Accueil  > Années 1940 et 1941  > N°595 Janvier 1940  > Page 64 Tous droits réservés

Définition humoristique de l’appareil photo.
Le cinéma en relief en Amérique.
Quelques conseils aux amateurs photographes.
Poussières dans les appareils.
Séchage des pellicules et plaques.
Classement des clichés.
Au restaurant.
Après la visite.
Un pari inopportun.
Familiarité.

Définition humoristique de l’appareil photo.

— On dit qu’il a une bonne poire parce qu’on fait de lui ce qu’on veut, et parce qu’il reçoit un soufflet et ne le rend pas. Il a beau se tenir sur un pied, il conserve son équilibre sans avoir l’air de se douter qu’il atteint le niveau d’eau. Mais, précautionneux, il possède un chariot et tous les châssis voulus. Il s’est aussi aménagé une chambre, qui est très noire, et qu’il l’est davantage lorsqu’il tire le rideau de l’obturateur.

Ayant beaucoup voyagé, il a beaucoup retenu et il en montre et en remontre à bien des gens.

Avec son air de ne pas y toucher, il nous a tous, et, même quand il a besoin de nous, il nous plaque.

Son hospitalité est appréciée et elle n’a jamais fait défaut à personne depuis qu’il a pendu la crémaillère.

(Photo-Cinéma.)

Le cinéma en relief en Amérique.

— Il y a quelques jours, on a projeté dans la « cité du cinéma » plusieurs films d’après les méthodes d’Adler.

L’appareil, qui a été baptisé « cinégraphe Adler », est de construction très simple, et peut être adapté à n’importe quel projecteur. Sa particularité consiste en ceci, que l’effet stéréoscopique est visible par tous les spectateurs, même par ceux qui sont aussi à côté de l’écran.

La plus forte impression a été produite par le nouveau film de Max Fleischer, le « père » des dessins animés.

Cette fois, sa « Cendrillon » fut projetée dans la forme stéréoscopique. Les petites figures acquirent, grâce à la nouvelle invention, une netteté saisissante et du relief.

Les spectateurs avaient l’illusion qu’elles sortaient de l’écran et marchaient dans la salle même de spectacle.

Adler est photographe de profession et travaille depuis 1911 dans les studios de « Paramount ».

(L’Instantané.)

Quelques conseils aux amateurs photographes.

— Ne sortez pas le film du bain révélateur pour voir si l’image vient bien, vous risquez un mauvais développement.

Ne laissez pas le bain d’hyposulfite trop près du bain de développement, rincez vos doigts imprégnés d’hypo avant de les mettre en contact du bain révélateur.

N’oubliez pas qu’une pellicule mal fixée ne se lave jamais parfaitement. Laissez-la toujours dans l’hypo jusqu’à ce que toute apparence crémeuse à sa surface ait disparu ; même après cette totale disparition, maintenez-la trois ou quatre minutes dans ce bain.

N’essayez pas de sécher une pellicule à la chaleur, la gélatine fondrait. Suspendez-la au contraire dans un endroit frais, sec, à l’abri de la poussière, après l’avoir essuyée avec un tampon de ouate ou une peau de chamois mouillée.

Poussières dans les appareils.

— Le procédé décrit ci-dessous évite les accidents connus sous le nom de « picotures » dus aux poussières voltigeant à l’intérieur des appareils photographiques qui viennent se déposer sur la couche sensible.

Passer tout autour du cadre arrière de l’appareil, près de l’emplacement du châssis, un pinceau imbibé du mélange suivant :

Huile de lin siccative 50 centimètres cubes.
Solution de gomme arabique à 50 p. 100 25
Glycérine 50

Les poussières se fixent sur cette mixture. Quand elles sont nombreuses, essuyer et faire une nouvelle application.

Séchage des pellicules et plaques.

— Après lavage, certains recommandent de les plonger, pendant deux minutes, dans un bain d’alcool à brûler.

