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Bonnes vaches laitières
Apiculteurs, attention au hérisson.
Pour combattre la teigne des volailles.
Les petites malices des escargots.
Secourons les mésanges.

Bonnes vaches laitières.

— Comment les reconnaître ; par leur aspect par leur anatomie ? Sur les marchés, on voit souvent des agriculteurs, des marchands de bestiaux, observer les yeux, les cornes, le pis, certains palpent les animaux pour juger de l’importance de la veine mammaire. D’autres, plus éclairés, prospectent les flancs de l’animal.

Ces derniers savent, en effet, que l’aptitude laitière se mesure à l’intervalle des deux dernières côtes. Quand cet intervalle atteint 5 centimètres, la vache peut être considérée comme bonne laitière.

Apiculteurs, attention au hérisson.

— C’est un grand ennemi des abeilles, il en est friand ; l’abeille ayant un goût qui lui plaît sans doute. Il lui est d’autant plus facile de faire des dégâts qu’il peut agir sans crainte. Quand les abeilles se précipitent sur lui, il n’a pas besoin de sortir ses piquants pour se mettre en boule et les tenir en respect. Il est absolument insensible à leurs piqûres et entièrement immunisé contre leur venin. Aussi, dans une ruche, le hérisson se régale et ni la reine des abeilles ni ses sujets n’y peuvent rien.

Au jardin, le hérisson peut être utile, car il y détruit des insectes nuisibles, mais laissons-le bien au jardin et gardons-nous de le tolérer près de nos ruches ... comme aussi de nos poulaillers.

Pour combattre la teigne des volailles.

— Quand les parties dénudées, crête et barbillons se couvrent d’un enduit jaunâtre, c’est que la teigne a fait son apparition. C’est par là qu’elle commence.

Il faut naturellement isoler immédiatement les volailles atteintes. Savonnez ensuite au savon noir les parties contaminées, afin de faire tomber toutes les croûtes. Après, passer une pommade composée de 1 partie de perchlorure de fer et 2 parties de glycérine. Quand des volailles sont atteintes, il est recommandé également de procéder à la désinfection du poulailler ; rendre bien nets murs et plancher par un grattage et un lavage ensuite à l’eau bouillante additionnée de 30 p. 100 de crésyl.

Les petites malices des escargots.

— « Colimaçon borgne, montre-moi tes cornes ? » Quel enfant ne s’est pas amusé à ce jeu innocent en tenant délicatement cet inoffensif gastéropode par sa coquille, sa maison comme l’on dit.

Ce petit animal, ennemi juré de nos jardins et spécialement de nos salades, est un ennemi sympathique. Nous le détruisons à l’occasion, mais nous ne le détestons pas ; mieux même, nous l’aimons au point de le manger cuit dans sa coquille obturée par du beurre persillé.

Puisque nous venons d’employer le mot sympathique à son égard, on se rappelle qu’en 1850, Émile de Girardin avait accueilli dans les colonnes de son journal La Presse du 25 et 26 octobre, la prétendue découverte d’un nommé Benoit (de l’Hérault) qui affirmait que les escargots correspondaient entre eux au moyen de leurs tentacules ou antennes ou cornes, qui étaient le lieu d’émission d’un « fluide » qu’ils pouvaient à leur gré adresser en les dirigeant à ceux de leurs congénères qui leur étaient sympathiques. Une machine pour en réunir un certain nombre avait été construite à cet effet, qu’il avait dénommée « boussole à escargots sympathiques » ; une autre semblable lui faisait correspondance.

Cette invention d’un mystificateur, un peu escroc, eut une certaine notoriété à cette époque où l’électricité naissante était à l’ordre du jour, et où des savants comme Chevreul et Babinet niaient l’existence des fluides magnétiques, galvaniques ou électriques.

Pour en revenir à notre ami le limaçon, voici quelques-uns de ses comportements qui peuvent prouver sa faculté de raisonner et même son intelligence.

Pour n’offusquer personne, nous appellerons cela « les petites malices des escargots ».

