En nous promenant, nous constatons que la laisse de mer formée d'un mélange de ces plantes plus ou moins pourrissantes fait le bonheur d'une foule d'animalcules couleur sable et de la taille des grains, qui sautent comme des puces et courent comme des fourmis à toute vitesse. Rien que de les voir, cela me démange, et je crains de me faire piquer les mollets. Ils appartiennent à plusieurs familles (Taliitrides, Gammaridae, Haustoriidae, Oedicerotidae, Calliopiidae et autres décapodes !) et ils sont très utiles en participant à la transformation de différents organismes vivants, en fin de vie ou morts. Ceux qui sautent sont les talitrides, cloportes des mers ou puces, qui sont détritivores (ils ne risquent donc pas de me piquer). On trouve aussi des larves (vers de vase) de mouches des sables (chironomes), qui sont la nourriture privilégiée, paraît-il, des hirondelles de rivage en période de nidification, mais aussi de la bergeronnette grise et du gravelot à collier interrompu. Selon les auteurs du site en lien, cette hirondelle, en forte régression, pâtirait doublement de la destruction de son habitat, puisqu'elle creuse son nid dans les falaises friables (sable, graviers) dans les bords de rivières, dans les carrières, sur le littoral, et de la disparition de sa ressource alimentaire lors du "nettoyage" des plages pour raisons touristiques. Je suis un peu perplexe sur cette assertion, car nous voyons des hirondelles sillonner les airs en grand nombre, et je ne les imagine pas posées sur le rivage à picorer, même pour nourrir leurs petits. D'après un autre site qui me semble plus fiable, il est précisé qu'elles chassent à très faible altitude exclusivement des insectes attrapés en vol, qui sont parfois posés sur le sol ou à la surface de l’eau. - Photo : Oiseau étêté trouvé dans la laisse de mer. -

Dans la laisse de mer, nous observons aussi quantités de carapaces de crabes, souvent décolorées et de petites tailles. Je songe à une pollution possible, mais en fait, je découvre en me documentant que ces animaux muent, et qu'il s'agit seulement d'enveloppes vides, dont le corps est sorti je ne sais trop comment, puisqu'elles semblent intactes. Une vidéo montre la mue très étonnante d'un crabe géant, où l'on voit son corps, enveloppé de sa nouvelle carapace encore molle, qui s'extirpe dans une espèce de danse de Saint-Gui exténuante, de l'ancienne carapace devenue trop exiguë par l'arrière du "couvercle" qui se soulève. Le crabe mue régulièrement pour pouvoir grandir. Ce mécanisme, très complexe, permet le renouvellement périodique de l’exosquelette et d’une partie du squelette interne. Chez les décapodes, l’accouplement se produit souvent peu après une mue de la femelle, lorsque son exosquelette est moins dur, ce qui implique, j'imagine, que ces animaux muent jusqu'à leur mort ? Chaque espèce atteint une taille maximale, mais on a observé que la mue n'est pas forcément pour grandir. Au cours de sa vie, qui peut durer de 5 à 8 ans, l’araignée (de mer, qui est une sorte de crabe) traverse 13 mues, dont la dernière est celle de la maturité sexuelle (et de l’arrêt de la croissance). La femelle du tourteau atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 3-4 ans, alors qu’elle mesure environ 14 cm. Le mâle du tourteau est plutôt sédentaire, en revanche, la femelle adulte trotte sur le fond des mers et peut parcourir 150 km en un an. - Photos : Tourteau. Lamellibranche bivalve (huître creuse ?). -

J'apprends que, pour respirer, le crabe n’utilise pas l’oxygène de l’air, mais celui qui est en réserve dans les cavités où sont logées ses branchies (une caractéristique propre à la plupart des crustacés, me semble-t-il). Au sol, les crabes les plus rapides sont ceux qui appartiennent au genre Ocypode. Leur corps est souvent blanchâtre (peut-être ceux que je jugeais dépigmentés sur les plages, mais je n'en vois aucune mention parmi la liste des crustacés bretons) et ils vivent dans des terriers creusés dans le sable. Ils en émergent si brusquement qu’on les appelle "crabes fantômes". Ils peuvent atteindre une vitesse de 2 m à la seconde et courir jusqu'à 16 km/h. Ils sont utiles pour nettoyer le sable, mais ils s'attaquent également aux oeufs et aux jeunes tortues. - Photo : Gastéropodes (littorines des rochers ?) et anémones de mer. -

Le crabe a la capacité d’adapter l’état de ses pigments en fonction du fond sur lequel il vit (homochromie) : blanc, noir, bleu, rouge… Les couleurs sont également utilisées pour la parade sexuelle. Les sons qu'il émet peuvent consister en une vraie stridulation obtenue par frottement des pattes entre elles ou sur la carapace. Les Uca frappent les deux chélipèdes contre la carapace, tapent au sol comme sur un tambour, et produisent également des chuintements en respirant. La fréquence des sons augmente si un mâle agressif ou une femelle approche. Nul doute que les crabes communiquent par voie orale même si nous n’avons pas encore décrypté leur langage. Par exemple, un mâle, à l’intérieur de son terrier, produit des sons plus hauts de 2 à 6 décibels qu’un mâle qui se trouve près de l’orifice. Chaque espèce semble posséder son propre langage. - Photos : Gastéropodes (turitelle commune et littorines). Carapaces de crabes vides après la mue (exuvies). -

Les crabes amphibies se nourrissent des débris organiques trouvés dans la vase ou dans le sable qu’ils filtrent. La pince, souvent en forme de cuillère, sert à prélever le sable puis les pattes-mâchoires, couvertes de soie, filtrent la nourriture. Le tourteau est l’un des plus gros crabes des côtes d’Europe et il peut peser jusqu’à 5 kg. Ils sont généralement brun rougeâtre, mais les mâles changent de couleur selon l’heure, la saison ou les marées. C’est une espèce nocturne carnivore, prédatrice de mollusques. Les jeunes et les immatures vivent à faible profondeur, sous les pierres et peuvent même s’ensabler. Les plus âgés vivent plus au large. Le terme crabe proviendrait soit du néerlandais crabbe (krab en néerlandais moderne), via le picard et le wallon, soit du vieux norrois krabbi, via le normand. - Photo : Crépidule (?), introduit d'Amérique, invasif .

Le crabe petit pois ou crabe des moules vit en couple dans une coquille de mollusque. Le crabe vert est un grand prédateur de coquillages. Il aime surtout le naissain d'huître et de palourde. Il dépasse rarement 7 à 8 cm, sa carapace est de couleur verte et elle comporte à ses bords inférieurs 5 dents de chaque côté des yeux. Parallèlement, les deux espèces de poissons les plus dévastatrices des élevages d'huîtres sont les Raies Tères et les Dorades Royales. C'est la raison pour laquelle, sans doute, les huîtres des parcs d'élevage sont ensachées par mesure de protection. Entre parenthèse, les parcs à huîtres ne sont signalés à marée haute que par l'extrémité de grands pieux, et il faut être un navigateur averti pour deviner qu'ils marquent la présence d'obstacles de taille. Les grandes tablettes frangées d'algues apparaissent progressivement à marée descendante, et barrent des détroits entiers de leurs alignements. Décidément, ce ne doit pas être si facile de naviguer en baie de Morbihan ! - Photos : Parcs à huîtres. Huîtres élevées dans des sacs protecteurs. -

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Cathy, Jean-Louis, Elisabeth, Jean-Louis B.
Bretagne - Morbihan
Séjour du 2 au 9 juillet