Les occidentaux viennent au bouddhisme à cause de la méditation, mais commettent souvent l'erreur de
s'en faire une idée étriquée: on s'installe dans une pièce tranquille, on s'assied jambes croisées et on ferme
les yeux. Or, le Bouddha a conçu cet aspect de la voie comme une discipline mentale: former l'esprit
en cultivant une conscience alerte et vigilante, une attention à l'instant présent. Si les difficultés de la vie
sont le produit de l'ignorance, de la pensée erronée et des émotions conflictuelles, la solution évidente est de devenir
plus sage, plus conscient, mieux équilibré et plus aimant. On y parvient en faisant l'appentissage de la méditation.
La conscience est le dénominateur commun de tous les êtres doués d'esprit. La méditation est le moyen le plus efficace
pour cultiver cette conscience innée. C'est l'élément essentiel de la voie qui mène à l'éveil du bouddha intérieur.
On médite pour purifier l'esprit et le discipliner. On médite pour accéder à l'illumination spirituelle, afin de comprendre
et de percevoir directement la réalité, la vérité. C'est ce que le Bouddha appelait claire vision, voir
les choses telles qu'elles sont. On médite pour s'éveiller à ce qui est et connaître l'immédiateté et l'authenticité
totales de la vie dans l'instant présent. Tel est le but, telle est aussi la pratique. Cultiver la conscience présente,
d'instant en instant, vous aide à revenir à l'origine de ce que vous êtes et avez toujours été.
Démythifiée, affranchie de l'apparat de la religion et de la culture, la méditation revient essentiellement
à cultiver la conscience vigilante, l'attention pure, un esprit présent et alerte, en éveil. Ce développement
de la conscience alerte éradique l'ignorance - méconnaissance de soi, des autres et aussi de la réalité. La
méditation éveille et libère l'esprit, elle ouvre le coeur et développe en soi sagesse, lucidité, joie et
compassion, conférant ainsi une dimension spirituelle à chaque aspect du quotidien, donnant une plus vaste
perspective sur la vie. L'apprentissage de la méditation aide à se concentrer, à voir et à penser plus
lucidement. Elle permet de se développer spirituellement pour devenir des hommes et des femmes plus sages,
moins égoïstes, et plus soucieux des autres.
La méditation n'est pas un simple exercice auquel on se livre, c'est une manière d'être et de voir, un engagement
inconditionnel à vivre l'instant. Elle permet de percevoir et de connaître les choses telles qu'elles sont en réalité.
Elle nous met directement en prise sur la vérité au sens le plus simple: les choses telles qu'elles sont. La méditation
est la prière des bouddhas.
Le Dharma enseigne que, le bien comme le mal, tout provient de l'esprit, de nos esprits conditionnés par des années
(et des vies) de pensée entachée d'erreur et d'illusion. Notre esprit n'est-il pas constamment anxieux, occupé à remâcher
des regrets passés, à s'inventer des projets d'avenir? N'a-t-on pas parfois l'impression que l'esprit grouille de sentiments
conflictuels, de pensées et de fantasmes? A chaque seconde de la journée, l'esprit et les sens sont submergés par des stimulis
extérieurs - sons, odeurs, images. Il y a tellement de choses qui se passent, tant d'information qui entre et sort
du cerveau, qu'il paraît impossible d'y voir clair.
L'esprit est capable de tout, il a engendré les plus grandes merveilles et les pires horreurs du monde moderne.
Tout dépend de la manière dont on use de ce don unique qu'est la conscience.
La pensée et l'intellect font de bons valets - ce sont d'excellents instruments - mais de piètres maîtres.
Pourtant, on tombe souvent sous la domination tyrannique de la pensée: la routine des schémas mentaux prend le contrôle,
avec en fond sonore les bruits de statique et l'écho vide des paroles habituelles.
L'imagination part dans tous les sens, on est en rpoie à des obsessions folles, des angoisses, des incertitudes
et des soucis incessants qui ne laissent pas un instant de répit.
