Des hôtes exceptionnels.
— Les circonstances créées par la guerre et l’hiver
rigoureux que nous avons subi ont jeté la perturbation dans les conditions de
vie et les habitudes.
Les animaux n’ont pas échappé à ce dérèglement
extraordinaire. C’est ainsi que certains, qui gitaient dans la zone du front ou
y évoluaient ordinairement, ont reflué vers l’intérieur. D’autres, poussés par
les froids des régions septentrionales, sont venus exceptionnellement dans nos
contrées.
Les cygnes sauvages notamment ont fait leur apparition sur
plusieurs points, là, naturellement où l’eau des rivières, lacs, étangs,
marais, ou autres pièces d’eau leur permettait d’élire domicile.
C’est ainsi que dans l’Aube, entre Troyes et Chaumont, une
bande de ces beaux oiseaux a été observée, évoluant dans la prairie inondée,
par M. J-P. président de Société de Chasseurs, en février dernier.
Durée de l’existence chez quelques mammifères de chasse.
— D’après les données scientifiques les plus récentes,
l’éléphant vivrait de 150 à 200 ans ; l’ours, le rhinocéros, 40 à
50 ; l’hippopotame, 40 ; le mouflon, le renne, le sanglier, 25 à 30
ans ; le chamois, le castor, le lion, 20 à 25 ; le zèbre, 20 ;
le tigre et la panthère, 15 à 20 ; le loup, 10 à 15 ; l’écureuil, 10
à 12 ; le renard, 9 à 10 ; le lièvre, 7 à 8 ; le lapin, 5 à 7.
La balle, le plomb du chasseur viennent souvent abréger les
existences tourmentées de ces animaux, et les chiffres ci-dessus ont été fixés
sans tenir compte de ces nombreux accidents.
À noter que le roi des animaux n’a pas la suprématie en
cette matière, le zèbre file assez longtemps, l’écureuil grimpe bien dans la
longévité, l’ours peut danser encore à quarante ans, l’éléphant est le maître
des ans, mais que maître jeannot est celui qui fait le moins « long
poil ».
BRÉANDE
Quels sont ces Oiseaux ?
— 1° Un vieux chasseur de mes voisins serait très
heureux de connaître le nom d’un oiseau recueilli dans son jardin.
Poids : 100 grammes .
Envergure : 0m,54.
Longueur du bec à la queue : 0m,25.
Pattes jaunes : 3 doigts avant, 1 arrière.
Bec genre grive, gris intérieur orange.
Plumes : rayures transversales ; dos orange et gris, dessous gris noir.
Ailes : fond gris avec crans dents de scie, blanc pointe orange.
Cet oiseau, certainement insectivore, paraissait être jeune,
n’a accepté aucune nourriture et est mort au bout de deux jours.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien me faire
connaître son nom.
MICHAUT (Yonne).
Réponse : Votre description est vague et surtout
bien incomplète ! Cependant, je crois bien que l’oiseau que vous me
signalez est l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus Europæus). Ce sont des
oiseaux crépusculaires, nocturnes même. Ainsi que l’indique clairement son bec,
l’Engoulevent est un insectivore.
— 2° Je me fais un plaisir de vous signaler qu’on vient
de me montrer un oiseau du genre buse ou faucon présentant les caractéristiques
suivantes :
Envergure : 97 centimètres ; longueur bec à queue, 41 centimètres.
Poids : 780 grammes, dos gris noir, dessous moucheté brun foncé et gris clair,
pattes jaunes, œil bleu gris foncé tout jaune, bec de rapace.
Je serais heureux de connaître le nom exact de cet oiseau.
P. BERTHELOT (Nord).
Réponse : Selon les mensurations et les quelques
indications fournies, votre oiseau me paraît être un spécimen de faucon pèlerin
ou commun (Falco peregrinus).
— 3° Pourriez-vous m’indiquer le nom et les
caractéristiques de l’oiseau suivant :
Longueur du bout du bec au bout de la queue : 0m,60.
Envergure : lm,35.
Bec noir, mais ayant absolument la même forme que celui du Larus
argentatus, quoique entièrement noir.
Pattes marrons rosâtres, mais avec trois doigts palmés.
Pouce libre, très petit mais très bien conformé, ongles noirs.
Plumage brun foncé avec taches blanches.
Croupion blanc et marron alternés, queue noire avec liséré blanc.
Les deux premières rémiges noires, les 3e, 4e,
5e noires avec liséré blanc sur le bord intérieur.
Ne diffère du goéland ordinaire que par la couleur de son
plumage et de son bec ; son envergure est cependant plus grande.
Son cri rauque est très puissant et, au passage d’avril, on
voit passer ces oiseaux entre 200 et 300 mètres par 8 ou 10. Il est assez rare
d’en tuer, c’est par hasard que celui-ci s’est posé à une soixantaine de mètres
de mon poste d’affût. Cet oiseau est immangeable.
H.-G ..., abonné (Hérault).
Réponse : Cet oiseau est bien un longipenne, mais ce
n’est pas un goéland. C’est le Lable Catarache ou Grand Labbe (Lestris cataraches,
Stercorarius Skua). Son vol est adroit et très rapide, il nage très bien et
assez enfoncé dans l’eau, sa marche est aisée. C’est un oiseau vorace et
courageux.
Il est terrible pour tous les oiseaux. Il se nourrit
d’oiseaux, de poissons, de vers, d’insectes, d’oiseaux morts ou malades, du
contenu des nids (œufs ou oiseaux) et de tous les détritus ou immondices que
charrie la mer.
Pas étonnant avec une telle mesure qu’il soit
complètement immangeable.
J. DHERS.
Nourriture habituelle de la mouette.
