Europe

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Traductions à l'époque carolingienne Astrologie
La spécificité irlandaise Science et religion
Le premier pape français et la science arabe Origines des idées de Copernic
L'école de Salerne Renaissance
Du Moyen-Age à la Renaissance

 

Traductions à l'époque carolingienne

En pleine guerre sainte, les califes arabes contrôlent un territoire considérable (grande partie du Proche Orient, Afrique du Nord, Inde, Espagne et Septimanie). Charles Martel mettra fin à leur progression en Gaule en 732 près de Poitiers (à Moussais-la-Bataille dans la Vienne) : la cavalerie lourde mérovingienne (ancêtre des chevaliers) écrase la cavalerie légère des sarrasins.

Sous le régime carolingien, Jean Scot Erigène (810-870) généralise le système planétaire héliocentrique d'Héraclite du Pont. Il est considéré comme le seul penseur de grande envergure de l'époque.
"Qu’il s’agisse d’arithmétique, de géométrie, de musique, d’astronomie, l’homme ne peut que DECOUVRIR les lois de l’harmonie, il ne peut les INVENTER".
Cet Irlandais conçoit l'univers sous quatre catégories dont l'origine est Dieu et dont le terme aboutit à Dieu. Tous les êtres créés se résorbent ainsi finalement en leur créateur. La notion de bien et de mal est ainsi abolie, innocents et coupables devant finalement connaître le même destin.
Il arrive en France, à la cour du roi Charles le Chauve, entre 840 et 847. Il s'est attribué le surnom d''Eriugena'' qui signifie ''fils de l'Eire''. Les Irlandais sont alors de grands voyageurs et jouent un rôle décisif dans les centres intellectuels en construction durant cette période de ''renaissance'', notamment grâce à leurs talents de linguistes.

Chapiteau de la tour-porche Jean Scot est chargé d'enseigner les arts libéraux à l'école du palais à partir de 851-852 et commente Martianus Capella. Il participe également à la vie de cour et fait œuvre de poète. L'un de ses poèmes est écrit en grec, ce qui émerveille ses contemporains.

Entre 860 et 862, il devient le traducteur des œuvres de Denys l'Aréopagite, pris à l'époque pour le converti de l'apôtre Paul, qui vont connaître un grand succès durant tout le Moyen Age. Les manuscrits grecs avaient été acquis en 827 par Louis le Pieux mais les traductions faites alors par Hilduin étaient pratiquement inintelligibles. Jean Scot traduit également des œuvres de Maxime le Confesseur et de Grégoire de Nysse. C'est grâce à lui qu'une partie de la théologie des Pères grecs de l'Eglise pénètre en Occident.

Abbaye de FontenayIl intervient dans les querelles doctrinales de son temps : à la demande d'Hincmar de Reims, il prend part aux débats sur la prédestination, face à Gothescalc d'Orbais. Son traité intitulé De la prédestination, rédigé en 851, ne satisfait personne et le rend suspect d'hérésie. Jean Scot y rejette l'idée de la double prédestination, selon laquelle Dieu prédestine les justes au salut éternel et les pécheurs à la damnation éternelle. Son traité est condamné une première fois au concile de Valence, en 855, puis une seconde fois au Concile de Langres, en 859.

L'œuvre la plus personnelle de Jean Scot est De la division de la nature, considérée comme un chef d'œuvre du haut Moyen Age. Il y distingue les êtres qui composent l'univers, créés et unis par Dieu. Le monde est hiérarchisé de l'être le plus parfait à l'être le moins parfait. Le monde terrestre est marqué par le péché. L'homme est un être intermédiaire, doté d'un corps et d'un esprit. Il doit retourner à Dieu qui est sa finalité. La théorie néo-platonicienne de l'émanation du monde à partir de l'Un et son retour sert à décrire l'idée chrétienne de la création et de la fin du monde. Ce traité plonge ses contemporains dans la stupeur. Ce premier essai de conception générale de l'univers est aussitôt suspecté de panthéisme. Il est tardivement condamné en 1225, par le pape Honorius III. On perd la trace de Jean Scot vers 870.

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La spécificité irlandaise

Croix de CarndonaghIsolé aux confins occidentaux du continent des invasions de barbares demeurés païens (Angles, Saxons, Jutes, Frisons et autres Francs), les Celtes christianisés demeurent coupés de Rome et de la doctrine officielle de l'Église durant plusieurs siècles. Ainsi se constitue progressivement, par le maintien de pratiques anciennes, autant que par l'apport d'éléments issus du caractère celte, une chrétienté originale.

L'évangélisation des terres celtes
Dans l'île de Bretagne, l'évangélisation est fort avancée à la fin de l'occupation romaine, mais la destruction des villes par les Anglo-Saxons repousse le christianisme dans les terres pauvres de l'Ouest où il prend un caractère rural et celtique tout nouveau. C'est donc de Bretagne, et tout particulièrement des régions occidentales de celle-ci que partent les missionnaires qui évangélisent l'Irlande. Parmi ceux-ci, le plus célèbre est Padraig (Patrice ou Patrick), mort en 461, considéré comme le Saint Patron de l'Irlande, et qui, en une trentaine d'années, réussit à convertir les Gaëls. Du pays de Galles ou du Strathclyde sont originaires nombre de moines dont les noms sont restés attachés aux plous des Bretons émigrés en Armorique : Fragan (Ploufragan), Brieg (Sant-Brieg), Iltud, Gweltad, Pol, Malo,... Ces moines innombrables, qui appartiennent souvent aux familles régnantes et qui forment de véritables séminaires, ne se contentent pas de prêcher et de prier. Abbés des monastères qui dispensent la culture religieuse et laïque, hommes de confiance chargés de missions diplomatiques, ils savent aussi se faire sourciers ou défricheurs. Sous leur direction se développe la conquête des terres au détriment de la forêt.

Cathédrale St Patrick à New YorkÉvangélisée par saint Patrick, l'Irlande gaélique devient aux VIIIe et IXe siècles le plus grand foyer de civilisation de toute l'Europe occidentale. Ses monastères, lieux de culte et de culture où sont conservés et recopiés manuscrits latins et grecs tout autant que poèmes gaéliques sont multiples : Kildare ("l'église des chênes") fondée par sainte Brigitte, Derry ("le chêne") et Glencolumkill ("le val de la colombe de l'église") créés par saint Columba,...
Ce rayonnement s'étend à l'Écosse, où saint Columba fonde le monastère d'Iona et convertit Pictes et Scots, à la Bretagne armoricaine où Ronan, Efflam, Sané, Sezni, etc. sont les fondateurs ou les éponymes de "plou" (paroisses), "gwik", "lok" (église). Bien plus, saint Columba entreprend de raffermir la foi des populations continentales que les troubles de l'époque ont quelque peu ébranlée. En Bourgogne, le monastère de Luxeuil, en Italie, celui de Bobbio, en Suisse, celui de Saint-Gall sont dus à saint Columban ou ses disciples. Nombre d'autres moines irlandais partent pour la Gaule ou l'Allemagne où leur fondations deviennent des lieux de culte et des centres de civilisation. Dans une Europe qui sombre dans la barbarie, les Irlandais maintiennent non seulement la foi, mais aussi l'héritage précieux de l'antiquité. C'est à eux que l'on doit la "renaissance carolingienne".

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