A pareil moment, il est bon de faire le point et de renouer avec la quête sincère d'un coeur assoiffé de bonheur
et d'épanouissement. Prendre un nouveau départ, recommencer le voyage et l'exploration afin de trouver ce qui importe
vraiment dans la vie, et s'y atteler pour de bon. Qu'est ce qui compte vraiment pour chacun d'entre nous?
Comment apprendre à aimer et à vivre mieux. Comment se faire une vie, sans se borner à la gagner. Comment se trouver,
découvrir son véritable soi, au-delà du personnage ou de l'image. Comment utiliser ses talents et ses dons particuliers.
Pour simplifier et approfondir sa vie, il faut simplifier et approfondir son esprit. Quand on devient mieux centré en soi,
plus lucide, plus ouvert et soucieux des autres, soudain il y a davantage de place pour les autres et pour soi
dans sa vie frénétique. Le Bouddha a dit dans le Dhammapada:
L'esprit est agité, instable, difficile à surveiller, difficile à contrôler. Le sage le redresse, tel l'archer
sa flèche. L'esprit est vif-argent, difficile à retenir, il va où il veut. Il est bon de le dresser et de le maîtriser,
car un esprit discipliné procure le bonheur.
Il existe en fait deux types de méditation bouddhiste:
L'idéal, bien sûr, est d'allier le tranchant acéré de la concentration à la méditation de la vision transcendante
pour accéder à une vue d'ensemble, globale et panoramique.
Cette combinaison de la concentration et de la vision transcendante est la méthode que pratiquait le Bouddha
lorsqu'il comprit l'ultime vérité et atteignit la libération totale sous l'arbre de bodhi, dans les terres
solitaires d'Inde du Nord.
Jusqu’à l’éveil, je prends refuge
En le Bouddha, le dharma et la sangha sublime.
Par le mérite engendré par ma pratique du don
et des autres perfections,
Puissé-je réaliser l’éveil pour le bien des êtres.
Au-dessus de moi et de tous les êtres de l’univers :
Un lotus blanc et un disque de lune.
Sur eux la lettre HRI d’où apparaît le noble Tchenrézi.
Son corps clair et blanc émet des rayons
de cinq couleurs ;
Il sourit et nous regarde avec compassion.
De ses quatre mains, les deux premières sont jointes,
Des deux autres, la droite tient un rosaire de cristal,
la gauche un lotus blanc.
Soies et joyaux le parent,
Une peau de biche couvre son épaule,
Le Bouddha de Lumière infinie couronne sa tête.
Il est assis dans la posture adamantine,
Devant un disque de lune immaculée.
Il réunit l’essence de tous les refuges.
Seigneur au corps blanc que n’entache nul défaut
De votre tête, le parfait Bouddha est l’ornement.
Sur les êtres vous portez un regard compatissant,
Devant vous, Tchenrézi, je m’incline.
À la suite de cette prière sans distraction,
Le corps du noble Tchenrézi produit de la lumière :
Elle dissipe les apparences karmiques impures et
la compréhension erronée.
Le monde extérieur devient le Champ de béatitude,
Le corps, la parole et l’esprit des êtres
Deviennent le corps, la parole et l’esprit
du Seigneur Tchenrézi.
Les apparences, les sons et les cognitions
sont unis à la vacuité.
OM MANI PÉMÉ HOUNG
Mon corps et celui des autres sont
le corps de Tchenrézi,
Les sons émis sont la mélodie des six syllabes,
L’activité mentale est le domaine de la grande sagesse.
Par le mérite de cette méditation et de cette récitation,
Puissions-nous, moi-même et ceux qui me sont liés,
Dès que nous aurons laissé ce corps impur,
Renaître miraculeusement dans le Champs de béatitude,
Puis, dès après cette renaissance,
parcourir les dix terres,
Et, par émanations, faire le bien des êtres
dans les dix directions.