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Cyclotourisme et guerre.
Mauvaise position.
Où mène la bicyclette.

Cyclotourisme et guerre.

— La bicyclette n’est pas reléguée, en ces temps, bien au contraire. Elle remplit un grand rôle dans l’activité du pays en permettant le transport rapide et peu coûteux de ses usagers à leur travail, à leurs affaires. Elle sert aussi à occuper le plus agréablement les loisirs, car il s’est formé un cyclotourisme de guerre. Ce sont surtout des jeunes et des anciens, mais aussi des femmes qui le pratiquent. Chaque samedi, chaque dimanche, nos routes continuent à être sillonnées par ces néophytes et ces fervents du cycle, les bleus et les anciens. Les premiers tiennent à se former, les autres à se conserver.

Les groupes paraissent bien plus mélancoliques qu’avant ; moins de gestes, de cris ; les « cyclos » de guerre roulent plus silencieusement comme par ordre. Mais ce n’est pas pour cela : il plane sur leurs groupes, le souvenir des absents, êtres chers, camarades de route ; c’est à eux qu’ils pensent ; c’est aux belles randonnées qu’ils feront à nouveau ensemble à la permission, en attendant la victoire prochaine. C’est ce qui explique leur silence, tout de recueillement.

Mauvaise position.

— On ne s’aperçoit pas facilement d’une mauvaise position à bicyclette. Quand on enfourche pour la première fois un vélo, on s’y place souvent dans une position qui semble la meilleure, mais au hasard, à moins que des prescriptions vous soient données par un cycliste chevronné, et encore ces prescriptions ne soient pas toujours celles qui sont exactes. C’est dans cette position que se fait l’éducation, puis l’entraînement et, plus on avance, moins on s’aperçoit qu’une autre position conviendrait mieux pour assurer avec aisance le maximum de rendement, le minimum de fatigue. Heureux sont ceux qui ont eu la chance d’enfourcher leur vélo au début dans les conditions les plus favorables, mais ils sont rares.

Les cyclistes doivent donc se méfier de cette tendance qu’ils ont chacun à considérer leur tenue sur leur machine comme irréprochable. Ils ont intérêt, au contraire, à vérifier toutes leurs attitudes, tous leurs mouvements, pour juger si leur position à bicyclette est bonne ; ils n’oublieront pas, en effet, que, sans cette bonne position, le cyclisme ne donne pas son plein rendement et souvent il se pratique sans agrément.

Pour cela, qu’ils considèrent les trois points où ils prennent contact avec la bicyclette : la selle, le guidon et les pédales.

La selle doit se trouver, ni trop en avant, ni exagérément en arrière. Elle se trouve placée correctement quand la perpendiculaire du centre de la selle au sol passe à 0m,25 en arrière de l’axe du pédalier. Le bec de la selle sera légèrement relevé. Pour la hauteur, noter que la jambe ne doit pas être complètement tendue en se posant sur la pédale à son point le plus bas. Il faut être assis, et non sur l’enfourchure.

Les pédales ne doivent pas être chaussées jusqu’au rebord du talon ; c’est de la pointe des pieds qu’il faut pédaler. La meilleure position du pied s’obtient en le plaçant de manière à ce que l’articulation du gros orteil affleure l’axe de la pédale. Régler les cale-pieds en conséquence.

Les poignées du guidon seront à peu près à la hauteur de la selle, ce qui donne une position moyennement penchée, la meilleure. Suivant les conformations individuelles, il y a lieu naturellement parfois de monter ou de descendre légèrement le guidon, mais sans s’éloigner trop de la ligne horizontale « poignées-selle ». Contrairement à l’opinion de certains, la position convenablement penchée est la plus propice pour le rendement et l’agrément.

Voilà sommairement exposées les règles à observer pour avoir la meilleure position à bicyclette. Cyclistes : n’hésitez pas à corriger la vôtre, le cas échéant ; vous n’y trouverez que des avantages.

Où mène la bicyclette.

— Je ne trouve des défauts à la bicyclette, disait Alfred Capus, que lorsque je tombe, et je lui pardonne aisément ces chutes. Mais il est évident qu’on tombe de machine moins souvent qu’on ne glisse en marchant, et que les chutes ne sont vraiment dangereuses qu’à des vitesses imprudentes et pour ainsi dire « professionnelles ». Je me borne donc à citer cet aphorisme d’un de mes amis, qui me semble plein de bon sens : La bicyclette mène à tout, à condition de ne pas en sortir.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 151