel entre ces deux parties est poussé au maximum : très forte saillie pour le volume principal qui s'avance sur le vide sans que sa solidité et sa compacité ne fassent de doute, disparition presque complète du volume au rez-de-chaussée qui semble ne servir que de pied pour l'étage. Certes, ce pied de soutien a lui-même un aspect compact et solide, mais l'énorme vide qui l'entoure semble résulter de la disparition de la plus grande partie de son volume.
L'aspect « carré » de l'étage et la nette division du bâti en deux parties qui se complètent, le pied et l'étage habitable, lui donnent un caractère 1/x. L'aspect contradictoire de l'intention d'affirmer un large volume à l'étage et de l'intention d'étrangler celui du rez-de-chaussée implique que ces intentions s'ajoutent en 1+1.
Il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément l'étage qui affirme sa présence et le rez-de-chaussée qui se présente comme un volume essentiellement vide.
À la quatrième étape de la 2e filière, l'effet prépondérant est le rassemblé/séparé. Ici, l'étage se rassemble à l'évidence dans une forme parallélépipédique compacte tandis qu'il se sépare radicalement du sol sur lequel s'appuie le pied du bâtiment. Par ailleurs, que ce soient les larges baies de la Solo House ou que ce soient les trouées régulières des baies de la maison Guna, on peut toujours en dire quelles sont à la fois bien séparées les unes des autres et bien rassemblées sur les façades de l'étage.
L'effet de lié/indépendant est ici très voisin du précédent : l'étage s'affirme comme volume très indépendant, notamment du sol, mais il est en même temps fortement relié à celui-ci par le rez-de-chaussée qui lui sert de pied. Un même bâtiment comporte deux étages traités différemment, c'est un effet de même/différent et aussi un effet d'un/multiple. Enfin, le large débord périphérique de l'étage permet à l'extérieur de pénétrer très profondément à l'intérieur du volume du bâtiment, c'est un effet d'intérieur/extérieur.
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Metro Arquitetos : Maison RCM à Ibiúna, Brésil (2009)
Source de l'image : https://metroarquitetos.com.br/project/casa-rcm-sao-paulo-2009/ |
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Comme autre exemple analytique de la quatrième étape, la maison RCM construite en 2009 à Ibiúna, au Brésil, par Metro Arquitetos.
Par différence avec les exemples précédents le débord de l'étage n'est pas périphérique puisqu'il s'avance seulement d'un côté du bâtiment. Il le fait toutefois de façon très énergique puisque l'avancée de l'étage sur le vide correspond aux deux tiers environ de la profondeur du bâtiment. Le contraste entre l'intention d'affirmer un volume bien compact à l'étage et l'intention de faire complètement disparaître le volume du bâtiment en rez-de-chaussée en est tout aussi net.
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Caat Studio : Résidence à Kahrizak, Iran (livrée en 2015)
Source des images : https://www.archdaily.com/633253/kahrizak-residential-project-caat-studio |
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Après cette quatrième étape qui a vu la conservation de l'acquis de la troisième, c'est-à-dire la nette séparation entre la partie du bâtiment qui fait un effet de compacité et la partie du bâtiment qui défait cette impression, mais qui a aussi vu le contraste poussé au maximum entre ces deux effets au point de faire disparaître complètement une partie importante du soubassement du bâtiment, avec la résidence de Kahrizak conçue par Caat Studio on revient à la cinquième et dernière étape de l'expression analytique de la 2e filière.
On y retrouve les mêmes particularités qu'à la quatrième étape : d'une part, la séparation nette entre les endroits qui font de la compacité (ici, la trame orthogonale en béton gris) et les endroits qui défont cet effet de compacité (ici, les voiles en briques rougeâtres qui dispersent en tous sens la continuité de la façade), d'autre part la brutalité du contraste entre ces deux effets. S'y ajoute toutefois la maturité qui correspond à la dernière étape, c'est-à-dire le regroupement du bâti en unité globale permettant que les intentions contradictoires qui s'ajoutent en 1+1 puissent également se lire en 1/x.
Autant, en effet, l'intention d'affirmation en saillie du volume de l'étage des maisons envisagées pour la quatrième étape ne se mariait d'aucune façon avec l'intention de faire disparaître le volume de leur rez-de-chaussée, autant, dans la résidence de Kahrizak, l'imbrication des voiles tordus en brique et du quadrillage en béton à l'intérieur duquel ils s'insèrent implique à la fois un caractère unifié correspondant au systématisme de leurs imbrications et un caractère multiple lié à la répétition régulière de ces imbrications, ce qui permet à ce principe d'imbrication de se lire en 1/x. Il se lit en 1+1 si l'on considère que l'intention de continuité et de régularité géométrique de la façade provoquant un effet de compacité fait le contraire de l'intention de dérobades irrégulières que traduisent les torsions des voiles en brique, et il se lit en 1/x si l'on considère l'imbrication systématique et régulière des éléments correspondant à ces deux intentions. Ce que l'on peut aussi expliquer autrement : le quadrillage en béton se lit en 1/x du fait de sa structure même, ce qui correspond au type 1/x requis pour le bâti à cette étape, et la multitude des voiles tordus en briques profite de ce type 1/x en s'insérant régulièrement dans ce quadrillage.
