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Le point sur le phénomène «Algues Vertes»

Etat des lieux, Contraintes, difficultés stratégiques, données chiffrées.

État des lieux

Nous savons que la prolifération des algues vertes est due à l'enrichissement du milieu marin par les nutriments nitratés et phosphatés. Nous avons atteint depuis longtemps, le point de non-retour en ce qui concerne le stock de phosphore absorbé par les sédiments marins. Actuellement donc le seul élément sur lequel on peut encore agir pour espérer réduire la prolifération des algues vertes est le taux d’apports de nitrate.

Le phénomène des algues vertes s'aggrave.

 La gravité actuelle du phénomène "Algues vertes" se traduit par

Un allongement de la durée de présence des algues vertes sur les plage

Une augmentation continue des sites touchés par la prolifération

Une extension dramatique des marées vertes, vers le large , en pleine mer ( stock offshore)

  Par ailleurs, et depuis quelques années, il semble que nous ayons atteint un certain seuil de saturation quant à la présence de nutriments terrigènes dans le milieu aquatique qui se traduit par la multiplication des cas de fermetures sanitaires de sites en raison de la prolifération de dinoflagellés toxiques. (les scientifiques ont aussi montré que c'est sur les apports d'azote qu'il faut agir pour les réduire. (voir Pollutions diffuses du bassin versant au littoral, Cugier 1999). En Baie de Douarnenez qui était déjà le site le plus régulièrement touché par les floraisons de phytoplancton toxique en Bretagne, cet état de fait pose des problèmes économiques en raison de l'impossibilité de commercialiser les coquillages contaminés. ( pêche à pieds de tellines et autres coquillages mais aussi interdiction d'implantation de nouvelles techniques d'élevage de moules par exemple)

 Dans les années 80, il y a eu, sur le littoral breton, une grande vague d'expériences d'élevage  de moules en pleine mer (sur longues lignes). L'expérience en baie a prouvé les grandes potentialités de pousse des moules en raison de la richesse planctonique de la baie. Cependant l'impossibilité de commercialiser le produit en période estivale (très bon prix au détail)en raison de cette pollution par le dynophisis a précipité l'échec de la coopérative en baie de Douarnenez. 

 Ainsi les conséquences économiques d'une saturation du milieu marin en nutriments azotés dépassent les seuls impacts dus à la présence des algues vertes.

Une nécessaire réduction drastique des nitrates.

 La responsabilité des nitrates dans le problème de la prolifération des algues vertes est aujourd'hui unanimement reconnue. La relation de cause à effet (nitrates-algues vertes) a été étudiée en particulier lors des travaux d'Ifremer sur la baie de Lannion. Ainsi les scientifiques ont établi, selon un modèle mathématique que pour réduire les marées vertes à la moitié de leur importance sur Saint Michel en grève, il faudrait diviser par 4 les flux azotés du cours d’eau dénommé Yar. (Soit un taux à l'exutoire de 8 mg/litre de mai à septembre, au lieu de 33 mg/litre.). De même, il a été dit que pour obtenir une rémission très nette des algues vertes en Baie de Douarnenez, il faudrait retrouver des taux de nitrate compris entre 5 et 10 mg/l aux principaux exutoires. (en moyenne actuellement 35 à 48 mg/l).

 L' objectif est ainsi fixé.

 Il revient donc globalement, à diviser par 4 les concentrations actuelles de nitrates pour retrouver des taux comparables à ceux qui existaient dans les années 1970.  Mais le temps de la reconquête de la qualité des eaux sera long.

En ce qui concerne les apports phosphatés, les scientifiques nous apprennent que le temps nécessaire se comptent en siècles. En Australie, un traitement rapide et efficace des apports de phosphate a pu limiter les proliférations d'algues vertes parce que les sédiments marins étaient pour ainsi dire vierges de toutes pollutions. En Bretagne ce n'est pas le cas, les sédiments marins sont déjà saturés de phosphore. 

En ce qui concerne les nitrates, le combat dure depuis déjà de nombreuses années en Bretagne, et divers obstacles, ou lenteurs ralentissent ces efforts.

Les contraintes 

Les lenteurs de la reconquête.

Les documents de référence en ce qui concerne les bassins versants Algues Vertes indiquent d'ailleurs que l'objectif drastique de réduction des apports azotés n'est pas concrètement envisageable. Il est donc utile de faire rapidement le point sur ces différentes lenteurs avant d'envisager une stratégie associative sur les bassins versants algues vertes.