— Ayant capturé une jeune mouette, je vous serais très
reconnaissant de m’indiquer quelle nourriture je pourrais lui donner, car je
tiens à conserver le plus longtemps possible ce joli oiseau. Je lui donne du
pain.
Un abonné (Somme).
Réponse : Toutes les mouettes se nourrissent de
poissons. Certaines mangent aussi des insectes, des détritus de mammifères et
de poissons, des oiseaux jeunes ou malades, des rats et autres petits rongeurs,
des mollusques, des crustacés, etc. Je ne puis mieux vous spécifier, car vous
ne me dites pas à quelle variété appartient votre mouette.
J. DHERS.
Des loups en France ?
— C’est du moins ce qui a été signalé en février
dernier. Deux loups seraient apparus, devant deux enfants allant ramasser du
bois, ceci à l’orée d’une forêt sise près de Saint-Jean-en-Royans (Drôme). L’un
de ces animaux aurait été tué par un cultivateur habitant une ferme proche où
les enfants effrayés s’étaient réfugiés. Une battue fut ensuite organisée pour
traquer le deuxième loup qui s’était enfui, mais je n’ai pas eu d’autres
informations à ce sujet.
La présence de loups en France, alors que nous pensions bien
ne plus en revoir, serait d’importance et demanderait à être expliquée. Pour
cela, il est indispensable cependant que le fait signalé ci-dessus soit
confirmé par le témoignage de personnes qui ont vu les deux loups et la
dépouille de celui qui a été tué. Il serait utile aussi de connaître les
caractéristiques (taille, poids, robe, etc.) de l’animal abattu et l’identité
de la personne compétente qui a déclaré que cet animal était bien un loup.
Un abonné dauphinois.
Ce qu’il faut donner aux furets.
— Quantité d’éleveurs affirment qu’il ne faut pas
donner de viande aux furets ; pour qu’ils en perdent l’habitude, ils les
nourrissent de pain ou farine ou son avec du lait. Certes le furet adore le
lait, mais ce n’est pas suffisant, si l’on veut le conserver en bonne santé et
plein de vigueur.
C’est un carnivore : il lui faut de la viande, on ne
peut aller à l’encontre de la nature, on ne le transformera pas en agneau. Ne
pas trop lui en donner, soit, pour lui maintenir l’envie de chasser, mais lui
en donner un peu tous les deux ou trois jours.
Donc tous les jours, pain, son et lait mélangé, un peu d’œuf
cuit de temps en temps et, 2 ou 3 fois par semaine, de la chair constituée
par des têtes, abats de boucherie, d’entrailles de volailles, de lapin, etc. Le
tout doit être donné très frais.
Et surtout pas de sel qui, paraît-il, est un poison violent
pour le furet.
Lièvres tués après une longue poursuite.
— Surtout en montagne, le lièvre est quelquefois mené
longtemps. On a vu des poursuites durer trois heures.
Au départ, les jambes du lièvre sont bien étendues, mais au
bout d’une heure de poursuite elles se raidissent, puis deviennent de plus en
plus raides, et il fait le gros dos. S’il est tué à ce moment, le train de
derrière devient raide et, cinq minutes après sa mort, il est impossible de lui
ployer les jambes. En outre, dans cet état il se faisande facilement et entre
rapidement en putréfaction. Ainsi, quand un chasseur tue un lièvre après une
longue poursuite des chiens, il faut le vider de suite et ne pas trop tarder à
le faire consommer.
M. G.
Une chasse peu ordinaire dans la brousse africaine.
— J’étais parti de bonne heure, car l’étape était
longue et dure. Je désirais arriver au terme de mon voyage avant la fin du jour
et, malgré mes douze pagayeurs, la lourde barque en fer que j’utilisais pour
mes déplacements ne remontait pas bien vite le courant parfois rapide, souvent
dangereux, de la Salonga, sous-affluent du fleuve Congo.
Nous avancions lentement depuis le matin, le soleil
commençait à chauffer sérieusement, et le courage de mes pagayeurs tombait
déjà. Pas la moindre occasion de placer un coup de fusil, lorsque, vers 10 heures,
un brave vautour voulut bien s’offrir comme cible et il s’abattit à 30 mètres
en avant de notre embarcation. Avant même que l’oiseau ait touché l’eau, deux
de mes rameurs s’étaient jetés à la nage pour l’atteindre et lui arracher les
plumes de la queue et des ailes, qu’ils échangeront au prochain village contre
un peu de manioc, ces plumes raides étant excellentes pour l’empennage des
flèches.
Toutefois, ce jour-là, ils s’arrêtèrent net avant de toucher
la proie. Les visages prirent une expression d’extrême attention, et, au bout
de quelques instants, toutes les bouches s’ouvrirent pour prononcer un mot
« N’néma » (Chauve-souris). Mon coup de fusil avait réveillé un vol
de chauve souris non loin de là, et elles voletaient en poussant leur cri.
C’étaient ces cris qu’avaient perçu mes hommes. Ces animaux se réunissaient à
certaines périodes de l’année dans la région baignée par la Salonga, et c’est
en nombre incalculable qu’ils élisent domicile sur certains arbres auxquels ils
s’accrochent la tête en bas pour dormir, en grappes très serrées. Or, mes
nègres étaient très friands de ce gibier. Je résolus de les satisfaire.
Après avoir traversé des marécages, nous nous trouvâmes au
milieu d’arbres dont les branches supportaient plus de chauves-souris que de
feuilles. Quatre coups de fusils, et quelques moments après nous ramenions dans
notre barque 80 et quelques victimes. Je n’eus plus besoin tout le reste de la
journée de relancer mes rameurs. Les chants avaient repris, et c’est dans un
temps record que nous arrivâmes au but de notre première étape.
L. DONDATS, abonné.
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