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Cabine de camping

Il a été étudié et breveté, par la Société Nationale d’Encouragement à l’Utilisation du Bois Français, des types de cabines-camping dont il est bon de publier un modèle, ce genre d’abri nous paraissant d’une utilité incontestable.

La question du logement en temps de guerre se pose sous différentes formes pour abriter rapidement un personnel mobilisé, de la main-d’œuvre coloniale, des réfugiés, etc.

Il est indispensable, pour résoudre ce problème, de prendre des dispositions entièrement neuves, tant au point de vue de la conception du plan et du volume habitable, que du point de vue constructif.

En effet, si l’on en reste aux dimensions et aux dispositions traditionnelles du plan des habitations ordinaires, on est conduit à des surfaces et à des quantités incompatibles avec les budgets usuels.

D’autre part, l’idée traditionnelle d’habitation amène à prévoir des fondations et, par conséquent, une fixation qui entraîne la propriété du sol, ce qu’on ne peut envisager sans grever lourdement le budget.

La formule de la cabine-camping part de cette idée qu’il n’est point besoin de disposer d’un volume et d’aménagement autres que ceux qui permettent de prendre les repas et dormir confortablement et hygiéniquement au retour des occupations habituelles.

On arrive ainsi à concevoir de petites unités d’habitation susceptibles d’être groupées en village près des centres où peuvent se trouver réunis le ravitaillement en vivres et l’eau nécessaire à l’existence.

Cette formule permet de fabriquer — et non de construire — en très grande série et en usine, des éléments qu’il suffira de confier à n’importe quelle main-d’œuvre locale pour réaliser le montage.

L’intérêt principal que présente la cabine, c’est celui de la réduction extrême du volume habitable et de la surface occupée par la construction. C’est ainsi qu’on peut trouver, sur une superficie de 7m2,55, la salle à manger, la chambre à coucher, la cuisine et la toilette, organismes nécessaires pour une famille comprenant deux adultes et deux enfants sans que l’hygiène soit méconnue et sans que règne la promiscuité.

Grâce à son abondance et à sa facilité de mise en œuvre, le bois a permis de réaliser trois types de cabines aux prix indiqués, ci-après, calculés sur ceux pratiqués en province en 1938.

On obtient, pour le type à deux personnes, une surface de 5m2,70 pour 5.300 francs ; pour celui à deux personnes et deux enfants, une surface de 7m2,55 pour 6.500 francs, et pour le troisième, à deux personnes et quatre enfants, une surface totale de 9m2,40 pour 8.200 francs.

Il est bien entendu que ces prix ne sont que des estimations aussi proches que possible de la réalité pour des séries supérieures à cent exemplaires permettant d’étudier un programme d’ensemble.

Si nous examinions maintenant le budget de vacances d’un ouvrier en congé payé, nous trouvons que :

Pour un ouvrier gagnant un salaire de 40 francs par jour, qui bénéficie de quinze jours de congé payé et qui a pu réserver, au cours de l’année, une somme de quatre cents francs — 3p. 100 de son salaire, — il disposera, pour lui, sa femme et ses deux enfants, d’une somme de six cents francs de congé payé et quatre cents francs de réserve pour ses vacances, soit mille francs.

Avec cette somme, il devra :

    1° Payer son voyage aller et retour pour lui et les siens, soit environ ; 300 francs ;

    2° Vivre à la campagne en faisant lui-même sa cuisine pendant quinze jours, soit : 4 personnes X 9 francs X 15 jours = 540 francs ;

    Ensemble : 840 francs. Sur son budget de vacances, il reste donc une somme de : 1.000 francs - 840 francs = 160 francs pour se loger.

Si l’on prend la famille type de deux parents et deux enfants, on peut estimer, pour une construction d’un coût de 6.500 francs (et si l’on compte que les organisations ou œuvres de centres de vacances obtiendraient, des collectivités, des subventions atteignant 1.500 francs), qu’il faudrait emprunter 6.500 — 1.500 = 5.000 francs que l’on pourrait obtenir à 4 p. 100, soit 200 francs par an, ce qui, en amortissant la construction en vingt ans, ferait 5.000 : 20 = 250 francs ; pour entretien, location literie, vaisselle, gestion, assurances et divers : 350 francs ; soit un total de 800 francs par an.

Une cabine de camping pouvant, au cours de la période de vacances, être occupée pendant huit phases de quinze jours — juin à septembre, — ce sont donc huit familles qui supporteront les annuités ci-dessus, soit 800 : 8 = 100 francs par séjour et par famille. Nous avons vu plus haut que le ménage disposait, sur son budget de vacances, de 160 francs pour son loyer.

En récapitulant, on obtient : budget de vacances pour une famille de quatre personnes : 1.000 francs, dont voyage aller et retour 300 francs, nourriture 540 francs, loyer 100 francs et divers, 60 francs.

Avec le système de la cabine-camping, le problème trouve sa solution.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 172