 Le temps scientifique

 Le colloque de Ploufragan en 1999, a le grand mérite de faire le point sur toutes les études réalisées sur la question des Algues vertes et de leur prolifération. (coordonnateur; Mr Merceron de l'IFREMER). Cependant, il faut bien reconnaître qu "on ne sait pas ni de combien, ni quand, la réduction effective des excédents d'azote se traduira par une diminution des concentrations dans l'eau, et donc des algues vertes dans la mer. Selon les dires, les nitrates épandus sur le plateau peuvent mettre de  5 à 10 ans pour descendre à la mer. De fait, pour apporter des éléments de réponse il faudrait, et ce, au sein des différents bassins versants;

Tenir compte des caractéristiques de chaque cours d’eau, de chaque site

Se préoccuper de la dynamique de l’azote dans les sols

Etudier les mécanismes de circulation de l’eau

Connaître les effets de l’état de saturation azotée des sites concernés.

 Cependant, ces études ne peuvent être demandées que par les organismes qui peuvent les financer!!

Le temps économique.

"En effet, les contraintes techniques et socio-économiques sont la cause principale du retard dans la mise en œuvre d'une politique de réduction significative de la charge azotée sur les bassins versants." Il a déjà été dit, que les apports azotés sont à 95% d'origine agricole et plus spécifiquement  de l'agriculture intensive. Demander une réduction drastique des effluents azotés, revient à remettre en cause le système économique sur lequel a été bâti le modèle agricole breton depuis des décennies. L'importance et la puissance de l'activité agricole et agroalimentaire pour l'économie de notre région ne permet pas d'envisager de façon réaliste une évolution rapide et générale des modes productifs. Il nous faut admettre qu'obtenir de telles modifications dans les façons de travailler de tout un système, ne peut se faire que sur une période qui se compte non pas en années mais en générations. Pour réduire ces durées, les volontés citoyenne et politique sont primordiales.

Le temps politique.

 Depuis les premiers articles dans la presse, sur la prolifération des algues vertes, à la fin des années 70, de l'eau est passée sous les ponts, des nitrates sont arrivés à la mer. Il est quand même utile de rappeler que dès 1987 un ancien  secrétaire d'état à la mer à l'occasion de sa désignation comme Président du comité de bassin Loire Atlantique, déclarait dans le Journal du 17 octobre 1987 " je plaide pour une action exemplaire de lutte contre les nitrates dans le Finistère… Il faut déclarer la guerre à toutes formes de laxisme…. Nous sommes toujours en constat d'échec... Les négligences concourant à la prolifération ne méritent que condamnation claire… Il faut viser à terme à ne pas avoir besoin d'usine de dénitrification…". Quelques années plus tard, Monsieur Campion, Maire d'Hillion, exaspéré par la présence des ulves sur son littoral, lançait sans plus de succès une proposition relative à la création d'un syndicat intercommunal des communes de Bretagne concernées par les algues vertes. En 1996, enfin le Conseil Régional de Bretagne inscrivait le projet d'un programme spécifique sur 8 Bassins Versants dits "Algues Vertes". Pourtant en cette fin d'année 2002, aucun de ces contrats de bassins, simplement expérimentaux, n'a été ni validé ni signé.

  La bataille pour la reconquête de la qualité de l'eau, grâce à la combativité d'associations comme "Eau et Rivières de Bretagne" a néanmoins connu quelques succès et en particulier la condamnation par les instances européennes de l'Etat français quant à la qualité des eaux de consommation humaine. Ces pressions européennes, tant pécuniaires que morales, si elles peuvent s'avérer déterminantes quant à une évolution vertueuse, sont néanmoins limitées et peu décisives. En effet, les taux de concentrations minimums légaux (50 mg de nitrates par litre) qu'ambitionnés au niveau européen (25mg/litre), demeurent encore bien trop importants pour commencer à régler la question d'eutrophisation de la mer côtière. (entre 5 et 10 mg/l).   

 Si l'on connaît les facteurs déterminants  de la prolifération des algues vertes, si l'on peaufine les connaissances sur les modalités d'extension dans les sites maritimes, il apparaît que l'on se heurte à certaines difficultés lorsque nous adaptons  des stratégies de lutte.

Les difficultés stratégiques. 

 Les spécificités des sites à prolifération d'algues vertes.

