Thierry
Juteau nous fait remarquer des petits trous effectués dans la
roche par les scientifiques à l'aide de foreuses portables. Après
avoir repéré l'orientation des petits cylindres, les géologues les ont
retirés. En laboratoire, ils ont été
préalablement chauffés afin d'éliminer
le champ magnétique
actuel,
puis, par cryogénie, le champ magnétique
fossilisé au
moment de la diagenèse
(transformation des sédiments en roche) a été déterminé. La limite
Sélandien/Thanétien
S/T correspond à une inversion du
champ magnétique terrestre, un phénomène qui n'est
pas rare, mais dont la fréquence est très variable. La
dernière inversion remonte à 780 000 ans. La prochaine perturbation dans
le noyau terrestre provoquera un déplacement
"rapide" (selon un critère géologique) des pôles
sur toute
la
surface du globe durant 1 000 à 10 000 ans, une période
transitoire au cours de laquelle l'intensité du champ magnétique
s'affaiblira considérablement,
risquant d'exposer la planète aux rayons solaires et cosmiques.
Cependant, les mesures de la paléointensité au cours des
800 000 dernières
années révèlent que le champ magnétique
ne disparaît pas complètement. -
Photo : Petits carottages pour la détection de l'orientation du champ
magnétique terrestre. -
Ensuite,
soit les pôles reprendront leur position initiale, soit ils permuteront.
Les inversions du champ qui ont déjà eu lieu ont été enregistrées
dans la solidification des minéraux ferrimagnétiques
contenus
dans
les dépôts
sédimentaires consolidés ou dans les coulées volcaniques
refroidies. Elles font partie des critères de datation des roches.
L'étude
de la magnétite
présente
dans les poteries antiques permet de mesurer l'intensité du
champ magnétique
terrestre à l'époque de la création de l'objet.
Cette technique indique que l'intensité du champ magnétique
terrestre diminue depuis 1500 ans. Les mesures effectuées sur
tout le globe confirment que l'intensité s'est réduite
de 10% en 150 ans, de façon inégalement répartie, mais le taux de
diminution et l'intensité actuelle
sont dans la plage normale de variation, comme en témoignent
les variations précédentes du champ magnétique
imprimées dans la
roche.
On constate juste que le pôle Nord se déplace à une
vitesse croissante : en 1970 il bougeait de 10 km par an, contre 40
km en 2003 et depuis
lors il n'a fait qu'accélérer.
Durant
la dernière
décennie,
le Nord magnétique s'est déplacé d'environ un degré tous
les cinq ans. L'étude des extinctions du vivant ne permet pas de discerner
un lien quelconque avec ce phénomène de l'inversion du champ magnétique.
- Photo : Le site de la limite K/T à Zumaia.
-
A
propos d'extinction, nous attendons justement la marée basse pour aller
voir de près la limite K/T (Crétacé/Tertiaire)
où l'on peut observer la fine couche d'argile de quelques centimètres
d'épaisseur qui contient une quantité d'iridium de 1 000 à 10 000 fois
(?) supérieure
à la normale. Lors d'une précédente sortie
géologique, j'avais pu la voir
à Bidart où elle a disparu depuis sous l'effet de l'érosion. Finalement,
c'est une marée de morte-eau, avec la lune à son premier quartier, et
la mer ne se retire pas suffisamment pour que nous puissions franchir
à pied sec les bandes rocheuses glissantes.
Il
faudra revenir sur le site qui est magnifique. Un
seul d'entre nous se hasarde et peut prendre des photos de près (heureusement
que j'ai un bon zoom). Faisant demi-tour,
nous escaladons les rochers en direction d'une autre plage que nous traversons
pour chercher contre la falaise des fossiles antérieurs à l'extinction
massive intervenue il y a 65 Ma en raison notamment de la chute de cette
météorite dont nous n'avons pu qu'apercevoir de loin les retombées calamiteuses.
- Photo : Pierre et son fossile d'inocérame. -
C'est
le benjamin du groupe, Pierre, qui découvre le premier des traces de
l'existence d'inocérames, des coquillages
marins (mollusques bivalves
de type pteriomorphia) qui ressemblaient vaguement aux huîtres
du genre Pteria. Leur coquille était composée
d'une épaisse couche de «prismes» de calcite déposés
perpendiculairement à leur surface, avec donc un éclat
nacré du vivant de l'animal. Apparus au Jurassique, ils se sont
développés et diversifiés au Crétacé.
Leur taille s'est progressivement accrue passant de quelques centimètres à un
mètre pour les plus grosses coquilles. Ils vivaient fixés
par un byssus sur le fond de la mer, et ils n'étaient pas des coquillages
littoraux. Indicateurs
d'une mer assez chaude et peu profonde, ils ont disparu lors de
la grande crise d'extinction de la fin du Crétacé, il
y a 65 millions d'années. Nous avons ainsi la confirmation claire
et nette que nous nous trouvons devant des strates antérieures à la
crise K/T.
- Photos : Fossile d'inocérame. - Coucher
de soleil depuis la casa rural Santa Klara. - Ci-dessous : Limite K/T
à Zumaia. -
Liens : Falaises basques, de Saint Jean de Luz à Bidart. - Les pillow-lavas de Sopelana (Plentzia, Biscaye) et du mont Karakate (Eibar-Soraluze).
Page précédente | Page 3/3
|
Géolval - Sortie géologique guidée par Thierry Juteau : Flysch & Pillow lavas - Mag & J-J, Cathy & J-L parmi 35 participants | Zumaia |
Samedi 31 mars et Dimanche 1er avril 2012 |