Europe

Pour que la Science existe, fallait-il "tuer Dieu" ? Il semblerait que ce soit le chemin choisi par l'Humanité : cessant d'attribuer à des divinités ou des esprits l'objet de ses terreurs ou de ses mystères, elle s'est mise, au cours des millénaires, à exercer ses facultés de raisonnement rationnel pour trouver une explication à toute chose. L'Europe a cru au XIXe siècle en avoir été seule capable ; il est évident maintenant que des peuples du monde entier ont contribué à cette quête et apporté leur pierre à l'édifice encore inachevé. Mais le sera-t-il un jour ?

Etude de l'Univers et Chrétienté L'Espagne islamique
Moines et savants Les premières universités
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La spécificité irlandaise Science et religion
Le premier pape français et la science arabe Origines des idées de Copernic
L'école de Salerne Renaissance
Du Moyen-Age à la Renaissance

Etude de l'Univers et Chrétienté

Considéré comme une période d'obscurantisme pour tout ce qui concerne les sciences, le Moyen Age donne naissance à des hommes remarquables et il est le témoin d'une ouverture de l'Europe à d'autres cultures.

BarbaresDès le milieu du IIIe siècle commencent les invasions des Barbares germaniques en Gaule, qui se classent en 2 catégories selon leur origine géographique :
- les occidentaux : les Francs (Saliens, peuple de Clovis et rhénans), Burgondes, Alamans, ...
- les orientaux : les Goths (Wisigoths et Ostrogoths), Vandales, ...
Les barbares des steppes asiatiques (Huns et Alains) arrivent aux portes de l’Empire romain au IVème siècle.

Les barbares se caractérisent principalement par les éléments suivants :
- leurs lois sont orales,
- ils favorisent la polygamie et les mariages incestueux,
- ils renversent et tuent leur roi s'il leur apporte une défaite,
- ils adoptent une économie principalement basée sur la "survie".

Saint AugustinC'est pendant cette époque transitoire de forte immigration de populations diverses en Europe que Saint Augustin (354-430) défend la thèse selon laquelle l'univers, expression de la volonté divine, ne peut qu'être bon et son étude ne peut que renforcer la foi. Philosophe, il influence le développement de la pensée scientifique occidentale.

Il naît à Thagaste en Numidie (aujourd'hui Souk Ahras en Algérie). C'est un romain d'Afrique élevé dans la religion chrétienne de sa mère, son père restant attaché au paganisme romain. Il devient professeur dans sa ville natale, puis à Carthage, où il fonde une école de rhétorique, et enfin à Rome et Milan.

Il découvre la philosophie vers 15 ans, en lisant Cicéron, mais c'est d'abord au manichéisme qu'il se convertit. Cette religion connaît à cette époque une grande expansion. Elle enseigne une vision dualiste et tragique du monde (le conflit entre le Bien et le Mal) et préconise une morale ascétique par laquelle l'âme ferait son salut en s'arrachant au monde mauvais.

GozzoliDès son arrivée 9 ans plus tard à Milan, il subit l'influence du grand théologien chrétien Ambroise (plus tard Saint Ambroise) qui lui fait découvrir le néo-platonisme. Il se tourne alors vers le christianisme. Abandonnant l'enseignement, il se retire avec quelques amis et rédige ses premiers dialogues philosophiques. Puis ce sera trois ans de vie monastique et enfin les charges ecclésiastiques. A partir de ce moment, la vie d'Augustin se confond avec l'activité qu'il exerce comme prêtre puis comme évêque d'Hippone (395). Participant activement à tous les grands conflits qui secouent l'Eglise d'Afrique, il produit en même temps une œuvre immense, à la fois philosophique et théologique. Les trois œuvres les plus célèbres seront les Confessions (396-397), La Trinité (400-416), La Cité de Dieu (411-426).
La fin de la vie d'Augustin est assombrie par l'effondrement de l'Empire romain d'Occident. C'est dans une ville assiégée par les Vandales qu'Augustin meurt le 28 août 430 à Hippone (aujourd'hui Annaba).

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Moines et savants

Au sein de cette société nouvelle qui s'ébauche, charnière entre la civilisation latine et le monde barbare, l'église assure une sorte de continuité, de transition. Elle a indirectement bénéficié des malheurs de la Gaule : les désastres accumulés, le naufrage de la civilisation acculaient les hommes au désespoir. Elle en profite pour faire passer des messages :

- les barbares sont les instruments de Dieu, châtiant l'égoïsme des riches et la dépravation des mœurs,
- la Providence enrichit les âmes en abolissant la prospérité,
- la vie terrestre a un caractère fugace au regard de l'éternité.
Les gallo-romains acceptent la foi chrétienne parce que face aux barbares et à l'anarchie ambiante, elle représente une force et une unité cohérente.

Il faut noter que le christianisme souffre d’une ambiguïté :
- il est l’unique espoir des pauvres et des opprimés : accueil des bébés abandonnés, éducation, orphelinat, hospices, …
- il reste une perspective de carrière pour les riches sénateurs.

La critique monastique va donc dénoncer cette hypocrisie des chrétiens tièdes : elle va contribuer au développement de la vie monastique.

Les premiers moines recensés sont des ermites au milieu du IIIe siècle, mais ce phénomène prend surtout de l'ampleur au siècle suivant avec la reconnaissance du christianisme comme religion d'état. Auparavant, les chrétiens étaient peu nombreux et risquaient le martyre : le relâchement qui s'ensuit pousse naturellement certains à rechercher une autre forme de don absolu.

A partir du Moyen Age, les conflits changent de nature : les invasions barbares cèdent la place à des guerres entre rois barbares qui profitent de la défaillance de l'autorité romaine.

Bède le Vénérable (672-735) est né dans une modeste famille de paysans de Newcastle. Dès l'âge de sept ans, il entre à l'abbaye de Yarrow. Il rencontre saint Théodore et l'abbé Adrien, grands érudits, qui parcourent la Grande-Bretagne afin de former des disciples. Théodore, par exemple, avait rapporté d'Orient un Homère qu'il lisait quotidiennement. A leur contact, Bède apprend le grec et le latin, mais aussi l'astronomie, la grammaire, la philosophie et la musique. Il étudiera également la médecine et l'histoire. Mais tout cela ne l'empêchera jamais de faire du pain tout en priant. Sans jamais quitter son monastère, il rédige de nombreux ouvrages dont certains en sciences, en particulier sur l'étude des marées, la mesure du temps et le calcul calendaire. Pour la première fois, la naissance du Christ est utilisée comme date de référence. Il devient l'un des plus grands savants de son époque. Bède le Vénérable incarne en quelque sorte l'idéal bénédictin en associant travail, connaissance, savoir et prière.

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