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Atelier Deshaus : Long Museum à Xuhui, Chine (livré en 2014)
Source de l'image : http://ameykphotography.com/long-museum |
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On revient à la quatrième étape de la 2e filière, cette fois pour son expression synthétique. D'abord avec le « Long Museum » terminé en 2014 à Xuhui, en Chine, conçu par les architectes chinois de l'Atelier Deshaus, Liu Yichun (né en 1969) et Chen Yifeng (né en 1972). Les façades de ce bâtiment, du moins celles que l'on examine ici, sont à la fois parfaitement planes et découpées par des arcades en béton qui sont bien distinctes des surfaces en vitrage, certaines simplement vitrées, d'autres doublées d'une grille métallique ajourée. Entre les deux corps de bâtiments, une arcade franchit le vide.
Le caractère à la fois unitaire et fractionné de chacune des façades correspond à un bâti du type 1/x. La continuité plane des surfaces enveloppant les volumes correspond à l'intention de procurer un effet de compacité, et par contraste leur division en arcades morcelle ces surfaces et contredit cette compacité, d'autant que les arcades sont relativement frêles et que les surfaces vitrées qu'elles séparent sont a priori fragiles. Continuité compacte d'un côté, morcellement en minces surfaces fragiles de l'autre, ces deux intentions contradictoires s'ajoutent en 1+1.
Puisqu'il n'est pas possible de lire la division des surfaces par les arcades sans prendre en compte le fait que ces arcades font partie de ces surfaces et participent donc à leur effet de continuité compacte, il s'agit d'une expression synthétique.
Par rapport à l'expression synthétique de la troisième étape, par exemple dans la Philharmonie de Szczecin, on observe que l'évolution à la quatrième étape revient ici à supprimer les reliefs morcelant le volume du bâtiment pour les remplacer par le découpage de surfaces planes. Cette perte de l'effet de relief ne correspond pas à un affaiblissement du contraste entre continuité compacte et fragmentation de cette continuité, car au contraire ce contraste en devient plus direct, plus radical même puisqu'il s'exerce désormais franchement. On retrouve donc ici le brutalité du contraste dont on a dit qu'elle correspondait à la mutation propre à la quatrième étape.
L'effet prépondérant de rassemblé/séparé correspond au fait que la surface de la façade est rassemblée en continuité tout en étant séparée en diverses parties par les arcades qui la découpent.
Ces arcades sont reliées entre elles tout en étant visiblement indépendantes les unes des autres : effet de lié/indépendant. Une même surface est faite de matériaux différents, des arcades, des vitrages simples et des vitrages recouverts d'une grille métallique : effet de même/différent. Différentes fois la même forme d'arcade selon des hauteurs et des longueurs d'extension différentes, cela correspond également à un effet de même/différent, mais aussi à un effet d'un/multiple. Le profil extérieur des arcades est bien repérable à l'intérieur de la surface des façades, c'est un effet d'intérieur/extérieur, tout comme l'effet d'intérieur que produisent les creux de ces arcades sur ces façades extérieures, d'autant que la transparence des grillages permet de repérer l'intérieur des pièces depuis l'extérieur.
Formzero, avec MOA Architects : Red Hill Gallery à Negeri Sembilan, Malaisie (2018) Source de l'image : https://www.archdaily.com/899408/red-hill-gallery-moa-architects-plus-formzero |
Red Hill Gallery, vue d'ensemble du bâtiment
Petr Hajek : villa V à Berouně, République Tchèque (2001-2004) Source de l'image : http://hajekarchitekti.cz/index.php?lang=cs&page=project&name=vila-v-beroune |
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Comme autre exemple d'expression synthétique de cette quatrième étape, la « Red Hill Gallery » livrée en 2018 à Negeri Sembilan, en Malaisie, par l'architecte malais Cherng Yih Lee (né en 1978) de l'agence Formzero.
La longue façade continue de ce bâtiment n'est pas complètement plane, mais quelque peu plissée. Toutefois, à l'intérieur de chacun des pans de ses plis une découpe divise la façade en multiples tronçons, cette découpe se repérant notamment à la discontinuité de leurs bandes verticales rouges. Continuité compacte et morcellement de cette continuité s'affrontent donc directement dans un même plan, comme il en allait dans le Long Museum.