Localement, malgré les discours, la prise de conscience concernant les particularités du phénomène Algues vertes n'est pas établie. Ainsi en est-il pour la baie de Douarnenez pour laquelle la corrélation entre le site maritime et le territoire d'actions sur les nitrates n'est pas complète. Ainsi, d'un point de vue opérationnel, le site de la baie de Douarnenez présente une unité fonctionnelle en ce qui concerne l'eutrophisation et les algues vertes. (Stock littoral et stock off shore). Or la globalité de la baie n'est pas prise en compte dans nos procédures d'actions. De fait, seules les rivières du Porzay font l'objet de procédures de bassins versants algues vertes, mais les cours d'eau de Douarnenez qui sont responsables de près de 30 % des apports de nitrates ne sont pas concernés. Ainsi, dans l'état actuel de saturation une diminution importante même sur les bassins versants du Porzay ne provoquera qu'une incidence mineure sur le stock algues vertes puisque les autres rivières continueront d'y apporter leurs nitrates. La lutte contre la prolifération des algues vertes en baie nécessite donc une prise de conscience d'une solidarité écologique entre les diverses communautés de communes de la Baie. Ce n'est pas encore le cas, même si une concertation semble s'établir entre les divers partenaires.

 Le programme  bassins versants Algues vertes.

Compte tenu du fait qu'un objectif de 5 à 10 mg/l n'est pas concrètement envisageable, il est déjà admis que le programme bassin versant ne vise plus la réduction des algues vertes, mais le blocage des possibilités de croissance des ulves. Au niveau des responsabilités, un certain flou s'installe. Il se traduit concrètement par une dissociation des programmes. Le programme  de réduction des apports de nitrates, est de la compétence des structures porteuses de bassins versant, mais le suivi, et plus généralement toutes les questions se rapportant aux algues vertes deviennent de la compétence d'un programme spécifique "Prolittroral" dont la responsabilité est dévolue au Centre d'Etude et de Valorisation des Algues. (CEVA). S'il est utile qu'une coordination, une information réciproque, des échanges s'établissent entre les différents bassins Algues vertes, il n'en demeure pas moins que le partenariat local demande de la clarté quant aux interlocuteurs responsables et que les divers partenaires locaux maritimes et agricoles puissent continuer à se rencontrer. Les deux volets (agricole et maritime) du programme bassin versant algues vertes sont indissociables.  Les bassins versants "algues vertes" sont bien évidemment des bassins versants "Nitrates" mais ils risquent de perdre leur spécificité maritime, sans pour autant répondre aux conditions négociées dans les bassins versants Eau Pure.  

 Les objectifs chiffrés des bassins versants

 Suite à l'enquête réalisée pour le compte du Conseil Régional auprès des structures porteuses de bassins versants Algues Vertes, il est constant que les objectifs chiffrés quant aux concentrations de nitrate dans l'eau sont pratiquement inexistants. Les indications sont floues. De fait, il semble plutôt que l'on s'oriente vers une réduction importante voire la suppression (le Porzay) des excédents d'azote apportés sur le territoire du bassin. Ce qui pour le Porzay correspond à une diminution de près de 40 % de la charge azotée. Cependant, il faut remarquer que cette suppression d'excédents est obtenue grâce à une réduction de près de 80 % des apports azote minéral!! Sans remettre en cause les résultats des études de diagnostic, la réduction potentielle d'azote minéral est surprenante.

Nous voulons croire à leur justesse, mais il est logique du moins, d'exiger pour une première étape, la suppression des excédents, sans pour autant utiliser une augmentation des exportations d'azote vers d'autres zones ou une augmentation des traitements collectifs de lisier.

 A ce sujet, une remarque s'impose. Le classement des territoires en excédent structurel se définit sur une circonscription politique ; le canton. Il semblerait plus pertinent de choisir un critère écologique pour déterminer les zones en excédent. Nous proposons de retenir le concept de bassin versant..

S'inscrivant dans la durée, les données du combat doivent reposer sur une conception claire de la notion de bassin versant, pour éviter que cette procédure ne se transforme en solutions, d'aides et soutiens de court terme, à l'agriculture, définies dans l'urgence économique. Ce qui à l'extrême pourrait aboutir à la prolifération d'usines de dénitrification sur le territoire pour traiter de façon radicale, mais non satisfaisante, la question des excédents azotés

Prolittoral

Pour recueillir les données chiffrées concernant le phénomène des algues vertes, il est utile de se rapprocher du CEVA ( centre d'étude et de valorisation des Algues  à PLEUBIAN, coordonnateur du programme Prolittoral au niveau régional, ou auprès des 9 structures de bassins versants Algues vertes de bretagne. 

Pour notre part nous essaierons de réaliser des fiches par bassins versants dans la page Réseau Associatif.

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Dernière modification : 01 mars 2005.