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L’électricité à la maison et à la ferme

Lumière.

Éclairage par lampes multiples.

— Le souci d’obtenir un éclairage se rapprochant de la lumière naturelle (c’est-à-dire : peu éblouissant et ne provoquant pas d’ombres trop sombres) n’est pas aussi nouveau qu’on pourrait le croire, d’après la vogue récente des systèmes d’éclairage indirect ou par diffuseurs. Dès le début de l’éclairage électrique, on avait pensé, pour les installations luxueuses, à utiliser ensemble un assez grand nombre de lampes, comme on le faisait autrefois avec les bougies : d’autant plus que, les ampoules étant alors d’une puissance lumineuse assez faible (5 ou 10 bougies), c’était le seul moyen de réaliser un éclairage brillant, même dans les pièces d’appartement de dimensions moyennes. Après avoir employé les dispositifs anciens (plusieurs ampoules réunies dans un lustre, ou placées en applique le long des murs), on se mit à fixer les lampes au plafond : ce que permettaient seulement les ampoules électriques, grâce à l’absence de flamme et de fumée. En disséminant ainsi, sur toute la surface du plafond, un assez grand nombre de lampes, on obtint les « plafonds lumineux », qui eurent une période de grande faveur, et qui, en fait, donnaient un résultat analogue à l’éclairage indirect, si apprécié aujourd’hui. Ce dispositif, à peu près oublié, ne mériterait-il pas d’être à nouveau pris en considération ?

Malheureusement, outre la complication d’installation — qui ne serait pas un obstacle très grave — l’emploi simultané, dans une seule pièce, d’un grand nombre de lampes de faible puissance, présente un gros inconvénient économique. Il suffit de se reporter au tableau où nous avons rassemblé les caractéristiques des ampoules les plus courantes (no 586, avril 1939, page 272), pour constater que, par exemple, dix lampes de 15 watts donnent au total, un flux lumineux (10 x 140 = 1.400 lumens) à peine égal à celui d’une seule lampe de 100 watts (1.450 lumens), en consommant moitié plus. Comme c’est la consommation d’énergie électrique qui a, de beaucoup, la plus grosse importance, dans les dépenses d’éclairage, on comprend qu’on s’efforce d’utiliser dans chaque pièce, autant que possible, une seule ampoule puissante, quitte à l’habiller d’un appareil perfectionné, diffuseur ou dispositif semi-indirect. Malgré que le rendement lumineux de ces appareils soit toujours nettement inférieur à 100 p. 100, la perte qui en résulte est largement compensée, en général, par la meilleure efficacité lumineuse des ampoules puissantes.

Cependant, on réalise encore des « plafonds lumineux », mais suivant un principe un peu différent. Les lampes, relativement peu nombreuses, donc assez puissantes, sont logées dans des caissons dissimulés dans l’épaisseur du plafond, et dont la seule face apparente est formée d’une plaque diffusante, en verre opale ou dépoli, sur laquelle tout le rayonnement des ampoules est concentré, aussi uniformément que possible, par des réflecteurs appropriés. Ces caissons peuvent aussi être disposés verticalement, dans l’épaisseur des murs, pour former des panneaux lumineux : en plaçant ces panneaux verticaux à côté des fenêtres, on obtient un éclairage qui conserve aux objets le même aspect que la lumière naturelle, pendant le jour ; parfois même, pour une similitude plus parfaite, toutes les lampes sont réparties dans l’embrasure des fenêtres ! Naturellement, ces dispositifs, exigeant des modifications architecturales, ne peuvent être envisagés que pour des installations très luxueuses, salles de réception de riches propriétés privées, et surtout dans certains locaux publics, magasins de luxe, galeries d’exposition, restaurants chics, etc.

Dans les modestes installations particulières qui intéressent la majorité de nos lecteurs, on évitera d’être obligé d’allumer plusieurs lampes à la fois, pour l’éclairage normal d’une seule pièce. Si l’on veut équiper une chambre avec un lustre ayant plusieurs lampes, on ne manquera pas de prévoir une installation à deux ou plusieurs « allumages », de sorte qu’on puisse utiliser le plus sauvent une seule ampoule, assez puissante pour donner un éclairage convenable ; une autre ampoule plus faible servira pour obtenir économiquement un éclairage réduit, suffisant dans certains cas ; et on ne fera briller toutes les ampoules ensemble que dans des occasions un peu exceptionnelles, pour faire honneur aux visiteurs ou pour animer une soirée de fête.

D’ailleurs, s’il est plus économique de n’allumer à la fois qu’une seule ampoule assez puissante dans chaque pièce, il est souvent intéressant de pouvoir utiliser à volonté différentes lampes convenablement disposées, surtout dans les salles assez grandes, où l’on se tient ordinairement, en se livrant parfois à des occupations très variées ; si ces occupations, bien définies, imposent de se tenir à un endroit fixe (par exemple : autour du fourneau, pour faire la cuisine ; près de l’évier, pour faire la vaisselle) ; on placera aux endroits voulus des appliques fixées au mur ; sinon, on aura recours aux lampes portatives, très commodes, à condition qu’on ait prévu une ou plusieurs prises de courant, dont l’équipement, très simple, est si facile et peu coûteux, quand on l’effectue du premier coup, en même temps que l’ensemble de l’installation, et reste encore peu compliqué, en général, s’il faut les ajouter dans une installation déjà faite.

(À suivre.)

J. KAEPPELIN,

Ingénieur E. S. E.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 48