Nous savons que les escargots sont hermaphrodites ; néanmoins, lorsque leurs parents dont ils ne s’éloignent guère au début de leur existence, les ont abandonnés, ou lorsqu’ils jugent qu’ils peuvent seuls pourvoir à la recherche de leur nourriture, ils ne partent pas isolés ; ils ont soin de choisir, parmi leurs frères jumeaux, un ami avec lequel ils partageront leur existence, et c’est par couples que nous les retrouverons dans nos jardins. Ils ne se quittent pour ainsi dire pas ; lorsqu’on les chasse, on est à peu près certain, si l’associé n’a pas déjà été pris, de trouver le camarade à une distance qui ne dépasse pas un mètre.

Ils ne vont généralement à la recherche de leur nourriture que la nuit, peut-être parce qu’ils se croient plus à l’abri de leurs ennemis, mais surtout parce que la rosée, humectant les plantes, facilite leur progression. Pour se nourrir, tout leur est bon, même les plantes vénéneuses ; toutefois ils n’apprécient que très peu les plantes aromatiques.

Ils se rendent parfaitement compte qu’ils sont l’objet de la poursuite des hommes, par suite des dégâts qu’ils commettent ; aussi, leur repas terminé, ils vont se réfugier à 1 mètre ou 1m,50, sur une plante similaire, évitant d’y toucher et surtout de la souiller de leur bave, montrant ainsi qu’ils n’ignorent pas que les traces qu’elle laisse les ferait découvrir. Une autre preuve certaine qu’ils connaissent l’existence de leur bave, c’est qu’ils savent à l’occasion s’en servir pour se dissimuler. Voici dans quelle circonstance.

Lorsque, dans une plate-bande éloignée de leur gîte habituel, ils ont repéré par leur sens olfactif ou radio-actif une plante à leur goût, et que, retenus par la gourmandise, il leur arrive d’être surpris par le jour, ils comprennent, surtout lorsque le terrain est sec, qu’ils n’auront pas le temps de rentrer chez eux ; ils se roulent alors sur eux-mêmes, s’imprègnent de leur bave, agglomérant la terre sèche sur leur coquille et se transformant ainsi en une véritable boule de terre, se dissimulant ainsi complètement.

Pour le choix de leur gîte, ils ont soin, pour se mettre à l’abri de leurs ennemis, les sylphes, les driles et les hérissons, de grimper le plus haut possible le long d’un mur garni de lierre et à l’endroit le plus sec, ayant toujours soin, malgré la difficulté d’avancement qu’ils en éprouvent, de retenir leur bave. Leur gîte dans un arbuste est toujours choisi aux fourches des branches ou dans un endroit noueux.

Chose curieuse, les générations successives occupent toujours les refuges choisis par les générations précédentes, apparemment parce que ce sont les meilleurs.

Pour l’hivernage, ils recherchent les dessous de racines des arbustes, sous des feuilles sèches, et bien d’autres endroits encore, mais toujours au sec.

C. M.

Secourons les mésanges.

— Une réponse salvatrice à mon articulet de novembre, intitulé « La mort des mésanges », de la part de Mme Constantin de Montargis (Loiret) : « Voudriez-vous faire connaître aux amis des oiseaux, représentés dans le dernier numéro par M. Duguet, de Blois, que je secours également les mésanges tout l’hiver, en mettant sur une fenêtre un morceau de saindoux dans une soucoupe. Elles en sont friandes, sans doute parce que cette graisse de porc les réchauffe. J’ai eu cette idée, après les avoir vu picorer mon beurre, mis au frais sur cette fenêtre. La dépense est faible, une grosse bouchée dure plusieurs jours, et j’ai le plaisir de voir, en plein hiver, une joyeuse animation devant ma fenêtre, car elles sont parfois 10 ou 12 ... »

En remerciant bien sincèrement l’auteur de ces lignes, je m’excuse du retard d’insertion, occasionné par les exigences de la mise en pages. J’ajouterai qu’il y a beaucoup d’analogie entre le saindoux de Mme Constantin et les noix de M. Duguet puisque, dans les deux cas, il s’agit d’un nourrissement à base de corps gras. On comprend que la graisse, substance comburante, fournisse les calories indispensables à la vie de nos pauvres charbonnières et nonnettes, prises dans l’étau des frigories hivernales. Vivent les philanthropes, amis des petits oiseaux !

Mondiage D’ARCHES.

Le Chasseur Français N°596 Février 1940 Page 111