Le principe du découpage brutal d'un plan en différentes parties se lit encore plus facilement dans la villa V construite entre 2001 et 2004 à Berouně, en République Tchèque, par l'architecte tchèque Petr Hajek (né en 1980). Le volume de cette maison est en effet un simple parallélépipède dont les façades sont divisées en carrés par un quadrillage noir bien affirmé, certains de ces carrés étant complètement vitrés, d'autres complètement opaques.
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Pezo von Ellrichshausen : maison Parr, Chiguayante, Chili (2008) – maquette et réalisation Source des images : https://www.archdaily.com/12461/parr-house-pezo-von-ellrichshausen-architects |
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Dernier exemple, un peu différent, pour montrer que le découpage d'un plan n'implique pas nécessairement l'absence de volumes. La maison Parr construite par Pezo von Ellrichshausen en 2008 à Chiguayante, au Chili, forme en effet un grand rectangle dont le plan du faîtage est divisé en multiples rectangles d'où s'élèvent de petites toitures en pyramides tronquées dissymétriques. Toutes ces toitures se pressent les unes contre les autres à l'intérieur d'une grande forme rectangulaire qui les regroupe de façon stricte, ce qui fait effet de compacité, mais ces pyramides s'échappent vers le haut de façons irrégulières, tantôt penchées d'un côté, tantôt d'un autre, et cet effet qui contrarie la compacité avec laquelle les toitures se pressent les unes contre les autres est amplifié par l'alternance de cours qui ouvrent le volume sur le ciel en contredisant l'enveloppement du volume par les couvertures pyramidales. Près de la porte d'entrée, un grand palmier perce même le volume de la maison.
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Caat Studio : projet de complexe pour les médias à Téhéran, Iran (2010)
Source de l'image : https://www.archdaily.com/177755/media-complex-caat-studio-architecture |
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Après ce passage par la quatrième étape, on revient à l'exemple que l'on avait donné pour l'expression synthétique de la dernière étape de la 2e filière, le complexe pour les médias conçu par Caat Studio pour Téhéran. Comme à l'étape précédente, le contraste est maximum entre l'effet de compacité qui bloque les différents corps de bâtiments les uns contre les autres et la dispersion de cette compacité par les directions centrifuges variées de leurs surfaces. Toutefois, si l'intention de compacité et l'intention contraire d'éclatement du bâtiment s'ajoutent l'une à l'autre en 1+1 puisqu'elles sont contradictoires, chacune des deux, prise isolément, se lit en 1/x : la première parce qu'il s'agit d'un bâtiment compact formé de plusieurs corps de bâtiments, et on retrouve là tout simplement le type 1/x du bâti propre aux deux premières filières, la seconde parce que l'éclatement du groupe des bâtiments vers toutes les directions a l'aspect d'une sorte de bouquet, ou si l'on veut d'un éclatement, c'est-à-dire d'une situation où les corps de bâtiments font ensemble l'effet de se disperser, ce qui est aussi une situation typiquement 1/x.
Puisque la lecture de la compacité et la lecture de sa dispersion sont toutes les deux du type 1/x, on peut les combiner dans notre perception, c'est-à-dire passer aisément de l'une à l'autre, de telle sorte que la lecture de leur contraste relève tout autant du type 1/x que du type 1+1. Ce qui correspond à nouveau à la maturité à laquelle on doit s'attendre pour la dernière étape d'une filière.
Rétroactivement, on peut vérifier que cette situation n'existait pas à l'étape précédente, et pour cela on revient sur le Long Museum de l'Atelier Deshaus.
La lecture du caractère compact 1/x de chacun de ses bâtiments implique de partir du volume cubique que chacun d'eux forme globalement : chacun est « un » puisqu'il a une forme cubique continue et compacte, et chacun est également multiple à cause de la présence des arches en béton qui divisent ses façades. Pour lire l'effet de négation de la compacité occasionné par la présence de ces arches en béton il ne faut pas partir de la forme cubique d'ensemble du bâtiment, mais simplement lire comment la surface de ses façades se décompose en surfaces vitrées et fragiles qu'on lit les unes après les autres : une surface vitrée + une autre surface vitrée séparée de la précédente par une arche en béton + etc. C'est seulement ainsi que l'on peut éventuellement lire que le bâtiment n'est pas globalement compact mais seulement formé par l'entassement, les unes à côté des autres, de surfaces vitrées aux dimensions différentes, sans aucune unité de rythme ou d'échelonnement, et donc sans cohésion d'ensemble perceptible.
Puisque la compacité se lit en 1/x tandis que la non-compacité se lit seulement en 1+1, ces deux effets ne peuvent pas s'imbriquer dans une lecture commune qui serait du type 1/x, seul reste leur caractère contradictoire qui oblige à les considérer tour à tour, et donc en 1+1.
[1]Les étapes correspondant à la phase de 1re confrontation sont repérées sur le site Quatuor allant de B1-11 à B1-20. On peut trouver les artistes qui y correspondent à l'adresse http://www.quatuor.org/art_histoire_d30_0000.htm