Cette causerie donnera satisfaction à quelques lecteurs qui
nous ont écrit pour nous demander de consacrer un de nos articles à la carrière
des Assurances.
La carrière des Assurances comporte des situations de
caractères très différents, selon que l’on appartient au personnel
administratif du siège social ou au personnel extérieur, chargé des relations
directes avec la clientèle.
Employés et agents d’assurances.
— Les fonctions des employés d’assurances varient
suivant les divers services auxquels ils sont affectés ; mais elles
exigent toutes, en dehors d’une bonne instruction primaire supérieure ou
secondaire, une connaissance précise de la comptabilité, des méthodes de
classement, de la technique et de la législation des assurances.
Accessibles aux jeunes filles comme aux jeunes gens, ces
fonctions sont sédentaires et particulièrement stables. Les bons employés
peuvent devenir sous-chefs, chefs de service, chefs de division, après avoir
débuté dans la carrière comme auxiliaires ; et leur rémunération (traitement
fixe et participation aux bénéfices) peut dépasser 50.000 francs. Le personnel
extérieur comprend, d’une part, des agents généraux, agents particuliers,
sous-agents, et, d’autre part, des Inspecteurs.
Les agents sont proprement les représentants de la Compagnie
dans les diverses localités de province. Leur rôle consiste à rechercher la
clientèle, à conclure les contrats d’assurances, à encaisser et à payer pour le
compte de la Compagnie dans l’étendue de leur ressort. Ils sont titulaires d’un
portefeuille comprenant tous les contrats, dont ils encaissent les primes. Le
titulaire d’un portefeuille peut en disposer, le vendre, le léguer, le
transmettre, avec l’agrément de la Compagnie. Ils sont rémunérés par des
commissions qui peuvent atteindre des chiffres très élevés. La valeur du
portefeuille dépend en grande partie de la valeur personnelle de l’agent, de
ses relations, de son activité, de son habileté à persuader l’assuré éventuel.
Inspecteurs.
— Les inspecteurs, fonctionnaires de la Compagnie
chargés de contrôler les agences, sont généralement recrutés parmi le personnel
du Siège social. Après un stage comme élèves-inspecteurs, ils reçoivent un
traitement fixe, des frais de tournée, diverses indemnités et une commission
sur les affaires qu’ils contrôlent.
Le rôle de l’inspecteur est tout différent de celui de
l’agent. On distingue :
1° Les inspecteurs de province, qui vérifient les
risques, enquêtent sur les sinistres, vérifient les comptes d’agents,
organisent et réorganisent les agences et, en outre, font de la production,
c’est-à-dire recherchent des affaires personnelles ou aident les Agents à les
réaliser ;
2° Les inspecteurs de Paris, qui vérifient les affaires
présentées par les courtiers, contrôlent et règlent les sinistres ;
3° Les inspecteurs spéciaux de vérification des salaires
pour les accidents. Ceux-ci dépendent du service de statistique du siège
social, et ont pour mission de suivre le risque et de voir si les déclarations
de salaires des assurés sont conformes aux livres de paye. Le traitement des
inspecteurs comprend une partie fixe assez élevée, des frais de tournée, une
indemnité kilométrique, une carte de circulation sur les chemins de fer, et, en
outre, pour ceux qui font la production, une commission sur toutes les affaires
des agents qu’ils contrôlent.
Les inspecteurs peuvent aspirer aux postes de secrétaires
généraux, sous-directeurs, et directeurs de compagnies d’assurances. Leur
rémunération est assez élevée pour leur permettre de se constituer une retraite
pour leurs vieux jours.
Actuaires.
— Aucune règle fixe ne préside à l’avancement dans les
sociétés d’assurances. On tient compte généralement de l’ancienneté ;
mais, pour les postes importants, on considère surtout le travail, les
aptitudes et l’intelligence.
L’accès aux postes élevés est facilité, pour ceux qui
peuvent justifier du titre de « Membre stagiaire de l’Institut des
Actuaires français ». En dehors de l’avancement qu’il procure normalement,
une indemnité spéciale est assurée par ce titre à son titulaire, quel que soit
le grade qu’il a dans la hiérarchie.
Il est donc très intéressant d’être actuaire pour un jeune
homme qui se destine à la carrière des Assurances, mais ce titre est assez
difficile à obtenir. Chaque année, l’Institut ouvre un concours pour le
recrutement de quelques stagiaires. Ce concours porte sur les matières
suivantes : 1° mathématiques (algèbre, calcul des probabilités, calcul
différentiel et intégral) ; 2° théorie mathématique des assurances ; 3°
théorie mathématique des opérations financières à long et à court terme ;
4° économie sociale (assurances sociales et législation des assurances).
Disons un mot, pour terminer, des deux professions connexes
de courtier maritime et de courtier d’assurances maritimes.
Les courtiers maritimes sont des officiers publics nommés
par décret sur la présentation du Ministre. Ils font le courtage des
affrètements.
Les courtiers d’assurances maritimes sont des officiers
publics qui rédigent les polices ou contrats d’assurances maritimes. Les deux
fonctions de courtier maritime et de courtier d’assurances maritimes sont
ordinairement cumulées. Pour les exercer, il faut subir un examen devant un
jury composé du Président de la Chambre de commerce, de deux négociants
armateurs et de deux négociants assureurs, ces quatre derniers nommés par le
Préfet. Bien que cet examen ne porte que sur des connaissances professionnelles
de courtage ou d’assurances, les candidats doivent posséder des notions
approfondies du commerce et des affaires en général. Ils doivent être également
versés dans la Législation et posséder une connaissance suffisante de la langue
anglaise au point de vue commercial et maritime.
On voit aussi que les Assurances offrent d’intéressants
débouchés aux jeunes gens intelligents et actifs.
Jean LE GUIDE.
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