À notre avis, mettre simplement les pellicules en plaques à sécher dès leur sortie de l’eau de lavage. Suspendre les pellicules avec des pinces à linge en bois ; en mettre une également au bas de chaque pellicule, ce qui fera contrepoids et les empêchera de se rouler en séchant. Mettre les plaques sur un égouttoir. Le séchage se fait rapidement, sans accidents, en plaçant pellicules ou plaques dans un courant d’air naturel, ou encore près d’un ventilateur.

Classement des Clichés.

— Placer chaque pellicule ou plaque dans une enveloppe translucide (le papier cellophane est tout indiqué) et y mettre un numéro d’ordre. Mettre ensuite ces clichés dans des boîtes (des vieilles boîtes de plaques, par exemple) et coller sur le couvercle un papier sur lequel on inscrira, suivant leur numéro d’ordre, les clichés contenus dans la boîte ; indiquer en regard de chaque numéro la désignation du sujet qui y est fixé, les conditions de prise de vue et la date où la photo a été prise.

On retrouvera ainsi facilement le cliché que l’on cherche, ainsi que des enseignements pour opérer avec de meilleurs résultats.

Au restaurant.

— Dites donc, garçon ... Je viens de trouver une gousse de vanille dans mon potage. C’est tort désagréable.

— Mais non, monsieur. Ce n’est rien. Ce n’est pas de la vanille, c’est tout simplement un bigoudi qui est tombé des cheveux de la laveuse de vaisselle.

Après la visite.

Un administrateur délégué d’une grande banque parisienne fait visiter son établissement à un ami de province de passage dans la capitale. Le grand chef lui montre avec complaisance l’organisation up to date de tous les services : les machines perfectionnées de la comptabilité, les machines à calculer, la machinerie des coffres, les rouages du mécanisme fermant la porte de la chambre-forte, les méthodes ultra-modernes du classement, etc.

Au moment de se séparer, à la porte de la banque, l’ami interroge :

— Eh bien r ... rien ?

— Quoi ... rien ? fait l’administrateur éberlué.

— Écoute, continue l’ami, je suis allé hier visiter une grande fabrique de chocolat et un vaste entrepôt de parfums. Dans, les deux établissements, on m’a donné, en partant, de délicieux échantillons en souvenir. Je pensais que tu pouvais bien me donner un ou deux billets de mille pour me rappeler agréablement ma visite ...

Un pari inopportun.

Un jeune écrivain, connaissant la rapacité légendaire d’un éditeur connu, crut très adroit, en lui envoyant un manuscrit, d’ajouter à sa lettre ces mots : « ... et je vous parie dix francs que vous ne lirez pas mon roman ».

Par retour du courrier, il reçut la réponse : une lettre contenant un billet de vingt francs, et ces quelques mots : « Vous avez gagné et même aussi le prochain pari que vous ferez avec moi dans les mêmes conditions. »

Familiarité.

Une petite anecdote historique :

Alexandre Dumas, l’immortel auteur des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après, de Monte Cristo et de tant de passionnants romans, n’aimait pas tutoyer ses amis. Il ne réservait cette marque d’amitié qu’à un petit nombre de ses très intimes.

Un modeste marchand de billets au théâtre du Gymnase, M. Porcher, voyait souvent le célèbre auteur et caressait l’ambition presque insensée de compter parmi ses amis.

Un jour, il aborda sur le perron du théâtre l’illustre mulâtre et lui dit :

— Monsieur Dumas ... je voudrais vous demander une chose ... qui me ferait tant plaisir ...

Dumas se pencha vers lui :

— Que désirez-vous, mon ami ?

— Je ... je ... voudrais tant ... être tutoyé par vous ... Dumas lui tendit la main et, avec un large sourire :

— Avec plaisir, mon vieux Porcher ... Peux-tu me prêter tout de suite cinquante louis ?

Le malheureux marchand de billets n’a jamais renouvelé sa demande.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 64